Cela se passe près de chez vous

Une nouvelle avancée des djihadistes provoque un exode de chrétiens et de Yézidis dans le nord de l’Irak

Une nouvelle avancée des djihadistes provoque un exode de chrétiens et de Yézidis dans le nord de l’Irak

EN LIEN: Bientôt l’enfer! Par James Howard Kunstler

Permalien de l'image intégréePermalien de l'image intégréePermalien de l'image intégrée

Une avancée des djihadistes provoque un exode de chrétiens et de Yézidis dans le nord de l’Irak Des djihadistes se sont emparés jeudi de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir et le clergé chaldéen à appeler la communauté internationale à l’aide. Par ailleurs, plusieurs centaines de Yézidis d’Irak se sont réfugiés en Turquie, a indiqué jeudi une source officielle turque

Les combattants de l’Etat islamique (EI) ont pris position dans la nuit, après le retrait des forces kurdes, ont expliqué des habitants de cette ville entièrement chrétienne.

Selon le patriarche chaldéen Louis Sako, 100 000 chrétiens ont été poussés sur les routes «avec rien d’autre que leurs vêtements sur eux».

«C’est un désastre humanitaire. Les églises sont occupées [par les jihadistes], leurs croix ont été enlevées», a-t-il dit à l’AFP. Plus de 1500 manuscrits sont également partis en fumée.

«Aujourd’hui, nous lançons un appel avec beaucoup de douleur et de tristesse, au conseil de sécurité de l’ONU, à l’Union européenne et aux organisations humanitaires, pour qu’ils aident ces gens en danger de mort», a insisté le patriarche, en redoutant un «génocide».

Qaraqosh est située entre Mossoul, la deuxième ville du pays tenue par l’EI, et Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan. Elle compte en général 50 000 habitants, mais avait également accueilli nombre de chrétiens chassés de Mossoul.

«Les villes de Qaraqosh, Tal Kayf, Bartella et Karamlesh ont été vidées de leurs habitants et sont maintenant sous le contrôle des insurgés», a déclaré à l’AFP Mgr Joseph Thomas, archevêque chaldéen de Kirkouk et Souleimaniyeh.

«C’est une catastrophe, une situation tragique», a-t-il ajouté.

Au nord de Mossoul, Tal Kayf, où vivaient également de nombreux chrétiens mais aussi des membres de la minorité chiite Chabak, s’est vidée dans la nuit.

«Tal Kayf est entre les mains de l’Etat islamique. Ils n’ont rencontré aucune résistance et sont arrivés juste après minuit», a expliqué Boutros Sargon, un habitant ayant fui la ville, joint par téléphone à Erbil.

«J’ai entendu des tirs dans la nuit et quand j’ai regardé dehors, j’ai vu un convoi militaire de l’Etat islamique. Ils criaient «Dieu est grand», a-t-il ajouté.

Ce nouvel exode dépasse largement par son ampleur celui des chrétiens chassés de Mossoul en juillet.

«C’est une des plus grandes tragédies pour les chrétiens d’Irak depuis 2003», a déclaré Faraj Benoit Camurat, président de Fraternité Irak, une association basée à Paris défendant les chrétiens et d’autres minorités en Irak. La communauté chrétienne d’Irak est estimée à 400 000 personnes.

Les Yézidis d’Irak fuient en Turquie

Par ailleurs, plusieurs centaines de Yézidis d’Irak, une minorité en péril face à l’avancée des djihadistes sunnites dans le nord de l’Irak, se sont réfugiés en Turquie, a indiqué jeudi une source officielle turque.

«Des centaines de Yézidis sont entrés sur le sol turc depuis hier [mercredi] à la hauteur du poste frontière de Habur», dans le sud-est de la Turquie, a précisé cette source officielle sous le couvert de l’anonymat.

Leur nombre exact était pour l’heure inconnu mais un diplomate turc a précisé à l’AFP que ce chiffre était de l’ordre de 400.

