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Mister Market and Doctor Conjoncture du Dimanche 30 Mars 2014: Argent, banques parasites et Europe Par Bruno Bertez

Mister Market and Doctor Conjoncture du Dimanche 30 Mars 2014:  Argent, banques parasites et Europe Par Bruno Bertez

George Soros vient d’écrire «The Tragedy of the Europenne Union». Dommage qu’il n y a pas un seul dirigeant européen capable de penser cela.

 George Soros, dit-on, a gagné 4 milliards au cours de l’année 2013. Certains pensent que cela le disqualifie pour s’exprimer sur l’argent, les banques, les gouvernements et, bien sûr, sur le Système. L’idée étant que l’on ne peut dire de choses intéressantes et importantes sur un système dont on profite.

Fidèle à notre cadre analytique qui consiste à ne pas nous aveugler par les personnes qui crèvent les yeux, nous disons que c’est une erreur. Soros n’est pas disqualifié parce qu’il est milliardaire, au contraire, il se qualifie pour parler de ce dont il est capable de tirer profit. C’est parce que Soros comprend le Système, qu’il est en mesure de faire des prévisions justes, prévisions que le sens commun appelle des spéculations, sans se rendre compte que chacun spécule à chaque instant, dans son coin. Soros accomplit une fonction et, s’il n’existait pas, quelqu’un d’autre l’accomplirait, ou un autre processus se mettrait en place, processus qui aboutirait à la même chose que ce que fait Soros.

Et puis, qu’est-ce que 4 milliards de plus ou de moins dans un système qui regorge de 100 trillions de dettes visibles et de centaines de trillions de dettes, promesses non visibles comme les promesses sociales. Soros est un tenant-lieu, un gestionnaire du système, même quand il le dénonce, voilà ce qu’il faut comprendre.

En Bourse, on dit «faire et défaire, c’est toujours travailler», en symbolique systémique, on peut dire promouvoir et critiquer, c’est toujours entretenir le Système. Tout système ne survit que de sa dénonciation, nous le répétons. Ce qui gouverne, c’est l’inconscient du système et les hommes qui sont aux points nodaux de ce système ne sont que les gestionnaires, plus ou moins doués, plus ou moins aimés. Il n’y a pas de différence entre Soros, critique du système bancaire parasite, et Blankfein de Goldman Sachs, son chef de file emblématique. Eh oui, il en faut, il faut que toutes les cases soient remplies, occupées. Celui qui gagne au casino, c’est celui qui organise le jeu, «The House» comme on dit. Celui qui gagne dans le système, c’est l’inconscient du système, qui fait fonction de «The House» dans l’exemple, l’exemple du casino. Celui qui gagne, c’est toujours celui qui dessine le terrain sur lequel se déroulent les combats.

En passant, à propos de richesse, nous pensons souvent à ce que nous a dit le représentant d’une fortune historique et symbolique dont le patronyme est passé dans le langage commun, quand nous étions tout jeune et que nous avions «l’honneur» de gérer une toute petite partie de sa fortune: «Monsieur Bertez, ce qui compte, ce n’est pas la fortune, mais ce que l’on en fait». Cela nous a guidés tout au long de notre carrière et nous avons toujours attaché plus d’importance à ce que les gens faisaient de leur fortune, à leurs dépenses et à leurs emplois, qu’à leur fortune globale. Une fortune qui est oisive, sous forme de tableaux de grands maîtres par exemple, n’a pas la même incidence systémique qu’une fortune dépensée comme dans la fable des abeilles ou une fortune investie dans les mines de nickel.

Tout ceci pour dire que Soros n’est pas disqualifié quand il parle de finance, de banque et encore moins de l’Europe. Par ailleurs, tout en étant keynésien comme un vrai klepto, Soros est un philosophe qui s’efforce de faire le bien en diffusant et mettant en application les idées de Karl Popper, sur les sociétés ouvertes. Et cela mérite le respect.

Donc, Soros vient de publier un ouvrage dont le titre est The Tragedy of The Europeen Union.

A lire ce livre, nous nous sommes dit, qu’est-ce que ce serait bien si, à la tête d’un gouvernement européen, il y avait une seule personne capable de penser comme cela. Et nous avons eu honte d’être représenté par ces zozos minables que, pour une fois, nous ne nommerons pas.

Car Soros sait de quoi il parle, c’est un praticien. Praticien de la finance, de la monnaie, des marchés, de l’économie, du Pouvoir. Car Soros côtoie, sans malheureusement les conseiller, les Maîtres du monde, il en est un, à sa façon.

C’est une question que l’on peut se poser d’ailleurs, comment se fait-il qu’il excelle à manipuler les signes qui sont cotés, transactés, sur les marchés et comment se fait-il que son influence concrète, réelle, soit aussi faible, même si elle n’est pas négligeable. Notre réponse est qu’il lui manque une dimension, il n’a pas compris que le «sang est plus épais que l’eau», que l’esprit et l’intelligence ne réalisaient pas le bien par eux-mêmes, il faut que la volonté s’incarne, se matérialise. Le vrai ne s’impose pas de lui-même, il faut qu’un groupe social en soit porteur et que ce groupe s’impose. Ce n’est pas demain la veille. C’est tout le débat entre l’idéalisme et le matérialisme. Au fond, Soros échoue parce qu’il est idéaliste, parce que, précisément, il excelle dans le signe, dans l’abstraction, il a une théorie de la valeur et des marchés qui prend le contre-pied du consensus, il joue les failles du consensus et ceci produit de l’argent, mais pas du changement social.

