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Politique Friction du Mercredi 9 Octobre 2013: Clarification sur le Front National et les extrêmes en général Par Bruno Bertez

Politique Friction du Mercredi 9 Octobre 2013: Clarification sur le Front National et les extrêmes en général Par Bruno Bertez 

 Vous avez parfaitement le droit de soutenir et même de voter pour le FN, que ce soit par conviction, adhésion ou pure tactique. Si vous me lisez attentivement, vous comprenez que je suis pour l’intégration du Front dans la vie politique française. Je ne cesse de répéter que l’on n’a pas le droit de laisser les 30% de Français qui se reconnaissent dans ses idées sur le bord de la route. 

 Je suis pour la reconnaissance du Front National, un peu comme on dit « je suis pour la reconnaissance de l’opposition syrienne ». Je suis pour la reconnaissance du Front, un peu comme je dis, « je ne suis pas parfait », je le reconnais! Mais je préfère être imparfait qu’amputé. Sans ombre, il n’y a pas de lumière et le vrai fasciste, c’est celui qui nie la totalité de l’homme, du corps social, qui nie le caractère inséparable de l’ombre et de la lumière; c’est celui qui pactise avec le diable pour échapper à sa condition contradictoire et contrastée et connaitre la toute -puissance. Voir Goethe et les grands mythes. 

Reconnaitre quelqu’un, c’est le considérer comme un interlocuteur. Interlocuteur, à condition bien sûr que les règles qui régissent le champ du débat démocratique soient respectées. Et nous visons là très fermement tout ce qui concerne le refus du racisme, de l’antisémitisme, du négationnisme et leurs avatars. Mais je fais le pari, l’histoire le prouve à l’envi, que la reconnaissance et l’intégration du Front au jeu politique le transformera. Il évoluera sous l’influence du contact avec les autres formations, sous l’influence de la concurrence en son sein pour le leadership. Pour prendre une comparaison que nous ne voulons ni désobligeante, ni dévalorisante, tous les produits s’améliorent au contact du marché. Car le marché a une fonction de mise en concurrence et de feed-back. 

D’une certaine façon, le Front est malthusien. Les leaders historiques sont plus à l’aise dans la fonction tribunitienne que dans les fonctions de gestion et d’organisation. Ces leaders, ayant l’atout tribunitien, et la légitimité historique, ont tendance à éliminer, au sein du parti, les tendances et les individus qui pourraient favoriser un élargissement. Cela est normal car l’élargissement, d’une certaine façon,  réduirait leur emprise sur le parti. 

La reconnaissance du Front implique de sa part une certaine ouverture, voire une relative banalisation. Il est évident que dès lors que vous participez pleinement aux débats politiques, dès lors que vous êtes interlocuteurs à part entière, vous devez modifier votre encadrement, le former différemment. Vous devez vous exprimer de façon plus cohérente, plus rationnelle, abandonner la priorité à la recherche d’émotions et, à l’inverse, être plus convaincant. 

Le phénomène que je décris, cette mutation produite par ce que j’appelle « la reconnaissance », mais que je préfèrerais appeler « le droit de cité », a été observée, est en train d’être observée en Suisse avec la montée de l’UDC. L’UDC n’est pas encore tout à fait un « parti comme un autre », la question en particulier des alliances est loin d’être tranchée, mais les citoyens sont en train de comprendre que, s’ils veulent une Suisse forte, qui ne soit pas piétinée par le monde extérieur, alors il faut qu’ils intègrent cette partie de la population, ces forces vives qui sont parmi les plus motivées. 

Bien que  pas encore « parti comme les autres », l’UDC est le seul parti qui progresse régulièrement. Je crois aux vertus de la concurrence, en particulier en politique, et c’est pour cela que je m’insurge contre les tentatives oligopolistiques de l’UMPS, même pas UMP-PS. Ce que j’appelle un bonnet pour deux. Je crois que frotté à la concurrence du grand large politique, sorti du petit marigot dans lequel il est enfermé et dans lequel il s’enferme, le Front va à la fois perdre des troupes, se décanter et, en même temps, en gagner de nouvelles, plus adaptées au monde, aux combats actuels. 

