A Chaud!!!!!

A Chaud!!! du Mercredi 13 Février 2013: La Grande Campagne de la Résurrection par Bruno Bertez

A Chaud!!! du Mercredi 13 Février 2013: La Grande Campagne de la Résurrection par Bruno Bertez

 C’était hier, mardi 12, jour du discours de Obama sur l’Etat d’Union.

C’était pour nous, un bon discours, bien meilleur que le premier. Il était cohérent, proche des réalités et adapté à la situation américaine.


NDAA VALENTINE

   C’était un discours plus facile et plus convaincant dans la mesure où Obama a muri et mis en perspective son action. Il cherche non pas à être réélu, mais à réussir, à laisser une trace, à être celui qui a fait sortir les Etats-Unis de l’ornière. Accessoirement,  il cherche à pilonner les Républicains et gagner les élections de mid-term afin d’avoir les mains libres pour parachever son œuvre de relative socialisation des Etats-Unis.

Son action est centrée sur la relance du moteur américain, sur la tentative de ré-améliorer la situation des classes moyennes et, dans cet esprit, de reconquérir du terrain en matière industrielle et concurrentielle.

Il y a une certaine logique qui se dégage de sa stratégie. Les commentateurs considèrent qu’il se montre moins partisan. C’est une idiotie, il a choisi son camp, c’est le camp social-libéral, pas le camp libéral, conservateur. Les pistes d’action qu’il trace sont dans le droit fil du social-libéralisme, il croit à l’action de l’état pour redresser la situation, pas aux individus ou aux mécanismes de marché. Il n’est pas moins idéologue, il l’est beaucoup plus, en profondeur, en cohérence.

Tous les instruments de la propagande vont, à notre avis, être mobilisés pour tenter de créer ce climat de Résurrection, tous les gourous vont être mis à contribution. Apres le coûte que coûte de Bernanke via la politique monétaire, voici le temps du coûte que coûte du volontarisme et de la propagande.

Ne souriez pas, ne sous estimez ni Obama ni les Américains, l’entreprise est condamnée à l’échec réel, mais elle peut faire illusion longtemps, plus longtemps que vous ne serez capable de supporter votre scepticisme.

La ligne évidente pour la propagande américaine est celle du relatif,  de la comparaison. Ils vont aller relativement mieux que le reste du monde. Et ils vont l’intégrer dans leur stratégie.

Nous sommes dans le monde moderne, celui où le désir, les perceptions créent de la valeur, et où les illusions permettent de d’escamoter le réel pendant très longtemps. Surtout si les sanctions du retour vengeur du réel sont supportées… par les autres.

I HEART AMERICA

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Il y a toute une campagne qui se développe au plan international afin de tracer un tableau tout à fait particulier de la situation globale. Dans le cadre de cette campagne, menée par les Etats-Unis et leurs gourous, tout est en train de s’arranger pour les Etats-Unis. C’est le retour de la croissance, c’est le retour de l’emploi, et la mise en place de mécanismes de croissance auto-entretenue. La convergence de la propagande est tellement forte que ce ne peut être le fait du hasard. En revanche, il y a une unanimité aussi forte pour pointer l’Europe comme zone de risque élevé. Récemment, Robert Rubin a publié divers articles en ce sens. Il est également intervenu sur les télévisions du type CNBC pour développer le même thème.

Comprendre les arrière-pensées des stratèges américains n’est guère aisé. Ils sont à  la fois pratiques, peu théoriques,  mais néanmoins rusés. Ils pratiquent ce que l’on peut appeler le billard. Quelle est la finalité d’une telle campagne de propagande. Vise-t-elle à maintenir des flux financiers importants en direction des Etats-Unis, nous n’en serions pas étonnés; déjà les derniers mois font état de retour des capitaux aux Etats-Unis. Si c’était le cas, une telle propagande aura pour effet, malgré un relatif resserrement monétaire administré, de maintenir une bonne liquidité et une bonne aisance dans le système américain. Pour schématiser, cela permettrait de maintenir des taux relativement bas malgré des pressions spontanées à la hausse. Il est possible que cette interprétation ne tienne pas debout. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’existe pas de hasard quand une campagne est aussi convergente au même moment.

