Art de la guerre monétaire et économique

Dégâts des assouplissements monétaires: La Chine face aux pires difficultés depuis 1978!

Dégâts des assouplissements monétairesLa Chine face aux pires difficultés depuis 1978!

Une histoire de Deng!

Le pays de Deng Xiaoping est confronté aux pires pressions depuis 1978. Focus sur les récentes initiatives.

Sans lui, la Chine d’aujourd’hui ne serait pas. Deng Xiaoping est l’architecte de la transformation de l’Empire du milieu en une économie moderne, en un pays faisant partie des grandes nations. Pendant 30 ans, son allié et mentor Zhou Enlai, premier ministre de 1949 à sa mort en 1976, s’est appliqué à contenir les ardeurs de l’idéologie maoïste de révolution permanente, préservant le noyau dur d’une armée et d’un gouvernement stable et préparant le terrain pour un successeur pragmatique à Mao Zedong. En 1976, après la mort de ce dernier, Deng Xiaoping a réussi à contourner la Bande des Quatre, à prendre le contrôle de l’armée et du Parti et à remplacer le maoïsme par une idéologie axée sur l’économie de marché, la modernisation et la croissance économique.

Celui que l’on surnomma notamment le «Grand architecte des réformes» n’était pas intéressé par la pureté politico-idéologique. Il avait survécu à deux purges et exécrait autant qu’il craignait les gardes révolutionnaires. Il était aussi un patriote. Seuls comptaient les résultats économiques et sociaux. «Qu’importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu’il attrape la souris» avait été sa célèbre phrase pour justifier cette nouvelle politique.

Deng Xiaoping avait une capacité hors du commun à convaincre, à rallier les foules. Il a promis stabilité et richesse économique à l’échelle de la nation aux autres membres du Parti et aux leaders militaires. Dès 1979, cela s’avéra très efficace pour unir l’armée, le gouvernement et le peuple derrière une vision d’une économie de marché fonctionnant main dans la main avec une idéologie socialiste/nationaliste. Pour la première fois, tous œuvraient dans un but commun.

Cette vision n’était pas de nature libérale et individualiste: son objectif était le bien de la nation et non l’enrichissement personnel. Le «Petit Timonier» ne faisait pas partie de cette clique d’oligarques assoiffés de pouvoir et cachant à l’étranger leurs milliards, souvent mal acquis. Il était authentique et c’est en grande partie ce qui a assuré son succès. Mao lui-même, si l’on en juge par les récits de certains de ses proches, avait failli sur ce point.

Aujourd’hui, la Chine fait face à deux dangers, tous deux découlant directement ou amplifiés par les politiques monétaires mises en place par le monde occidental en réponse au choc de 2008. Ces «mesures d’urgence» – Quantitative Easing, Troubled Asset Relief Program, politiques monétaires à taux zéro, etc. – menacent la grande unification de l’extérieur, alors que les disparités et la concentration de la richesse dérivées directement de ces mêmes mesures la menacent de l’intérieur.

Le choix du monde occidental – surendetté – de masquer une croissance économique anémique par une inflation des actifs financiers est une solution viable pour lui, car sa stabilité politique ne dépend pas d’une croissance forte. Aussi longtemps qu’une dépression est évitée et la valeur des actifs financiers maintenue (gonflée?), les autorités politiques peuvent espérer une sortie graduelle de l’ornière grâce à une croissance molle et/ou un retour de l’inflation. La pérennité des politiques occidentales dépend avant tout de la préservation des acquis et des droits des individus.

En Chine, par contre, la stabilité politique de la coalition unifiée crée par Deng Xiaoping dépend d’une croissance économique forte. Elle dépend de la fabrication de produits réels par des personnes réelles; un environnement favorisant une inflation des actifs financiers et une ossification du statu quo de faible croissance dans les pays occidentaux n’est pas à son avantage. La Chine n’est pas encore suffisamment riche pour générer elle-même la croissance dont elle a besoin. Cela viendra, mais pas avant plusieurs décennies et les exportations vers les économies industrialisées sont vitales pour elle. Or, ses marchés d’exportation n’avaient pas été aussi incertains et structurellement faibles depuis des décennies.