La question de ce que j’appelle la reconnaissance du Front ne se pose pas seulement aux futurs interlocuteurs du Front, elle se pose au sein du Front. Ses leaders et même ses troupes et même ses électeurs sont-ils d’accord pour se lancer dans cette aventure et accepter d’en payer le prix. Car la fonction tribunitienne, c’est bien, cela procure des satisfactions narcissiques, mais cela est une impasse politique. On le voit avec Mélenchon, il se fait marcher dessus par les Solfériniens. On peut choisir d’être le meilleur tribun et se contenter de ce rôle de bateleur, mais c’est au prix de l’impuissance concrète. On peut aussi tenter le grand saut, accepter le risque de perdre une partie de son identité historique, une partie de son âme, une partie de ses troupes, pour gagner en efficacité. C’est le seul choix raisonnable. 

Ce que je veux dire, c’est que la question de la « reconnaissance » est dialectique, quand on est reconnu par l’autre, cela n’est pas sans conséquence sur soi-même. La « reconnaissance » est une élévation, une élévation à la conscience, à la parole, au dialogue. La reconnaissance est une sorte de dépassement, un progrès, qui bénéficie à tous les interlocuteurs. 

Par la reconnaissance, on trace un pont entre les interlocuteurs, et ce pont devient forcément quelque chose de commun, ce commun ne peut qu’être dicible, articulé, verbalisé. La question de la reconnaissance du Front n’est pas très différente de celle d’une partie de nous-mêmes. Vous savez,  cette partie obscure dont vous avez du mal à parler. Le Front fait partie du corps social, tout comme ce que nous rejetons en nous et de nous, fait partie de nous. 

Lorsque nous rejetons une partie de nous-mêmes dans le noir, dans le non-dit, non communiqué, nous en devenons encore plus esclave puisque nous perdons prise sur cette partie. En ne se frottant pas au réel, cette partie reste intacte, telle qu’elle est, nous sommes sans prise dessus. Elle ne disparait pas, elle revient, en force comme un boomerang, sous forme de névrose. Sous forme de conflit, sous forme de souffrance et de mal-être.

 Ce qui est  incroyable, et l’évolution politique actuelle le démontre à l’évidence, c’est que le non-dit du Front, par exemple le non-dit sécuritaire et le non-dit du rejet, devient le maître caché du jeu, un peu comme « le mort » gouverne le jeu au bridge. Regardez  le débat à droite, il est dominé par la question de l’attitude à tenir face au Front; regardez le pitoyable Valls qui cherche la popularité dans la voie sécuritaire tracée par le Front, il sillonne la France  avec sa panoplie de petit adjudant de discipline à la main. 

Le comble de la situation présente est que, honni, banni, le Front devient peu à peu maître du jeu.

BRUNO BERTEZ Le Mercredi 9 Octobre 2013

8 réponses »

  1. Bonsoir, le FN monte car les autres formations politiques se sont braqués en mode le mondialisme est merveilleux, ouvrons nos frontières et il n’y a aucune corrélation avec la montée du chômage… En bref parmi les nouveaux électeurs du FN vous trouverez avant tout des déçus du système politique français. Il y a bien évidemment des racistes à l’ancienne parmi eux. C’est à dire les méchants blancs qui croquent des petits noirs… Mais même pour des gauchistes… comment comprendre la phrase de Merluchon expliquant qu’il n’aimait pas être entouré de blonds aux yeux bleus ou encore Dray expliquant que la France n’est plus un pays majoritairement blanc. Quand on a des socialistes comme eux, on a pas besoin de fascistes. Ils montent les gens les uns contre les autres. Quand « aux valseuses », il emprunte les pompes à talonnettes… Mais n’est pas karcher qui veut 🙂

