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Politique Friction du Mardi 5 Novembre 2013: La France est en guerre, elle n’a pas confiance en ses chefs Par Bruno Bertez

Politique Friction du Mardi 5 Novembre 2013: La France est en guerre, elle n’a pas confiance en ses chefs Par Bruno Bertez

Les deux événements les plus importants de notre histoire récente sont incontestablement les attentats terroristes du 11 Septembre, d’une part, et la crise financière dite de 2008, d’autre part.

Le présent article ne cherche, ni à analyser, ni à commenter ces événements, peu importe qu’ils aient des causes anciennes, multiples et que, finalement, ils soient surdéterminés. Si nous les qualifions d’événements, c’est en tant que point de départ, pour la commodité de l’exposé.

 Aussi bien le 11 Septembre que la crise financière nous ont plongés dans une situation de guerre. Une situation où les règles normales de gouvernement, de fonctionnement de nos systèmes, sont suspendues. La guerre justifie tout, autorise tout. Les Pouvoirs publics bénéficient en quelque sorte des pleins pouvoirs. Ils ont droit de vie et de mort, droit au secret, droit du plus fort. Les acquis de la démocratie sont, avec la bénédiction d’une large partie des citoyens, suspendus. C’est parce que le passage à cette situation de guerre est grave que, dans nos sociétés, la déclaration de l’état de guerre doit être préalable et votée par la représentation nationale. Après, une fois tous les pouvoirs donnés, tout en découle. C’est le blanc-seing.

On a coutume de dire que la première victime, dans une  guerre, c’est la vérité. Et cela est profondément vrai. On le voit quotidiennement dans les deux registres que nous avons évoqués en liminaire, le terrorisme et la crise financière.

Le point commun entre ces  deux malédictions, c’est la menace sur la sécurité. Le terrorisme met en danger votre vie et celle de vos proches; la crise financière, bancaire et économique, met en danger votre patrimoine, votre emploi, votre avenir et celui de vos enfants. Dans les deux cas, c’est de votre vie qu’il s’agit, de votre temps de vie puisque, dans nos sociétés, le travail et son produit sont ce autour de quoi tourne votre activité.

De tous temps, sécurité et liberté ont été liées. Une liaison complexe, organique, bien difficile à clarifier.  Dans la situation présente, la simplification suggérée par la propagande publique est que vous, citoyens, vous devez abandonner une partie de vos libertés afin que le  Pouvoir, les pouvoirs,  puissent assurer votre sécurité. Il y aurait une sorte de trade-off, d’arbitrage à  faire, entre, d’un côté,  votre demande de sécurité et, de l’autre, votre demande de liberté. Les deux seraient antagoniques, en opposition,  et vouloir un peu plus de l’un impliquerait que l’on se contente d’un peu moins de l’autre.

Cette propagande est facile à lire dans les deux cas: d’abord, terrorisme avec les contrôles, écoutes, gênes à vos déplacements;  ensuite, crise financière avec confiscations directes et indirectes, répressions financières et fiscales, cela est tellement évident que nous n’insistons pas.

Le vieillissement de nos sociétés, et, quand nous parlons de vieillissement, nous ne désignons pas seulement l’âge et la démographie, mais le vieillissement culturel, la perte de l’élan vital, la perte du  goût du risque, ce vieillissement crée un biais, une préférence pour la sécurité, la protection, l’assistanat, l’égalité. On préfère s’affaisser tous ensemble, mourir doucement et égalitairement plutôt que d’accepter le combat avec la sélection des plus forts et des plus adaptés qu’il suppose.

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Ce que nous voulons dire, c’est que le trade-off, l’arbitrage aussi, est surdéterminé par l’état de nos sociétés, le choix qui n’est pas dit, mais est fait, est celui de la sécurité et tant pis pour la liberté. Sans qu’elle soit balisée, on suit la route de la servitude, the road to serfdom parce que c’est la plus facile à suivre, la moins périlleuse. Ne vous y trompez pas, nous ne sommes pas dans la polémique, nous sommes dans le constat, dans la sociologie, pas dans l’idéologie. 

Mathématiquement, en fonction des statistiques,  la masse des citoyens, sans en avoir conscience, sans que ce soit un choix délibéré,  glisse vers le toujours plus collectif ou plus public, qui lui parait être la garantie de sa sécurité. Et il est évident que les gestionnaires du collectif, car c’est leur intérêt, car c’est de cela qu’ils vivent, vous poussent dans cette voie. Abandonnez toujours plus votre liberté, votre individualité, renoncez à choisir et conduire, nous prenons tout cela en charge. Nous prenons tout cela en charge avec, bien sûr, les honneurs, les richesses, les femmes, et maintenant il faut ajouter les hommes, qui ont toujours été la récompense des chefs. Monopole de la force, du pillage et du cuissage. 