Les menaces internes à la stabilité politique chinoise sont encore plus redoutables et pernicieuses que les risques extérieurs. Aucun pays n’est aussi sensible à la concentration de la richesse aux mains d’un nombre toujours plus restreint d’individus. En effet, si le socialisme peut fort bien coexister avec une économie de libre marché lorsque tous les acteurs économiques en bénéficient, l’accumulation de richesse par le pourcent du sommet de la pyramide est désormais telle qu’elle menace de faire éclater les liens que Deng Xiaoping avait réussi à créer entre l’armée, le parti et le peuple.

Il y a toujours eu en Chine des personnes fortunées, comme partout. Mais aujourd’hui l’ampleur de leur richesse est – c’est un euphémisme – très différente de ce qu’elle était en 1984, en 1994 et même en 2004. De plus, ces fabuleuses richesses sont concentrées dans les mains de personnes ayant directement bénéficié de positions officielles. In fine, cela pourrait remettre en question la raison d’être du Parti et de l’armée, qui ne seraient plus les gardiens incontestés des valeurs socialistes mais des véhicules d’enrichissement personnel. Pour la grande majorité des personnes au sein de ces deux institutions, il s’agit d’un développement intolérable: elles n’ont pas profité du système pour amasser des fortunes et continuent de considérer leur fonction comme un engagement patriotique hérité directement de Deng Xiaoping. La Chine ne peut pas accepter l’enrichissement personnel à outrance. Pas si elle veut rester une grande puissance unie.

Que peut-elle faire? De son point de vue, la configuration actuelle du monde n’est plus acceptable et il faut la changer. Cela ne signifie pas s’en extraire ou la faire imploser. Changer signifie pour la Chine de faire évoluer les règles pour continuer d’exporter, ce qui permet de financer le tissu industriel et les investissements en infrastructure. Ce but ne peut être atteint que par un pouvoir fort et uni et non par la poignée d’hyper privilégiés qui ont émergé ces dernières années. Et Pékin a commencé à prendre d’importantes mesures, aussi bien à l’interne qu’à l’international. Le futur est en marche.

A l’interne, le fer de lance de ces mesures de redressement est la guerre ouverte à la corruption et à l’enrichissement personnel livrée par le Président, Xi Jinping, particulièrement contre les héritiers de privilèges politiques de deuxième et troisième génération. Depuis la chute de Bo Xilai en 2013, plus aucun dignitaire ne peut se considérer à l’abri. A l’instar par exemple de l’ancien chef de la police et des services de sécurité, mis sous enquête à fin juillet.

A l’international, toute lutte économique implique de désigner un ou plusieurs «ennemis». Cependant, dans le climat actuel, il serait stratégiquement dangereux de dépeindre comme tel une nation entière. Il est plus prudent, et tout aussi efficace, de pointer du doigt des entreprises étrangères. Récemment, les fournisseurs d’équipements et services informatiques américains EMC, IBM et Cisco ont fait part d’un net tassement de leurs activités en Chine. L’ouverture d’une enquête antimonopole contre Microsoft ou les recommandations faites par les autorités aux agences gouvernementales de ne plus utiliser les programmes bureautiques de cette entreprise – ou les téléphones d’Apple – en invoquant des risques pour la sécurité nationale peuvent être vues dans ce contexte.

Ensuite, pour pouvoir résister aux pressions des autres grandes puissances, le contrôle des ressources naturelles ou de leur accès est crucial. Cette indépendance n’est pas une condition suffisante pour changer les règles, mais elle est nécessaire. Les grandes ressources d’aujourd’hui sont l’énergie et la technologie et c’est dans ce contexte que les initiatives chinoises dans la mer de Chine méridionale, en Afrique, dans ses relations diplomatiques et commerciales avec la Russie ainsi que dans le domaine de la cyber-sécurité doivent être comprises.

