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Bernanke: Avons-nous perdu le contrôle…ou pas encore ? Par Eric Sprott / Pierre Leconte et Mish

Bernanke: Avons-nous perdu le contrôle…ou pas encore ? Par Eric Sprott / Pierre Leconte et Mish

This chart is an interesting reminder of what happens to the markets every time Mr. Bernanke decidedes to speak…

Vous connaissez notre avis:

http://leblogalupus.com/2013/06/30/ledito-du-dimanche-30-juin-2013-attention-la-chasse-aux-gogos-est-ouverte-par-bruno-bertez/

http://leblogalupus.com/2013/07/11/mister-market-and-doctor-conjoncture-du-jeudi-11-juillet-2013-economie-croissance-comment-sevrer-un-malade-qui-nest-pas-gueri-par-bruno-bertez/

Et la question sera traitée plus directement  par nos soins très prochainement !

Voici en attendant celui de 3 analystes que nous aimons bien ici et dont nous relayons régulièment les écrits et les dires….une fois n’est pas coutume nous les avons réuni virtuellement autour d’une de nos thématiques favorites du momment.

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ERIC SPROTT (et Étienne Bordeleau)

De récents propos du président de la Réserve fédérale, M. Ben Bernanke, ont profondément ébranlé les marchés financiers mondiaux. Tout a commencé le 22 mai 2013, lors d’un discours que M. Bernanke a prononcé devant le Joint Economic Committee du Congrès américain, où il a pour la première fois fait allusion au retrait graduel du programme d’assouplissement quantitatif de la Fed. Par la suite, lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 19 juin après la rencontre du FOMC, M. Bernanke a présenté la stratégie de sortie de la Fed relativement aux mesures quantitatives.

Depuis sa première allusion au retrait graduel des mesures de relance, la volatilité s’est intensifiée partout (actions, devises et obligations) (se reporter à la Figure 1A). De plus, les capitaux fébriles des investisseurs assoiffés de rendement, qui s’étaient dirigés vers les marchés émergents, se sont précipités vers les portes de sortie, causant ainsi des chutes importantes au sein des marchés des actions et des obligations des marchés émergents (Figure 1B). Finalement, la perspective de la fin des mesures d’assouplissement monétaire a déclenché des baisses (hausses) importantes et rapides du prix (rendement) des obligations du Trésor à plus long terme (également à la Figure 1B).

FIGURE 1A :
INTENSIFICATION DE LA VOLATILITÉ
FIGURE 1B :
PRIX DES ACTIFS À LA BAISSE

     maag-charts-1-june-13.gif     

Pour nous, il était évident depuis un certain temps que la Fed n’était pas à l’aise avec la certitude relative (c.-à-d. le « Bernanke put ») qui régnait au sein des marchés depuis le lancement du programme de mesures d’assouplissement évolutives à l’automne dernier. Les dirigeants voulaient indéniablement que les marchés commencent à penser à un avenir sans une politique monétaire non conventionnelle. Toutefois, nous doutons sérieusement que le chaos qui en a résulté fût la réaction escomptée. Cela était évident dans la réponse de M. Bernanke à la question d’un journaliste concernant la hausse rapide des taux, celui-ci ayant déclaré que le FOMC en était « quelque peu étonné »1. Le génie est réellement sorti de la bouteille maintenant.

En effet, nous sommes d’avis que les propos de MM. James Bullard et Narayana Kocherlakota (présidents de la Réserve fédérale de St-Louis et de celle de Minneapolis, respectivement) concernant « l’apaisement des marchés »2,3 sont une autre preuve que la Réserve fédérale a réalisé qu’elle est allée trop loin et qu’elle s’emploie maintenant à limiter les dégâts. (Mise à jour : M. William Dudley, président de la Réserve fédérale de New York, a mentionné dans un discours prononcé le 27 juin dernier, que « les achats d’actifs allaient se poursuivre à un rythme plus rapide pendant plus longtemps » si les progrès de l’économie étaient inférieurs aux attentes du FOMC4.)

