Allemagne

On a lu, vu et entendu du 22/23/24/25 Mars 2013: Si Chypre m’était conté!!! (actualisé au 25 Mars 2013)

On a lu, vu et entendu du 22/23/24/25 Mars 2013: Si Chypre m’était conté!!! (actualisé au 25 Mars 2013)

Le ministre chypriote des Finances rentre sans accord de Moscou

Le ministre des Finances de Chypre, Michalis Sarris, a quitté Moscou vendredi, où il était arrivé mardi pour obtenir un soutien des autorités russes, a-t-on appris de source diplomatique, sans qu’aucun accord n’ait été annoncé.

M. Sarris cherchait à obtenir un assouplissement des conditions du prêt de 2,5 milliards d’euros accordé par Moscou à Nicosie en 2011 et avait proposé aux Russes des investissements dans le secteur bancaire et énergétique en échange d’une aide. «La délégation chypriote, dont le ministre des Finances, a quitté Moscou», a indiqué cette source à l’AFP.

De son côté, le ministre russe des Finances a déclaré vendredi que les négociations se sont achevées sans succès, faute d’intérêt des sociétés russes pour les propositions d’investissements dans les secteurs énergétique et bancaire.

Concernant un assouplissement du prêt de 2,5 milliards d’euros accordé en 2011 par Moscou à Nicosie, demandé par Chypre, la Russie «attend une décision» des bailleurs de fonds internationaux de l’île pour décider de «sa participation dans une restructuration de la dette», a ajouté Anton Silouanov, cité par les agences russes.

Michalis Sarris avait rencontré mercredi son homologue russe Anton Silouanov puis le premier vice-premier ministre Igor Chouvalov, sans qu’aucun accord ne soit rendu public. Il avait assuré jeudi à la télévision chypriote qu’il resterait en Russie «aussi longtemps qu’il faudra».

Le premier ministre russe, Dmitri Medvedev, avait indiqué jeudi que la délégation chypriote avait «apporté toute une série de propositions concernant notamment des actifs que la Russie serait intéressée d’acquérir» mais que cette offre ne comprenait «rien de très neuf».

Moscou s’était dit, ces derniers mois, prêt à assouplir les conditions du prêt accordé en 2011, en repoussant son échéance, actuellement fixée à 2016, ou en abaissant les taux d’intérêt. Mais les autorités russes ont été piquées au vif par l’annonce samedi matin d’un plan de sauvetage de Chypre négocié avec l’UE comprenant une taxe – abandonnée depuis – sur les dépôts bancaires. Celle-ci risquait de toucher durement les avoirs russes sur l’île.

Les Russes détiendraient selon l’agence Moody’s 31 milliards de dollars (24 milliards d’euros) sur des comptes bancaires à Chypre, soit plus du tiers des dépôts totaux. La banque centrale de l’île a fourni jeudi une estimation plus basse, à moins de 10,2 milliards d’euros.

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La patience des Européens a des limites, avertit Merkel

La chancelière allemande Angela Merkel a averti que la patience des Européens sur le plan de sauvetage de Chypre avait des limites, selon des députés de sa majorité devant qui elle s’est exprimée vendredi.

La chancelière a prévenu Chypre qu’il ne fallait «pas abuser de la patience des partenaires de la zone euro» lors d’une réunion avec le groupe parlementaire des libéraux du FDP, a rapporté à l’AFP l’un des participants.

La chancelière allemande s’est plaint que Nicosie n’avait «pas communiqué avec la troïka pendant plusieurs jours», a encore rapporté l’un des participants à cette réunion fermée à la presse qui se tenait dans l’enceinte du Bundestag.

Mme Merkel a dit son refus que les caisses de retraites chypriotes soient impliquées dans le plan de sauvetage du pays, comme l’envisagent les autorités de l’île. «L’Union européenne ne doit en aucun cas renoncer à ses principes», a-t-elle ajouté selon ce participant.

Ces propos ont été confirmés par d’autres sources au sein du Parti conservateur (CDU) de Mme Merkel, jointes par l’agence DPA.

