Commentaire de Marché

Les Clefs pour Comprendre du Mardi 12 Novembre 2013: Les illusions de la peudo-science économique coutent et couteront encore très cher! Par Bruno Bertez

Les Clefs pour Comprendre du Mardi 12 Novembre 2013: Les illusions de la peudo-science économique coutent et couteront encore très cher! Par Bruno Bertez

Nous aurons l’occasion d’y revenir très souvent, mais il est possible de poser un jalon important dès maintenant . La thèse essentielle de Greenspan dans son ouvrage  » The Map and The Territory » est que :

C’est la faute aux modèles, ils n’intégraient pas l’irrationalité et les animal spirits. Alors que la Fed se reposait entièrement sur eux, et évacuait les jugements humains. On croyait aux images plus qu’aux hommes et au bon sens.

La conclusion de Greenspan est :

il faut progresser dans l’analyse des comportements humains, tenter de les modéliser.

Et il donne des pistes de recherche et de réflexion sur cette modélisation qu’il juge possible.

En attendant dit Greenspan, il faut augmenter de façon très significative les « buffers », les tampons pour absorber les chocs et ces tampons sont constitués par les capitaux propres du système.

Nous laissons de cote l’illusion de Greenspan sur les capitaux propres, il n’a pas compris que c’était une fiction, elle aussi monétaire et bullaire et qu’en dernière analyse, les capitaux propres sont fabriqués, sont produits … à crédit.

Non, ce que nous voulons souligner c’est le fait que Greenspan tombe dans l’illusion anthropomorphique idéaliste, il croit que les modèles sont des propriétés de la réalité, traduisent des lois de la réalité, il croit que les modèles sont des en-soi, , sont « embedded » dans le réel. Et c’est là où il se trompe comme tous les économistes, les PHD américains, les modèles ne sont pas des structures enracinées dans le réel, mais des structures enracinées dans la tête de ceux qui les fabriquent. Ce sont des projections relatives, périssables.

A ce titre un modèle traduit, l’état des connaissance à un moment donné, l’état des mathématiques à un moment donné, l’état des idéologies dominantes à un moment donné, les rapports de forces sociales, économiques et politiques à un moment donné etc etc.

Le modèle est relatif, à moins que quelqu’un ait une intelligence supérieure, ce qui ne s’est jamais vu, pour intégrer dans son modèle, la propre implosion, le propre délitement de ce modèle.

Un modèle par exemple en 2008 incluait la stabilité des comportements des agents économiques et financiers, le maintien du contrôle des Pouvoirs, en particulier celui de la FED, sur ces comportements. Les modèles de cette époque, et ils n’ont pas été révisés, traduisaient, simple description, sans valeur prédictive, le fonctionnement du système dans une période et dans un état donnés. Périodes et état très particuliers pour ne pas dire, privilégiés. Ce qui manquait, c’était l’analyse critique, philosophique du modèle, elle seule aurait permis de comprendre et peut être d’intégrer ses limites.

Les modèles en 2008 incluaient l’impossibilité que le modèle en quelque sorte soit pris en défaut. Un modèle inclut, repose sur des relations. Ceux qui font les modèles croient que ces relations sont des propriétés des choses alors que ces relations sont des moyens de figurer des comportements. Or il se trouve que les comportements sont variables, tout comme sont variables les outils pour le comprendre, les systèmes d’intelligibilité, etc.

Ce qui fondamentalement est en cause dans la crise et donc dans la discussion de Greenspan, il faut y ajouter Bernanke qui est de la même école, c’est le statut des modèles économiques en particulier et du savoir économique en général. La pseudo science économique a des dizaines d’années de retard sur les découvertes des sciences dites de la pensée et du savoir. Elle en est encore au stade de l’imitation des sciences dures, comme la physique.

Pour ceux qui sont intéressés par ces questions, nous renvoyons aux travaux d’Alain BADIOU qui s’est interrogé sur la notion de modèles, le concept de modèle appliqué aux sciences.

EN LIENS:

BRUNO BERTEZ Le Mardi 12 Novembre 2013

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4 réponses »

  1. François Morin est agrégé, puis docteur d’Etat en sciences économiques. Il est professeur émérite de sciences économiques à l’université Toulouse 1.

    Il a été membre du Conseil général de la Banque de France, consultant international auprès de l’Organisation des Nations Unies, censeur de l’Institut régional du développement industriel, membre du Comité national des universités, administrateur d’Aérospatiale, membre du Conseil d’Analyse Economique.

