Analyse d'un secteur économique particulier

La bulle internet est de retour

La bulle internet est de retour

Les valorisations atteintes sur les marchés actions ne cessent d’alimenter des craintes semblables aux années 2000. S’agissant de réseaux sociaux en particulier.

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Dans un rapport sur l’activité économique des Etats-Unis, la banque centrale américaine (Fed) le mettait déjà en évidence: les valorisations de certaines sociétés sont «substantially stretched». Publié mi-juillet, le document ciblait les segments réseaux sociaux, applications mobiles et sociétés actives dans les biotechnologies.

A en croire les dernières valorisations des start-up actives dans le développement d’applications destinées aux smartphones, le phénomène prend considérablement de l’ampleur. Symbole de cette envolée des levées de fonds: Snapchat. La start-up est actuellement en discussion concernant une éventuelle acquisition par un consortium d’investisseurs menés par la structure chinoise Alibaba Group Holding. La levée de fonds s’évalue à hauteur de 10 milliards de dollars. Paradoxe: la messagerie de contenus éphémères ne génère aucun revenu. En novembre 2013, le créateur de Facebook, Mark Zuckerberg s’était déjà renseigné pour acquérir cette application. Montant de la transaction: 3 milliards de dollars. Une somme incroyable mais refusée par le co-créateur de Snapchat, Evan Spiegel.

L’application n’est pas un cas isolé.

En février de cette année, Facebook a acquis le service de messagerie Whatsapp pour 19 milliards de dollars alors que cette dernière ne générait que quelques millions de dollars de revenus. Plus invraisemblable encore, l’application Yo qui ne sert qu’à envoyer des «yo» à ses amis a levé 1,5 million de dollars sur la base d’une valorisation à 10 millions de dollars.

Face à ce phénomène, la question de la formation d’une nouvelle bulle internet alimente les discussions. Comment comprendre ces valorisations à la hausse? Surtout le cas Snapchat interpelle. Son profil est peu enclin à la présence de publicité que ce soit sous forme de native advertising ou au format traditionnel. Au niveau technologique, l’application reste un acteur majeur sur le marché. Mais l’arrivée de Bolt, système similaire développé par Instagram et en phase de tests, peut marquer un tournant sur le secteur.

Pour Eric Blanchard, associé-gérant de la société de conseil en stratégie financière Harold Alexander, la cause du phénomène est à rechercher surtout dans un nouveau mode de compréhension de la valorisation. La valeur intrinsèque d’un produit ne se calculerait donc plus sur la création de cash-flow ou la génération de revenus, mais sur des critères non financiers tels que le nombre de clics, le volume de vues, la quantité de clics ou le rythme de contenus échangés. Ainsi, les 700 millions de photos et vidéos partagées chaque jour sur le service de Snapchat explique en partie l’idée chiffrée que les investisseurs s’en font.

L’autre raison avancée: la recherche de l’exit.

Les start-up d’internet se calquent sur un modèle ressemblant à celui des biotechs: c’est-à-dire développer un produit et chercher l’exit.» Les sociétés cherchent ainsi à «exciter» les géants du marché tels que Facebook, Apple ou Google dans l’unique but d’être acquises.  Un modèle observable en particulier dans le segment des biotechs.

Face à ce phénomène, Eric Blanchard met également en évidence une autre composante: le risque est probablement insuffisamment intégré dans le prix. De fait, il souligne qu’en «ce sens, le terme de «bulle» est adéquat dans ce contexte mais il faut rester tout de même vigilent à une utilisation trop régulière du terme.» Une vigilance également partagée par la banque centrale américaine, la Fed. Dans son rapport daté de juillet, la Fed mettait en exergue les anomalies en matière des valorisations des sociétés notamment dans le secteur des biotechs au sein des acteurs des réseaux sociaux et des applications mobiles. Elle mettait notamment en évidence les valorisations boursières des géants d’internet. La valorisation des titres des plus importants groupes d’internet présente également des distorsions entre cotation, revenus et activité réelle de la société. Exemple: la valeur du géant Facebook est estimée à plus de 170 milliards de dollars. LinkedIn dépasse les 19 milliards pour un chiffre d’affaires de 2 milliards de dollars. A noter que dans le rapport de la Réserve fédérale, le terme «bubble» n’est jamais utilisé à ce sujet. La crainte d’une bulle spéculative y semble néanmoins omniprésente.

Tiago Pires/ AGEFI SUISSE 18/8/2014

  http://agefi.com/marches-produits/detail/artikel/technologies-les-start-up-dinternet-connaissent-des-valorisations-etonnantes-mise-en-alerte-de-la-fed-379573.html?issueUID=655&pageUID=19574&cHash=b1325422144df176abd6e56de0d95aff 

2 réponses »

  1. Le comportement de lemmings à l’origine des bulles est largement favorisé par l’ivresse de traders qui n’ont aucune idée de ce que signifie l’expression « gagner sa vie ». Face à de tels agissements, si la loi n’interdit pas tout simplement la spéculation, la seule réponse, qui n’est qu’un pis-aller, est la réinstauration du laogai.

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