Dans un entretien vendredi à la télévision allemande, Volker Kauder, chef du groupe parlementaire des Unions chrétiennes (CDU/CSU) au Bundestag et un proche de Mme Merkel, a estimé que la proposition de Chypre de mettre sur pied un fonds n’allait «pas dans le bon sens» et que le pays «jouait avec le feu».

Le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, a fait part de son côté vendredi de sa «grande inquiétude» face à la situation chypriote qui conduit à «une paralysie dans les décisions de l’Union européenne, qui ne peut être du goût de personne».

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La fermeture prolongée des banques, une mesure rarissime

La fermeture prolongée de l’ensemble des banques d’un pays, comme celle décidée par Chypre entre samedi 16 mars et lundi 25 inclus, est une mesure extrêmement rare, décidée le plus souvent pour éviter des retraits massifs, mais surtout une atteinte à l’ordre public.

«C’est un phénomène qui n’a quasiment pas été rencontré depuis la fin du XIXe siècle et le début du XXe», explique Hervé Alexandre, professeur à l’Université Paris-Dauphine.

Le fait qu’il n’ait plus été rencontré que très occasionnellement tient ainsi principalement au fait que, depuis une centaine d’années, la plupart des pays ou des zones monétaires se sont dotées de banques centrales.

Elles agissent comme prêteur en dernier ressort, c’est-à-dire qu’elles peuvent secourir une ou plusieurs banques défaillantes grâce à des fonds publics, leur laissant ainsi le temps d’être liquidées sans panique.

Pour l’heure les banques chypriotes ne doivent plus leur maintien en activité qu’au minimum de liquidités que la BCE leur consent, dans le cadre du programme d’Emergency Liquidity Assistance (ELA), qui pourrait être immédiatement suspendu dès lundi si le gouvernement chypriote ne parvenait pas à trouver de solution.

PLUS DE CHYPRE EN SUIVANT:

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D’âpres négociations se tenaient vendredi sur le plan de sauvetage des banques et de l’économie chypriote que Nicosie doit présenter d’ici à lundi à ses partenaires européens, l’option d’une aide russe s’étant refermée.

Chypre est engagée dans d’«âpres négociations» avec la troïka des bailleurs de fonds (UE-FMI-BCE), a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement, Christos Stylianides. «Dans les prochaines heures, nous allons devoir prendre des décisions importantes», a-t-il ajouté lors d’une brève déclaration à la presse vers 11h15 GMT.

Mais aucun détail n’a filtré sur les détails du plan qui doit être soumis au parlement de l’île méditerranéenne vendredi, et l’énervement de ses partenaires au sein de l’UE se fait de plus en plus palpable. Chypre doit trouver d’ici à lundi 7 milliards d’euros, condition au déblocage par la troïka (UE-BCE-FMI) d’une aide de 10 milliards qui lui éviterait la faillite.

L’option russe caressée par Nicosie afin d’obtenir une partie de l’aide nécessaire semble s’être refermée. Les autorités russes ont indiqué ne pas être intéressées par les propositions de Nicosie après deux jours de discussions à Moscou avec le ministre chypriote des Finances, Michalis Sarris.

Du côté de l’Union européenne et de la zone euro, dont Chypre fait respectivement partie depuis 2004 et 2008, l’énervement grimpe, notamment à Berlin, alors que l’échéance fixée par la BCE à lundi pour continuer d’apporter une aide d’urgence aux banques chypriotes s’approche.

La chancelière allemande Angela Merkel a prévenu vendredi matin qu’il ne fallait «pas abuser de la patience des partenaires de la zone euro», selon des propos rapportés par des députés de sa coalition, à qui elle s’est adressée lors de réunions fermées à la presse.

Dans le cadre de son nouveau plan, Nicosie proposerait l’instauration d’un fonds de solidarité et une législation sur la limitation des mouvements de capitaux. Ce fonds de solidarité utiliserait notamment les liquidités des fonds de retraites de la fonction publique. Il pourrait également être garanti sur les revenus à venir dégagés par l’exploitation, encore à l’étude, des immenses ressources en gaz naturel découvertes au large des côtes de l’île.