Enfin, puisque la racine de tous ses maux est, du point de vue de la Chine, l’extrême prodigalité des politiques monétaires occidentales, la première arme de rétorsion sera aussi certainement d’ordre monétaire, particulièrement au travers du contrôle du taux de change. Il suffit d’observer l’évolution depuis 2005 du cours du renminbi (aussi appelé yuan) pour comprendre le défi structurel posé à la Chine par le système actuel de libre échange et constater qu’elle a déjà commencé à le défier.

De 2005 à 2007, la Chine a réévalué sa monnaie de plus de 20% dans le but d’apaiser les Etats-Unis qui l’accusaient de l’utiliser pour créer une concurrence commerciale déloyale. Concession facile avec une croissance dépassant 10% par an et des actions chinoises allant de plus haut en plus haut. De 2008 à 2009, la crise a plongé les places boursières et l’économie mondiale dans le chaos et la Chine a gardé un profil bas, maintenant sa monnaie stable. Ensuite, tout semblant être rentré dans l’ordre, la politique d’appréciation monétaire qui avait si bien fonctionné a été réactivée. Mais le monde avait changé et, dans un environnement dominé par des politiques d’assouplissement quantitatif, ce fut un désastre. La perte de compétitivité due à l’appréciation du yuan a été accentuée par la hausse des coûts du travail. De 1999 à fin 2013, le salaire moyen en Chine a été multiplié par six. De plus, il existe un véritable gouffre entre la hausse des rémunérations des entreprises d’Etat (4,5x) et celles du secteur privé (30,7x), la partie du tissu économique la plus dynamique et créatrice d’emplois.

L’économie a alors rapidement ralenti, un ralentissement toujours en cours aujourd’hui. A titre d’exemple,  la consommation d’électricité dans le pays, une des rares statistiques crédibles car compilée et publiée par le secteur privé, augmente à un rythme historiquement associé à une croissance du PIB de 5% au plus (alors que le chiffre officiel est de quelque 7,5%…).

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Depuis le début de cette année, la Chine a inversé sa politique de change et poussé le yuan à la baisse dans le but, non avoué, de regagner un peu de sa compétitivité à l’exportation, le seul moteur de croissance disponible à ce stade. Il s’agit probablement du début d’une longue période de dévaluation qui ne manquera pas de créer des tensions avec le reste du monde, particulièrement les Etats-Unis. Mais, pendant 40 ans la Chine a accepté les règles imposées par ces derniers en termes d’échanges commerciaux; aujourd’hui elle semble prête et déterminée à prendre les commandes.

Alain Barbezat BCV/ AGEFI SUISSE 18/8/2014

http://agefi.com/une/essentiels/artikel/le-pays-de-deng-xiaoping-est-confronte-aux-pires-pressions-depuis-1978-focus-sur-les-recentes-initiatives-379551.html

Les investissements étrangers en Chine ont chuté de 17% en juillet

Les investissements directs étrangers dans le pays ont représenté en juillet 7,81 milliards de dollars. Pékin réfute un possible contrecoup des vastes enquêtes des autorités chinoises de la concurrence contre des groupes étrangers

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Les investissements étrangers en Chine ont chuté de 16,95% sur un an en juillet. Les investissements directs étrangers (IDE) dans le pays, à l’exclusion du secteur financier, ont représenté en juillet 7,81 milliards de dollars (7,04 milliards de francs), a indiqué lundi le Ministère chinois du commerce.

Un niveau qui représente une baisse importante par rapport à juillet 2013, mais aussi par rapport au mois précédent. Les IDE avaient enregistré en juin un timide rebond de 0,2% sur un an, à 14,42 milliards de dollars.

Sur l’ensemble des sept premiers mois de l’année, les investissements étrangers sont en recul de 0,35% par rapport à la période comparable de 2013, à 71,14 milliards de dollars.

Entreprises informatiques et automobiles visées

«C’est tout simplement normal de voir un peu de volatilité d’un mois sur l’autre, alors que le pays intensifie ses efforts pour rééquilibrer sa croissance. Cela ne reflète pas une tendance générale», selon Shen Danyang, porte-parole du ministère. Surtout, «il ne faut y voir aucun lien avec les enquêtes anti-monopoles lancées contre certaines entreprises à capitaux étrangers».

