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Les dessous du chômage chiffré aux Etats-Unis/ Les données trop souvent oubliées

Les dessous du chômage chiffré aux Etats-Unis/ Les données trop souvent oubliées

L’absence de statistiques concernant l’emploi aux Etats-Unis le vendredi 4 octobre 2013, pour cause de shutdown, est un bon moyen de faire le point sur certains éléments primordiaux trop souvent oubliés lorsque l’on parle du taux de chômage.

En effet, les chiffres mensuels relatifs au nombre d’emplois créés peuvent s’avérer faussés par la croissance de l’emploi à temps partiel, l’augmentation du nombre d’Américains ayant quitté la population active et l’accroissement des jeunes adultes qui reprennent leurs études.

Il tient donc de passer en revue ces éléments négligés mais qui pourraient avoir une influence certaine sur l’évolution de la politique économique de la Fed.

1. Le taux de participation

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Le nombre d’Américains ayant «tout simplement» quitté la population active est à prendre en compte et ne doit surtout pas être négligé. Ce phénomène est clairement illustré par le déclin d’un taux de participation (ratio force de travail sur la taille de la population adulte) au marché du travail qui atteint désormais tout juste 63,2%, son pourcentage le plus bas en 35 ans. Un certain nombre de chômeurs ne trouvant pas d’emploi ont en effet cessé d’en chercher et sont donc sortis des statistiques.

Ce taux de participation connaît une baisse structurelle depuis le début des années 1990 et s’est encore accéléré avec la dernière crise.

2. Le chômage de longue durée et le temps partiel

La part des chômeurs de longue durée reste exceptionnellement élevée et continue d’augmenter: 38.5% des demandeurs d’emploi pointent depuis plus de vingt-sept semaines (contre moins de 10% en 2001).

Le chômage de longue durée est un problème particulièrement dramatique aux Etats-Unis, où l’indemnisation des chômeurs est souvent plus brève qu’en Europe, et risque d’être encore raccourcie. Constat inquiétant, durant le dernier cycle, le taux de chômage de longue durée est allé en s’accroissant.

A cela on peut rajouter que la proportion (anormalement élevée) de salariés qui travaillent à temps partiel est en constante augmentation.

What is worse, however, is when one looks at job creation broken down by “quality” in all of 2013. The chart below does the bottom line some justice:

For young people, part-time jobs are the norm, not full-time jobs.  75% of jobs created this year are part-time, not full-time.

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Aussi étrange que cela puisse paraître, la réforme de la santé (Obamacare) a aussi une influence sur ce taux puisque pour échapper à l’obligation d’assurer les salariés à temps plein, nombre de PME sont tentées de les convertir en temps partiel.

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Si la flexibilité du travail aux Etats-Unis avait permis, jusqu’au début des années 2004, de se remettre plus rapidement des crises, depuis un peu moins de 10 ans cela ne semble plus être le cas. L’élasticité du marché du travail américain a perdu de sa splendeur.

3. Les jeunes adultes

Le taux de chômage des jeunes constitue lui aussi un indicateur sous-évalué, s’élevant à un niveau alarmant. En raison d’un manque d’expérience au début de leur carrière professionnelle, beaucoup trop de jeunes américains (22,7%) risquent de passer du statut de chômeur à celui d’individu «non employable».A cela on peut rajouter que de plus en plus d’américains tentent les études supérieures. D’une part ils restent persuadés que cela leur permettra d’avoir de meilleures chances de trouver du travail (il y a effectivement un creusement de l’écart entre les titulaires d’un diplôme universitaire, concernés par un taux de chômage de seulement 3,5% et les individus n’ayant pas obtenu de diplôme d’études secondaires (11,3%)). D’autre part ils estiment que la crise sera finie lorsqu’ils auront terminé leurs spécialisations.

And 16-19 unemployment rates remain appallingly high. Higher than Detroit’s unemployment rate! And much higher than the national average.

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Ceci a 3 conséquences:

l l’accroissement de la dette estudiantine;

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l la sortie de millions d’américains des statistiques de l’emploi;

l les jeunes adultes vivent plus longtemps au sein du foyer parental.

Sur ce dernier point, on estime aujourd’hui que plus de 22 millions de jeunes adultes vivent chez leurs parents aux Etats-Unis.

La future lecture des chiffres de l’emploi américain (lorsque les statistiques seront finalement publiées!) devra donc se faire sous un œil différent, car certaines données sont actuellement négligées par les investisseurs.

John-f. Plassard/ Mirabaud Securities /Agefi Suisse.com

http://agefi.com/une/essentiels/artikel/chomage-us-les-chiffres-mensuels-relatifs-aux-emplois-crees-peuvent-saverer-fausses-par-la-croissance-de-lemploi-a-temps-partiel.html

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