Art de la guerre monétaire et économique

Brèves de trottoirs du Dimanche 3 Novembre 2013: Dans les tablettes un 3ème plenum sous le signe de la pleine reprise en main du PC chinois!

Brèves de trottoirs du Dimanche 3 Novembre 2013: Dans les tablettes un 3ème plenum sous le signe de la pleine reprise en main du PC chinois!

Il est parfois bon de s’arrèter sur les bas cotés…

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Le gouvernement chinois crée un diplôme de sentinelle du Web

C’est un des sujets très en vogue actuellement sur le Web chinois. Les autorités viennent d’annoncer la création d’un diplôme officiel d’analyste de tendances et de l’opinion publique sur Internet. Après une formation de 36 heures et moyennant un investissement d’environ 1000 euros, les candidats à ce type d’activité passeront un examen pour éventuellement recevoir un diplôme dûment validé par les autorités centrales, qui leur permettra de postuler à des fonctions de surveillance des tendances du Web et des opinions. C’est le centre de surveillance de l’opinion du «Quotidien du peuple» qui se charge de la formation.

Ce métier peut se pratiquer auprès de personnes qui cherchent à suivre de près ce qui s’écrit à leur sujet, comme par exemple des célébrités du monde du spectacle. Mais le gros du marché concernera des demandes d’officiels ou d’instances publiques. Shan Xuegang, le vice-secrétaire général du Bureau de surveillance et d’analyse de l’opinion publique du site people.com.cn, justifie cette évolution par le fait qu’il faut désormais «un savoir-faire professionnel pour identifier, synthétiser et analyser des tendances et opportunités […] pour fournir des repères aux usagers, et particulièrement aux responsables gouvernementaux afin de les aider dans la prise de décision». Cette nouvelle profession doit, selon lui, aider à «faciliter la communication entre le gouvernement et le peuple». Sur Internet, les commentaires vont bon train devant cette institutionnalisation d’une activité qui existe déjà depuis longtemps mais que le gouvernement assume aujourd’hui publiquement.

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Pékin intensifie son offensive contre les groupes étrangers

Starbucks, Samsung, Apple dans le viseur des autorités

En Chine, les entreprises étrangères ne savent plus sur quel pied danser. Dans les discours, les choses sont claires: elles sont les bienvenues. Le président Xi Jinping vient de le répéter à un parterre de grands patrons, louant leur contribution positive pour le pays. Mais dans les faits, elles sont de plus en plus régulièrement la cible d’attaques médiatiques.

Dernier exemple en date, Samsung vient de présenter ses excuses au public pour un problème sur certains de ses téléphones mobiles. Il s’est engagé à payer les frais de réparation, et à rembourser les clients ayant déjà dû débourser ces sommes. La cause de ce mea culpa: un reportage de la télévision d’Etat CCTV mettant en cause les pratiques jugées inéquitables du numéro un mondial des téléphones mobiles. Une attaque qui suivait de 24 heures celle contre Starbucks, accusé de vendre ses cafés trop cher.

Au printemps, la charge avait concerné Apple, soupçonné de pratiques déloyales vis-à-vis des consommateurs. Elle avait été si massive et coordonnée dans tous les médias officiels qu’à l’évidence elle venait de très haut. Volkswagen avait eu droit à des attaques comparables. Les deux groupes avaient dû faire amende honorable. Dans une lettre, Tim Cook, le numéro un de la firme californienne, avait présenté des excuses.

Entre-temps, les groupes pharmaceutiques se sont retrouvés également au cœur de la tempête, l’un d’entre eux, GSK, faisant l’objet d’enquête pour corruption. Les producteurs de lait infantile, quant à eux, ont été accusés d’entente sur les prix. Sachant que, compte tenu de scandales alimentaires passés, ce sont essentiellement des groupes étrangers, notamment Danone, qui se taillent la part du lion dans le segment du haut de gamme. Danone a également fait l’objet d’accusations de corruption.