Les déplacés sont hébergés dans un complexe de Silopi, ville située à proximité de la frontière irako-turque.

D’autres déplacés, des familles entières qui ont dû marcher de longues heures sans eau ni nourriture, attendent par ailleurs de pouvoir entrer en Turquie a-t-on ajouté.

Dimanche, des combattants du groupe ultra-radical de l’Etat islamique (EI) ont pris le contrôle de la ville de Sinjar, bastion des Yézidis, jusqu’ici aux mains des forces kurdes.

Située entre la frontière syrienne et Mossoul, cette ville est un des foyers des Yézidis, une minorité kurdophone adepte d’une religion pré-islamique en partie issue du zoroastrisme et considérée par les djihadistes comme «adoratrice du diable». La Turquie abrite à Batman et Viransehir, deux villes du sud-est anatolien peuplé majoritairement de Kurdes, une toute petite communauté de Yézidis, à peu près 500 personnes, libres d’exercer leur culte.

PAR AFP/ 07/082014

Les djihadistes menacent 50 000 civils

Permalien de l'image intégrée

En Irak, des dizaines d’enfants yézidis auraient péri de soif, de faim, des femmes et hommes auraient été égorgés et près de 50 000 personnes risqueraient le même sort Pourchassés par les combattants de l’Etat islamiste, les Yézidis sont encerclés. Ils manqueraient d’eau et de nourriture

Les Yézidis sont encerclés, leur retraite sur les pentes du djebel Sinjar, l’un des bastions historiques de cette minorité kurde non musulmane dans le nord de l’Irak, s’est muée en piège mortel. Selon les autorités de Bagdad, des dizaines d’enfants auraient péri de soif, de faim, des femmes et hommes auraient été égorgés et près de 50 000 personnes risqueraient le même sort, victimes de la folie religieuse des djihadistes de l’Etat islamique (EI). Ces derniers, après avoir fait main basse sur Mossoul et en avoir chassé tous les chrétiens, se sont emparés dimanche dernier d’une poche de territoire, les montagnes du djebel Sinjar et le chef-lieu éponyme, coincée entre Mossoul et la frontière syrienne, et contrôlée jusque-là par les peshmergas kurdes. Les islamistes pourchassent les civils kurdes, les chrétiens et surtout les Yézidis, qu’ils accusent d’adorer le diable.

Beaucoup sur les quelque 300 000 habitants que compte Sinjar ont pris la fuite en même temps que les peshmergas vers la région autonome du Kurdistan. Mais près de 50 000 personnes, selon les chiffres donnés par les autorités irakiennes, n’ont eu d’autre choix que de se réfugier dans le massif du Sinjar qui surplombe la ville. Et la souricière s’est refermée sur ces malheureux, qui n’ont plus aucune échappatoire, les djihadistes ayant encerclé le djebel. Parmi eux, une majorité de Yézidis, des chrétiens, des Kurdes et des peshmergas, mais en nombre insuffisant pour protéger les fuyards contre de futurs assauts. Pire, ils n’auraient ni nourriture ni eau, car la dizaine de villages et de hameaux nichés dans les vallées arides du djebel peinaient déjà à assurer leur propre survie. Ces jours la température a grimpé à 45 degrés.

Mardi, devant les membres du parlement irakien à Bagdad, la députée yézidie Vian Dakhil a pris la parole. Pas très longtemps, car alors qu’elle implorait une aide humanitaire urgente pour son peuple, elle a éclaté en sanglots, incapable d’en dire plus: «Nous sommes massacrés, notre religion est en train d’être rayée de la surface de la terre. Je vous en supplie, au nom de l’humanité…» Vian Dakhil est originaire du Sinjar, une région qu’elle tente d’aider depuis des années car c’est l’une des plus déshéritées d’Irak et les Yézidis y ont plusieurs fois été victimes d’attentats meurtriers revendiqués par les groupes djihadistes. Contactée par téléphone, elle décrit un désastre: «600 personnes ont été cruellement assassinées, des centaines de femmes ont été enlevées. Beaucoup ont été violées.»