    Le 6 septembre 2006, il avait publié un livre qui annonçait la crise des subprime : « Le nouveau mur de l’argent ; essai sur la finance globalisée ». Mais en septembre 2006, tout le monde s’en foutait. La presse n’en avait pas parlé.

    Sept ans plus tard, le 3 octobre 2013, il publie un livre qui annonce un énorme cataclysme financier : « La grande saignée ; contre le cataclysme financier à venir ».

    Dans ce livre, il écrit que les défauts de paiement des Etats européens vont provoquer la faillite des sociétés d’assurance et la faillite des banques européennes.

    Mais là encore, tout le monde s’en fout.

    François Morin : « Je pense que cette crise sera épouvantable. Elle va tout déstabiliser, avec les conséquences dramatiques que l’on peut imaginer. Il peut en sortir Roosevelt ou Hitler. C’est pour cela que mon dernier livre appelle à lutter «contre le cataclysme financier à venir». Dans cet univers dévasté, la nationalisation des banques sera le seul trait de lumière et permettra d’effacer une grande partie des dettes. Et, entre autres, d’envisager sérieusement le financement à long terme de la transition énergétique. »

    http://www.marianne.net/La-crise-qui-vient-sera-epouvantable_a233567.html

  2. USA : Moody’s baisse la note principale de Goldman, Morgan Stanley, JPMorgan.

    Nous pensons que les régulateurs bancaires américains ont fait des progrès importants dans le fait de poser un cadre crédible pour faire face aux défaillances de grandes banques, a commenté Robert Young, un analyste de Moody’s cité dans le communiqué.

    Plutôt que de se reposer sur des fonds publics pour renflouer l’une de ces institutions, nous nous attendons à ce que les créanciers des holdings bancaires soient appelés à prendre en charge une part beaucoup plus importante du poids de la recapitalisation d’une banque défaillante, ajoute-t-il.

    Toutefois, le fait que les créanciers de holdings bancaires d’ampleur systémique aient désormais peu de chances de recevoir des aides gouvernementales en cas de difficultés augmente leur risque de défaut.

    http://www.romandie.com/news/n/_USA_Moody_s_baisse_la_note_principale_de_Goldman_Morgan_Stanley_JPMorgan65141120132350.asp

  3. @Brunoarf

    Rien à ajouter à ce que dit Moody’s si ce n’est que c’est un tissus d’inepties. Personne ne considère le cadre Dood-Franck comme crédible ou efficace. La question de l’insuffisance des fonds propres n’est pas traitée. Le risque de « run » sur le marché des refinancements de gros, les repos etc n’est pas traité; la question de la réhypothécation est évacuée, la question du risk sur les dérivés est passée à la trappe etc. Ne parlons pas du risque de chute de valeurs des collatéraux boursiers.

    Moody’s comme les deux autres agences fait partie intégrante du problème posé par l’instabilité financière, il ne faut pas s’attendre à quoi que ce soit de sensé ou honnête de leur part.

    Le travail de ces gens est fondé sur l’exclusion du risque majeur, celui de l’arrêt brutal, du grippage du système. En gros, pour ces gens, si cela va bien, il n’y pas de risque. Tant que la Fed a la situation en mains , pas de problème! Or le problème est précisément là: Que se passe t il pour le système bancaire si la banque des banques perd le contrôle? Que se passe t il si les taux échappent aux régulateurs, si les changes s’agitent, si … si..

    Quand au rêve que les créanciers des holdings bancaires puissent supporter une partie des pertes j’appellerais plutôt cela un cauchemar, compte tenu des effets de boule de neige qui en découleraient.

    La vérité est que tant que tout va bien le système bancaire ne court aucun risque, mais qu’en cas de choc, les fissures colmatées se révèleraient au grand jour, l’insolvabilité globale masquée par l’ultra-liquidité ferait sa réapparition.

    Comme le dit de façon erronée Greenspan, les animal spirits se réveilleraient

  4. @Bruno arf . Qui peut sérieusement croire que le too big to fail est abandonné alors qu’il est aujourd’hui incarné par la FED elle même dont le bilan explose ? Ces agences ne sont pas crédibles… je pense que cette dégradation est au mieux un coup de com, au pire un alibi pour dégrader les banques européennes dans pas longtemps…

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