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Comment on atterrit sur la liste américaine des terroristes

Comment on atterrit sur la liste américaine des terroristes

Il suffit d’avoir «des soupçons raisonnables» pour inscrire une personne sur la liste noire des terroristes connus ou suspectés. Et celle-ci peut y rester jusqu’après sa mort: le journaliste Glenn Greenwald, qui avait publié les fuites d’Edward Snowden, dénonce maintenant les règles américaines qui ont amené 463 834 noms dans les bases de données de surveillance

Américains et étrangers sont inscrits secrètement sur la liste noire américaine du terrorisme sur de simples «soupçons raisonnables» qu’il n’est pas nécessaire d’étayer, et peuvent y rester au-delà de leur mort, selon un document du gouvernement publié mercredi.

Ce texte non classifié de 166 pages, rédigé par le Centre national du contre-terrorisme (NCTC) etrendu public par le site internet The Intercept, dissèque les instructions que les différentes autorités américaines doivent suivre pour inscrire quelqu’un dans les principales bases de données de surveillance terroriste.

Au fil des cinq chapitres du «Guide des listes de surveillance», dressé en mars 2013 en collaboration avec les 19 agences militaires et judiciaires du renseignement, on apprend que «les preuves irréfutables et les faits concrets ne sont pas nécessaires» pour avoir «des soupçons raisonnables» de l’implication terroriste d’un individu et qu’il suffit d’avoir des «renseignements ou des informations que l’on peut verbaliser».

Fustigeant le jargon du document, The Intercept y voit un élargissement de l’autorité du gouvernement à «nommer» des suspects de terrorisme sur la base de «vagues informations fragmentaires».

Le site, cofondé par le journaliste Glenn Greenwald, qui avait dévoilé les fuites de l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden, souligne que le «guide» permet même aux morts de figurer parmi les quelque 464 000 noms listés.

Le NCTC craint en effet que l’identité des morts ou leurs documents de voyage ne soient réutilisés «de manière frauduleuse, une tactique terroriste éprouvée», a expliqué à l’AFP un porte-parole de l’Agence gouvernementale.

Il a souligné que les listes de surveillance continuaient à «mûrir pour s’adapter à une menace diffuse en constante évolution» et qu’elles avaient notamment été révisées après la tentative d’attentat du Nigérian Umar Farouk Abdulmutallab, qui voulait faire détoner un explosif dissimulé dans ses sous-vêtements à bord d’un avion à Noël 2009.

«No Fly List»

La liste des «terroristes connus ou suspects», identifiés sous le sigle KST pour «Known or Suspected Terrorists», comprenait 16 noms avant le 11 septembre 2001. Elle en comptait 463 834 en 2013 (après un taux d’élimination de 1%), répartis sur différentes bases de données, dont la fameuse «No Fly List», qui interdit à ses membres de prendre des vols au départ ou à destination des Etats-Unis.

«Au lieu de limiter sa surveillance aux réels terroristes connus, le gouvernement a bâti un vaste système fondé sur le postulat supposé et imparfait que l’on peut prédire qu’une personne va commettre un acte terroriste à l’avenir», a dénoncé Hina Shamsi, une responsable de la puissante Union américaine de défense des libertés (ACLU).

«Selon cette théorie dangereuse, le gouvernement accuse secrètement» des gens de terrorisme sans leur donner la possibilité de se défendre «d’une menace qu’ils n’ont pas mise à exécution», a-t-elle ajouté, estimant que les critères utilisés par le gouvernement «n’auraient jamais dû rester secrets».

Le NCTC s’est défendu de surveiller des individus «sur la seule base de leurs activités protégées par le premier amendement de la Constitution», comme la race ou la religion. Son porte-parole a ajouté que des «critères renforcés» étaient utilisés pour la «No Fly List».