Vian Dakhil parle quotidiennement avec les Yézidis retranchés dans le Sinjar: «Ils appellent à l’aide et comptent sur moi pour que j’obtienne des gouvernements de Bagdad et d’Erbil qu’ils agissent immédiatement, mais ma révolte est impuissante! Et la situation empire d’heure en heure.» Juliette Touma, porte-parole de l’Unicef en mission dans la région autonome du Kurdistan, confirme la mort d’au moins 40 enfants, «victimes directes des conséquences de la violence. Beaucoup seraient morts de soif, de faim et de fièvre.» Elle parle d’un nombre encore plus important de victimes potentielles: «Les chiffres que nous avons obtenus du gouvernement sont provisoires, ils datent de mardi, les bilans pourraient être beaucoup plus lourds.» Selon elle, qui reprend les estimations de l’ONU, il y aurait en tout «50 000 déplacés, en grande majorité des Yézidis, qui se cacheraient dans le djebel Sinjar, auquel malgré tous nos efforts nous n’avons pas accès, et 140 000 autres dans la région de Dohouk, où ils sont à l’abri des persécutions et où nous pouvons leur fournir une aide d’urgence».

Le président kurde Massoud Barzani a promis d’envoyer 10 000 de ses peshmergas pour combattre les djihadistes et Bagdad a décidé d’envoyer ses avions de guerre. Mais ces opérations militaires, si elles se confirmaient, prendront du temps. Sur le plan humanitaire, des hélicoptères militaires ont largué des vivres mais, selon Vian Dakhil, «ces efforts sont totalement insuffisants et ne répondent pas à l’ampleur de la catastrophe».

De leur côté, l’Unicef et les autres agences onusiennes explorent toutes les voies possibles pour accéder aux déplacés. «Des contacts sont pris au niveau le plus haut, pour qu’on puisse accéder à la zone. Nous essayons toutes les pistes, mais nous n’avons pas de contact direct avec l’EI», explique Juliette Touma. Pour la première fois depuis la chute de Mossoul, les peshmergas kurdes pourraient entrer en guerre ouverte contre les djihadistes, car Massoud Barzani l’a juré: il faut délivrer le Sinjar.

PAR BORIS MABILLARD/ Le Temps 07/082014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/f4a30530-1da2-11e4-8b39-5bee34cf2558/Les_djihadistes_menacent_50_000_civils

Les Yézidis sont à tort considérés comme des adorateurs du diable

Une religion dont les racines remontent au zoroastrisme

Les Yézidis forment une communauté religieuse forte d’environ 800 000 adeptes qui vivent essentiellement dans le nord de l’Irak. Mais depuis que la guerre embrase l’Irak, un nombre significatif de Yézidis a choisi l’exil en Europe, au Canada et aux Etats-Unis. Le malheur des Yézidis, c’est de vivre coincés à cheval sur la ligne de démarcation entre deux territoires, coincés entre deux peuples, les Kurdes d’un côté, les Arabes de l’autre. Précisément, ils habitent les contreforts montagneux au nord de Mossoul et le Djebel Sinjar entre Mossoul et la frontière syrienne. Deux zones qu’on qualifie de «territoires disputés». De fait, les gouvernements de Bagdad et d’Erbil se les disputent âprement, avec des arguments symétriques et opposés. Depuis l’invasion américaine en 2003, le gouvernement kurde les a pris sous son aile. Pour les protéger autant que pour occuper le territoire qu’ils revendiquent, il a dépêché ses peshmergas. Mais ces derniers n’ont pu empêcher les Yézidis d’être endeuillés par de nombreux attentats. Les musulmans, notamment les plus extrémistes, leur reprochent leur croyance et, par ignorance, les taxent de suppôts du diable. Peut-être les serpents que les Yézidis peignent sur leurs temples sont-ils à l’origine de la détestation dont ils sont l’objet.