Présentation d’excuses

Il y a bien sûr une différence de nature entre une accusation de corruption et des soupçons de pratiques commerciales déloyales. Mais ces affaires ont toutes un point commun: elles se sont abattues sur des groupes qui, chacun à son échelle, incarnent le succès dans le pays. Il semble clair que Pékin a décidé de frapper fort en s’attaquant à des stars du capitalisme international. Devant Apple comme Volkswagen, voire devant Starbucks, incarnation d’un certain «way of life» américain, c’est presque toujours le régime chinois qui gagne. Car un autre point commun émerge: de façon quasi systématique, les groupes mis en cause obtempèrent immédiatement et présentent des excuses, quel que soit le bien-fondé de la campagne dont ils sont la cible. Des actes de contrition qui rappellent les heures les plus sombres de l’ère maoïste.

Pour le pouvoir, ce qui s’apparente de plus en plus à une stratégie délibérée pourrait être une arme à double tranchant. Certes, le gain immédiat est évident: cela lui permet, sans douleur pour ses propres oligopoles, de faire baisser les prix dans de nombreux secteurs et de réaffirmer sa suprématie face aux groupes étrangers. Mais à l’évidence, pour les milieux d’affaires, travailler en Chine devient anxiogène. A l’image de cet Européen qui avoue «raser les murs» pour que sa société ne subisse surtout pas les foudres de Pékin. D’autant qu’en interne, tous les Chinois ne sont pas dupes. En un sens, la récente attaque contre Starbucks s’est presque retournée contre Pékin, au vu des réactions sur le Web chinois. En témoigne cet internaute publiant ce commentaire: «CCTV, pourrait-on parler des prix de l’immobilier et de l’essence […] avant de disserter sur le café trop cher?» LE TEMPS

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Haro sur les programmes étrangers à la télé chinoise

Pas plus d’un programme télévisé acheté à l’étranger par an. Telle est la règle que vient d’ériger Pékin à l’attention des chaînes de télévisions privées chinoises. Si l’on en croit le «Shanghai Securities», l’administration générale de la presse et des publications a par ailleurs précisé que la diffusion de ces programmes ne devrait pas intervenir en prime time au cours de l’année qui suit l’achat des droits de diffusion.

Déjà, en février dernier, une loi avait limité à 50 épisodes par an la diffusion de séries télévisées étrangères. Des mesures qui s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de «moralisation» des médias chinois, et de lutte contre ce qui est perçu comme de la vulgarité.

Les chaînes privées vont devoir, en outre, faire progresser à 30% de leurs programmes la quantité d’émissions d’intérêt général. Ces dispositions, en plus d’illustrer la reprise en main de Pékin sur la sphère culturelle et médiatique, viennent pénaliser les revenus publicitaires des chaînes privées, puisque les programmes rachetés à l’étranger sont souvent générateurs de revenus publicitaires élevés.

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Un économiste chinois limogé pour ses positions réformatrices

Accusée d’avoir écarté de l’enseignement un enseignant au motif qu’il prônait des réformes libérales, la faculté de Pékin s’est défendue de toute arrière-pensée politique, prétendant qu’il était surtout un «mauvais professeur». L’expulsion de Xia Yeliang, décidée vendredi lors d’un vote, est la conséquence du fait que sa notation en tant qu’enseignant avait été «pendant de nombreuses années consécutives la plus mauvaise de l’université», prétend l’université.

L’argument peine à convaincre: le professeur d’économie est surtout connu pour avoir souvent prôné l’ouverture politique en Chine. En particulier, il fut l’un des signataires de la «Charte 08», qui appelait, en 2008, à la mise en place d’un fonctionnement démocratique dans le pays. Un texte dont l’un des rédacteurs, Liu Xiaobo, est actuellement derrière les barreaux en Chine, malgré le Prix Nobel qu’il a reçu en 2010.

