Art de la guerre monétaire et économique

La nécessaire introspection des politiciens européens Par Andreas Hofert

La nécessaire introspection des politiciens européens Par Andreas Hofert 

Le vote suisse du 9 février contre l’immigration de masse est aussi une façon de remettre en question l’UE.

«Un coup de tonnerre, un séisme, un jour de deuil!» Les médias suisses et étrangers broyaient du noir après la votation du 9 février, qui a vu une courte majorité de Suisses (50,3%) se prononcer en faveur d’une réduction de l’immigration européenne et de la réintroduction de quotas.

La plupart des experts et des éditorialistes s’interrogeaient avant tout sur l’impact de cette décision sur l’économie suisse et, plus généralement, sur les relations entre la Suisse, l’Union européenne (UE) et le reste du monde. Rares sont ceux à avoir relevé que le résultat de cette consultation pouvait également refléter un malaise qui, malheureusement, s’étend bien au-delà de la Suisse.

S’il est difficile d’évaluer à ce stade comment la votation affectera l’économie suisse, il ne fait guère de doute que cet impact ne sera pas positif. Plusieurs dirigeants européens de haut rang, dont la chancelière Angela Merkel, ont exprimé leur mécontentement. L’UE a souligné que la dénonciation, ou tout au moins la modification unilatérale par la Suisse de l’un des nombreux accords bilatéraux pourrait remettre en cause tous les autres accords. Pour commencer, l’UE a mis un coup d’arrêt aux négociations sur le marché de l’électricité qui, selon Doris Leuthard, la ministre suisse de l’Energie, étaient «achevées à 95%».

Outre les représailles de l’UE qui pourraient ne pas s’arrêter là, l’incertitude à laquelle les entreprises suisses sont confrontées pourrait également avoir un impact très négatif sur l’économie. Sachant qu’il faudra jusqu’à trois ans pour mettre en œuvre la décision du peuple suisse, cela signifie que les entreprises navigueront à vue pendant cette période, tant en matière de planification que d’embauche.

Le vote des Suisses a été analysé sous toutes les coutures durant la semaine dernière. Pour les uns, il est révélateur d’une xénophobie. D’autres y voient le ras-le-bol de «nombreux Suisses qui enragent de voir leur réseau routier et autoroutier saturé, les trains bondés ainsi que les prix de l’immobilier et les loyers crever le plafond». Toutefois, ce genre d’explications me semble simpliste.

Les médias allemands et français (pour ne citer qu’eux) évoquent une raison plus profonde: «Si une consultation similaire avait été réalisée dans notre pays, le résultat aurait été le même qu’en Suisse.» Loin de se distinguer, les Suisses ont juste illustré un malaise ressenti également par un grand nombre d’Européens, qui ne peuvent pas l’exprimer par le biais de la démocratie directe.

Ce malaise est parfaitement résumé par un modèle élaboré il y a quelques années par Dani Rodrik, professeur à Princeton et baptisé «l’impossible trilemme de la mondialisation». D’après ce trilemme, on ne peut pas avoir en même temps, la mondialisation, les Etats nations et la démocratie. Il faut renoncer à l’un de ces trois éléments. Dans le cas de l’Europe, on peut remplacer le terme «mondialisation» par UE.

Alors que la crise de l’euro entrera bientôt dans sa cinquième année, de nombreux Européens ne croient plus vraiment à l’idéal de la construction européenne. Ils voient l’UE comme une sorte de créature qu’ils ne contrôlent plus, ou plutôt qui aurait échappé au contrôle de leurs élus nationaux. Le discours de nombreux politiques européens lorsqu’ils s’adressent à leurs électeurs accentue cette sensation de déficit démocratique au sein de l’UE. Au risque de verser dans la caricature, on peut résumer la situation de la manière suivante: «A chaque fois que quelque chose de bien survient, le mérite m’en revient (à moi, votre élu national); à chaque fois que quelque chose de mal se produit, c’est la faute à Bruxelles.» Et malheureusement, l’Europe est abonnée aux mauvaises nouvelles ces derniers temps.