L’Europe se désigne elle-même à nouveau comme foyer d’inquiétudes mondiales.

D’abord, on le sait, il y a les élections italiennes avec une situation politique qui, en aucun cas, quel que soit le résultat, ne donnera de légitimité à qui que ce soit. L’Italie est ingérable et le restera. Il est vrai cependant que le centre gauche convient beaucoup mieux au monde klepto-financier que Berlusconi, c’est une évidence.

Ensuite, il y a le retour de la focalisation sur l’Espagne. Draghi est en déplacement là-bas, il va leur expliquer comment fonctionnera l’OMT. On sait que la croissance espagnole est très décevante, c’est un euphémisme, et que la situation fondamentale continue de se détériorer. Luis de Guindos demande que l’on relâche les objectifs de déficit 2013/2014. Il est évident qu’ils ne peuvent être tenus. On mesurera vers le 22 février  l’ampleur des dégâts. Les marchés financiers craignent une éventuelle nouvelle dégradation du rating de l’Espagne.

 EYE TO EYE

Enfin, il y a la France. Celle-ci a définitivement le camp inflationniste laxiste, elle cesse de prétendre s’arrimer aux pays du Nord. Cela est maintenant clair pour tout le monde. Le Président lui-même plaide en faveur d’une dévaluation de l’euro, ce qui évidemment n’incite pas à la confiance, ni de ses partenaires, ni des marchés. Les ministres des Finances viennent de se réunir. Ils ont rapidement balayé la demande française de mesures destinées à affaiblir le change. Les Allemands et les Autrichiens ne se sont guère montrés complaisants ou polis, ils ont fait valoir que la demande française était un moyen d’éluder les véritables défis.

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«La meilleure dévaluation, c’est l’amélioration de la compétitivité»,  a répondu à la France la chancelière Angela Merkel.

La position  allemande « Monnaie saine, monnaie forte » peut se résumer ainsi : Ce débat est d’un autre âge. La dévaluation compétitive est une politique des années 70 qui n’a jamais porté ses fruits. Dévaluer l’euro ne va pas résoudre les problèmes structurels d’un pays qui a pris du retard dans ses réformes, notamment par rapport à l’Espagne ou à l’Italie. Ce concept s’assimile à une politique économique de café du commerce. L’Elysée tente simplement d’anticiper la révision à la baisse de ses propres prévisions de croissance pour 2013 (+1%). Le FMI table sur seulement +0,3%. Beaucoup d’experts anticipent une stagnation, voire une récession française. Une monnaie faible n’a jamais aidé les exportations. Et les exportations à elles seules n’ont jamais soutenu la croissance. A l’exemple du Japon des années 2000, qui affichait un important excédent commercial mais qui n’est pas parvenu à faire progresser son PIB. Ou le cas, plus récent, des Etats-Unis: Le dollar a baissé durant le second semestre 2012. Les exportations américaines ne sont pas en hausse pour autant.

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Il est évident que la position française va devenir de plus en plus inconfortable. Le choix d’une relative austérité, austérité très modérée, se traduit d’ores et déjà par un fort accroissement du chômage, un ralentissement de la croissance, une grogne sociale et donc bien sûr une baisse de légitimité politique. La Cour des Comptes vient de faire savoir, ce que tout le monde savait déjà, que l’objectif de 3% du déficit à fin 2013 avait peu de chance d’être atteint.

  

 

Certains considèrent qu’au fil du temps, la France va se trouver obligée de choisir. Ou choisir l’austérité, ou bien choisir de ne plus s’arque bouter sur la défense de l’euro. Nous en croyons pas à ce choix binaire pour la bonne raison que les politiques sont incapables de choix clairs. Ils préfèrent les petits optimums au jour le jour, les petits  accommodements plus ou moins obscurs, à de véritables choix qui déboucheraient sur des stratégies cohérentes. Le plus probable nous paraît être le pataugeage réel et la bouillie verbale.

BRUNO BERTEZ LeMercredi 13 Février 2013

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