Art de la guerre monétaire et économique

Daniel Stelter(BCG):  » Nous sommes déjà tous en état de banqueroute  »

Daniel Stelter(BCG):  » Nous sommes déjà tous en état de banqueroute  » 

D’après, Daniel Stelter, directeur associé au Boston Consulting Group (BCG) et co-auteur du livre «Accelerating out of the Great Recession», les pays développés vont droit dans le mur. “Il faut agir vite”.

L’économiste allemand Daniel Stelter est, paraît-il, connu pour ses propositions provocatrices. Il n’est en tout cas pas le plus optimiste des analystes. « Sans doute le plus réaliste », rétorque celui qui est aussi directeur associé au Boston Consulting Group (BCG). De passage à Bruxelles, le Berlinois a, en tout cas, une entrée en matière qui incite à la consommation massive d’antidépresseurs « Allemagne, Belgique, France, Japon Nous sommes déjà tous en état de banqueroute, lance-t-il. Mais il y a encore une chance de s’en sortir, si nous agissons maintenant et de manière radicale ».

EN LIENS: Politique Friction du Samedi 12 Janvier 2013: Acheter de l’or est un acte terroriste par Bruno Bertez.

Et Maintenant on fait quoi?

http://huemaurice5.blogspot.fr/2013/02/mettre-fin-lere-de-la-finance-ponzi.html (Traduction du rapport en Français)

Depuis janvier dernier, M. Stelter fait le tour de l’Europe avec un rapport cinglant. Son titre ? « En terminer avec l’ère de la finance de Ponzi« . Ponzi ? Du nom de cet escroc italo-américain qui roula tout son monde, dans les années 20, avec un système sophistiqué d’emprunts à la chaîne. L’homme est resté dans la postérité. Le système de Ponzi est devenu un « montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants ». Tôt ou tard, la supercherie fait surface et le château s’écroule : les derniers arrivés paient les pots cassés.

Récemment, les clients du fraudeur américain Bernard Madoff en ont fait la cruelle expérience. Les prochains pourraient être les futurs contribuables des pays développés. C’est du moins l’opinion de M. Stelter qui considère le G8 comme étant « le champion » en matière de système Ponzi. « Les pays développés ont creusé de manière exponentielle leurs dettes depuis 1980, poursuit l’analyste. Si on tient compte de l’inflation, elles sont quatre fois plus importantes qu’il y a 30 ans. C’est devenu intenable. » Mais les dettes privées, « dont on ne parle jamais », inquiètent aussi M. Stelter. « Ce sont elles qui ont amené l’Irlande et l’Espagne dans la crise que l’on connaît. »

PLUS DE PONZI EN SUIVANT EN SUIVANT:

Autres inquiétudes : les pays développés continuent de « dépenser plus que ce qu’ils gagnent » et les nouveaux emprunts ne créent « aucune dynamique économique », comme cela a pu exister dans le passé. « Il ne faut pas être grand mathématicien pour se rendre compte qu’on va droit dans le mur. Avec la démographie que l’on connaît, notamment en Europe, certains engagements, comme le paiement des pensions ne pourront plus être respectés. Un jour quelqu’un va devoir payer la note ! »

Et tout comme dans le système de Ponzi, « tout s’écroulera d’un coup, causant une dépression sociale et économique majeure ». Quand ? « Personne ne peut le dire, mais plus on attendra, plus cela arrivera rapidement. »

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 D’après cette étude, les gouvernements de quelques grands pays (France, Etats-Unis, Royaume-Uni, Italie…) ont mis en œuvre des politiques économiques fondées sur l’endettement. Jusque là rien d’étonnant, la théorie de l’économie d’endettement développée par la doctrine keynésienne, permet de stimuler la croissance en période de récession. Sauf que, d’après le rapport de BCG, cette politique d’endettement a perdu tout pouvoir de stimulation de la croissance. Du coup, les dettes contractées ne sont plus gagées sur les surplus de revenus qu’elles étaient censées engrangées, mais sur les revenus des générations futures… Sauf qu’un jour, les épargnants d’aujourd’hui ne pourront pas rembourser ceux d’hier. C’est là où réside la faille qui a fait tomber Charles Ponzi ou Bernard Madoff.

