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Politique Friction du Mardi 22 Octobre 2013: La kludgeocratie française a bricolé un bien triste pays Par Bruno Bertez

Politique Friction du Mardi 22 Octobre 2013: La kludgeocratie  française a bricolé un bien triste pays Par Bruno Bertez 

Si vous êtes informaticien, vous avez déjà entendu prononcer le mot Kludge ou Kluge. C’est un mot intraduisible. Ses utilisateurs sont d’accord sur son sens, sur sa richesse, mais pas sur son origine. Même pas sur son orthographe. Si vous voulez prendre un peu de plaisir, allez sur WIKIPEDIA et tapez le mot, son histoire est tout un roman. On ne perd jamais rien à apprendre quelque chose n’est-ce pas. 

Un kludge c’est une sorte d’assemblage, de bricolage compliqué d’éléments hétéroclites censés accomplir une fonction, une tache: C’est une solution temporaire, inélégante, maladroite, nous allions dire « gauche ». Nous ne le disons pas car on nous accuserait de parti pris. On fait des kludges à droite comme à gauche, c’est une spécialité française.

 La kludgeocratie , comme son nom l’indique, c’est le gouvernement par les spécialistes des kludges, des bricolages , des patchs grossiers que l’on plaque pour traiter un problème non prévu. Il est conçu  pour être compatible, sur le moment avec le système existant, comme en informatique, mais au bout d’un certain temps , vous constatez des bugs, des dysfonctionnements.  Peu à peu à force de recourir aux kludges,  vous aboutissez à un ensemble monstrueux, le kludge résout un problème de court terme au prix de monstres de long terme. 

C’est normal, la confection du kludge , tout comme son utilisation ne correspondent à aucune ligne directrice, aucune logique d’ensemble. Avec le temps et l’usage les incohérences se multiplient … qui nécessitent l’invention et l’emploi … de nouveaux kludges.  

En tant que mode de gouvernement le recours aux kludge est : 

-Irresponsable, le kludging tue le leadership.

-Lourd, complexe.

-Couteux, les couts sont non seulement démesurés mais difficiles à localiser, ils sont disséminés. 

Il existe une sorte de kludge-industrie dans les pays avancés- sur ce point-  qui s’efforce de multiplier le recours aux kludges.  Elle est très dispersée, on la rencontre dans des  comités, des commissions, des groupes de consultants, des sous-groupes politiques, des sociétés de pensée, des sociétés philosophiques,  des sectes. 

On dit qu’en France, le code des impôts, le code du travail, l’éducation, la santé, sont autant de manifestations des travaux de la kludgeocratie.

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BRUNO BERTEZ Le Mardi 22 Octobre 2013

llustrations et mise en page by THE WOLF

7 réponses »

  1. Il y a ces kludges dont vous parlez qui représentent des changements même négligeables mais il y aussi la gouvernance par la psycho-politique sur les marchés et sur toute la population en général par l’intermédiaire des médias et représente de la poussière constamment mise sous le tapis …

    Si le système total est défaillant, et qu’il y a une réticence à vouloir le changer en profondeur, pourquoi ne pas « forcer » les éléments (les citoyens ou acteurs économiques) à s’adapter plutôt que l’inverse – diront ces dirigeants (stratégie de désespérence).
    Et ainsi la guerre civile arrive.

  2. on peut rajouter que la multiplication des rustines,des lois et des organismes divers paralysent peu a peu la société et son économie

  3. Agglomérer les idées ou les choses c’est plus rapide et moins cher mais moins efficace que de les intégrer.
    Le résultat , une société fondée sur une structure instable,faite d’échafaudages en équilibre, donc attention le jour ou les vraies turbulences arriverons. on s’écroulera comme un château de carte…..

    Merci au blogalupus

  4. Mercredi 23 octobre 2013 : Eurostat publie les chiffres de la dette publique du deuxième trimestre 2013.

    La Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Irlande, la Belgique, Chypre, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni sont en faillite.

    La dette publique de ces Etats atteint des sommes inimaginables.

    La question est donc :

    « QUAND vont avoir lieu ces défauts de paiement ? »

    1- Médaille d’or : Grèce. Dette publique de 316,969 milliards d’euros, soit 169,1 % du PIB.