Mais l’Allemagne refuse un alourdissement de la dette chypriote. Elle refuse aussi une implication des fonds de pension dans le plan d’aide. Une telle proposition aurait déjà été rejetée par la troïka des bailleurs de fonds (UE-BCE-FMI) le week-end dernier, selon un porte-parole du Ministère allemand des finances.

L’UE et le FMI, refusent de prêter à Nicosie plus de 10 milliards d’euros car ils tiennent à ce que sa dette n’aille pas au-delà de 100% du PIB en 2020.

Deux banques du pays, la Popular Bank et la Cyprus Bank, sont menacées de faillite immédiate si aucun accord n’est trouvé d’ici à lundi. Fermées depuis le 16 mars, les banques chypriotes ne rouvriront pas avant mardi et l’économie du pays est paralysée.

Les ministres des Finances de l’Eurogroupe ont eu une conférence téléphonique pour trouver une solution, et selon des officiels restés anonymes cités par Bloomberg, il serait question de démanteler deux banques, Cyprus Popular Bank Plc et Bank of Cyprus Plc pour créer une « bad bank » qui reprendrait tous les comptes non couverts par la garantie de dépôt assurée par l’UE, c’est-à-dire pour les montants dépassant les 100.000 euros. Ces montants seraient gelés jusqu’à ce que les actifs de cette bad bank soient totalement vendus. Les comptes entrant dans le cadre de cette garantie seraient quant à eux regroupés dans une « good bank » où ils seraient protégés et les détenteurs de ces comptes pourraient en disposer librement.

En définitive, les pertes des détenteurs des comptes dont les soldes excèdent 100.000 euros, dont une grande partie , mais pas seulement, sont des nationaux Russes, pourraient avoisiner les 40%. Les officiels ont précisé que ce projet avait recueilli l’aval du Fonds Monétaire International (FMI) et de la BCE.

Ne pas oublier non plus,  que pour attirer de nouveaux acheteurs de biens immobiliers sur son territoire, Chypre a multiplié les initiatives ces dernières années parmi laquelle:  accorder, sous conditions financières, la résidence permanente à des non-Européens.  Les candidats – principalement des Chinois – doivent payer 300.000 euros pour un bien immobilier, prouver qu’ils n’ont pas de casier judiciaire, qu’ils disposent de ressources financières suffisantes, et ils doivent déposer 30.000 euros sur un compte bloqué pendant au moins 3 ans auprès d’une banque locale. Tous ceux qui répondent à ces conditions recoivent leur permis de résidence permanente au bout de 45 jours.

Plus de 600 propriétés ont été ainsi vendues à des acheteurs chinois, dont 90% d’entre elles étaient situées dans la ville côtière de Pafos. Le permis de séjour permanent est très prisé des Chinois fortunés, parce qu’ils peuvent sous condition de visa, envoyer leurs enfants dans des écoles européennes, ce qui constitue un réel avantage pour eux, puisque le rapport Hurun indique que 85% des 1,4 million de Chinois millionnaires en dollars souhaiteraient envoyer leurs enfants à l’école à l’étranger.

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Un accord bancaire avec la Grèce

La Banque du Pirée, troisième banque du secteur de crédit en Grèce, va acquérir les filiales chypriotes en Grèce de Cyprus Bank et de Popular Bank.

Le Fonds hellénique de stabilité financière (HFSF) s’est réuni vendredi après-midi et a choisi ce repreneur grec après un accord entre Athènes et Nicosie pour le sauvetage des filiales grecques des établissements chypriotes, selon une source bancaire grecque. Cette décision fait suite à un entretien téléphonique vendredi entre le Premier ministre grec, Antonis Samaras, et le président chypriote, Nicos Anastasiades, donnant le feu vert à « la séparation des agences grecques des banques chypriotes » qui vont être recapitalisées par les banques grecques, elles-mêmes soutenues par l’Europe.