Toutes les caractéristiques de la chaîne de Ponzi sont réunies. Les Etats s’endettent pour payer les dépenses de fonctionnement et non celles liées à des investissements qui ont pourtant un effet multiplicateur plus important. Ce qui a deux conséquences. D’abord, les Etats s’endettent sans rien inscrire dans la colonne actif de leur bilan. Ensuite, chaque dollar emprunté n’induit quasiment plus de surplus de croissance. Pis ! Les Etats s’endettent pour rembourser les seuls intérêts de la dette.

L’effet multiplicateur quasiment neutralisé

Les chiffres sont éloquents. La dette cumulée (Etat, entreprises, ménages) des pays de l’OCDE est passée de 160% du PIB en 1980 à 321% en 2010. Par ailleurs, les effets vertueux du multiplicateur de croissance semblent avoir été en grande partie neutralisés. En 1960, un dollar investi créait 59 cents de PIB supplémentaire, il n’en engendre plus que 18 cents aujourd’hui.

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Il faut donc « agir vite », selon l’analyste pour qui l’austérité pure et simple n’est pas une solution. « On l’a vu en Grèce, quand on coupe drastiquement dans les dépenses, sans changer les structures d’une société, les effets sont encore plus pervers pour la croissance ». Sa solution ? Une mixture d’austérité, d’inflation contrôlée, de réduction partielle de dettes (« haircut ») et d’investissements publics ciblés. « Personne n’est épargné. Tout le monde va devoir faire des sacrifices : les créditeurs vont devoir accepter des pertes, les riches de payer plus de taxes, les travailleurs de travailler plus longtemps et d’économiser car leurs retraites seront réduites. Il faudra des gouvernements plus petits et efficaces, moins de dépenses sociales et de santé mais davantage d’investissements dans les infrastructures publiques, dans l’innovation et l’éducation. » L’Allemand estime qu’il faudra aussi développer une immigration « intelligente comme au Canada », pour attirer les plus grands cerveaux en Europe. « Même les pays émergents vont devoir contribuer à la solution en consommant plus et en exportant moins. »

Le problème de ces propositions ? « Elles sont impopulaires. Or le système politique actuel mise tout sur le court terme. Jean Claude Juncker, quand il était président de l’Eurogroupe le disait lui-même : « Nous savons tous ce que nous devons faire, mais nous ne savons pas comment être réélus après l’avoir fait. » 

Raphaël Meulders La Libre.be 7/3/12 

http://www.lalibre.be/economie/actualite/article/801654/nous-sommes-deja-tous-en-etat-de-banqueroute.html

EN COMPLEMENT : Comment faire pire que Madoff  

La Réserve fédérale américaine pourrait préparer une bulle spéculative géante.

Aux dernières nouvelles, Bernard Madoff coule des jours tranquilles à la prison fédérale de Butner, en Caroline du Nord. « C’est beaucoup plus sûr ici que dans les rues de New York », explique le génial escroc. Le temps doit quand même lui paraître parfois un peu long, occupé à nettoyer le réfectoire (payé 14 cents l’heure) ou à compter les jours qui le séparent de son improbable libération – prévue maintenant dans cent quarante-six ans. Pauvre Bernie ! 

Ce qui, en revanche, doit lui remonter le moral, c’est de constater qu’il a en matière d’arnaque financière géante fait des émules au sein même des gouvernements et des banques centrales. Partout dans le monde. Au Japon, au Royaume-Uni et surtout aux États-Unis. Là-bas, l’élève est même en train de dépasser le maître. Ben Bernanke, le patron de la Réserve fédérale américaine (Fed), est en train de faire mieux que Bernie, avec la mise en place d’une mécanique infernale dont ne s’inquiètent aujourd’hui que quelques spécialistes, mais qui risque de conduire à une crise financière plus grave encore que celle ayant suivi la faillite de Lehman Brothers en 2008. 

Madoff s’était contenté, si l’on peut dire, d’escroquer des milliers de riches clients avec une banale pyramide de Ponzi : on appâte le zozo en lui garantissant un rendement élevé et on rémunère les anciens clients avec l’argent frais des nouveaux. Rien de très nouveau là-dedans, rien de très sophistiqué non plus. M. Bernanke, lui, se montre beaucoup plus imaginatif et novateur, avec en outre l’avantage majeur d’opérer en toute légalité. Et pour des montants sans commune mesure : 65 milliards de dollars pour Madoff, près de 3 000 milliards de dollars pour Bernanke. Bernie petit joueur. 