Chou-fleur et laitue interdits

Le Cheikh Adi (1073-1162), un mystique soufi, est considéré comme le père fondateur du yézidisme et son tombeau, à Lalesh, entre Mossoul et Erbil, est l’objet de pèlerinage. Toutefois, les origines de cette religion monothéiste syncrétique remontenz à des temps plus anciens, car le Cheikh Adi a mélangé les racines et les genres: elle est préislamique et montre de nombreuses similitudes avec le mazdéisme et le zoroastrisme de la Perse ancienne, mais aussi des influences chrétienne, juive et islamique. Les Yézidis adorent Malek Ta’us, l’ange-paon, une créature bienveillante à qui Dieu aurait confié le monde après sa création.

Les Yézidis possèdent deux livres saints, le Livre de la Révélation et le Livre Noir, mais pour l’essentiel les rites et les récits cosmogoniques appartiennent à la tradition orale et peuvent varier d’un clan à l’autre, d’une époque à l’autre. Baba Cheikh, le chef spirituel, décide des règles à suivre: «On a écrit bien des mensonges sur notre religion, tenté d’enfermer notre foi dans des définitions qui nous sont étrangères. J’ai lu par exemple que le bleu était interdit, foutaises! Nos rites sont peu nombreux. Pour l’essentiel, c’est le baptême; des prières dans la direction du soleil, elles se font n’importe où; trois jours de jeûne chaque année. Quant aux interdits alimentaires, nous n’en avons presque pas, hormis la laitue et le chou-fleur.»

La communauté a un chef, le mir ou prince Tahsin Beg. Ce dernier explique que l’histoire de son peuple «est marquée par les persécutions, nous avons traversé septante-deux ferman, l’équivalent d’un génocide, ce qui se passe aujourd’hui rappelle les pires heures des persécutions ottomanes. Les Arabes musulmans ont juré notre mort. A Mossoul, où nous vivions depuis des siècles, il ne reste plus aucun Yézidi.»

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/53bee81a-1da1-11e4-8b39-5bee34cf2558/Les_Y%C3%A9zidis_sont_%C3%A0_tort_consid%C3%A9r%C3%A9s_comme_des_adorateurs_du_diable

IRAK : des chrétiennes vendues comme esclaves au Souk de Mossoul

Une députée irakienne, Vianne Dakhil, a évoqué mardi, le sort de la communauté yazidite et des autres minorités en Irak. En sanglots elle relate le triste sort des femmes vendues en esclaves dans les régions occupées par l’Etat islamique.

 « Elles sont conduites comme un troupeau de bétail au souk de Mossoul et vendues à la criée comme esclaves » dit-elle !

« Le Croissant rouge irakien appelle la communauté internationale à intervenir pour sauver les femmes chrétiennes, vendues dans les souks du Mossoul par l’Etat islamique« ,  information relayée par le site Kapitalis.

Kapitalis -«  Les djihadistes de l’Etat islamique imposent désormais leurs lois d’un autre âge dans les zones qu’ils occupent au centre et au nord de l’Irak, et notamment à Mossoul. Toutes les communautés sont malmenées et humiliées, et particulièrement les chrétiens.

Ces derniers, qui vivent dans cette région depuis 2000 ans, sont aujourd’hui dépouillés de leurs biens et chassés de chez eux. Ceux d’entre eux qui résistent sont carrément exécutés. »

Selon la député

30 000 familles prisent en otage dans les collines de Sinjar, sans eau ni nourriture en train de mourir. Déjà 70 enfants sont morts de soif ainsi 50 vieillards. 

http://www.tunisiadaily.com/2014/08/07/irak-des-chretiennes-irakiennes-vendues-comme-des-esclaves-au-souk-de-mossoul/

Permalien de l'image intégrée

Le pape demande la protection des populations en fuite

Chrétiens d’Irak: le pape demande à la communauté internationale de protéger les populations en fuite Le pape François a lancé jeudi un appel urgent à la communauté internationale pour «protéger» les populations du nord de l’Irak, en grande partie chrétiennes, en fuite devant l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique

Permalien de l'image intégrée

Le pape, dans un appel lu par son porte-parole, le Père Federico Lombardi, reprend son exhortation de l’Angelus du 20 juillet, soulignant que «la violence ne se vainc pas par la violence, mais par la paix» et exprimant sa «proximité» avec les frères chrétiens «persécutés et dépouillés de tout».

