Brèves de Trottoirs

Mister Market and Doctor Conjoncture du Dimanche 13 Avril 2014: La vérité sur l’emploi américain : toujours catastrophique! Par Bruno Bertez

Mister Market and Doctor Conjoncture du Dimanche 13 Avril 2014:  La vérité sur l’emploi américain : toujours catastrophique! Par Bruno Bertez

La démarche du personnel politique et des médias  s’attache essentiellement aux apparences économiques.  C’est l’époque qui veut cela. Une époque qui a escamoté le réel et vit dans le déni. Le règne de la communication est ainsi fait que, quand on  a réussi à agiter quelques signes, quelques représentations, alors on croit qu’on a gagné. Ainsi, on se gargarise sur les 192.000 emplois soi-disant créés le mois dernier.

Nous avons déjà développé cette idée, à savoir que les phénomènes économiques étaient, sur le moyen et long terme, mus par la réalité et non pas par les perceptions. Les perceptions, cela joue sur le court terme, sur les réactions superficielles des différents marchés, mais, sur la durée, les perceptions ne peuvent s’écarter longtemps des évolutions réelles.

Ainsi, pour la hausse des prix, les politiciens et les économistes à leur solde sont contents de triturer les indices afin de faire ressortir une inflation affichée inférieure aux hausses de prix réelles. Hélas, cela trompe son monde, on le voit dans les sondages, mais cela ne trompe pas l’économie profonde.

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Une inflation soi-disant maitrisée, mais qui s’accompagne de dérapages au niveau de l’alimentation, des loyers, des soins de santé, des frais d’éducation des enfants, des assurances, des prix dirigés en général, pénalise fortement le pouvoir d’achat. Les gens le voient et la ressentent dans leur porte-monnaie, même si les journaux et les télés disent le contraire. L’inflation apparente joue sur les perceptions, l’inflation réelle joue sur le pouvoir d’achat et le niveau de vie. Jouant sur le niveau de vie, elle joue sur la demande qui est adressée aux entreprises et,  par conséquent, elle pèse sur le niveau de l’emploi. Sauf, bien entendu, à compenser l’insuffisance de pouvoir d’achat par le recours au crédit. Et c’est pour cela que l’augmentation du volume de crédit accordé aux consommateurs est une variable centrale. L’augmentation du crédit mesure le gap, le trou de pouvoir d’achat, qu’il est nécessaire de combler pour faire tourner la machine économique. Les économistes se réjouissent de la forte progression du crédit aux Etats-Unis, quelque chose comme 16 milliards, si nos souvenirs sont bons pour le dernier mois connu. Ils présentent cela comme un facteur positif. En réalité, c’est une nouvelle catastrophe en attente d’arriver, elle reproduit les déséquilibres qui sont à l’origine de la crise de 2008/2009. Ce que l’on salue comme un bien, est en réalité quelque chose qu’il faut déplorer. Cela atteste du fait que la reprise économique est très déséquilibrée et qu’elle n’est, dans une perspective de moyen terme, absolument pas tenable. La reprise sera tout, sauf auto-entretenue.

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Nous avons commencé par analyser le phénomène de la hausse des prix. Pourquoi ? Parce que c’est quelque chose de concret. Chacun constate dans sa vie de tous les jours l’écart qu’il y a entre les mesures statistiques officielles et ce qui reste dans son porte-monnaie ou sur son compte bancaire à la fin du mois. Les chiffres mentent, mais ce qui reste dans le porte-monnaie, après avoir assuré les dépenses essentielles, ne ment pas.

S’agissant de l’emploi, les choses sont un peu plus compliquées. Vous touchez du doigt vos dépenses et l’inflation réelle, mais vous ne touchez pas du doigt le chômage et le sous-emploi, sauf si vous avez un chômeur dans votre famille. Disons que la notion d’emploi et de chômage est un peu plus abstraite. Et c’est pour cela que, normalement, le rôle des médias des syndicats et des partis politiques est important. C’est en effet à ces intermédiaires de la démocratie qu’il appartient d’éclairer ces abstractions un peu complexes.

Prenons les chiffres de l’emploi américain, ils ont l’avantage d’être disponibles et très clairs. Les statistiques sont détaillées. Mois après mois, depuis le début de la reprise en 2009, vous êtes abreuvés de créations d’emplois. Chaque mois n’est pas un cri de victoire, mais presque. La manipulation des pouvoirs et des médias touche à son comble.  Grâce à cette manipulation, et cela a été la même chose avec encore plus de cynisme en France, vous en arrivez à croire qu’il y a arrêt de la dégradation, voire amélioration.

