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Crédit Crunch suite : Panique dans le marché bancaire chinois, la Banque centrale contrainte d’intervenir

Crédit Crunch suite : Panique dans le marché bancaire chinois, la Banque centrale contrainte d’intervenir

La Chine pourrait être menacée par une crise interbancaire suite à la panique survenue ce vendredi, forçant la Banque centrale du pays à intervenir.

Le pays doit faire face au resserrement du crédit et montre ses premiers signes de faiblesse en la matière.

Les opérateurs de marché ont dévoilé, ce vendredi 21 juin, que la Banque populaire de Chine aurait demandé aux principaux bailleurs de fonds de l’État de s’abstenir d’amasser de la trésorerie et de relâcher davantage de fonds pour faciliter le resserrement de la liquidité.

La banque centrale n’a pas répondu aux demandes répétées de commentaires des médias, tandis que les rapports que la Banque de Chine, l’un des plus grands prêteurs du pays, dément avoir fait défaut au niveau de prêts, le jeudi 20. Selon le compte officiel de microblogging du journal «21st Century Business Herald», Bank of China aurait cessé tout paiement pendant une heure et demie, hier après-midi. Le journal citait des sources anonymes. Bank of China y voit des rumeurs «sérieusement infondées» et se réserve le droit d’opter pour des poursuites judiciaires.

Selon Bloomberg, 50 milliards de yuans (environ 8,5 G$) auraient été injectés dans le marché par la banque centrale.

« Les conditions de liquidité se sont améliorées vendredi, mais restent tout de même assez tendues. Le bruit court que la Banque populaire de Chine a demandé à de grandes banques de conserver plus de liquidités », a déclaré Jiang Chao, analyste en chef du revenu fixe à Haitong Securities à The Wall Street Journal. Les banques sont réticentes à relâcher des espèces avant la fin du trimestre. »

Toujours selon le journal américain, les coûts d’emprunt de référence dans le marché interbancaire de la Chine ont chuté, le taux de mise en pension de sept jours est tombé à 9,29 % sur une base moyenne pondérée à midi vendredi, alors qu’il se situait à 11,62 % à la clôture de jeudi. Il a atteint un record de 28 % au cours d’une transaction isolée jeudi.

L’assouplissement a apporté un certain soulagement au marché boursier chinois. L’indice composite de Shanghai a chuté de près de 2 % peu après l’ouverture de la Bourse, mais a réussi à limiter ses pertes à 0,5 % un peu plus tard au cours de la journée.

Il était encore en baisse de 4,1 % sur la semaine, marquant sa plus forte perte hebdomadaire en quatre mois, rappelle Bloomberg.

La demande de financement est particulièrement aiguë avant la fin d’un trimestre, les banques cherchent à répondre à un éventail de besoins, y compris des dépôts suffisants pour couvrir les problèmes financiers potentiels, connus comme le ratio de réserves obligatoires.

« Dans l’immédiat, il y a fort à parier que la confiance des banques chinoises entre elles ne soit fortement compromise. Chacun attendra avec anxiété la chute du voisin. Le peu de transparence du système chinois rajoutera à cette défiance. Le risque d’un crédit crunch chinois ne peut donc être pris à la légère », conclut La Tribune.

Avec un ratio de crédit sur PIB de plus de 200% , il apparaît, comme Barclays le note que la Banque populaire de Chine agit en conformité avec les efforts du gouvernement pour se désendetter, et tenter de rééquilibrer et positionner l’économie sur  un chemin de croissance plus durable. Bien qu’ils s’attendent à ce que la Banque populaire de Chine soit susceptible de stabiliser le marché interbancaire à court terme avec des injections de liquidités à répétition, les taux à court terme devraient rester élevées, au moins pour un certain temps, cela peut conduire à la faillite de certaines institutions financières parmi les plus petites et à des paniques bancaires localisées. En effet les petites et moyennes banques ont connus un développement plus rapide que les grandes banques, et ont été plus agressives en particulier sur le systéme bancaire parallèle (plus precisement sur l’ interbancaire entreprise) c’est à-dire des canaux alternatifs mis en place pour contourner les règles contraignantes de distribution  de crédit.

En attendant, la controverse autour de Bank of China, une des plus grandes banques du pays, prouve que ce niveau de stress inédit est à tout moment susceptible de déboucher sur un mouvement de panique dont les conséquences pourraient être lourdes pour le système financier chinois.

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Surcapacité

Reste que la Grande Muraille chinoise laisse voir de plus en plus de fissures. L’économie est en perte de vitesse: sa croissance est passée de 10,4% en 2010 à 9,3% en 2011 et à 7,8% en 2012. Et la décélération va se poursuivre, selon les prévisions. Au premier trimestre, la croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois est retombée à 7,7% en rythme annuel, après un léger rebond à 7,9% au quatrième trimestre 2012. L’an dernier, la Chine a connu sa plus faible croissance en 13 ans, à 7,8%. Pékin a arrêté pour 2013 un objectif de croissance de 7,5%, au même niveau que l’an passé.

Qui plus est, l’industrie chinoise a ralenti, confirmait jeudi un indice manufacturier.  L’indice PMI des directeurs d’achat publié par la banque est tombé à 48,3 en juin contre 49,2 en mai. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l’activité manufacturière, tandis qu’un indice inférieur indique une contraction. La contraction actuelle fait elle-même suite à une contraction beaucoup plus forte que prévue en mai, l’indice PMI de 49,2 ayant nettement dépassé à la baisse la prévision initiale de 49,6.

Les secteurs manufacturiers sont tirés à la baisse par la détérioration de la demande extérieure, la modération de la demande intérieure et les pressions croissantes au déstockage.

 Conséquence  elle investit de moins en moins, pour la bonne raison qu’il y a une surcapacité dans plusieurs secteurs.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), le taux d’utilisation des capacités de production est passé de 80% en 2005 à 60% cette année. Un taux trop faible, insoutenable. C’est sans oublier ces tours à bureaux flambant neuves, presque vides, qui ont surgi dans les grandes villes.

La surcapacité, industrielle et immobilière, est d’autant préoccupante que la Chine perd du terrain sur les marchés extérieurs aux dépens d’autres pays asiatiques qui profitent de salaires moins élevés pour lui voler des clients.

Entre-temps, la consommation au pays de Mao Zedong ne décolle pas. Les Chinois continuent à privilégier l’épargne pour financer leurs dépenses de santé et leur retraite. Malgré les efforts de Pékin, la part de la consommation dans l’économie stagne à environ 35%, selon la Banque HSBC, alors que l’investissement compte pour presque la moitié du PIB. Une aberration pour une grande puissance.

En somme, la Chine a du mal à faire le virage qui la rapprochera des économies développées. Pour le moment, Pékin investit dans la brique et le mortier pour faire tourner l’économie, mais la structure se lézarde.

Au moins, on pourra toujours de consoler au 220e étage du Sky City: la tête dans les nuages, on voit moins les fissures dans les fondations.

EN LIEN:  Credit crunch: La Chine coupe le robinet du cash à ses banques

http://www.finance-investissement.com/panique-dans-le-march-bancaire-chinois/a/52037

http://www.zerohedge.com/news/2013-06-20/which-chinese-banks-have-biggest-default-risk

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