Allemagne

2013 : la quatrième guerre (monétaire) franco-allemande ? par Bruno Colmant

2013 : la quatrième guerre (monétaire) franco-allemande ? par Bruno Colmant

Le couple économique franco-allemand dérive dans la mélancolie et la résignation

Mais faut-il s’en étonner ?

Ce couple fut-il jamais autre chose qu’une inflexion historique imposée par les Américains au terme de trois guerres (1870, 1914-18 et 1940-45) ?

C’est la nécessité de la paix qui unit ces deux pays que tout oppose : la religion, le rôle de l’Etat, la géographie, la densité politique, la centralisation ou, au contraire, la fédéralisation décisionnelle.

Que partagent Voltaire et Goethe, la fille ainée de l’Eglise et le foyer de la Réforme luthérienne, si ce n’est une frontière commune ?

Aujourd’hui, une monnaie unit ces deux pays.

Mais, même dans ce domaine, les profondeurs des âmes sont contraires.

C’est à Versailles, en 1871, que fut fondé l’Empire allemand, au terme de la désastreuse guerre lancée et perdue par Napoléon III. Les dommages de guerre payés par la France à l’Allemagne suite à la défaite de Sedan alimentèrent une bulle immobilière qui plongea l’Allemagne dans la récession.

C’est aussi à Versailles que fut signé le Traité qui consomma la défaite allemande de 1918, entraînant, en moins de dix ans, ce pays dans l’hyperinflation et la déflation.

C’est à Strasbourg, ville martyrisée par deux siècles de conflit franco-allemand, que la monnaie unique fut imposée à l’Allemagne comme prix de sa réunification.

De l’Alsace à la Lorraine, de Berlin à Munich, toute l’histoire franco-allemande est là : chaque pays a utilisé l’autre pour son unification monétaire ou territoriale.

Mais, en France, la monnaie n’est qu’un outil régalien, secondaire aux valeurs morales découlant de la trame étatique et catholique. Sa dévaluation est le reflet de sa subordination à l’exercice du pouvoir.

En Allemagne, par contre, la monnaie est fondatrice. Sa préservation ressortit à la nature des biens publics, suivant la dé-spiritualisation luthérienne du temps.

En d’autres temps, la France aurait déprécié sa monnaie.

De nos jours, elle n’a d’autre choix que de s’imposer une dévaluation interne, c’est-à-dire un appauvrissement collectif destiné à retrouver une compétitivité comparable à celle de l’Allemagne.

Un jour, la communion monétaire risque de se transformer en déréliction budgétaire.

Ce jour-là, la question existentielle de l’euro sera posée.

SOURCE ET REMERCIEMENTS: BLOG DE BRUNO COLMANT

http://blogs.lecho.be/colmant/2013/04/2013-la-quatri%C3%A8me-guerre-franco-allemande-.html

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