Les réseaux sociaux mis à contribution

D’après le document cité par The Intercept, les agents du gouvernement utilisent des éléments «non prouvés» collectés sur Facebook ou Twitter, réunissent des prescriptions médicales, des cartes de supermarché ou des amendes pour excès de vitesse, et récupèrent des informations sur votre chien, votre assurance santé, votre matériel de plongée ou encore ce que contiennent vos poches.

Mais «la politique du gouvernement américain est de ne jamais confirmer ni démentir qu’un individu est sur une liste de surveillance», précise le document. Quand un Américain figure sur la «No Fly List», il ne doit jamais en être informé.

Et si l’on y entre sur de simples «soupçons raisonnables», «la difficulté d’être radié de la liste est soulignée» dans le document par un passage précisant que l’on peut rester ou entrer sur la liste noire, même après avoir été acquitté de terrorisme.

PAR AFP 24/7/2014

«The Intercept», le site né des révélations sur la NSA

PAR MEHDI ATMANI/ Le Temps 11/2/2014

«The Intercept», le site né des révélations sur la NSA Les journalistes à l’origine du scandale des écoutes de la National Security Agency lancent un magazine d’investigation

Glenn Greenwald l’avait promis, il l’a fait. Le journaliste à l’origine du scandale sur la surveillance orchestrée par la NSA a inauguré lundi The Intercept, le magazine d’investigation exclusivement numérique dont les enquêtes se basent sur les documents fournis par Edward Snowden. Il s’agit de la première publication de First Look Media, la plateforme journalistique dont on doit la création, et le financement, à Pierre Omidyar. Le milliardaire franco-américain de 46 ans n’est autre que le fondateur d’eBay.

Défense des libertés

The Intercept poursuit deux missions. A court terme, le magazine se veut l’entonnoir à la publication d’enquêtes documentant la surveillance par les Etats-Unis. Celles-ci se basent sur les documents fournis par Edward Snowden, l’ex-informaticien de la NSA. A plus long terme, The Intercept ambitionne de se muer en un média généraliste dédié à la pratique d’un journalisme d’investigation indépendant pour traiter un large spectre de sujets: abus, corruption financière et politique, ou violation des libertés civiles.

Dans son communiqué, Glenn Greenwald s’explique: «The Intercept vise à la défense de la liberté de la presse en dénonçant tous ceux qui voudraient l’enfreindre. Nous sommes déterminés à poursuivre en toute transparence une forme de journalisme essentiel à l’intérêt public.»

Cette aventure journalistique compte déjà un casting de rêve. Glenn Greenwald – ex-journaliste auGuardian – s’est entouré de Laura Poitras (Der Spiegel) et de Jeremy Scahill (The Nation). Deux fins limiers de l’investigation qui ont aussi joué le rôle de catalyseur dans les révélations sur la NSA. Sept autres journalistes de renom ont rejoint le trio au sein de The Intercept. Ils sont issus des prestigieuses rédactions du Washington Post, du New York Times, du Huffington Post, du Guardian, mais aussi du Financial Time. L’équipe compte aussi les services d’un cryptographe, d’un expert en sécurité informatique et d’un avocat. Et pour cause.

«Au cours des sept derniers mois, ajoute Glenn Greenwald, les journalistes qui ont enquêté sur la NSA ont tous – à plusieurs reprises – fait l’objet de menaces de la part de membres du gouvernement américain. Parfois, cette campagne d’intimidation a été au-delà du simple avertissement. Ces tentatives se sont intensifiées ces dernières semaines pour devenir plus concertées et coordonnées.»

The Intercept compte déjà deux contributions. L’une documente l’usage de drones par la NSA pour cibler des assassinats dans le monde entier. L’autre dévoile le visage du futur super-centre de l’agence de renseignement dans l’Utah.

4 réponses »

  1. A la STASI …. dans les GRANDES (sic) années de l’Allemagne de l’est
    c’était AUSSI comme ça !

    Je réitère cette phrase incontournable de saint Augustin :

    ON DEVIENT CE QUE L’ON COMBAT !

    Un AUTRE MUR alors ?

    D’une autre manière mais tout aussi opaque et infranchissable on dirait bien ?

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