    2- Médaille d’argent : Italie. Dette publique de 2076,182 milliards d’euros, soit 133,3 % du PIB.

    3- Médaille de bronze : Portugal. Dette publique de 214,801 milliards d’euros, soit 131,3 % du PIB.

    4- Irlande : dette publique de 204,495 milliards d’euros, soit 125,7 % du PIB.

    5- Belgique : dette publique de 397,851 milliards d’euros, soit 105 % du PIB.

    6- Chypre : dette publique de 16,906 milliards d’euros, soit 98,3 % du PIB.

    7- France : dette publique de 1912,205 milliards d’euros, soit 93,5 % du PIB.

    8- Espagne : dette publique de 943,410 milliards d’euros, soit 92,3 % du PIB.

    9- Royaume-Uni : dette publique de 1422,213 milliards de livres sterling, soit 89,6 % du PIB.

    http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_PUBLIC/2-23102013-AP/FR/2-23102013-AP-FR.PDF

  5. C’est amusant car la traduction de bricoleur en néerlandais est klusjesman, une sorte d’homme à tout faire

  6. La légende raconte que René Monory s’aperçu que le nombre de chomeurs calculé dans son ministère n’était pas le même que celui trouvé dans le ministère d’à côté. Conscient du problême son ministère demanda alors le développement d’une méthode d’analyse informatique connue depuis sous le nom de méthode MERISE, pour que au moins l’état ait des résultats informatiques cohérents.
    C’était de l’anti kludge avant que le mot existe,
    C’était un projet d’avenir à moyen terme,
    C’était un autre siècle,
    c’était un ministre,
    C’était facile pour lui : il n’avait pas fait l’ENA , il n’avait pas le BAC

  7. Chômage en septembre 2013 : catégories A, B, C, D, E :

    France métropolitaine :

    5 473 000 inscrits à Pôle Emploi.

    France entière (y compris l’outre-mer) :

    5 795 300 inscrits à Pôle Emploi.

    Variation sur un mois : + 1,4 %.

    Variation sur un an : + 6,8 %.

    http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle_JMT751.pdf

    Vous vous rappelez toutes les belles promesses au moment du référendum sur le traité de Maastricht ?

    – « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (Valéry Giscard d’Estaing, 30 juillet 1992, RTL)

    – « L’Europe est la réponse d’avenir à la question du chômage. En s’appuyant sur un marché de 340 millions de consommateurs, le plus grand du monde ; sur une monnaie unique, la plus forte du monde ; sur un système de sécurité sociale, le plus protecteur du monde, les entreprises pourront se développer et créer des emplois. » (Michel Sapin, 2 août 1992, Le Journal du Dimanche)

    – « Maastricht constitue les trois clefs de l’avenir : la monnaie unique, ce sera moins de chômeurs et plus de prospérité ; la politique étrangère commune, ce sera moins d’impuissance et plus de sécurité ; et la citoyenneté, ce sera moins de bureaucratie et plus de démocratie. » (Michel Rocard, 27 août 1992, Ouest-France)

    – « Les droits sociaux resteront les mêmes – on conservera la Sécurité sociale –, l’Europe va tirer le progrès vers le haut. » (Pierre Bérégovoy, 30 août 1992, Antenne 2)

    – « Pour la France, l’Union Economique et Monétaire, c’est la voie royale pour lutter contre le chômage. » (Michel Sapin, 11 septembre 1992, France Inter)

    – « C’est principalement peut-être sur l’Europe sociale qu’on entend un certain nombre de contrevérités. Et ceux qui ont le plus à gagner de l’Europe sociale, notamment les ouvriers et les employés, sont peut-être les plus inquiets sur ces contrevérités. Comment peut-on dire que l’Europe sera moins sociale demain qu’aujourd’hui ? Alors que ce sera plus d’emplois, plus de protection sociale et moins d’exclusion. » (Martine Aubry, 12 septembre 1992, discours à Béthune)

    – « Si aujourd’hui la banque centrale européenne existait, il est clair que les taux d’intérêt seraient moins élevés en Europe et donc que le chômage y serait moins grave. » (Jean Boissonnat, 15 septembre 1992, La Croix)

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