Art de la guerre monétaire et économique

Petite réflexion sur une religion non orthodoxe: Le keynésianisme, une idéologie conservatrice au service des ultra-riches et des inégalités Par Bruno Bertez

 Petite réflexion sur une religion non orthodoxe:  Le keynésianisme, une idéologie conservatrice au service des ultra-riches et des inégalités Par Bruno Bertez

Les défenseurs du capitalisme n’aiment pas le keynésianisme. Cependant le grand capital, les ultra-riches et les kleptocrates l’adorent. Pourquoi?

D’abord, parce que Keynes n’était pas anticapitaliste, loin de là, il pensait et proposait des idées et analyses destinées à sauver, selon lui, le capitalisme. Ainsi, il avait compris que les contradictions du système produisaient du chômage et des crises et c’est pour dépasser ces contradictions qu’il a élaboré ses propositions qui consistent à créer de la demande et de l’emploi par la répartition -la charité étatique- par le déficit et la manipulation de la monnaie et des taux. Faute de telles remèdes, le capitalisme aurait connu une ou des crises qui auraient pu le balayer, ou pire, qui auraient nécessité l’usage de la violence pour le maintien de l’ordre. Keynes permet de gérer les crises périodiques et peut-être les crises générationnelles, il permet de maintenir un certain ordre. Le keynésianisme est, par essence et construction, conservateur.

Ensuite, parce que les mesures keynésiennes augmentent le profit des capitalistes, elles ne le réduisent pas. Réfléchissez, pour faire tourner la machine, il faut de la demande. Si la demande n’était que la demande des particuliers, du privé, dans les périodes de crise, elle serait très insuffisante. Il faut du pouvoir d’achat pour faire tourner les entreprises. Créer du déficit, distribuer  du crédit et enfler les dettes, équivaut à produire de la demande qui ne pèse pas sur les marges des entreprises. Si cette demande devait être produite par les revenus du travail, les salaires, les marges bénéficiaires seraient bien moindres! Ainsi aux Etats-Unis, les travaux non orthodoxes montrent que les marges bénéficiaires des entreprises sont 70% supérieures aux normes historiques, en raison, grâce,  au déficit de l’agent public, étatique. Pour parler comme les ex-nouveaux économistes, le coût de production de la demande est partiellement assumé par le gouvernement, ce qui allège les charges des firmes et donc majore leurs profits.

Ceux qui pensent qu’après la crise, les marges des firmes resteront élevées, commettent une erreur colossale, il y a un lien  en miroir entre les marges extrêmes du secteur « entreprises »  et le déficit du secteur public. On ne peut espérer, comme le fait la Fed, que les marges et les profits resteront records une fois la crise passée.

Par ailleurs, le keynésianisme joue l’effondrement des taux, du loyer de l’argent. Il tue les rentiers au profit des capitalistes et des banques, en même temps qu’il allège la facture des coûts financiers pour les entreprises. Donc, en ce sens, il contribue à la baisse des charges et à la hausse du prix des actifs, du prix du capital ancien coté sur les marchés. Comme les rendements nouveaux baissent, les actifs anciens qui rapportent plus sont recherchés, ils se valorisent. Vous le voyez, bien sûr,  chaque jour en Bourse, avec la bulle qui monte qui monte.

-Là où le keynésianisme fait mal, c’est du côté des classes moyennes qui placent leur épargne sous forme de rente sans risque, petits placements, petits comptes d’épargne pour leur sécurité, leurs enfants et leur retraite.

-Là où le keynésianisme fait mal, c’est du côté des libertés et de la liberté en général puisqu’il augmente les ressources du gouvernement, de l’Etat et de ses fonctionnaires/ponctionnaires. Les dépenses de l’Etat lui donnent toujours plus de pouvoirs, d’influence dans l’économie, à lui et à ses sbires. Il peut embaucher, donc rendre dépendant de lui, acheter sa clientèle d’obligés, modifier les mentalités et la culture, propager la double culture de l’étatisme et de l’assistanat.

Là où le keynésianisme fait mal, c’est du côté de l’allocation des ressources. On s’éloigne de plus en plus d’une allocation individuelle, privée, responsable, statistiquement repartie, au profit d’une allocation dirigiste, prébendière et gaspilleuse. Voir la gabegie de tous les projets et grands plans , les Plans Calcul, Plans Sidérurgie, Plans Textiles, Plans de Reconquête, Plan Energies Nouvelles, Plans Emploi , Plans Logement… Tous ont toujours failli ! Les erreurs sont légions et les sommes considérables.