  2. De toute façon, il faut croire que l’UMPS a tout fait pour que le FN finisse par trouver une place dans la politique françaises. Je pense que L’UMPS et tellement corrompu qu’il ne peut plus bouger, il ne peut plus changer son fusil d’épaule, il ne peut plus aider la france puisque cette france n’est plus qu’une province de l’europe, elle même un clone US. Pour sortir du shéma, il faut absolument des gens nouveau a encore non corrompu, si ça existe, par l’ancien systéme. Il font donc, l’UMPS, tout se qui leurs est possible pour se discrédité et sauver la face. D’ailleurs leurs discours en est la preuve, l’ennemi fachiste alors que le language autoritaire vient d’eux, sauver la démocratie qu’il ont vendu, sauver la liberté d’expressions qu’il nous ont volé lors du vote sur l’europe et j’en passe, augmenter l’imigration, augmenter leurs salaires de 100%. En fait il font tout pour que l’electeur se détourne d’eux. A croire qu’il, l’UMPS pense aussi que le FN pourrait les sortir de l’illusion la laquel il ont cruent. Ensuite il feront tout pour couler la france par des petites manoeuvre de désordre et rendre coupable le FN et pourront revenir en sauveur.
    J’adore machiavel et sun tzu, mais mon préfére reste chrisnamurti et Wilhelm Reich « écoute petit homme ».

  3. Monsieur Bertez, je pense que votre propos manque de clarté, nuancé. L’engagement ne peut être dichotomique, le FN a l’honnêteté d’être clair sur l’EU, l’immigration, de dénoncer la propension galopante d’une technocratie dont le seul but est d’affaiblir la FRANCE à des fins d’acculturation. Je vous rejoins (si cela fait de modèle de pensée) sur le point important qu’il doit y avoir plusieurs alternatives et que tout ceci est nécessaire à la démocratie, un système qui ne fait état que d’une seul vision est statique et par définition, il est sans vie. Autrement dit, la dynamique est une composante de nos fondamentaux et personnellement je n’accepte pas un modèle de pensé unique régis par les dogmes religieux.

  4. Le FN est comme le reste de la population au niveau individuel il y a de tout, du meilleur comme du pire mais au niveau collectif il y a une prise de conscience que quelque chose ne tourne pas rond, que le pays se délite petit à petit, plus de cohésion, plus de peuple homogène, plus de rationalité et surtout plus de boulot et comme nous avons une classe politique qui est devenue complètement autiste et mal voyante toutes ses personnes pensent trouver dans le FN « un capitaine de vaisseau » qui va montrer le cap, organiser la voilure, les quarts des équipages redonner un sens collectif, une volonté d’avancée de se dépasser, de redonner le gout du travail, la fierté d’avoir une famille et d’être reconnu à l’étranger par nos qualités d’âmes !… je sais ça fait beaucoup mais on est tellement tombé si bas ….

  5. Hormis les militants de tous les partis incapables de voir la vérité sur leurs chefs, la population en a marre de l’UMPS en général ils veulent de nouvelles têtes, c’est ce qui va faire avancer le FN.
    Maintenant oublions leurs orientations négatives ou présentées comme telles, et voyons ce qu’ils nous proposent en économie.
    Je ne les entend jamais parler du fonctionnariat pléthorique, jamais parler de réduction de politocards etc. etc.
    Revenir au Franc pour pouvoir emprunter autant qu’ils veulent à taux 0 à la banque de France, c’est à dire sortir de l’Europe, provoquerait quoi pour le français lambda que je suis, que nous sommes.
    Là ça m’intéresse de trouver de vraies analyses argumentées.
    Je les ai toujours comme un parti politique à part entière, pour moi rien de nouveau sous cet angle.

  6. Pourquoi ne pas reconnaitre les electeurs, et l idee n est pas nouvelle, plutot que le parti lui-meme ?

    Parce qu aucune pace n est laissee a une autre formation et que le fn et ses electeurs sont plsu facilement manipulables ?

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