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L’ Edito du Dimanche 3 Mars 2013: Le séquestre américain, une tempête dans un verre d’eau! Par Bruno Bertez

L’ Edito du Dimanche 3 Mars 2013: Le séquestre américain, une tempête dans un verre d’eau! Par Bruno Bertez 

Les médias et politiciens font une montagne de l’entrée en application de ce que l’on appelle « Le Séquestre ». Sous ce nom, on désigne tout simplement l’application de coupes automatiques dans les dépenses gouvernementales. Le monde politique américain n’ a pu se mettre d’accord lors des négociations avant les élections présidentielles, alors faute d’accord, rien d’anormal à ce que les réductions soient automatiques. 

Notre interprétation est que tout ceci est une tempête dans un verre d’eau, mais qu’il faut creuser, aller au-delà des apparences pour apprécier l’importance de la question du séquestre. 

     Les chiffres d’abord. 

L’enveloppe du séquestre représente 85 milliards de dollars. Cela fait un mois de monétisation de la Fed et 2,4% du budget fédéral total, lequel est de 3,6 trillions. Le déficit fédéral est de l’ordre de 1 trillion. On remarque d’emblée que si, dans un déficit de 1 trillion, il n’est pas possible, sans risquer la catastrophe, de couper 82 milliards de dépenses, il y du souci à se faire. Surtout en période de désengagement militaire, ce qui réduit les besoins. Les déficits ne seront jamais réduits, la dette continuera de s’accroître et la Fed devra continuer de monétiser ad vitam aeternam. Nous vous rappelons que la dette affichée des Etats-Unis est de 17 trillions, la dette réelle de 55 trillions et la masse des engagements  non couverts… inchiffrable.

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«Contrairement aux prédictions d’obscurité, de ruine et d’apocalypse, personne ne peut sérieusement affirmer que 2,4 % de réduction d’un budget de 3600 milliards de dollars nous mènera à la dévastation et à la fin de la civilisation occidentale», a déclaré le sénateur républicain John Cornyn.

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PLUS DE BERTEZ EN SUIVANT:

 En dynamique, quand on regarde l’évolution des dépenses à long terme effectuée par le CBO, Office du Budget, le séquestre est une dent minuscule,  infime, dans la courbe prévisionnelle. 

Le CBO prévoit que les dépenses du gouvernement US  passeront à 22,8% du GDP en 2023. La réduction des dépenses opérées par le séquestre, si elle a lieu, ne représentera que des sommes infinitésimales sur la période à courir d’ici 2023 horizon de la prévision. Par ailleurs, compte tenu des délais concrets pour mettre en application les coupes et du gradualisme, le CBO évalue à 42 milliards l’impact effectif de la réduction faciale annoncée de 85 milliards! 

 

 Toutes les simulations montrent que si, à l’intérieur de l’enveloppe de 85 milliards, il y a un accord pour accepter la flexibilité dans les coupes, et il y  aura un accord car les Républicains ne s’y opposent pas, tandis qu’Obama y a intérêt, alors l’impact économique sera négligeable… voire positif. Pourquoi positif? Parce que, dans un certain sens, la mise en application des coupes automatiques pourra être perçue comme le début d’un processus de consolidation budgétaire à moyen terme et que le début de ce processus enclenchera une certaine confiance qui peut faciliter la tache de la Fed, contenir les taux et améliorer ce que l’on appelle le sentiment. Ce sera une étape vers la crédibilité de la politique américaine. Par ailleurs, on peut imaginer des choix budgétaires intelligents -cela n’est jamais exclu- qui favorisent la croissance plutôt que les gaspillages. 