Toutefois, comme la Banque des règlements internationaux (BRI) l’a si bien dit dans son plus récent rapport annuel, « […] les banques centrales ont continué à octroyer un répit aux acteurs économiques. Mais le rapport coûts/avantages de ces politiques s’amenuise inexorablement ». À cela elle ajoute : « enfin, voir dans la politique monétaire une panacée [désendettement, stabilité financière] serait une erreurlourde de conséquences »5. De toute évidence, la Réserve fédérale le sait très bien et veut mettre un frein à son programme d’assouplissement quantitatif. Mais peut-elle réellement le faire?

PLUS DE BERNANKE EN SUIVANT:

Une importante partie de la croissance économique actuelle dépend du secteur immobilier. Toutefois, les taux hypothécaires sont étroitement liés aux taux du Trésor à long terme. Bien que les maisons soient toujours relativement abordables en raison de la faiblesse de leur prix, des taux hypothécaires considérablement plus élevés pourraient ralentir le marché immobilier.

De plus, les banques font toujours preuve de prudence au moment d’octroyer des prêts et la majorité des emprunteurs ont de la difficulté à accéder au crédit. Bien que de faibles hausses des rendements soient favorables aux banques (qui prêtent à long terme et empruntent à court terme), des augmentations fulgurantes des rendements (comme celles de la Figure 1B) font des dommages puisqu’il est difficile de s’en protéger et parce qu’elles donnent naissance à d’importantes pertes au sein des portefeuilles de titres des banques (qui sont, pour la plupart, composés d’obligations d’État et de titres adossés à des créances hypothécaires) et à des pertes résultant de l’évaluation à la valeur du marché dans leurs portefeuilles d’instruments dérivés. Donc, la hausse importante et rapide des taux qui a été causée par les propos concernant la réduction des mesures d’assouplissement quantitatif aura des effets dommageables sur la croissance de l’économie que la Fed a si difficilement réussi à orchestrer, si bien que cette situation pourrait demander des plans de relance additionnels à l’avenir.

Le gouvernement américain est lui aussi susceptible de subir les contrecoups de la hausse des rendements. Dans son rapport annuel, le BRI démontre que même une faible augmentation des taux d’intérêt aurait des répercussions importantes sur le ratio dette-PIB prévu du gouvernement. Comme l’illustre la Figure 2 de la page 3, selon le scénario de référence du CBO (ligne du bas), le ratio dette-PIB des États-Unis oscillerait aux alentours de 110 %, alors qu’une hausse de 1 % des taux entraînerait ce ratio à 118 % dans 10 ans (ligne du milieu). Selon les propos du président, les problèmes budgétaires, qui sont en partie responsables de la piètre performance de l’économie, devraient s’estomper dans le futur. Cela dit, les coûts plus élevés liés au service de la dette (en raison de taux supérieurs) exerceront plus de pression sur les finances du gouvernement, ce qui le forcera à attribuer une partie encore plus importante de son budget au paiement des intérêts. Cette situation intensifiera à son tour les problèmes budgétaires, ce que la Fed essaie d’éviter.

FIGURE 2 : PROJECTIONS DE LA DETTE DU GOUVERNEMENT AMÉRICAIN SELON DIFFÉRENTS SCÉNARIOS – EN POURCENTAGE DU PIB

maag-charts-2-june-13.gif

Sources : FMI; OCDE; US Congressional Budget Office; calculs du BRI.

Pour ajouter à cette incertitude, la situation dans les pays en périphérie de la zone euro est loin de s’être stabilisée. Après la mise en œuvre de l’étonnant programme de recapitalisation interne à Chypre, les régulateurs des banques internationales ont prôné la démocratisation de cette solution de rechange, plutôt que le sauvetage pur et simple des banques par les gouvernements. Cette idée gagne rapidement en popularité auprès des planificateurs centraux. Nous avons récemment discuté des lacunes du « Modèle de recapitalisation des institutions financières trop importantes pour faire faillite » de la BRI6. La BRI, dans son rapport annuel toujours, a réitéré une fois de plus « qu’il convient d’améliorer les régimes de résolution afin que, en cas de faillite d’un établissement imposant et complexe, la situation puisse se régler de manière ordonnée ». À mesure que les titulaires de dépôts non assurés et les détenteurs d’obligations de banques réalisent qu’ils ne profitent désormais plus d’une garantie de l’État, le coût de financement des banques augmentera et les sources de financement des banques des pays en périphérie de la zone euro pourraient se tarir.

