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Taux interbancaire: Nouvelle poussée de stress en Chine

Taux interbancaire: Nouvelle poussée de stress en Chine

Un petit air de déjà-vu. La banque centrale chinoise a annoncé sur son compte de microblog, qu’elle venait de procéder à des opérations d’un genre nouveau afin de réinjecter de la liquidité sur le marché interbancaire. Ni le montant, ni les échéances associées à ces «opérations de liquidité à court terme» n’ont été communiqués par la People’s bank of China (PBOC), qui se contente de parler d’un niveau «approprié».

L’institution a annoncé avoir injecté plus de 300 milliards de yuans (36 milliards d’euros) dans le système financier sur une période de trois jours, à travers « des opérations de liquidités à court terme (SLO) ». Introduites en janvier dernier, ces SLO sont menées sans être rendues publiques, et seules en bénéficient 12 banques au rôle jugé crucial pour l’équilibre du système financier. Les SLO sont destinées à compléter les opérations régulières réalisées deux fois par semaine par la PBOC.

« En ce moment, le système bancaire possède des réserves excédentaires dépassant 1.500 milliards de yuans, un niveau relativement élevé pour cette période (de l’année) », a ajouté la PBOC.

Un geste apprécié par les analystes, qui y voient le signe que Pékin ne veut en aucun cas reproduire ses erreurs du mois de juin dernier. Face à une envolée des taux interbancaires, la PBOC avait alors mis beaucoup de temps à réagir et à rassurer les marchés, dans une attitude où se mêlaient à la fois une volonté de faire passer un message de fermeté et un évident manque de maîtrise de la communication.

La leçon semble avoir été retenue, mais sur le fond, les investisseurs s’inquiètent devant cette nouvelle poussée de stress financière. En témoigne d’ailleurs le fait que les taux interbancaires continuaient d’augmenter.Le taux à sept jours a atteint jeudi, 7,60%, contre 6,30% mercredi. En une semaine, les taux se sont envolés de 328 points de bas.e Après un bref répit lundi matin, où il est descendu à 5,57%, le taux interbancaire de référence à sept jours a rebondi de plus belle et a grimpé jusqu’à 9,8%, un sommet depuis la sévère pénurie de liquidités survenue en juin, et un net bond par rapport au niveau de 8,2% atteint vendredi, selon des chiffres de Dow Jones Newswires. Tandis que la bourse de Shanghai enchaînait son neuvième jour consécutif de baisse – du jamais-vu depuis 19 ans. .

La PBOC se veut sereine, jugeant que ce déséquilibre entre offre et demande de liquidité est temporaire, lié essentiellement aux besoins de financement de fin d’année et aux obligations fiscales auxquelles font face les entreprises.

Les économistes d’ANZ invitent toutefois à la prudence. Ils constatent que ces deux dernières semaines, la PBOC avait elle-même piloté un assèchement du marché. En effet a l’origine de la récente montée de fièvre, un énième coup de vis de la banque centrale: soucieuse d’enrayer l’accroissement persistant du crédit et jugeant suffisante la liquidité disponible, la PBOC a suspendu depuis début décembre ses opérations de marchés régulières visant à injecter de nouvelles liquidités. Ce resserrement a exacerbé la nervosité des établissements bancaires, au moment même où ces derniers s’efforcent de renforcer leurs fonds propres pour satisfaire d’ici à la fin de l’année à leurs obligations réglementaires. Résultat: les taux interbancaires – auxquels les établissements financiers se prêtent quotidiennement de l’argent entre eux -, se sont subitement renchéris ces derniers jours, les banques rechignant à céder des liquidités dans un tel environnement.

«Les banques s’attendaient à ce que la PBOC reprenne ses opérations régulières d’injections de liquidités jeudi matin, ce qu’elle n’a pas fait. En conséquence, il y a une sorte de mouvement de panique», a expliqué Lu Ting, analyste de Bank of American Merrill Lynch.

«Même les plus gros établissements, qui sont d’habitude des prêteurs (sur ce marché interbancaire), ont décidé soit de garder leurs coffres fermés soit ont cherché eux-mêmes à emprunter. Il y a même eu des bruits sur le fait qu’une banque avait échoué à en rembourser une autre mercredi», a-t-il poursuivi.

Ce qui semble signifier que la  PBOC avait sous-estimé les besoins de financement de cette fin décembre. Des besoins qui «indiquent que les banques commerciales chinoises ont de nombreux actifs à refinancer avant la fin de l’année». Un scénario inquiétant: la pratique du roll-over, qui consiste pour une société à rembourser un emprunt au moyen d’un nouveau crédit, serait à la hausse.

La dette chinoise, une valeur en pleine forme

Quel succès! D’après plusieurs médias, la structure de défaisance chinoise baptisée Cinda, créée à l’origine pour débarrasser la banque chinoise China Construction Bank de ses actifs toxiques, serait sur le point de réaliser, à Hongkong, la levée de fonds la plus «populaire» de l’année. Cinda aurait en effet reçu des demandes à hauteur de 65 milliards de dollars, alors que sa levée de fonds ne devrait pas dépasser 2,5 milliards. Investisseurs individuels comme institutionnels semblent se bousculer pour prendre une part du capital de ce groupe qui se diversifie rapidement de son métier d’origine, mais qui reste focalisé malgré tout sur le recyclage de la dette chinoise. Sa vitalité s’explique donc, avant tout, par la hausse de la dette en Chine, et notamment par l’augmentation récente des crédits non performants dans les bilans bancaires.

Cinda réalise une partie importante de ses activités, aujourd’hui, en se chargeant de payer des entreprises victimes de délais de paiement problématiques de la part de certains de leurs clients. Elle le fait à une valeur légèrement inférieure à la valeur faciale de la dette de ce client, puis se charge ensuite de récupérer la somme due, via notamment l’intervention de garants. Et elle réalise son profit grâce au différentiel entre le taux – faible – auquel elle a emprunté auprès d’une banque pour financer l’opération et celui – nettement plus élevé – qu’elle applique auprès du client. Certes, au plan économique, son activité est globalement utile car en payant la dette de départ, elle permet de casser une éventuelle chaîne de propagation des mauvais paiements dans le tissu industriel chinois. Mais à l’évidence, les risques pourraient augmenter si l’endettement chinois devenait trop problématique

La banque centrale ne devrait pas rouvrir pour autant les vannes aux liquidités, estiment les experts, car elle reste désireuse de continuer à restreindre le vif envol du volume des crédits bancaires –  alimenté notamment par la libéralisation en juillet des taux d’emprunts accordés par les banques à leurs clients. Mais l’institution devrait rester sur le qui-vive: «La PBOC a tiré les leçons de ce qui s’est passé en juin, elle va sûrement éviter de jouer encore une fois avec le feu», a tempéré Lu Ting.

En juin, l’intransigeance de Pékin, qui souhaitait endiguer la spéculation et assainir un secteur financier miné par les créances douteuses, avait provoqué un asséchement des liquidités disponibles et une flambée des taux interbancaires. Alors que celle-ci mettait en péril la capacité des banques à se financer et à accorder des prêts —menaçant de ce fait l’activité économique—, la banque centrale avait finalement cédé et accepté «d’ajuster le niveau global des liquidités».

Source AFP Dec13

1 réponse »

  1. Il y a surement eu des sorties d’argent du pays. Ce qui voudrait dire que certaines banques fonctionnent à flux tendu 🙂 🙂

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