Cette affaire illustre le durcissement du régime chinois et la sérénité avec laquelle il assume désormais une répression décomplexée de la dissidence. Dans le cas présent, il aurait pu craindre, éventuellement, de vives protestations internationales, car la faculté de Pékin est liée par des accords de partenariats à de nombreuses institutions occidentales, comme l’université de Columbia, Stanford, ou encore la London School of Economics.

Mais lors de son passage en Chine la semaine dernière, le chancelier britannique à l’Echiquier s’est bien gardé d’évoquer le sujet, préférant signer de nombreux accords économiques avec Pékin. A ce stade, seule l’Université de Wellesley, dans le Massachusetts, a tiré la sonnette d’alarme sur le cas de Xia Yeliang.

Au même moment, Pékin a fait passer une loi lui permettant de poursuivre, et de mettre en prison, les individus coupables d’avoir propagé sur Internet des rumeurs diffamantes ou fausses.

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Bras de fer autour de l’arrestation d’un journaliste économique en Chine

Il faut libérer Chen Yongzhou! Pour le deuxième jour, le quotidien de Canton Xinkuaibao, ou New Express en anglais, a publié en une, et sur la quasi-totalité de la page, un appel à la libération de son reporter. Ce dernier a été mis en détention par la police de Changsha, sous prétexte qu’il aurait nui à la réputation commerciale d’une société.

Les autorités ne sont pas plus précises dans leurs communiqués, mais c’est à l’évidence le travail critique de Chen Yongzhou sur la société Zoomlion, deuxième producteur chinois de machines-outils, qui lui porte aujourd’hui préjudice. Son journal défend la qualité de l’article incriminé, ne reconnaissant qu’une erreur de chiffre sur le montant des dépenses publicitaires de la société.

L’affaire est évidemment politique: le gouvernement de la province du Hunan détient un peu plus de 16% du capital de Zoomlion. La société a vu son cours de bourse chuter de 5,93% hier. Ce combat entre les autorités et un journal intervient dans un climat de durcissement du régime chinois, qui n’hésite pas à écarter les individus qu’il juge dangereux.

Un professeur d’économie de la faculté de Pékin connu pour ses positions libérales vient d’être exclu de l’enseignement. Au même moment, Pékin a fait passer une loi lui permettant de poursuivre, et de mettre en prison, les individus coupables d’avoir propagé sur Internet des rumeurs diffamantes ou fausses.

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Au sein du Comité central, les représentants des entreprises d’Etat et des groupes d’intérêts liés au maintien du contrôle du parti sur l’économie l’emportent largement sur les défenseurs du secteur privé. La sinologue américaine Susan Shirk rappelle qu’en 1978, Deng Xiaoping avait lui aussi dû contourner les groupes d’intérêts de son époque, les bureaucrates du plan et l’industrie lourde. Pour ce faire, il s’était appuyé sur les provinces en décentralisant l’économie. Cette option, pour Li Keqiang, est plus compliquée aujourd’hui. Un moyen d’y parvenir serait une refonte de la fiscalité qui permette de convaincre les dirigeants locaux de se retirer de l’économie en échange de nouvelles sources de revenus par l’impôt.

La différence avec 1978 est en réalité plus profonde. Deng Xiaoping dirigeait le parti et sa légitimité révolutionnaire était incontestable. Le chef actuel du PCC, Xi Jinping, n’a pas la même autorité. Il n’est d’ailleurs pas évident qu’il soit sur la même ligne que son premier ministre. Dans un discours, en décembre dernier, il imputait la chute du parti communiste soviétique à l’inaction de l’armée et aux «traîtres» comme Mikhaïl Gorbatchev et Boris Eltsine, c’est-à-dire les réformateurs. Xi Jinping serait convaincu que la survie du parti tient à son contrôle des secteurs clés de l’économie – il n’a sans doute pas tort. Depuis le début de l’année, des commentaires dans la presse chinoise font ainsi l’éloge de Vladimir Poutine et de sa reprise en main de l’économie…

EN BANDE SON:

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