-Là où le keynésianisme fait mal, c’est du côté des petites entreprises et entreprises individuelles. Elles n’ont pas accès au crédit, à l’argent facile, elles ne bénéficient pas des largesses étatico-prébendières ; en revanche, elles souffrent la prédation fiscale, du tatillonnage des ponctionnaires que l’on a embauché et qu’il faut bien occuper. Elles souffrent des avantages dont bénéficient les grandes entreprises qui ont accès au Pouvoir politique, au crédit facile et qui sont équipées pour faire face aux réglementations complexes qui prolifèrent. Le patron de PME n’a pas de lobby, pas de syndicat, puisque la CGPME est vassale du MEDEF et que les petits paient et financent les avantages fiscaux et sociaux donnés aux gros. En particulier en matière d’emploi, car ce sont les petits dans leur masse qui cotisent et les gros dans leur masse qui touchent.

-Là où le keynésianisme fait du bien, c’est du côté des banques et des financiers. Ils ont de l’argent à volonté quasi gratuit, à taux zéro. Ils baignent dans les délices du leverage. Ils sont sauvés quand ils sont en faillite. On creuse les déficits de l’Etat, ce qui leur permet de leur faire des prêts sans risque avec des marges confortables. On assure leurs risques par le « PUT » des Banques Centrales et la promesse de liquidités illimitées. Ce sont en fait les fermiers généraux de l’ancien régime en inversé, les collecteurs pour le compte des banques étant …les Etats.

Les financiers jubilent puisque l’on fait monter le prix des actifs anciens par la mécanique des taux bas, laquelle revalorise automatiquement ce qui, avant, rapportait plus. Ils font des plus-values considérables qui leur permettent de consommer et surtout de racheter toutes les petites entreprises attrayantes ou innovantes… avec le leverage gratuit en plus. Petites entreprise dont on organise la dépossession par les taxes sur les héritages.

Comme le prix du capital monte, il faut soutenir ce prix, sa valeur, son cours en bourse par des profits et des dividendes, donc il faut de la productivité, ce que Mélenchon appelle des licenciements boursiers, de la délocalisation, des salaires rabotés, des avantages sociaux comprimés, des retraites amputées. Bref, il faut des marges bénéficiaires qui ratifient les cours élevés atteints en Bourse.  Cela tombe à point car cela permet d’entretenir un chômage élevé, une armée de réserve qui justifie le mouvement perpétuel du keynésianisme. C’est vrai n’est-ce pas, s’il y a du chômage, il faut continuer les déficits, les taux bas…

Le keynésianisme produit en cercle vicieux autoreproducteur  le socialisme fabien, ce socialisme du grand capital qui appauvrit les classes moyennes, qui donne le pouvoir à la sociale démocratie alliée des riches et des banquiers. Il produit des fonctionnaires/ponctionnaires. Il donne justification aux pertes de libertés, aux impôts et contrôles sans cesse croissants. Il creuse les inégalités de la société à trois vitesses. La Grande Alliance d’un côté,  de l’autre, les classes de moins en moins moyennes, et enfin, les ultra-pauvres dont on achète le calme avec les miettes du système.

BRUNO BERTEZ Le Samedi 19 Octobre 2013

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16 réponses »

  1. Bonsoir,
    Je ne suis pas un adepte de Keynes, mais il convient de nuancer vos propos.
    Keynes pensait que le marché s’équilibre dans tous les cas assurant une allocation optimale des ressources, mais ledit marché n’assure pas le plein emploi des facteurs de production (surtout le facteur travail – années 30).
    En conséquence, l’Etat doit intervenir pour assurer le plein emploi. Le libéralisme régulé par l’Etat a quand même produit les trente glorieuses du fordisme (production de masse et consommation de masse), périiode au cours de laquelle les classes moyennes se sont largement étendues. L’inflation des années 60-70 n’a pas réellement été un problème pour lesdites classes moyennes car existaient des dispositifs (échelle mobile des salaires…) qui garantissaient la croissance du pouvoir d’achat. De plus, comme les taux d’intérêt réels étaient faibles, voire négatifs (voir le libor en termes réels dans les senties), ces classes moyennes ont pu facilement acquérir des biens immobiliers…
    C’est le tournant des années 1970 et l’adoption de politiques néolibérales qui va changer la donne et marquer le début de l’euthanasie des classes moyennes… considérées par Hayek comme responsables des dysfonctionnements de l’Etat en raison de l’instrumentalisation de ce dernier à leur profit.

      • Les politiques néolibérales sont celles qui sont conformes au consensus de Washington (cf.Williamson) et par la suite conformes au post-consensus de washington (fin des années 1990). Pour moi, (cf. mon dernier Bouquin), parmi les néolibéraux (Colloque Walter lippmann 1938, Société du Mont Pèlerin 1947…) il existe 3 principales écoles du néiobéralisme : les ultralibéraux (Hayek), les monétaristes (Friedman) et les ordolibéraux (ou néilbéraux allemands)… voilà pour une courte réponse à une question encore plus courte.