 Ce qui frappe, c’est le catastrophisme injustifié, il excite la curiosité: pourquoi faire une montagne d’un monticule? Nous pensons que c’est pour une question de validation.  Validation, quel que soit le coût, des thèses keynésiennes. On veut maintenir le principe que ce qui est bon, c’est la dépense,  et que les USA ont pour mission d’assurer un bon niveau à la dépense mondiale. Le FMI, par exemple, est catastrophiste, il noircit le tableau des conséquences au niveau mondial; diantre, si moins de 1% de dépenses réelles du gouvernement américain provoque une récession globale, c’est que vraiment le système est pourri à la base, délité. On ne pourra jamais sortir des mesures non conventionnelles et des gouffres budgétaires! Voila qui plairait aux banques, puisque cela garantit argent abondant et gratuit pour l’éternité. Ce qui est en jeu, le non-dit, c’est le maintien de la situation actuelle dans laquelle les déficits autorisent et justifient la politique de la Banque Centrale de taux bas et de monétisation. Les déficits et les dépenses maintiennent le gouvernement en état de dépendance vis à vis des autorités monétaires. Voilà le vrai enjeu du séquestre: empêcher que le politique retrouve de vraies marges de manœuvres, empêcher que la démocratie reprennent ses droits. Maintenir et prolonger jusqu’au bout -quel bout?- la situation présente.

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-Les programmes qui pèsent le plus lourd dans la dette, les retraites et les soins de santé, ne sont pas concernés par ces coupes budgétaires. Cela rend la réduction du reste plus sévère. Les dépenses concernant le secteur de la défense pour les sept prochains mois seront réduites de 13 % et d’autres programmes nationaux connaitront une réduction de 9 %, rappelle The Economist.

-« Les familles de la classe moyenne ne peuvent pas continuer à payer le prix des dysfonctionnements de Washington », a déclaré Barack Obama

-« Si l’on pouvait régler ce problème, l’économie serait sur le point de décoller », assure Brian Moynihan, chef de la direction Bank of America, et repris par The Wall Street Journal.

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  Tous ces gens œuvrent, non pour l’économie mondiale, mais pour eux-mêmes et leurs agendas. Ils veulent que le Principe de l’effet positif de la dépense et  que le Principe négatif de la rigueur soient maintenus. Envers et contre tout. Le FMI se moque de l’avenir de la dette américaine, il travaille pour un autre projet mondial, celui qui est censé succéder au système actuel, une fois le dollar démis. La stratégie de long terme du FMI, c’est la monnaie mondiale dont il sera le garant, gérant, émetteur discrétionnaire au profit d’intérêts non souverains, non démocratiques. Et la révulsion américaine sera une étape décisive dans cette voie, surtout si elle est suivie, comme il sera logique,  de la révulsion des créanciers des Etats Unis, Chine, Japon, etc.

DO NOT BE ALARMED

  Derrière la goutte d’eau du séquestre, il y a, en perspective, un choix de société, d’économie et de finance. Les intérêts dominants veulent que l’on continue sur la même voie, ils savent qu’un jour -jour non prévisible- cette fois, ce sera le fétu de paille de la dette qui brisera le dos du chameau américain, et ils veulent l’advenue de ce jour dont ils rêvent. 

 Ils veulent maintenir la chaîne infernale des dépenses, des déficits, de la monétisation, de la réglementation et des contrôles, du pouvoir de l’Etat,  des impôts, de la débauche de la monnaie. La chaîne de la servitude. 

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 3 Mars 2013

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11 réponses »

  1. Enfin un des très rares sites qui commence à percevoir que cette volonté du N.O.M est le moteur.

    Encore un petit effort pour voir que ce n’est pas la pensée qui est le moteur.

    Après le petit effort que ce n’est pas le financier qui était le moteur.

    Je ne donne pas la réponse, il est surement trop tôt.

    Bonjour chez vous.

    nop.

    • @NOP

      Je ne vois pas pourquoi vous êtes pudique ou elliptique pour évoquer cette question centrale à savoir quoi ou qu’est ce qui guide l’évolution mondiale. C’est une question que nous n’esquivons pas. Périodiquement nous expliquons et démontrons que « tout se passe comme si, en coulisses, on tirait les ficelles ». Tout se passe comme si les groupes qui détiennent une part importante du capital bancaire mondiale se coordonnaient et imposaient, au besoin par la désinformation, le Nouvel Ordre Mondial. Mais nos analyses et nos informations, et notre expérience nous conduisent à en rester au « tout comme si » , a ne pas franchir le pas de la thèse conspirationniste.