Quand le trade-off est éclairé, quand l’arbitrage est fait en toute connaissance de cause, avec exposé honnête de la situation,  avec les tenants et aboutissants, ma foi il n’y pas trop de problème. Mais en revanche, quand, dès avant le trade-off, les dés ont été pipés, quand la propagande a déformé le réel, faussé  la vision, tripatouillé pour enfumer, alors la question se pose de la valeur de l’acquiescement des populations. Si le consentement est obtenu par des manœuvres dolosives, il est, c’est évident, entaché. Il est quasi violence.

Nous soutenons que c’est le cas dans nos sociétés dites de Communication, mais en réalité de manipulation. Nos sociétés escamotent. C’est leur grande, très grande spécialité, avec la mystification. Elles escamotent les vraies causes du terrorisme fondamentaliste, elles escamotent les vraies causes de la crise financière. Elles escamotent le sens des soi-disant solutions qu’elles mettent en œuvre.

L’art de gouverner est devenu l’art de présenter les choses, d’occulter la réalité, de tracer des faux liens de causalité, de présenter à l’opinion de fausses évidences dont elle ne peut s’extraire.  On montre, on juxtapose des choses, des événements, afin de faire croire, afin d’implanter de faux mécanismes de compréhension. Mécanismes sur lesquels on va s’appuyer par la suite.

En conséquence de ces pratiques, les abandons auxquels consentent les citoyens  sont extorqués,  et ce que l’on fait au nom de ces abandons est illégitime.

A à la faveur du glissement social provoqué par la peur, il faut dire le mot, la peur, une caste, une classe de gens émerge comme sachant mieux que vous, comme prétendant  vous protéger. Au fond, si les choses en restaient là, il n’y aurait pas grand-chose à dire. La masse préfère le collier et le cou pelé du chien à la liberté sanglante du loup, pourquoi pas? C’est un choix de société qui n’en vaut pas un autre pour tout le monde, mais en vaut certainement autant que d’autres pour la masse. Et en démocratie, c’est la masse qui choisit. Et si elle choisit non seulement d’être trompée, mais en plus d’être serve et d’en jouir,  c’est que c’est son optimum! jump (778) Animated Gif on Giphy

Hélas, comme en toute matière humaine, les choses ne sont jamais noires ou blanches, elles évoluent. Se complexifient, mutent, les contrastes se fondent, les contraires se mélangent, les oppositions font synthèse.  Le réel réapparaît là où on ne l’attend pas. Et puis il n’y aurait pas grand-chose à dire si, même au nom des mensonges, la classe des chefs faisait bien son travail, accomplissait correctement sa mission. Comme ce n’est pas le cas, la masse revient, remet en question son consentement. Soit par les manifestations de rue, soit par l’expression dans les sondages.

Il n’y aurait  pas grand-chose à dire, disons-nous plus haut,  si la classe des dominants, des chefs dont nous parlons ci-dessus était  bien « produite », nous insistons sur « produite », par la situation; dans ce cas, ils seraient les plus légitimes, les plus adaptés, les plus à même de faire ce pourquoi on les a acceptés comme chefs. Bref, il n’y aurait rien à dire si, et seulement si, ils étaient  capables de faire leur preuve, s’ils étaient  bien ce qu’ils prétendent être, des chefs.  Bref, nous disons qu’il n’y aurait  rien à dire si ce petit rien qui est tout, la CONFIANCE était  là. Même si cette confiance a été donnée « les yeux fermés ».

La confiance, cette sorte d’abandon optimiste que l’on fait de soi ou d’une partie de sa vie, est la pierre angulaire, la pierre sur laquelle se constitue le mythe du contrat social. Plus encore que sur les votes ou sur les textes. C’est la confiance qui fait que l’on accepte de déposer les armes, de croire ce que l’on nous dit, d’espérer ce que l’on nous promet. De baisser la tête et de continuer de tirer la charrue.

Mais, dans le cas présent, dans le cas historique présent, la Confiance n’est pas là.  Elle n’est pas là pour compenser, pour effacer le caractère dolosif du consentement obtenu des Français.

  • Les chefs actuels, en France, ont été élus sur des mensonges.
  • Les chefs actuels ont été élus sur des promesses qu’ils savaient ne pouvoir tenir.
  • Les chefs actuels ont raté l’épreuve de réalité.
  • Les chefs actuels ont provoqué la désunion de leurs troupes.
  • Les chefs actuels ne protègent pas des dangers extérieurs, ils se dressent contre leur peuple et le manipulent, pour, au contraire, imposer les volontés de l’étranger, qu’il soit américain, allemand ou émir ou prince. 