Or, il se trouve que les chiffres officiels américains sont sans équivoque. Non seulement il n’y a pas eu de créations d’emplois depuis le début de la récession qui s’est terminée en 2009, mais il y a eu destructions. En décembre 2007, il y avait 138,4 millions d’emplois aux Etats-Unis. Si l’on en croit les chiffres toujours officiels du mois dernier, et calculé selon la même méthode, il n’y avait que 137,9 millions d’emplois aux Etats-Unis, soit 500.000 emplois de moins. Il faut un peu de mémoire et un peu de dossiers pour comprendre l’économie ! Ainsi depuis 75 mois, on claironne le succès alors que l’emploi total a baissé de 500.000 postes, alors que l’on a opéré 3,5 trillions d’achats de titres à long terme par le biais du bilan de la Fed. Cela, c’est du réel, cela, c’est de l’officiel. Il suffit de triturer les chiffres au-delà des titres des journaux.

En résumé, pour 3,5 trillions de LSAP, ce que l’on appelle improprement du money printing, on a tout au plus réussi à retrouver le niveau d’emploi de décembre 2007, niveau amputé de 500.000 jobs.

Mais il y a plus, et nous nous excusons si c’est un peu plus compliqué. Sur les emplois qui ont été soi-disant créés entre 2007 et 2014, près de la moitié sont ce que l’on appelle des petits jobs, c’est-à-dire des jobs qui ne produisent que des salaires médiocres. Mettons que le salaire normal d’une personne qualifiée aux Etats-Unis soit de 40.000$ par an, alors, les salaires procurés par les petits jobs sont autour des 20.000$. C’est-à-dire près de la moitié. Il y a une déqualification considérable, il y a une perte de qualité et une augmentation du taux d’exploitation de la main d’œuvre. Sans compter l’accroissement de la précarité. Ces petits jobs, on les retrouve dans le tourisme, la restauration,  les loisirs, la santé,  les services à domicile, les barmen, les salons d’onglerie, les cordonneries, les vendeurs à la sauvette, etc. Ce sont des jobs occupés par une sorte de nouveau prolétariat. La presse qui n’est pas aux ordres aux Etats-Unis appelle cela les petits jobs de survie. Et sur les 7 millions d’emplois soi-disant créés aux Etats-Unis depuis décembre 2007, il y en a en 3,4 millions qui sont de petits emplois de survie. La soi-disant renaissance du marché de l’emploi est une escroquerie politique.

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L’autre caractéristique de l’évolution de l’emploi américain est la très forte augmentation des emplois à temps partiel. Alors que l’emploi total depuis 2007 a baissé, l’emploi à temps partiel, qui est une partie de cet emploi, a progressé de 900.000 en chiffres ronds. C’est-à-dire que la composante précaire s’est fortement accentuée. Comme le dit un observateur, ce sont des emplois Disney. Il est évident que, non seulement ces emplois ne procurent pas de quoi vivre décemment par le nombre d’heures insuffisant, mais en plus, ils sont payés au minimum, archi-minimum possible.

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Comment voulez-vous, avec une évolution de l’emploi réel aussi catastrophique, et un effondrement du pouvoir d’achat réel aussi net, espérer une reprise auto-entretenue ?

A tout ceci, s’ajoute, mais nous n’avons plus les chiffres en tête, l’érosion des salaires réels globaux que l’on enregistre depuis plus de 10 ans. Baisse du pouvoir d’achat des salaires, régression de l’emploi global, chute du nombre d’heures travaillées, glissement des taux horaires,  tout cela fait que l’économie ne peut pas tourner normalement, faute de revenus suffisants. 

Tout cela explique les 50 millions de de food stamps/soupes populaires, tout cela explique que près d’un Américain sur deux voit son pouvoir d’achat salarial complété par des transferts de l’Etat, tout cela explique que l’accroissement du recours au crédit est vital.

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Le tout pour 3,5 trillions de dollars. Au prix d’un accroissement considérable de la fortune des 0,1% kleptocrates, au prix de la ruine des petits épargnants auxquels on a supprimé la rémunération des placements sans risque, au prix de la multiplication des contrôles et règlementations, de la surveillance et des pertes de libertés. Et il faut ajouter, au prix d’une fragilisation extrême du système, fragilisation qui se manifestera  lors du prochain accès de crise.