Entre le 22 et le 25 mai, les électeurs de l’ensemble des pays membres de l’UE éliront un nouveau Parlement européen. D’après les sondages, les partis «traditionnels» de droite comme de gauche pourraient être durement sanctionnés, tandis que les partis anti-européens d’extrême-gauche et d’extrême-droite sortiraient renforcés pratiquement partout. Ils pourraient rafler jusqu’à un quart des sièges au Parlement.

Ignorer cela, tourner en dérision les partis «populistes» et ne pas répondre aux angoisses de nombreux Européens qui ont le sentiment de ne plus avoir la maîtrise de leur propre destin, ne fera que renforcer le vote protestataire. A cet égard, le vote suisse ne se limite pas à claquer la porte au nez de l’Europe.

Il s’agit aussi d’un tir de sommation en direction des hommes politiques européens, qui seraient bien inspirés de veiller à ce que la construction européenne s’inscrive dans un cadre véritablement démocratique.

ANDREAS HÖFERT Chef économiste,UBS Wealth Management mardi, 18.02.2014

http://agefi.com/forum-page-2/detail/artikel/le-vote-suisse-du-9-fevrier-contre-limmigration-de-masse-est-aussi-une-facon-de-remettre-en-question-lue.html?catUID=21&issueUID=525&pageUID=15694&cHash=8bbd8c6b4fc550b4b8813725753773be

En complément: Un 9 février pas forcément mauvais Par Jean-Pierre Béguelin

Chaque vague d’immigration que la Suisse a connue a faussé pendant un ou deux lustres la spécialisation internationale de son économie si bien que freiner quelque peu l’immigration qui a explosé depuis 2003 se révélera peut-être assez sage

Aujourd’hui, nul n’est capable de prévoir les conséquences fondamentales des restrictions aux flux migratoires adoptées à une courte majorité pas les citoyens suisses le 9 février dernier, personne ne connaissant la forme que prendront les quotas – s’il y en a – et les réactions du côté de l’UE. Mais ces suites pourraient très bien ne pas être aussi dramatiques à long terme qu’on l’entend presque toujours. C’est que le mécanisme qui régit la compétitivité et la spécialisation internationale d’une économie est subtil.

Dans son développement, un pays commence le plus souvent par trouver une niche exportatrice qui lui permet d’exploiter sa main-d’œuvre mal qualifiée, en général abondante et, donc, bon marché. Avec le temps, l’emploi grandit de plus en plus dans ce secteur, le réservoir des non-qualifiés se vide petit à petit et les salaires de ces travailleurs se mettent à augmenter. En conséquence, le coût des exportations s’élève sauf si chaque salarié peut produire plus qu’avant. Ce sera le cas si la qualité de la main-d’œuvre s’améliore, mais ce processus est fort lent car il faut souvent une génération pour faire passer une population à un niveau moyen de qualification plus élevée. A plus court terme et plus généralement, ce sera le cas si chaque travailleur peut collaborer avec plus et, accessoirement, de meilleures machines, ce qui se passe quasi automatiquement dans les firmes exportatrices puisque, pour celles-ci, réinvestir leurs profits est la seule politique capable de maintenir leur efficacité face à la hausse généralisée des salaires.

Il n’y a toutefois pas de miracle à la longue. Si les coûts peuvent un temps être contenus grâce à la productivité grandissante du travail, celle des machines décroît plus ou moins parallèlement, limitant les profits et, finalement, la compétitivité internationale du secteur. C’est, par exemple, ce que vécu la première grande industrie exportatrice de la Suisse moderne: la production textile. Reposant à l’origine sur le travail de familles paysannes sous-occupées en hiver, le secteur prospéra dès les années 1820 au point d’offrir un peu plus du tiers – une proportion considérable – des postes de travail dans la jeune Confédération des années 1850. Face à la concurrence des emplois offerts dans le tourisme, qui se développait grâce au chemin de fer, et à la hausse des rémunérations qui s’ensuivit, les industriels de la branche textile vont mécaniser assez rapidement leur production au point d’utiliser quelques 25’000 métiers à tisser mécaniques au début du XXe siècle. Malgré cet usage de plus en plus intense des machines, leur compétitivité s’éroda assez rapidement si bien que dès 1918 la production textile suisse chuta plus ou moins régulièrement au point qu’aujourd’hui seules quelques 10’000 personnes travaillent encore dans ce secteur contre 175’000 il y a un siècle.