Après s’en être pris l’an dernier à de grands groupes étrangers du secteur pharmaceutique et de l’agroalimentaire, les régulateurs chinois ont annoncé ces deux derniers mois avoir lancé des enquêtes sur les pratiques commerciales de firmes informatiques et de constructeurs automobiles.

«Tous les acteurs de marché doivent mener leurs opérations en respectant la loi […] et doivent être soumis à des sanctions appropriées quand ils la transgressent», a martelé Shen Danyang.

Bond des investissements chinois

Sur les sept premiers mois de l’année, les investissements nippons ont plongé de 45,4%, à 2,83 milliards de dollars, alors que s’avivent les tensions géopolitiques entre Pékin et Tokyo. Les investissements américains ont reculé de 17,4%, à 1,81 milliard et ceux en provenance de l’UE de 17,5%, à 3,83 milliards.

A contrario, les investissements chinois à l’étranger, hors secteur financier, ont bondi de 84,9% sur un an en juillet, à 9,21 milliards de dollars. Sur l’ensemble des sept premiers mois de l’année, ils sont en progression de 4% par rapport à 2013, à 52,55 milliards de dollars.

ATS 18/8/14

Mercedes accusé de manipuler les prix en Chine

Certains tarifs pour les pièces détachées ainsi que pour les services de maintenance et de réparation ont été jugés exorbitants par les régulateurs chinois

Mercedes-Benz, marque du constructeur allemand Daimler, a été accusé par les autorités chinoises de manipuler ses prix de vente, a rapporté un média d’Etat, alors que le secteur automobile fait l’objet dans le pays de vastes enquêtes antimonopoles.

Les autorités de la concurrence de la province du Jiangsu (est) ont rassemblé des éléments prouvant que Mercedes-Benz «a manipulé les prix de ses pièces détachées» ainsi que de ses services de maintenance et de réparation, a indiqué l’agence officielle Chine nouvelle au cours du week-end. Certains tarifs ont été jugés exorbitants par les régulateurs.

Ainsi, pour le modèle Mercedes-Benz Classe C – une berline haut de gamme –, le prix total pour l’ensemble des pièces détachées achetées séparément peut représenter plus de 12 fois le prix du véhicule neuf, a précisé Chine nouvelle, se référant aux données d’une fédération professionnelle. «Cette affaire Benz est le cas typique d’un contrôle vertical des prix», a asséné Zhou Gao, patron du Bureau anti-monopole du Jiangsu, cité par le média.

Ce Bureau provincial avait été missionné par la NDRC – la puissante Commission nationale pour la réforme et le développement, l’une des autorités chinoises de la concurrence – pour enquêter sur de présumées infractions de Mercedes-Benz à la loi anti-monopole chinoise, a ajouté M. Zhou.

Un porte-parole de Daimler a confirmé lundi à l’AFP que l’entreprise «apportait son assistance» aux autorités, mais il s’est refusé à tout commentaire sur les faits détaillés par Chine nouvelle, arguant que l’enquête était «toujours en cours».

Un média chinois avait rapporté début août que des inspecteurs de la NDRC avaient perquisitionné des bureaux et un espace de vente de Mercedes-Benz à Shanghai (est).

Plusieurs constructeurs étrangers, dans le collimateur de Pékin, ont dévoilé ces dernières semaines des réductions de prix drastiques sur les prix de vente de leurs pièces détachées, voire sur certains modèles.

Après s’en être pris l’an dernier à de grands groupes étrangers du secteur pharmaceutique et de l’agroalimentaire, les régulateurs chinois ont annoncé ces dernières semaines avoir lancé des enquêtes sur les pratiques commerciales de firmes informatiques et de grands constructeurs automobiles.

La NDRC enquête ainsi sur plus de 1000 firmes de l’industrie automobile, à la fois locales et étrangères, selon des médias d’Etat.

Audi, marque haut de gamme de l’allemand Volkswagen, a indiqué la semaine dernière que sa coentreprise en Chine «allait accepter» une sanction pour «pratiques monopolistiques».

AFP 18/8/14

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