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L’argent liquide devient roi à Chypre

L’incertitude sur l’issue de la crise bancaire pèse de plus en plus sur la population chypriote, contrainte de faire toutes ses transactions financières en liquide. Que ce soit pour payer le pain, l’essence ou ses fournisseurs, pièces et billets sont devenus rois sur l’île. Avec une question cruciale: les distributeurs automatiques de billets tiendront-ils le coup jusque mardi prochain? Et surtout, les banques rouvriront-elles? 

Face à une grave crise financière qui menace leur pays de faillite, les commerçants chypriotes exigent désormais d’êtres payés en espèces, mais la population s’inquiète d’une imminente pénurie de liquidités, les banques devant rester fermées jusqu’à mardi. Cafés, restaurants, stations-service: nombreux sont ceux qui refusent désormais les paiements par carte de crédit ou par chèque.

Crainte d’une pénurie de liquidités

Et face à l’incertitude, nombreux sont les Chypriotes qui redoutent une pénurie d’argent liquide si les banques, fermées depuis le 16 mars, n’ouvrent pas mardi comme prévu.

Vendredi, des files d’attentes se sont de nouveau formées devant les distributeurs automatiques, notamment ceux de la Banque populaire, les clients craignant une fermeture définitive de la deuxième banque de Chypre qui pourrait faire les frais d’une restructuration du système bancaire.

« J’ai retiré 260 euros à l’instant. C’est la limite quotidienne maintenant. J’ai un peu d’argent liquide à la maison, mais combien de temps allons-nous tenir? », se demande Albert Tutundjian. Selon lui, les Chypriotes ont peur de garder d’importantes sommes d’argent à domicile. « C’est dangereux. Avoir trop d’argent liquide à la maison, c’est une invitation ouverte au vol. La criminalité va augmenter à Chypre si on ne trouve pas une solution ».

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Sous pression, Chypre se résigne à renégocier avec la troïka

Le projet de ponctionner que les comptes bancaires supérieurs à 100 000 euros refait surface. Les banques chypriotes seront restructurées, notamment avec la création d’une «bad bank» qui accueillerait les avoirs pourris

A Bruxelles, la Commission européenne n’a laissé filtrer aucun détails sur les négociations. Chypre entend, comme convenu au départ, financer sa part (5,8 milliards d’euros) dans le plan de sauvetage. Elle puiserait cette somme en ponctionnant les dépôts bancaires, mais uniquement ceux supérieurs à 100000 euros. Initialement prévu à 9,9%, le taux de prélèvement serait de 15%, a annoncé la télévision chypriote vendredi soir.

Le plan de la troïka vise avant tout à aider les banques chypriotes. Celles-ci se trouvent en mauvaise posture depuis l’an dernier, victimes de la restructuration de la dette grecque, ce qui leur avait fait perdre près de 7 milliards d’euros. En manque de liquidités pour se recapitaliser, ainsi que pour respecter les normes imposées par la zone euro, elles sont menacées de faillite.

C’est dans ce contexte que Bank of Cyprus, la première banque, a pris l’initiative vendredi. Elle a appelé le parlement à accepter la taxe sur les dépôts bancaires. «Il doit être clair pour tout le monde – citoyens, politiques et en particulier les 56 membres du parlement – qu’il ne doit pas y avoir de retard pour approuver cette mesure», a plaidé son directeur.

Autre condition, les banques chypriotes n’échapperont pas à une restructuration. Il est question d’en fusionner certaines et d’en fermer d’autres. Le gouverneur de la banque centrale a même proposé de scinder en deux la banque Laiki, la deuxième du pays, en une banque assainie et une structure de défaisance (bad bank). «Une telle mesure est nécessaire afin qu’elle puisse continuer à fonctionner et à maintenir les emplois», a-t-il déclaré. Hier soir, l’agence Moody’s a baissé les notes de Bank of Cyprus, de Cyprus Popular Bank et de Hellenic Bank

Pour de nombreux analystes, les autorités chypriotes ne disposeraient plus d’alternative. «Sans soutien extérieur, l’île sera contrainte de se déclarer insolvable, au plus tard au mois de juin lorsqu’elle devra rembourser 1,1 milliard d’euros de dettes arrivant à maturité», explique Standard & Poors (S&P) dans une note publiée vendredi. Selon l’agence de notation, un accord entre Chypre et la troïka est primordial, pas seulement pour contenir les risques de contagion. Un échec remettrait aussi en lumière leur incapacité, plus particulièrement celle de la zone euro, à résoudre des crises.