Heureusement pour la Suisse – on le sait – d’autres branches prirent le relais. D’abord l’horlogerie dont la plus haute valeur ajoutée permettait d’emblée d’employer une main-d’œuvre mieux formée grâce à l’école obligatoire et à l’apprentissage et dont la productivité s’est fortement accélérée dans l’arc jurassien durant les années 1870-1880 au moment même où l’industrie textile atteignait son apogée. Puis d’autres secteurs se sont mis à accumuler les succès à l’exportation en exploitant une main-d’œuvre de mieux en mieux formée: les techniciens pour les machines-outils, les universitaires de tous poils pour la chimie et la banque. Mais cette amélioration de la formation générale n’a pas suffi à assurer à elle seule le succès international de ces activités, il a fallu l’étayer par un fort engagement en équipement au point qu’actuellement chaque travailleur suisse peut s’appuyer sur Fr. 300’000 francs de machines et autres immobilisations, un des ratios capital/travail parmi les plus élevé dans le monde.

L’immigration, surtout si elle est massive, peut venir troubler cette adaptation progressive des spécialisations. Sauf quand les motifs politiques dominent, un pays «importe» des travailleurs étrangers uniquement si ceux-ci sont relativement moins chers que la main-d’œuvre locale en général mieux qualifiée et mieux rémunérée. Normalement, ceux-ci sont engagés par des producteurs purement intérieurs, typiquement dans la construction comme les maçons pakistanais du Golfe ou la domesticité telle les bonnes philippines. Il peut aussi s’agir de spécialistes étrangers qui manquent complètement au pays – les «expats» dans l’énergie ou, à la rigueur, les footballeurs pros – mais il est intéressant de noter que cette immigration de luxe n’a quasiment jamais entraîné une spécialisation internationale durable, sans doute parce que ces experts sont le plus souvent trop payés vu leur productivité effective.

Quant à elles, les branches exportatrices sont le plus souvent prêtes à embaucher des étrangers pour peu qu’ils aient une qualification suffisante. Ce sont les exportateurs dont les avantages commencent à s’étioler qui le font avec le plus d’enthousiasme vu qu’ils peinent de plus en plus pour trouver au tarif courant des locaux préférant se diriger vers de nouveaux secteurs devenus plus «nobles»; le cas échéant, ils sont même prêts à rémunérer ces immigrés sont au même niveau que les résidents. Ce ballon d’oxygène importé permet alors à ces firmes de survivre un certain temps comme, par exemple, l’industrie textile helvétique qui, tandis que ses profits unitaires reculaient depuis 25 ans, continua de briller jusqu’à la Grande Guerre grâce à l’afflux massif de travailleurs étrangers qui marqua la Belle Époque en Suisse. À la longue, ce recours à la main-d’œuvre importée se révèle le plus souvent contre-productif, les firmes n’étant alors plus incitées à économiser du travail – en Suisse, le nombre de métiers à tisser n’augmenta plus dès 1900 – ou tout simplement à innover comme une horlogerie des années 1960 dopée qu’elle était alors par la vague d’immigration de l’après-guerre.

Or, la force d’une petite économie réside non pas tant à trouver de nouvelles niches à l’exportation qu’à laisser disparaître celles qui ne sont plus adaptées à la structure de sa production comme l’a fait la Suisse avec le chocolat, les voitures et les moteurs de bateaux. Demain ou après-demain, les changements réglementaires et des coûts informatiques débridés condamneront peut-être les activités exportatrices des banques suisses si bien que l’arrivée récente et relativement massive d’employés européens dans cette branche n’aurait fait que retarder ce qui serait, dans ce cas, un redimensionnement nécessaire du secteur. Personne ne le sait, mais l’expérience historique incite à la prudence dans ce domaine car chaque vague d’immigration que la Suisse a connue a faussé pendant un ou deux lustres la spécialisation internationale de son économie et le bien-être de ses résidents. C’est pourquoi freiner quelque peu l’immigration qui a explosé depuis 2003 se révélera peut-être assez sage… Mais le saura-t-on jamais?