Chart: Securities held by the Fed approach $4 trillion –

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BRUNO BERTEZ Le Dimanche 13 Avril 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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COLLAPSE UPDATE

FRANCE:. Carte secrète des 12 régions…Agence pour la création d’entreprises menacée de faillite

http://www.challenges.fr/economie/20140411.CHA2681/regions-la-carte-secrete-du-gouvernement.html

http://www.challenges.fr/economie/20140411.CHA2700/l-agence-pour-la-creation-d-entreprises-menacee-de-faillite.html

FRANCE:. Dette des hôpitaux a triplé en 10 ans. Moins de dépenses de santé (déremboursement?)…déficit 3%?….entre 3500 à 14600 licenciements chez VEOLIA?

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2014/04/11/20002-20140411ARTFIG00421-la-dette-des-hopitaux-a-triple-en-dix-ans.php

http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN0CX0AM20140411

http://www.capital.fr/a-la-une/actualites/les-depenses-de-sante-inferieures-de-1-4-milliard-aux-previsions-924720

http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/france-questions-autour-du-maintien-de-l-objectif-de-3-964580.php

http://www.ladepeche.fr/article/2014/04/11/1861420-carcassonne-veolia-eau-non-aux-licenciements-boursiers.html

FRANCE:…promesse des 3%…promesse du pacte…promesse de l’IS…fiction de l’europe en déclin…G20 de la dérégulation

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140411trib000824850/deficit-paris-aurait-il-deja-plie-face-a-bruxelles-.html

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140411trib000824946/valls-menace-de-blocages-par-les-syndicats-presse-d-agir-par-le-patronat.html

http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20140411trib000824964/impot-sur-les-societes-valls-accelere.html

http://www.latribune.fr/blogs/la-tribune-des-europeennes/20140410trib000824640/trois-destins-possibles-pour-l-europe-l-effondrement-ou-le-krach-italien-13.html

http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0203439623538-le-g20-s-apprete-a-prendre-des-mesures-impopulaires-664210.php

FRANCE:…loyers augmentent malgré la nouvelle loi ALUR…fonctionnaires épargnent pour leur retraite…championne des médicaments

http://argent.boursier.com/immobilier/actualites/les-loyers-vont-augmenter-de-maniere-plus-moderee-1450.html

http://argent.boursier.com/epargne/actualites/les-fonctionnaires-epargnent-eux-aussi-de-plus-en-plus-pour-la-retraite-1446.html

http://www.boursier.com/actualites/economie/les-francais-champions-europeens-de-la-consommation-de-medicaments-23644.html

EUROPE:…5300 agences bancaires fermées en 2013

http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL6N0N33GT20140411

GRECE:…toujours dans l’impasse

http://www.lecho.be/actualite/economie_politique_europe/Juncker_le_retour_de_la_Grece_sur_les_marches_n_ameliore_pas_les_conditions_de_vie.9489506-3500.art?ckc=1

USA:. Bulle pire que 2007…Russie vend ses dollars…

http://www.zerohedge.com/news/2014-04-11/bis-ex-chief-economist-i-see-speculative-bubbles-2007

http://www.wnd.com/2014/04/stocks-dive-as-russia-abandons-u-s-dollar/

JAPON:. Adieu le zéro nucléaire

http://www.bfmtv.com/international/japon-enterre-zero-nucleaire-lapres-fukushima-753451.html

4 réponses »

  1. Chômage : chiffres Eurostat de février 2014 :

    Grèce : 27,5 % de chômage.
    Chez les jeunes de moins de 25 ans : 58,3 % de chômage.

    Espagne : 25,6 %.
    Chez les jeunes : 53,6 %.

    Croatie : 17,6 %.
    Chez les jeunes : 48,8 %.

    Chypre : 16,7 %.
    Chez les jeunes : 40,5 %.

    Portugal : 15,3 %.
    Chez les jeunes : 35 %.

    Slovaquie : 13,9 %.
    Chez les jeunes : 32,3 %.

    Bulgarie : 13,1 %.
    Chez les jeunes : 28,4 %.

    Italie : 13 %.
    Chez les jeunes : 42,3 %.

    Irlande : 11,9 %.
    Chez les jeunes : 26 %.

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