        • Pour moi, les chats sont un ensemble d’animaux rassemblant ceux avec des branchies et des écailles, ceux avec une trompe et ceux qui ont 8 pattes et tissent des toiles…^^

          Plus sérieusement, vous appelez néolibéral tout mouvement libéral depuis la 2nd guerre en lui attribuant la responsabilité de la financiarisation et de la social-kleptocratie, ce qui en soi est juste idiot… La réalité est un peu plus complexe que cela…

    • 1973 …..comme par hasard c’est juste le premier choc pétrolier… et le début de la fuite en avant budgétaire.Quant aux miracles des 30 glorieuses..vous oubliez qu’il fallait reconstruire la France , que le pays au titre du plan Marshall a reçu plus que l’Allemagne ,que nous avons gaspillé d’un autre côté beaucoup d’argent et d’hommes dans les guerres coloniales (qui sait que les français ont perdu bien plus d’hommes en Indochine que les américains?) que De Gaulle après avoir berné les pieds noirs n’a plus eu à financer la guerre d’Algérie à partir de 1962 et donc s’est retrouvé avec une manne financière qu’il a utilisé en partie pour reloger les pieds noirs ces nouveaux immigrants dynamiques et entreprenants et surtout pour construire sa politique protectionniste et interventionniste qui a retardé le développement de la France .
      1968 et son Grenelle a été payé par la dévaluation du Franc qui a suivi… A partir de Giscard et surtout les socialistes en 81 Keynes est devenu indéboulonnable ça permet aux hauts fonctionnaires (ENA encore une trouvaille Gaulliste ) de s’arranger avec le grand capital qu’ils tiennent par la barbichette des contrats publics et de développer un clientélisme à qui on a fait croire que Dieu s’appelle l’Etat et que quelques cornes de brumes sur le pavé permettent de résoudre les problémes sociaux car évidemment l’économie ça passe après.
      Depuis l’effondrement du mur de Berlin en 1989 le monde est radicalement différent ,Mao a été remplacé par dirigeants milliardaires mais chez nous on continue de vénérer l’Etat ce Dieu que personne n’a rencontré mais dont ses ecclésiastiques n’ont jamais été aussi nombreux.

  2. Tout mettre sur le dos du keynésianisme c’est mettre la charu avant les boeufs. Car si il y a un fort keynésianisme en se momment, c’est parce que les libéraux, financiers et entreprise mondiales, ne veulent pas perdre toute l’argent qu’il ont investi en bourse et ailleurs. Sans un libéralisme a outrance ont n’en serait pas là. Mais se que l’ont peut remarquer, c’est que libéralisme et keynésianisme font bon ménage.
    Mais se ménage ne prends pas grand soin de sa progéniture, son peuple.
    Quant au capitaliste, il ne faut pas le confondre avec l’entrepreneur, les deux ne font pas bon ménages. La premier finance le second travaille, Il ne fait pas partie de la même classe sociale.
    Le libéralisme est la religion qui appel au secours le keynésianisme lorsqu’il est en danger de pertes séche. Ni l’un ni l’autre ne s’interresse a ceux qui travaille ou qui prennent les risques d’innover ou de produire.

  3. @Logique

    c’est sûr que quand le mot capital est un gros mot et qu’on le taxe par tous les moyens , il ne reste plus qu’ à l’entrepreneur qui n’a plus de capital qu’ à se mettre entre les pattes des banquiers.. ou de l’Etat//hum les bonnes voitures électriques commandés par les collectivités… le libéralisme c’est de permettre à qui le veut de se mettre à son compte pour cela il ne doit pas avoir au dessus de lui « orwell » qui sait mieux que tout le monde ce qu’il faut faire, qui l’empêche d’entreprendre si ça ne va pas dans la bonne direction décidée en Haut lieu,Haut lieu s’associant aux bénéfices largement quand il y en a et détruisant par son activité permanente l’activité existante