      Alexandre Zinoviev dans « la grande rupture » (l’âge d’homme/ Lausanne) franchit ce pas. De façon peu convaincante.

      Nous nous rangeons du coté de Ivan Illich qui lui, pense que c’est l’inconscient du système qui guide les évolutions, le système n’ayant pas de maitre, mais de simples gestionnaires qui comme Bernanke croient en être les maitres.

      Nous sommes de ceux qui pensons que le système est autorégulé, bouclé, et que sa combinatoire n’a qu’un objectif, se reproduire selon sa logique interne. En quelque sorte, ceux que l’on croit être les conspirationnistes, en réalité , c’est nous … à notre insu. (voir les travaux d’Illich, en particulier Colloque international Informatique et Société, DF 1979).

      Vaste débat, mais passionnant et déterminant pour l’action politique et l’élaboration des ripostes.

      Les thèses conspirationnistes conduisent me semble-t- il a un pessimisme radical et à des alibis pour se donner bonne conscience de renoncer à penser et analyser et démystifier . Mais je n’en suis pas sur, je peux me tromper.

      • @bruno bertez

        « En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi. » (F.D. Roosevelt)

        Cela ne peut pas être « l’inconscient du système »… L’inconscient ne prévoit pas.

        • @Aristide

          Je ne lis pas que B. Bertez ait écrit que « l’inconscient » prévoyait quoi que ce soit.
          Il parle plutôt, me semble-t-il, d’une logique interne du système, un peu comme Lacan disait de l’inconscient qu’il « calculait ».
          Ceux qui pénètrent cette logique peuvent peut-être faire des prévisions, la logique du système, elle, se contente de se dérouler…
          La phrase de Roosevelt ( hors contexte ) telle que je l’entends serait plutôt du côté « complotiste ».

      • D’accord. J’ajoute que bien souvent, voire toujours, ce qui est tenu pour des complots gigantesques résultent d’une convergence d’intérêts de groupes fort divers, et parfois antagonistes sur tout autre point.
        Quant à Roosevelt, cité par Aristide, cela ne me surprend pas qu’il croyait à cette fable du machiavélisme efficace du politique, air que cette sorte de gens adore se donner, alors que la plupart du temps il ne s’agit que du plus banal opportunisme ou clientélisme… mais c’est moins flatteur.

    • lupus et bruno
      lupus TON BLOG:UNE BENEDICTION!
      courage!ça monte!….signé robertespierre
      un merci de la taille des billets qui entourent la statue de la Liberté!
      et merci à toi Bruno pour cette observation que tu fais
      et qui est appreciée d’enorméments d’internautes!

  2. Je voulais le dire depuis un moment mais les illustrations de William Banzaï sont décidément excellentes, d’une invention pleine de facéties exquises, d’une drôlerie féroce qui me rappellent, si j’ose dire, la grande époque des caricaturistes du XIXème. Sa contribution est-elle une exclusivité du blog à Lupus ?

    • Merci Jean pour lui….exclusivité pas du tout, mais ici on l’adore!!!, il correspond bien à notre état d’esprit… Il collabore de manière régulière à zerohedge tout en ayant sa propre vie d’artiste…

  3. Je dis aussi Merci à Bruno et The Wolf pour les articles et le site.

    Mais mon problème n’est pas de ce niveau, je suis plutôt dans le cadre « dessine moi un mouton :
    – Ça c’est la caisse. Le mouton que tu veux est dedans.
    – C’est tout à fait comme ça que je le voulais! »

    Et c’est pour cela que vous êtes si près de la réponse, mais malheureusement ce ne sont pas la lecture de centaines de bouquins qui vont vous donner la réponse.
    Vous êtes dans le cadre et non en dehors pour l’instant.

    Bonjour chez-vous

    Nop.

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