Conclusion : M. Bernanke pourrait avoir perdu le contrôle des taux et de la volatilité en annonçant prématurément, lors de la dernière rencontre du FOMC, le calendrier et les détails de la fin des mesures d’assouplissement quantitatif. La croissance économique est toujours fragile aux États-Unis et repose sur le secteur immobilier, qui serait ralenti par une augmentation des taux d’intérêt. Bien que les banques soient mieux capitalisées qu’avant la crise, elles refusent toujours de consentir des prêts à la majorité des emprunteurs et elles éprouveraient de sérieuses difficultés dans d’éventualité d’une hausse trop rapide des taux d’intérêt. De plus, les problèmes en Europe menacent toujours la stabilité du système financier international et la récente ruée vers la porte de sortie pourrait exacerber davantage les pressions exercées sur le financement des banques européennes en difficulté. Finalement, le fardeau de la dette du gouvernement américain (parmi d’autres), qui est déjà non viable, continuerait de s’accroître si les taux d’intérêt augmentaient, et ce, même de seulement 100 points de base.

La réaction chaotique des intervenants du marché et la hausse correspondante des rendements risquent maintenant d’ébranler cet équilibre déjà très fragile. On ne sait pas encore si les efforts des présidents des autres Réserves fédérales pour limiter les dommages mettront un frein à la hausse des rendements et à la volatilité des marchés, ou si les dommages causés à la stratégie de sortie (mal exécutée) de la Fed seront permanents.

1 http://www.federalreserve.gov/mediacenter/files/FOMCpresconf20130619.pdf
2 http://www.stlouisfed.org/newsroom/displayNews.cfm?article=1829
3 http://www.minneapolisfed.org/publications_papers/pub_display.cfm?id=5128
4 http://www.bloomberg.com/news/2013-06-27/dudley-says-qe-may-be-prolonged-if-economy-misses-fed-forecasts.html
5 83e rapport annuel de la Banque de règlements   internationaux, Comité de Bâle, 23 juin 2013, pages 4 et 6.
6 Nous discutons de ceci dans un article de la série Sprott’s   Thoughts intitulé : « The Dijssel_Bomb ». http://sprottgroup.com/thoughts/articles/the-dijssel-bomb/

http://www.sprott.com/fr/coup-d’oeil-sur-les-march�s/avons-nous-perdu-le-contr�leou-pas-encore-/

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PIERRE LECONTE

Ben Bernanke a perdu le contrôle des marchés financiers et de la Federal Reserve US

Ben Bernanke, le patron de la Federal Reserve US, l’homme à la tête de la plus puissante institution du monde, a perdu le contrôle des marchés financiers comme de ladite institution elle-même dont les membres se divisent de plus en plus sur la politique à suivre comme pour se partager les sinécures qui se libèreront au moment de son prochain départ. Ce qui signale une possible implosion de tout le Système à n’importe quel moment, comme pour n’importe quelle raison, tous deux à l’heure actuelle imprévisibles. Obligé par les grands banquiers US et l’administration Obama, qui craignent le krach des actions après celui des obligations qui a commencé, de revenir sur son projet de diminuer puis de cesser le Quantitative Easing, il a dû faire machine arrière cette semaine en admettant qu’il le continuerait. Ce qui a aussitôt fait remonter les actions (mais sans que les double-tops soient cassés à la hausse sur le S+P500 et le DJIA) et baisser le dollar US (avec comme conséquence la remontée de l’or et de l’argent-métal) sans affecter les obligations.

Mais le problème de Bernanke, dont l’ultra laxisme monétaire a entrainé des anticipations inflationnistes de plus en plus fortes d’où la hausse des taux d’intérêt à moyen (10 ans) et long (30 ans) termes (faisant chuter les obligations), c’est de tout faire pour empêcher les taux en question de continuer de monter dans un contexte de faible croissance économique et de dettes publiques et privées exorbitantes. Il n’y arrivera que de deux façons: soit 1/ en faisant baisser les actions pour que les capitaux se reportent sur les obligations qui alors se reprendraient (ce qui vient de lui être interdit par ses mentors), soit 2/ en faisant remonter les taux à très court terme -Fed Funds- pour réduire ceux à moyen et long termes par le rééquilibrage de la courbe des taux (ce qui aurait un effet récessionniste supplémentaire au plus mauvais moment) et de toutes façons se terminerait par le krach des actions. La Federal Reserve est donc dans l’impasse, sa politique de planification centrale monétaire keynésienne et de répression financière à outrance ayant échoué. Elle devra donc à un certain moment cesser de tout manipuler et laisser ce qu’il reste du “marché libre” trouver lui-même ses propres équilibres, ce qui ne se fera pas sans douloureuses convulsions.