SOURCE Le Temps 22/2/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/492131b4-9af8-11e3-9956-3df8fd64a756/Un_9_f�vrier_pas_forc�ment_mauvais

Suisse: l’immigration en hausse

La Suisse a attiré davantage d’étrangers en 2013. Ils étaient 61.570 de plus qu’au début de l’année à fin décembre 2013.

La Suisse a attiré encore davantage d’étranger en 2013. Au 31 décembre, ils étaient 61.570 de plus qu’au début de l’année, a indiqué hier l’Office fédéral des migrations (ODM). En 2012, l’augmentation avait été de 53.000 personnes.

La population étrangère établie en Suisse a augmenté de 3,4% par rapport à 2012, alors que cette croissance se situait les années précédentes à 3%. En tout, plus de 1,886 million d’étrangers résidaient en permanence en Suisse à la fin 2013.

Deux tiers d’entre eux (ou 1,248 million) viennent des Etats membres de l’Union européenne et de l’AELE (association européenne de libre-échange). Le nombre de ressortissants de ces pays a augmenté de 4,5%, soit davantage que les années précédentes, a précisé l’ODM dans sa statistique des étrangers 2013. Le nombre des personnes venant d’Etats tiers a crû de 1,2%. Avec 301.254 ressortissants, les Italiens représentent la communauté étrangère la plus importante en Suisse. Ils sont suivis par les Allemands (293.156), les Portugais (253.769), les Français (110.190) et les Kosovars (95.140).

La communauté de ces derniers a connu la plus fort hausse statistique, devançant les Portugais et les Allemands. En effet, de nombreux ressortissants serbes vivants en Suisse se sont fait enregistrer sous leur nouvelle nationalité depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo, explique l’ODM.

Les étrangers viennent en Suisse principalement dans le cadre d’un travail non contingenté (40,6%), du regroupement familial (32,2%) ou pour se former (10,9%). Les étrangers sans activité lucrative (4,6%) ou les réfugiés reconnus (1,5%) ne forment par comparaison qu’un très petit groupe.

Le nombre de naissances au sein de la population étrangère en Suisse a augmenté de 19.600 en 2012 à 21.400 en 2013. Davantage d’étrangers sont également décédés en Suisse, passant de 5900 à 6500.

Quant au passeport à croix blanche, il a été acquis par autant d’étrangers que l’année passée, soit 34.123 personnes. Les Italiens ont été les plus nombreux à obtenir la nationalité suisse en 2013, avec 4398 ressortissants. Ils sont suivis par les Allemands (3833), les Kosovars (2645) et les Serbes (2560).

Par ailleurs, 155.401 personnes sont venues s’établir en Suisse l’année passée, soit 8% de plus qu’en 2012. Elles ont été également plus de 70.000 à quitter le pays (+6,3%), portant ainsi le solde migratoire de l’année 2013 à plus de 81.000 personnes (+10,6%), selon les chiffres de l’ODM. Cette statistique ne prend pas en compte les personnes séjournant en Suisse moins de 12 mois, les requérants d’asile ainsi que les personnes provisoirement admises. –

vendredi, 21.02.2014 (ats)

2 réponses »

  1. Vu le nombre d’Internautes Suisses
    qui sont scandalisés par ce chiffre:50,3%
    ils dénoncent une manipulation
    Réduction de la population étrangère:
    « presque tous les Suisses ont voté ainsi…et pas 50,3% »

    Vote électronique en France:Attendons nous au pire!
    Rappel:Vote Electronique
    L’Ordinateur est aux USA
    Combien de Français le savent?
    « Les Français:des moutons?..NON
    Les INFOS « SENSIBLES » sont ZAPPEES
    Si Internet n’informe pas:QUI LE FERA?

    • Laurent Louis a vu son meeting de Bruxelles hier CENSURE
      son invité était Pierre Hillard
      Manipulation version Belge
      visible sur Facebook,sur BlueMan,Conxientia etc
      Le peuple Belge est-il encore chez lui?
      INTERNET………….:L’INFORMATION

      Au » Blog A LUPUS »
      La table est toujours mise:)

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