Chypre

On a vu,lu, et entendu du Samedi 6 Avril 2013: Malgré un Mario Draghi ne manquant pas d’air, le zeppelin bancaire européen peine à trouver son hydrogène!!!

On a vu,lu, et entendu du Samedi 6 Avril 2013: Malgré un Mario Draghi ne manquant pas d’air, le zeppelin bancaire européen peine à trouver son hydrogène!!!

Les angoisses des investisseurs ne manquent pas en Europe au niveau de la santé des banques dont on connaît la piètre qualité des bilans. Les banques espagnoles continuent d’être gorgées d’immobilier et de dette espagnole, les banques italiennes sont gorgées d’emprunts italiens et affichent des pertes spéculatives. Toutes ont un niveau élevé de créances douteuses. Le montant des prêts douteux chez les banques italienne a atteint 125 milliards d’euros fin 2012, en hausse de près de 17% sur un an.

A noter qu’à défaut de disposer de sa propre banque centrale pour monétiser sa propre dette, le gouvernement espagnol a tout simplement pillé une autre entité quasi-gouvernementale pour s’assurer du rachat des obligations gouvernementales: Le fonds de la Sécurité Sociale espagnole. Désormais, ce sont 97% de ce fonds de 65 milliards d’euros qui ont été investis en obligations souveraines espagnoles de plus en plus risquées, contre 90% en 2011, et 55% en 2008.

Les autres banques de l’Eurozone ne sont pas au mieux, telles les banques françaises qui ont une forte exposition sur les pays du Sud ainsi que les banques allemandes. La chute des cours des banques a été assez saignante suite à la crise cypriote, non pas en raison de l’exposition au pays, mais simplement en raison du risque de voir les autres pays du Sud être contaminés. On a vu les cours de Société Générale baisser de 16%, des banques italiennes, portugaises et espagnoles baisser entre 12 et 16%, la Deutsch Bank baisser de 11% et la moyenne des banques baisser de 11%. Si demain les épargnants italiens ou espagnols voient se profiler le risque de restructuration de leur banque et qu’ils sont appelés à couvrir les pertes,la ruée vers la sortie sera cinglante. Pour mémoire, rappelons que les gros actifs grecs étaient déjà partis à Genève ou dans d’autres paradis bien avant la faillite de la Grèce. Une ruée sur une banque italienne ou espagnole mettrait immédiatement en difficulté toute une cascade de banques françaises, allemandes, hollandaises… Est-ce que les banques comprendront un jour que leur métier n’est pas de jouer au casino, de payer des millions pour les traders quand ils gagnent, et de demander des milliards aux contribuables quand ils perdent? Le scandale Monte Paschi di Siena qui cachait 700M€ de pertes dans ses placards sur des dérivés complexes est là pour le prouver. Combien d’autres Monte Paschi n’ont pas encore émergé ?

Ainsi la banque centrale allemande, la Bundesbank, a engagé une enquête sur les rumeurs affirmant que la première banque du pays, la Deutsche Bank, avait dissimulé des milliards de pertes enregistrées sur des dérivés de crédit au plus fort de la crise, affirme jeudi le Financial Times.

Des enquêteurs de la Bundesbank doivent se rendre la semaine prochaine à New York pour interroger les spécialistes de ces titres risqués, dont les pertes auraient été minorées pour permettre à Deutsche Bank d’échapper à un sauvetage sur fonds publics, désastreux en terme de réputation.

Dès décembre, plusieurs médias en Allemagne s’étaient fait l’écho de cette affaire et avaient indiqué que trois anciens employés de la banque avaient alerté l’autorité américaine des marchés financiers (SEC) affirmant que Deutsche Bank avaient délibérément évité de comptabiliser des titres financiers à leur valeur de marché durant la crise financière entre 2007 et 2009.La manipulation des comptes de la banque dans cette affaire pourrait avoir porté sur 12 milliards de dollars, selon le FT.

PLUS DE ZEPPELIN EN SUIVANT:

Ces questions là les clients des banques chypriotes n’ont plus  à se les poser et  vont subir des pertes sur leurs dépôts dans les banques non seulement parce qu’une grande partie d’entre eux sont Russes, mais surtout  parce que leurs banques n’avaient pas assez de capitaux pour éviter les pertes liées à des défaillances de prêts en particulier grecs suite  à la restructuration de la dette grecque… voulue et  orchestrée par par cette mème troika qui aujourd’hui les fustige.

Pour rappel les banques font des investissements: les prêts qu’elles consentent. Elles financent ces prêts avec leurs capitaux propres ou avec de la dette, en empruntant de l’argent, y compris auprès de leurs déposants. Le rapport entre le capital et la dette n’affecte donc pas la quantité d’argent dont la banque dispose pour accorder des prêts. Mais lorsque les emprunteurs sont défaillants, les banques amortissent les pertes avec leurs capitaux, ce qui réduit la valeur de leurs actions. En revanche, elles ne peuvent annuler les dettes qu’elles ont contractées que lorsqu’elles tombent en faillite.

Au 19ème siècle, les banques se finançaient avec plus de 20% de capital ; en 2019, en application du nouvel accord de Bâle III, elles devront tripler leurs montants de capitaux par rapport aux montants actuels, ce qui les conduira à utiliser 7% de leurs capitaux propres.

Les fonds propres des banques se sont réduits parce que les actionnaires des banques n’étaient engagés que de façon limitée sur les dettes des banques bénéficiant des la garantie implicite des états  sur les dépôts et du financement explicite du contribuable. En outre, les institutions financières, plus précisément les banques centrales   leur ont accordé des quasi subventions via le maintient artificiel de taux réels négatifs. Cela a permis aux banques de s’endetter pour un coût moindre, et elles se sont endettées davantage encore profitant de cet effet de levier supplémentaire tombé du ciel. Dans cette situation, elles peuvent prêter plus d’argent pour faire plus de profit, mais elles prennent également plus de risques parque ce que davantage exposées aux risques de défaillance sur leurs créances.