Enfin, en attendant la réouverture hypothétique des banques chypriotes mardi, Bruxelles a de nouveau recommandé à Chypre de prendre des mesures pour éviter une fuite massive des capitaux ces prochains jours.

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Des centaines d’employés de banques manifestaient samedi après-midi à Nicosie

Les manifestants, qui craignent pour leur emploi en cas de faillite ou de restructuration des banques, portaient des pancartes proclamant « Pas touche aux fonds de pension », « Non à la banqueroute de Chypre » ou encore « Laissez-nous rêver ».

« Nous manifestons pour sauver nos emplois et notre fonds de pension. Ce sont nos amis européens qui nous ont mis dans cette situation », a déclaré Petros, un employé de banque.

La Laiki Bank emploie à elle seule plus de 8.000 personnes à Chypre, soit 1% des 840.000 habitants, ce qui illustre la disproportion du secteur bancaire que l’Union européenne dénonce dans l’économie chypriote.

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A écouter Athanasios Vamvakidis, économiste chez Bank of America-Merrill Lynch, cet argent que brassent les banques chypriotes visait au départ à diversifier une économie trop dépendante du tourisme. Tout a commencé il y a plus de vingt ans, dit-il, sous l’impulsion des dirigeants de l’époque. Chypre, à la jonction de l’Europe et du Proche-Orient, se rêvait en «hub» financier. Le pays avait pour cela des atouts. Dans cette ancienne colonie britannique, on parle anglais, l’économie est flexible et la législation inspirée du droit britannique est réputée «business friendly», bienveillante envers le monde des affaires. Très bienveillante, si l’on observe le taux d’imposition des sociétés, le plus bas d’Europe, 10% aujourd’hui mais 5% hier, et 12,5% demain, suite aux exigences de l’Europe. Selon Athanasios Vamvakidis, ce taux d’imposition ultra-séduisant – «comme en Irlande ou à Singapour» – a servi d’aimant aux capitaux étrangers.

Les entreprises se sont installées dans l’île parfois au travers de simples «boîtes aux lettres» pour en profiter, en déposant tout ou partie de leurs avoirs. Les banques chypriotes ont su y faire en rémunérant les dépôts bancaires jusqu’à 5%. Le taux a été augmenté au fur et à mesure de l’aggravation de la crise financière, de peur d’assister à une hémorragie de capitaux, assure Athanasios Vamvakidis.

Si la République dit répondre aux standards européens de lutte contre le blanchiment d’argent, «il y a quelques doutes sur la bonne mise en œuvre», souffle une source européenne. La découverte, en 2001, des comptes secrets de l’ancien dictateur serbe Slobodan Milosevic à Chypre a marqué les esprits. Un audit sur le blanchiment est en cours. Fallait-il attendre que Chypre s’effondre pour dénoncer ce «paradis bancaire»? En 2004, lorsque l’île a intégré l’Union européenne, puis, en 2008, la zone euro, les voix n’ont pas grondé à ce sujet. Ou si peu.

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«Si la question du blanchiment d’argent est évidemment à traiter, les comptes russes n’ont rien à voir avec l’histoire dont on parle», pense l’économiste Daniel Cohen qui rappelle que les déboires du pays sont essentiellement dus aux pertes infligées aux banques chypriotes par la restructuration de la dette grecque.

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25% de ponction?

Selon diverses sources gou­vernementales, l’idée d’imposer une taxe sur les avoirs au-dessus de 100000 euros serait maintenant acquise. Il resterait à déterminer le taux. Des télévisions chypriotes ont annoncé un taux de 25%. D’autres sources ont évoqué un taux de 20% sur les comptes au-dessus de 100000 euros à la Bank of Cyprus, la première banque du pays, et de 4% sur le même montant dans toutes les autres banques.