Comment faire face au défi terroriste, comment faire face à la nouvelle bataille qui se prépare sur le front financier et bancaire  avec 26% seulement des Français derrière soi et les gens dans  la rue?

BRUNO BERTEZ Le Mardi 5 Novembre 2013

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7 réponses »

  1. Comme disait De Villepin, l’opinion est une salope : elle se retourne très vite… L’impopularité des dirigeants n’est pas nouvelle. Hollande ne fait que la personnifier à l’extrême. Tout les présidents que j’ai connu sont tombés rapidement à des niveaux très bas sans que jusqu’ici cela ne les empêche d’aller au terme de leur mandat. Tout ceci fait partie des figures imposés ; le peuple va voter, choisi par défaut un candidat puis le désavoue dans la seconde face au mur des réalités. Tout ceci fait aussi partie d’un processus mortifère car effectivement quand va venir le temps du pire, de la véritable bataille ( le véritable mensonge étant de systématiquement nous faire croire qu’elle est derrière nous et que nous l’avons gagnée) alors le peuple réalisera que ceci n’est pas un jeux et il risque de se retourner pour de bon contre les traîtres qu’il a lui même choisis.

    • non,les gens sont plus intelligents que cela.hollande essaye de réduire les déficits,ses prédécesseurs s’en moquaient.ce qui les indispose avec hollande,c’est qu’on leur demande de payer toujours plus pour gaspiller toujours plus,et ça commence a se voir…c’est une bonne prise de conscience,bien que tardive.quant a citer de villepin,fallait oser: »la france est une courtisane qui attend qu’on la force »ou toutes ces pseudo pensées en disent long sur le niveau intellectuel de ce petit politicien qui il me semble a été premier ministre meme si personne ne s’en souvient.rappelons les performance du « patriote gaulliste « villepin:bradage des autoroutes a des entreprises privées amies et reconnaissantes.le reste?ben pas grand chose.son boulot aujourd’hui?avocat d’affaires:terme pudique pour qualifier les retours d’ascenseur…..

  2. C’est comme dans un couple il y a l’amour, la confiance et la fidélité mais s’il survient la trahison alors la défiance s’installe, puis vient le temps de la haine !….

    Dans ce cas la raison s’arrête et survient toute la noirceur de nos âmes…

  3. Eux et nous, éloge de la haine.

    Il y a un moment ou, plongés dans le désespoir, confrontés à l’adversité, nous cessons de chercher à comprendre. Comprendre est un luxe. Un luxe que beaucoup de français ne peuvent plus se permettre. Tout simplement, parce que les conditions pour prendre ses distances ; s’élever ne sont plus là, elles ont disparu. L’effort de mise en mots, l’effort de raisonner constituent des luxes auxquels beaucoup de français n’ont plus accès.

    Le tissu social se détruit à une vitesse qui donne la haine au ventre ; nous avons hésité avant d’employer cette formulation. La haine est un mot qu’il ne faut pas galvauder. Mais à la différence des économistes en chambre, à la différence des journalistes qui se font goberger par leurs sources, nous voyageons. Nous allons là ou personne, parmi l’élite ne va. Nous discutons au bistrot du bourg ou du village, nous écoutons. Et ce qui se passe est terrible ; cela va tellement au delà de ce que les gens sont capables de supporter, tellement au delà de ce à quoi ils sont capables de faire face que leur réaction de haine se comprend, et nous osons la partager . Et la diffuser.

    On ne compte pas le nombre de communes qui meurent , par les rond-points-dits-de sécurité mais qui ne sont que ronds-points de pots-de-vin, par les contrôles de gendarmerie à la sortie des quelques établissements qui accueillent encore du public , par le délire des gabelous qui se font un point d’honneur à refuser même les délais de règlement des impôts tant que l’on est encore propriétaire de quelque chose, fut-ce à crédit ; par la fuite des jeunes , la fermeture des derniers artisans , des dernières petites entreprises, du dernier garage, etc.

    C’est la désertification et nous, qui avons connu l’époque glorieuse du Général de Gaulle, puis de Chaban et Jean-François Gravier qui ont lutté contre cette désertification et cette ruine des provinces, nous disons que c’est une honte . Pas d’emploi ; les jeunes préfèrent être chômeurs à la ville ou délinquants, les vieux sont dans des cités mouroirs, avec la disparition totale des commerces de proximité, le maigre patrimoine immobilier n’est plus entretenu faute de moyens, la tristesse, le gâchis. Le gâchis, et en plus les agressions de la classe jacassante, même pas le respect.