François «adresse un pressant appel à la communauté internationale, afin qu’elle se mobilise pour mettre fin au drame humanitaire en cours». Il demande «que soit entrepris le nécessaire pour protéger ceux qui sont menacés par la violence, et assurer les aides nécessaires, en commençant par les plus urgentes, à tant de déplacés, dont le sort dépend de la solidarité d’autrui».

«A la lumière de ces événements angoissants, le saint-père renouvelle l’expression de sa proximité spirituelle à tous ceux qui traversent cette épreuve très douloureuse et s’unit aux appels insistants des évêques régionaux, demandant, avec eux et pour leurs communautés en péril, que s’élève de toute l’Eglise une prière unanime pour demander au Saint-Esprit le don de la paix».

Des djihadistes se sont emparés jeudi de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak, poussant des dizaines de milliers de personnes à fuir et le clergé chaldéen à appeler la communauté internationale à l’aide.

Selon le patriarche chaldéen Louis Sako, 100 000 chrétiens ont été poussés sur les routes «avec rien d’autre que leurs vêtements sur eux», et leurs églises sont occupées, leurs croix enlevées.

«Aujourd’hui, nous lançons un appel avec beaucoup de douleur et de tristesse, au Conseil de sécurité de l’ONU, à l’Union européenne et aux organisations humanitaires, pour qu’ils aident ces gens en danger de mort», a dit jeudi le patriarche dans une déclaration à l’AFP en Irak, en redoutant un «génocide».

PAR AFP/ 07/8/2014

Permalien de l'image intégrée

Les djihadistes s’emparent de la plus grande ville chrétienne d’Irak

C’est un immense exode devant l’avancée des djihadistes de l’Etat islamique (EI) qui se sont emparés de Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d’Irak. «Il y a 100 000 chrétiens qui ont fui avec rien d’autre que leurs vêtements sur eux, certains à pied pour se rendre vers le Kurdistan», a affirmé jeudi le patriarche chaldéen Louis Sako. Beaucoup des fuyards s’étaient réfugiés il y a deux mois dans cette cité protégée par les pesh­mergas – les combattants kurdes – après la conquête par l’EI de Mossoul, la deuxième ville d’Irak qui avait entraîné l’exode de près de 200 000 personnes. «C’est une tragédie humanitaire» a affirmé Nikolaï Mladenov, l’émissaire de l’ONU en Irak.

Permalien de l'image intégrée

Jusqu’où peut aller l’offensive djihadiste?

Renforcés depuis la prise de Mossoul, le 10 juin, par le matériel, y compris les armes lourdes, abandonné par une armée irakienne en pleine débandade, les combattants de l’EI veulent maintenant s’emparer de toutes les zones au nord de l’Irak passées sous le contrôle des combattants kurdes. Pour barrer la route aux djihadistes, le gouvernement régional kurde – de fait indépendant depuis 1991 – avait agrandi alors de 40% son territoire, s’emparant notamment de la ville multiethnique de Kirkouk avec ses riches réserves pétrolières, que les Kurdes revendiquent comme capitale. Cette dernière pourrait être leur prochain objectif, mais pour le moment, les djihadistes se réclamant du pseudo-califat proclamé par leur chef Al-Bagdadi cherchent à s’emparer des grands barrages sur le Tigre et semblent surtout vouloir éliminer de cette zone à la confluence des frontières turques, syriennes et irakiennes tous les non-musulmans et les non-sunnites. A Qaraqosh, ils occupent les églises et abattent les croix. Quatre jours plus tôt ils s’étaient emparés de Sinjar, la capitale des Kurdes yézidis accusés d’être des «adorateurs du diable», en fait fidèles d’une religion syncrétique préislamique imprégnée de zoroastrisme et du culte du feu). Eux aussi ont dû fuir et leurs temples ont été saccagés. L’EI assiège la ville d’Amerli, peuplée de Turkmènes chiites.