Les parlementaires avaient par ailleurs avalisé le principe d’une restructuration bancaire, notamment par la création d’une structure de défaisance (bad bank) qui accueillerait les avoirs à risques. Ce sujet fait également l’objet de tractations entre les dirigeants chypriotes et les bailleurs de fonds. En fin de journée dimanche, l’agence de presse chypriote CNA a annoncé que la Bank of Cyprus avait limité les retraits des bancomats à 120 euros par jour et la Popular Bank à 100 euros.

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Pressions allemandes

Les représentants chypriotes comme les bailleurs de fonds n’ont pas caché leur volonté de parvenir à une issue avant l’échéance fixée par la BCE. En revanche, l’Allemagne et la France ont été particulièrement exigeantes. Pour le ministre allemand des Finances, qui s’est exprimé dans la presse dominicale, le maintien de Chypre dans la zone euro dépendait de la viabilité de ses propositions, ajoutant que le pays devait «s’attaquer aux problèmes à la racine et se défaire d’un modèle économique qui ne fonctionne plus». Son homologue français, Pierre Moscovici, a dit qu’il fallait en finir avec une économie-casino au bord de la faillite.

Dimanche soir, le président chypriote, Nicos Anastasiades, a prévenu les bailleurs de fonds internationaux que les contreparties exigées à un plan de sauvetage de l’île pourraient le forcer à démissionner, selon les médias publics chypriotes.

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Accord sur un plan de sauvetage pour Chypre.

L’accord prévoit que le premier établissement du pays, Bank of Cyprus, soit conservé, mais que les déposants de cette banque, au-dessus de 100 000 euros, subissent des pertes pouvant aller jusqu’à 40 %.

L’accord prévoit en outre la disparition de la banque Laïki, la deuxième du pays, selon une source européenne.

Les petits déposants seront épargnés, mais ceux avec des dépôts au-dessus de 100 000 euros subiront des pertes.

« Les dépôts sécurisés seront mis dans une ‘good bank’ les autres dans une ‘bad bank’. Les dépôts non-sécurisés de plus de 100 000 euros seront gelés et participeront à la recapitalisation nécessaire », a précisé lors d’un point de presse le ministre des finances allemand, Wolfgang Schäuble.

Interrogé sur la réaction des Russes à cet accord qui les affectera via la restructuration du secteur bancaire, le ministre des Finances de Chypre a reconnu que « nombre de nos partenaires internationaux loyaux sont très déçus ».

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Vers où se dirige-t-on?

Les banques rouvrent après un accord

A condition que le gouvernement ne prolonge pas la fermeture des banques, les principaux établissements du pays – Bank of Cyprus, Cyprus Popular Bank, Hellenic Bank et USB Bank – rouvriront mardi matin. Si un accord a été trouvé d’ici là avec l’UE et le Fonds monétaire international (FMI), la catastrophe peut être évitée.

Des quantités importantes d’argents seront probablement retirées, en particulier par les déposants étrangers, mais la BCE pourra continuer à mener son programme de soutien exceptionnel à la liquidité, ce qui maintiendra les banques à flot.

Si les marchés réagissent positivement et que le calme revient, les fonds retirés pourraient même revenir vers les banques. Il s’agit du meilleur scénario possible et même dans ce cas, le secteur bancaire chypriote devra toujours subir une restructuration.

Les banques rouvrent sans accord

Si aucun accord n’a été trouvé entre Chypre, d’un côté, et l’UE et le FMI, de l’autre, l’issue sera plus sombre. Les banques rouvriront mardi matin mais refermeront probablement vite en raison d’un mouvement massif de retrait des dépôts, en particulier dans certaines branches de Cyprus Popular Bank et Bank of Cyprus, les deux établissements les plus importants du pays et les plus affectés par la crise.

Le gouvernement peut choisir de prolonger plus longtemps la fermeture, mais risquerait alors de provoquer d’importants troubles sociaux, les Chypriotes en étant réduits à retirer exclusivement de l’argent aux guichets automatiques. Dans tous les cas, sans le soutien de la BCE, les banques finiront par s’effondrer.

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