    Tout s’accélère depuis quelques mois. Cela est normal, cette France là n’avait plus de réserves, les mesures récentes , même ridiculement modestes, ont raison de ce fragile équilibre ; on bascule .

    C’est le tout ou rien et comme on était près du rien, c’est la chute .Et on voudrait que ce ne soit pas la haine, pas le rejet, le bouc émissaire , pas l’extrémisme ?

    Avec le spectacle répugnant de la télévision, celui de la turpitude des gouvernants, avec celui de la provocation de la soi-disant modernité qui n’est que le spectacle de l’avilissement et du relâchement ?

    De quels droits Taubira se permet-elle de critiquer ces français dont elle ignore tout dans son entretien à Libération Internationalement sexuellement Libéré, de quel droit des Benoit Hamon osent-ils afficher leur mépris de cette partie de la population qui souffre ? Du droit de leur idéologie ? Du droit de leur niveau de vie fastueux escroqué aux tiers -payants ; du droit de leur soumission aux fonctionnaires européens ? Du doit du plus fort ? Voila la réponse, ce ne peut-être que du droit du plus fort.

    Mais ils oublient une chose, les gens sont forts quand ils ont tout perdu et que le malheur les soude. Les gens, les masses sont les plus forts quand ils secouent leur timidité, leur paresse, leur peur du risque et qu’ils s’unissent.

    Comme le dit Benoit Hamon, médiocre provocateur : « Et après, ils vont tout casser ? »

    Pauvres malheureux ! Ces gens n’aiment pas la France, ils méprisent celle qui existe, ce qu’elle est, et ils se croient autorisés à la détruire par leur idéologie et, disons le tout net , par leur veulerie. On ne peut gouverner contre le peuple.

  4. légende amérindienne:
    En l’homme , il y a deux loups qui s’affrontent tout au long de la vie ; un blanc , pacifique, tranquille et un noir , tourmenté, agressif…et sans relâche ils s’affrontent , au cours de cette vie…
    Lequel gagne ?
    Celui que l’on nourri !

  5. Excellent billet, as usual.

    Le moment clé que j’ai noté c’est :
    « Il n’y aurait pas grand-chose à dire, disons-nous plus haut, si la classe des dominants, des chefs dont nous parlons ci-dessus était bien « produite », nous insistons sur « produite », par la situation; dans ce cas, ils seraient les plus légitimes, les plus adaptés, les plus à même de faire ce pourquoi on les a acceptés comme chefs. Bref, il n’y aurait rien à dire si, et seulement si, ils étaient capables de faire leur preuve, s’ils étaient bien ce qu’ils prétendent être, des chefs. Bref, nous disons qu’il n’y aurait rien à dire si ce petit rien qui est tout, la CONFIANCE était là. Même si cette confiance a été donnée « les yeux fermés ». »

    On dit souvent que les crise de régime surviennent suite à des crises économiques, financières graves. En fait c’est le contraire, ce sont des régimes inadaptés aux changements économiques qui ne les comprennent pas et qui n’ont pas le logiciel intellectuel pour les appréhender qui finissent par s’effondrer face au réel et aux aspirations individuelles. Le dernier mot à de l’importance : Le projet de société qui vante une solidarité nécessaire et subie au détriment des réussites individuelles conduit à la ruine parce qu’il instaure des années en arrière une technique de production/réplication des élites qui échappent à tous processus de sélection fondé sur des valeurs positives telles que le mérite, l’effort, l’exemplarité et on pourrait en citer d’autres.

    Happé par un pouvoir qui lui tendait les bras compte tenus des innombrables échec de Sarkozy, Hollande a tout de même jugé bon raconter n’importe quoi durant la campagne. Le résultat c’est qu’il est passé dans les sondages de 60% au second tour à 51.6% le 6 mai. Comment expliquer cette dégringolade avant l’heure tandis que son adversaire menait une compagne chaotique? Comment expliquer la chimère des 75% qu’au bout d’un an et demie de pouvoir il s’efforce toujours de mettre en place alors que jamais les électeurs de Mélenchon ne revoteront plus lui (et pour beaucoup semble-t-il plus Mélenchon non plus…)?

    Mon sentiment c’est qu’Hollande doute de lui, donc de ses capacités. Nous avons donc à notre tête quelqu’un d’incompétent pour le poste et c’est le drame qui se joue face aux français après toutes les péripéties grotesques de ces dernières semaines, quelqu’un qui commence à réaliser qu’il n’est pas à la hauteur.

    Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, mais espérons que la crise de régime qu’Hollande accélère puisse être salvatrice…

    Cdlt

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