Que font les peshmergas?

Leur recul face aux djihadistes a surpris, même si dans des secteurs clés, comme le barrage de Mossoul, ils s’accrochent à leurs positions. Les peshmergas – littéralement «ceux qui défient la mort» – sont en effet considérés comme les forces les plus efficaces et les mieux organisées d’Irak, rodées par des décennies de lutte dans les montagnes contre les soudards de Saddam Hussein. «Mais depuis, cette armée a pris du ventre», résume un diplomate européen. Le théâtre des opérations, en outre, ne lui est guère favorable. «Bien entraînés, bien équipés, les peshmergas sont clairement plus efficaces sur leur propre terrain que dans les plaines arabes de l’Irak», note Peter Harling, de l’International Crisis Group. Ce d’autant plus qu’ils ont face à eux des djihadistes fanatisés, aidés par des anciens cadres de l’armée de Saddam Hussein.

Le gouvernement central de Bag­dad a compris le danger. Dès la semaine dernière, le premier ministre chiite Nouri al-Maliki, en dépit de ses relations détestables avec les Kurdes, a ordonné à son aviation de les aider. Les Kurdes, en outre, font bloc malgré leurs conflits internes et les contentieux passés. Les forces de Massoud Barzani, le président du gouvernement régional kurde irakien, ont reçu le soutien de combattants kurdes syriens du PYD proches des rebelles turcs kurdes du PKK, qui eux-mêmes ont envoyé en renfort des maquisards bien rodés au combat après plus de trente ans de guérilla contre l’armée turque.

Les autorités d’Erbil, la capitale du Kurdistan d’Irak, demandent aux Etats-Unis du matériel militaire sophistiqué mais aussi des fonds pour faire face à la situation. «Le recul des peshmergas est aussi une façon de mettre la pression sur Washington», remarque un diplomate européen bon connaisseur du terrain. 

Un ou des Etats kurdes sont-ils en gestation?

Ecartelés aujourd’hui entre quatre pays (Turquie, Irak, Syrie, Iran), les quelque 25 à 30 millions de Kurdes n’ont jamais eu leur propre Etat. La situation est certes différente dans ces quatre pays, mais la donne, notamment en Irak, est en train de changer complètement avec l’émergence de l’Etat islamique et du danger qu’il représente. «Il y a de fait une partition en trois du pays que nous n’avons pas voulue, mais il n’y aura pas de retour au statu quo antérieur», nous confiait récemment, lors de son passage à Paris, Fuad Hussein, le tout-puissant chef de cabinet de Massoud Barzani. Les autorités d’Erbil ont annoncé un prochain référendum sur l’indépendance, sans pour autant fixer de date.

Permalien de l'image intégrée

 Longtemps hostile, la Turquie entretient désormais les meilleures relations avec le gouvernement du Kurdistan irakien, qui représente à la fois une zone tampon face au chaos irakien et un pactole économique. Les investissements turcs sont omniprésents dans ce Kurdistan irakien qui a commencé à exporter directement son pétrole via la Turquie, au grand dam de Bagdad qui, dès l’hiver dernier, avait décidé de geler les fonds alloués à cette région. Un autre Kurdistan est en train de naître au nord de la Syrie, considéré avec beaucoup plus de suspicion par le gouvernement turc. Mais il y a désormais, à Ankara comme à Erbil, une pleine conscience d’intérêts convergents face à la nouvelle réalité.

PAR MARC SEMO/ Le Temps 7/8/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8e94b974-1e64-11e4-8b39-5bee34cf2558/Les_djihadistes_semparent_de_la_plus_grande_ville_chr%C3%A9tienne_dIrak

Permalien de l'image intégrée

Permalien de l'image intégrée

2 réponses »

Laisser un commentaire