L’événement majeur de  l’accord conclu entre la Troïka et le gouvernement chypriote c’est qu’outre une aide financière de €10 Mds apportée par le FMI et l’ESM, le plan d’aide prévoit l’application du « bail-in » (renflouement interne) des deux principales banques du pays afin de les recapitaliser sans faire appel aux contribuables européens. Malheureusement la nouveauté a résidé surtout et s’est arrêté à  et dans l’application d’un « haircut » sur les créanciers subordonnés, sur les créanciers Senior non sécurisés, et plus largement sur  les dépôts non garantis (au-dessus de €100 000) de la clientèle.

La seconde banque du pays Laiki Bank (ex Cyprus Popular Bank) sera séparée ainsi entre une bonne banque, cédée à la 1ère banque chypriote (Bank of Cyprus), et une « bad bank ». Les décotes appliquées aux déposants de Laiki n’ont pas encore été fixées mais pourraient atteindre jusqu’à 80%. Les déposants de Bank of Cyprus seront également touchés mais avec une décote moindre de l’ordre de 40%.

Non seulement les avoirs des clients de ces deux établissements seront amputés, mais l’introduction d’un contrôle des capitaux à compter du 28 mars va également gêner l’activité économique de l’île. Les clients de l’ensemble des banques du pays ne pourront pas utiliser leurs cartes de crédit ou de débit au-delà d’un montant de €5 000 / mois et par personne. Les retraits aux distributeurs de billets sont limités à €300 / jour. L’utilisation des chèques est interdite. Les transactions commerciales au-delà de €5 000 doivent être approuvées par l’établissement bancaire qui peut les refuser. Ces mesures et quelques autres doivent rester théoriquement en place pendant une durée limitée mais l’exemple islandais qui a introduit un contrôle des changes en 2008 et n’a toujours pas réussi à le lever illustre la difficulté pratique de revenir en arrière. En échange la BCE apportera au travers de la Banque Centrale de Chypre toutes les liquidités nécessaires(SIC) grâce aux facilités de crédit exceptionnelles dénommées ELAs.

Et comme le rappelle Marc Faber avec pertinence: « Ce qui est arrivé à Chypre arrivera ailleurs dans le monde, dans les démocraties occidentales. Les gens avec de l’argent vont perdre une partie de leur richesse, du fait d’une expropriation, ou d’une plus haute taxation »

A l’image du FROB, le fonds public de restructuration du secteur bancaire espagnol, qui vient d’imposer des pertes qui pourront s’élever jusqu’à 61% sur les dettes de second rang et les actions privilégiées de 4 banques nationalisées lors de leur conversion en actions. Les banques concernées sont Bankia, Catalunya Banc, Banco Gallego et NCG Banco. Les ponctions sur leurs économies pourront atteindre 36% pour les obligations perpétuelles de second rang de Bankia et jusqu’à 61% pour les actions privilégiées de Catalunya Banc.

Les centaines de milliers d’Espagnols qui avaient acquis ces actions privilégiées et ces dettes subordonnées auprès de leur caisse d’épargne avaient été bien informés des rentabilités élevées qu’ils pouvaient attendre de ces produits, mais ils ne savaient pas toujours qu’ils comportaient des risques de dépréciation. Parmi ces petits investisseurs, on trouvait des malades de la maladie d’Alzheimer et au moins un client qui aurait signé son contrat d’investissement en imprimant à l’encre la marque de son doigt. 

Une grande part des petits investisseurs qui avaient acheté des actions de Bankia lors de sa création par la fusion de 7 caisses d’épargne en 2011 ont déjà perdu la quasi-totalité de ce portefeuille, puisque le cours de l’action s’est effondré de 96%. En moyenne, ces investisseurs avaient acquis pour 6.000 euros d’actions, au cours de 3,75 euros la part. Au terme de sa première année d’existence, Bankia nécessitait déjà un plan de sauvetage de 19 milliards d’euros ; dans les 18 mois, elle avait une valorisation négative de plus de 4 milliards d’euros. Les parts ne valent désormais plus que 0,15 euro…

Un secteur bancaire européen affaibli attise les convoitises ainsi les banques helvétiques ne sont plus les seules dans le collimateur des autorités américaines. Banco Comercial Português (BCP) vient d’être contraint de négocier un accord financier pour mettre fin aux poursuites initiées par la Securities & Exchange Commission (SEC).

Et pour finir sur une note plus optimiste l’exemple nous viendrait il de la lointaine Australie, c’est le premier pays qui ait décidé  d’abandonner la fixation du Libor en dollars australiens par un sondage des banques. Désormais, des prix compilés directement à partir de brokers et de marchés électroniques permettront de fixer le taux de référence.  La manipulation des taux devait aussi devenir un délit et entraîner davantage qu’une simple amende…..

END OF THE MF GLOBAL

1 réponse »

  1. Lundi 8 avril 2013 :

    Chypre a besoin de 75 millions d’euros pour éviter un défaut de paiement en avril.

    Chypre a besoin de 75 millions d’euros pour éviter un défaut de paiement en avril et pouvoir verser les salaires des fonctionnaires et les retraites, a annoncé lundi un haut responsable de l’île plongée dans une profonde crise financière.

    http://www.romandie.com/news/n/Chypre_a_besoin_de_75_millions_d_euros_pour_ter_un_dut_de_paiement_RP_080420131527-21-343663.asp

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