    • Mais il y a le libérale capitaliste, banque/finance et libéral entreprenneur, inovation/production et confondre les deux me semble être une erreur migistrale. Erreur qui voudrait faire croire que l’un est l’autre ont les mêmes intéret, alors que leurs intérets sont a vrai dire trés éloigné. Le financier voulant faire fructifier son capital tandis que l’entreprenneur lui veux faire fructifier sa production par se que sont capital n’est pas liquide et en plus de ne pas être liduide il perds de sa valeur du le temps. Certes si la monnaie du banquier perds de sa valeur, il peut déplecer ses avoirs sur d’autre support beaucoup plus rentable, se qu’une entreprise ne peut pas faire. Il me semble donc évident qu’un entrepreneur se foute pas mal de l’idéologie économique et si il se dit libéral il est pour le liberté d’entreprendre. Alors que le capital et l’état c’est plutot la liberté de décider se qui est le plus interressant pour eux et leur pouvoir. Il se foutent pas mal de la consommation et du travail, il veulent de la rente. Il y a donc une différence entre rente et production. Le terme de libéral est un fourre tout qui mélenge les genres tout comme le keynésianisme qui pense relancer l’économie en la vidant de ses bénéfices aux bénéfices des rentier d’état et de la finance. En économie il y a deux monde celui qui vie de sa production et celui qui vie de la rente de sont capital. Tous les capitalistes ne sont bien sur pas que des gens sans scupule il en va ainsi des entrepreneurs qui ne sont pas tous des saints.

      L’idéologie et un fourre tout qui n’as d’autre objectif que d’asservir et nos de libérer.

      • Ce que vous racontez Logique est illisible et incompréhensible, une sorte de galimatias digne d’une traduction Google…Merci de veiller à rester dans le sujet d’une part et à surveiller orthographe et syntaxe d’autre part!

  4. ATTENTION A VOS MARQUES!

    Demain c’est le grand jour, le jour tant attendu.
    On va enfin savoir. D’accord ce n’est pas l’évènement de la sortie d’un nouvel Iphone , mais je suis sûr qu’on fait la queue devant les librairies: c’est demain 22 que sort en librairie le livre tant attendu d’ Alan Greenspan intitulé : The Map and the Territory.

    Nous en avons lu les bonnes feuilles, cela promet.

    A la fois comme informations ou raisonnements pour comprendre comment ces gens fonctionnent, mais aussi comme tentative de révisionnisme historique. Ce qui est sûr, c’est que le Maestro ne se confesse pas, il ne vient pas en victime expiatoire avouer ses fautes et ses erreurs.

    Chairman jusque 2006 de la Fed après une carrière plus que douteuse ou il s’est trompé sur tout, il est devenu la coqueluche de la kleptocratie par son parti pris de déréguler, par sa destruction des mesures prudentielles de Eccles, par la mort de Glass-Steagall, par son refus de diagnostiquer les bulles d’actifs, par son action en faveur de la concentration financière et bancaire, par la destruction de la culture de non intervention politique de la Fed etc.

    Greenspan a été nommé par ses détracteurs, dont nous ne sommes pas : le banquier central borgne!

    Il voyait les excès de l’économie réelle, mais il était aveugle aux excès de la Sphère Financière!

    Il a fallu un contact avec Shiller, le prix Nobel de Yale, pour l’éveiller à l’idée, vite refoulée de « l’irrational exuberance ».

    Greenspan a été associé à des gangs de malfaiteurs comme Keating, lequel a sévi dans les escroqueries des Savings and Loans.

  5. @ logique
    Pourquoi associez-vous la notion de libéralisme avec celle des banques/finances? Il me semble personnellement que les agissements des banques sont en total opposition avec la définition du libéralisme. On précise dans l’article que le système financier et industriel perçoit le keynésianisme comme un partenaire permettant d’assurer une source de revenu en période de crise, ceci en faisant intervenir les états qui investiront en s’endettant.
    Je suppose qu’on parle de libéralisme à leur sujet parce qu’ils bénéficient des avantages d’une mondialisation, et qu’ils ne s’encombrent pas d’une volonté populaire « démocrate ». Je ne sais pas si c’est votre cas, mais je trouve dommage qu’une majorité de personnes appellent « libéralisme » tout acte égoïste, moralement condamnable, et liberticide. ce qui est bien la preuve que la propagande d’état fonctionne à merveille.

  6. Si l’on veut mettre en exergue le caractére délétére d’une création monétaire en faveur de l’état , le terme générique de Keynesianisme convient tout à fait . Quelque soit les partis doctrinaux affichés c’est ce qui domine et crée les effets pervers décrit par cet article .
    Autre chose à mon avis est de discuter les doctrines du ‘libéralisme’ , elles utilisent toutes des concepts ambigus d’une part , d’autre part les applications politiques rentrent difficilement dans le cadre des théories .
    Ce qui me parait certain c’est que le chemin vers plus de liberté reste à définir . Cette liberté ne peut étre séparé des notions de justice et d’éfficacité qui sont en soi contenues dans celle de liberté . Paradoxalement le libéralisme historique le vrai a du son succés au fait qu’il se confondait avec l’intéret financier de l’état , ceux qui ont suivis aussi , sauf que l’état a aussi et surtout une vocation à dominer la société . Ce qui nous assure d’un changement est à ce propos le fait que l’état est devenu un instrument corrompu au service d’intérets trés particuliers .

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