D’une façon générale, l’enlisement des économies dans la crise et l’absence de reprise viennent du fait que les gouvernements et les banquiers centraux ont choisi d’employer toutes sortes de gadgets et/ou de manipulations (comme le Quantitative Easing ou la suppression du prix de l’or) tout en déguisant les statistiques, alors qu’ils auraient dû laisser les ajustements permettant de corriger leurs mauvaises politiques antérieures se produire (comme la mise en faillite des banques supposées “too big to fail” qui de toutes façons s’écrouleront un jour ou l’autre mais en coutant alors beaucoup plus cher à la collectivité des contribuables c’est-à-dire à vous et moi). Tant que tous ces politiciens et faux-monnayeurs seront à l’œuvre, il n’y aura pas d’embellie réelle.

http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-le-decompte-final.aspx?article=4248804404G10020&redirect=false&contributor=Alasdair+Macleod.

http://www.forum-monetaire.com/?p=8907

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MISH

La correction du prix de l’or est-elle derrière nous ?

Je me demande pourquoi certains ont pu penser que la Fed allait renforcer ses politiques. De toutes les manières, la question est la suivante : la désinformation au sujet de la Fed et son absence de désir de renforcer ses politiques marquera-t-elle la fin de la correction du prix de l’or ?

 

 Malheureusement, je ne suis pas en mesure d’y répondre (et personne d’autre ne l’est).

Je m’attends toutefois à voir le sentiment négatif envers l’or se tarir à tout instant. Peut-être que le temps est venu.

http://www.24hgold.com/francais/searcharticle.aspx?categ=0&F=mish

1 réponse »

  1. « Concis des rations » du dimanche soir !

    Nicolas Doze insiste (justement) sur l’extraordinaire pouvoir que « les marchés » accordent
    au MOINDRE MOT qu’un Bernanke ou autre directeur de banque Centrale « laisse tomber »
    négligemment (en apparence) de ci de là, poussant les marchés boursiers
    dans l’euphorie comme dans la détresse ! Et le tout, SANS AUCUNE JUSTIFICATION
    NI MÊME « RAISON » !

    Cette réflexion m’a fait me souvenir de ce que disait Lao Tseu (traduction : vieux sage en chinois)
    qui vivait environ 600 avant Jésus Christ. II souhaitait sortir de Chine pour aller
    voir le vaste monde. Mais avant de lui en accorder la permission, l’empereur lui a demandé
    un livre d’au moins 5 000 mots (dit-on ?) et de plus, juste avant son départ lui a posé cette question :

    QUE FERAIS-TU EN PREMIER SI TU ÉTAIS DIEU ?

    Après une ASSEZ LONGUE réflexion Lao Tseu lui a répondu :

    SI J’ÉTAIS DIEU, JE RENDRAIS LE POUVOIR AUX MOTS !

    Dans le même temps (soit il y a qq chose comme 2 600 ans), Isaïe annonçait :

    LE VERBE SE FERA CHAIR ! ET IL HABITERA PARMI NOUS.

    Étonnante convergence de pensée de ces deux « prophètes » qui manifestement
    escaladaient la même montagne dans le même temps …. mais pas sur le même versant !

    Quelle leçon ces « vieilles affaires » peuvent-elles nous apporter dans cet « aujourd’hui » déboussolé ?

    Bien une autre « affaire » du même genre, le psaume n°4 lorsqu’il dit :

    FILS DES HOMMES, JUSQU’OÙ IREZ VOUS DANS L’INSULTE À MA GLOIRE,
    L’AMOUR DU NÉANT ET … LA COURSE AU MENSONGE ?

    Rendre le pouvoir aux mots ? Cesser la course au mensonge ?

    Mais alors, MA QUÉ CÉ LA RÉVOLOUÇION !

    Pfiouuuuuuuuuuuuu !

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