Voici ce qui est essentiel, selon nous, dans le livre de Soros:

—l Le secteur bancaire est un secteur parasite, c’est lui qui est responsable de l’absence de retour à la croissance, c’est lui qui l’empêche. Le secteur bancaire se comporte comme un parasite de l’économie réelle.

—l Le secteur bancaire a réussi à écrémer les profits de l’économie réelle, sa part dans les profits a réussi à atteindre les 35% des profits globaux dans les pays anglo-saxons. C’est insensé.

—l Le secteur bancaire, grâce à ses relations incestueuses avec les gouvernements et les soi-disant régulateurs, a fait en sorte que quasi rien ne change de ce qui avait conduit à la catastrophe de 2008.

—l En raison des relations incestueuses entre les gouvernements, les administrations et les banques, rien n’a été fait pour remédier au leverage excessif des banques, en particulier en France. Les capitaux propres des banques sont ridiculement faibles et, à ce titre, elles sont très vulnérables. La question du «too big to fail» n’a pas été résolue.

—l La situation française est scandaleuse en raison des relations qui existent entre les inspecteurs des finances qui constituent l’autorité d’Etat et les inspecteurs des finances qui pantouflent à la tête des grandes banques privées.

—l Un problème semblable de connivence existe en Allemagne dans les banques des Länder et, en Espagne, il y a complicité avec les politiciens.

—l La Banking Union est une farce, il n’y a pas d’union bancaire et, de toutes façons, ce n’est pas la solution.

—l Contrairement aux apparences, l’Allemagne est le point faible de l’Europe, car ce qui a réussi dans le passé pour l’Allemagne n’est pas ce qui peut réussir à l’avenir pour elle et pour l’Europe. Blâmer les pays débiteurs, considérer qu’ils sont coupables au sens moral, comme le font les Allemands, est une grave erreur, même si cela semble au premier abord naturel et de bon sens.

—l La probabilité pour que l’Allemagne sorte de la zone euro est loin d’être faible, la perspective en est réelle. Cela aurait des implications terribles, la monnaie allemande crèverait tous les «toits», et la monnaie des autres pays crèverait tous les «planchers».

D’une façon très générale, nous dirons que la lecture du livre de Soros nous confirme dans notre sentiment: la crise, la vraie, pas sa musique, mais ses paroles, n’a pas en-core commencé. On a vécu l’air de la crise, pas son ère.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 30 Mars 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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3 réponses »

  1. la visite de xi me semble éclairante sur la nouvelle conjoncture au dessous de l’illusion financiére qui repose en définitive sur l’illusion de la puissance US .
    Et nous montre un Hollande moins mou qu’il n’ y parait .
    Comparons les résultats en terme de contrats Chinois d’un coté 18 milliards sur des engagements à long terme (aéorautique , nucléaire par ex ) pour la France , de l’autre 2 pauvres milliards à l’initiative de Daimler et Volkswagen , mais un accord sur le yuan qui fait virer la bundesbank .
    Mais il y a plus , quoique symbolique , cette carte offerte par Angela à Xi .
    A premiére vue c’est flatteur pour Xi , une Chine étendue au Khazastan , Mongolie , Sakhaline , Sibérie orientale .(mais aussi Taiwan et quelques iles fort éloignées de la cote ) . Le message explicite c’est au dépend de la Russie , l’implicite est que c’est une Chine divisée comme elle l’a été quasi réguliérement au cours de l’histoire et presque à part égale avec son unité .
    Et dans cette Chine divisée la région dominante , trés active en commerce de l’ouest c’est le …Thibet (couplée au Setchuan il est vrai ) . Deux provinces que Xi n’aime pas . En plus le maillon manquant dans cette longue route de la Soie c’est celui en dessous de Stalingrad entre l’Ukhraine et le Khazakstan , et là pas de chance il est Russe !
    Xi répond donc qu’il ne s’ingére pas dans les affaires des autres . Et plouf …!
    Stalingrad çà leur laisse un souvenir aux Allemands , les Us feront t il le travail à leur place dans ce ‘drang nach osten’ , je crains que non !
    Certes le bouclier anti missiles, quoique inéfficace contre les missiles l’est par contre envers les satellites , ce qui est son but ; mais les Russes peuvent en faire tout autant de leur coté et les Chinois ont montré qu’ils savaient le faire aussi .
    Donc militairement c’est null mais trés bon pour le bussiness US .
    En conclusion notre président mou à retourné la situation , mais ce n’est peut étre pas de sa faute , parce que nous des sattelites on en a , avec des fusées et qu’il n’ y est pour rien .

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