Pour sauver la chaîne de Ponzi construite par le Trésor américain (faire de nouvelles dettes afin de pouvoir rembourser les anciennes), la Fed s’est lancée à la fois dans la fabrication de fausse monnaie à grande échelle et dans une manipulation sans précédent des taux d’intérêt. Au point qu’à côté le scandale du Libor dans lequel sont impliquées plusieurs grandes banques privées, et qui fait régulièrement la une des journaux financiers, relève de l’amateurisme. 

Comme Jésus multiplia jadis les pains, Bernanke multiplie aujourd’hui les dollars. Une méthode pas catholique du tout, mais que M. Bernanke a jugée être la moins pire des mauvaises solutions pour sortir l’Amérique de la crise. Avec tous ces billets verts miraculeusement créés, il a acheté depuis trois ans d’énormes quantités de dette publique américaine : 1 700 milliards de dollars d’obligations du Trésor, 1 000 milliards de dollars d’emprunts immobiliers garantis par l’Etat, soit au total plus que toute la dette de la France. Résultat : les taux d’intérêt à long terme sont tombés aux États-Unis à des niveaux incroyablement bas (2 % à dix ans, contre 4 % avant le début de la crise) ; mais surtout absurdement bas, compte tenu de l’envolée de la dette publique américaine (qui frôle 17 000 milliards de dollars et augmente de 4 milliards de dollars par jour !). 

Des niveaux aussi fictifs, déconnectés de la réalité, que pouvaient l’être les rendements offerts par Madoff à ses clients.

Cela n’empêche pourtant pas de nombreux économistes de saluer l’audace de M. Bernanke – et de reprocher au passage la pusillanimité dont M. Draghi ferait preuve à la tête de la BCE. Ils considèrent comme une formidable nouvelle ces taux d’intérêt très faibles, inférieurs aux taux de croissance, qui dopent la consommation des ménages américains, l’investissement des entreprises et favorisent la reprise du marché immobilier. Les agences de notation elles-mêmes applaudissent : c’est une raison suffisante pour s’inquiéter. Car le problème de ce genre d’entourloupe géante et de fuite en avant est qu’il est difficile d’y mettre un terme en douceur, sans faire s’écrouler tout le système. Que risque-t-il de se produire quand la Fed cessera d’acheter chaque mois pour 85 milliards de dollars de dette américaine ? Il risque de se produire un gigantesque krach obligataire causant d’énormes pertes à la Fed elle-même, mais aussi aux banques, aux assureurs et autres fonds de pension. Un krach provoquant une remontée des taux d’intérêt si brutale qu’elle ferait automatiquement retomber l’économie en récession et mettrait l’État américain en réel danger de faillite.

 Que risque-t-il à l’inverse de se passer si la Fed, mais aussi la Banque d’Angleterre et la Banque du Japon continuent de maintenir à des niveaux artificiellement bas les taux d’intérêt à long terme ? Il risque de se former de gigantesques bulles spéculatives en comparaison desquelles celle des subprimes fera figure de « bullette » inoffensive et indolore.

Madoff avait ruiné quelques milliers de clients pour la plupart très fortunés, ce qui est très triste pour eux mais sans grande importance. C’est en revanche toute l’économie mondiale que Bernie II (Ben Bernanke) risque, lui, de ruiner. 

« L’État tout entier est une chaîne de Ponzi », a récemment déclaré, du fond de sa prison, Bernard Madoff. Parole d’expert. 

Pierre-Antoine Delhommais/Le point Fev13 

http://www.lepoint.fr/editos-du-point/pierre-antoine-delhommais/comment-faire-pire-que-madoff-21-02-2013-1630286_493.php

5 réponses »

  1. La phrase de Junker résume tout le dilemme! C’est pour cela que je ne suis pas très démocrate.

  2. Autres inquiétudes : les pays développés continuent de « dépenser plus que ce qu’ils gagnent » et les nouveaux emprunts ne créent « aucune dynamique économique », comme cela a pu exister dans le passé. « Il ne faut pas être grand mathématicien pour se rendre compte qu’on va droit dans le mur. Avec la démographie que l’on connaît, notamment en Europe, certains engagements, comme le paiement des pensions ne pourront plus être respectés. Un jour quelqu’un va devoir payer la note ! »

    CQFD l’immigration la solution finale…

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