Allemagne

L’Allemagne n’a pas fini de s’enfoncer…

L’Allemagne n’a pas fini de s’enfoncer…

Les commémorations nous font croire à l’existence d’un parallèle entre 1914 et la situation actuelle. Elle rappelle plutôt la fin du XIXe siècle, avertit Adam Posen, président du Peterson Institute. L’ancien banquier central parle d’«ancienne normalité», par opposition au monde imaginé par Mc Kinsey dès 2009, celui de «nouvelle normalité», caractérisé par le besoin de désendettement et le rôle accru de l’Etat. Comme à la fin du XIXe, nous assistons, selon Adam Posen, au déclin relatif d’une grande puissance, aujourd’hui des Etats-Unis, autant politique que technologique et économique. Le phénomène s’accompagne de multiples frictions, de la montée en puissance d’autres pays et d’une divergence des cycles économiques des grands pays. Le terrain est propice à une faible croissance économique.

 

En Europe, la conjoncture sera encore plus morose qu’ailleurs. L’indice IFO du climat économique en Allemagne, publié ce lundi, confirme ce scénario. La première économie de la zone euro est en déclin. Pour le quatrième mois consécutif, l’indice est en baisse. «Même sans les innombrables conflits actuels, l’Allemagne aurait dépassé son zénith», commente le chef économiste de VP Bank Vaduz.

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L’analyse des causes est indépendante du débat totalement stérile sur l’austérité auquel la France et l’Italie convient le reste de la zone euro. L’Allemagne souffre avant tout d’une coalition au pouvoir qui supprime progressivement les mécanismes de marché et l’autonomie salariale (salaire minimum), cède aux sirènes socialistes sur l’Etat providence et erre chaque jour davantage sur le dossier énergétique. Si elle maintient sa politique anti-libérale, l’Allemagne aura sans doute besoin d’un «agenda 2025», ironise la NZZ, faisant référence aux mesures du gouvernement Schröder pour réduire les coûts du travail.

La zone euro retourne d’autant plus vite à la case stagnation qu’elle s’est précipitée dans une politique de sanctions à l’égard de la Russie dont elle ne peut sortir que perdante. La question n’est pas de défendre ou de condamner Vladimir Poutine. Mais, sur le terrain des sanctions, le rapport de force entre l’UE et la Russie est favorable à Moscou, constate l’économiste Charles Gave, président de l’Institut des libertés: la Russie nous vend essentiellement de l’énergie. Mais à court terme, il n’existe aucune solution de remplacement à ces importations indispensables à toute activité économique. A l’inverse, nous vendons à la Russie à la fois des biens de consommation, des biens d’investissement de la nourriture, des services financiers, de l’immobilier sur la Côte d’Azur ou à Londres. Leurs produits de remplacement abondent. Les Russes ont, selon Charles Gave, l’embarras du choix pour gêner les Etats-Unis et l’UE (nucléaire iranien, accords pétroliers en Sibérie, dépôts des oligarques dans les centres financiers, réseaux d’influence).

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En Ukraine, le scénario le plus probable est celui d’une absence de solution durable. On patauge, mais on ne s’enfonce pas de façon significative. Ce statu quo ne signifie pas que la croissance demeurera inchangée. L’égalité n’existe pas à l’égard des sanctions.

Une sanction signale l’absence d’accès à un marché. Comme certains pays ne participent que marginalement à ces mesures, les produits allemands, ou autres, trouveront aisément un substitut en Russie. Certes, Moscou ne représente qu’une modeste part des exportations allemandes. Mais attention à la dynamique des marchés! La Chine arrive en tête des pays prêts à sauter dans la brèche. Les biens et services «made in Germany» risquent d’être remplacés par des produits chinois. A court terme, le produit de substitution sera sans doute de moins bonne qualité. Mais à long terme, «le produit concurrent peut accroître sa part de marché et renforcer sa marque», prévoit IKB Deutsche Industriebank. C’est vrai aussi bien de l’industrie automobile que des machines. L’industrie allemande arrive en tête, mais de nombreuses alternatives se profilent ces derniers mois. 

Sans grande surprise, la Chine est sur les talons de l’industrie allemande, prête à bondir et saisir cette opportunité. Les sanctions ne modifient pas fondamentalement les préférences des consommateurs, mais elles offrent une chance aux concurrents.

La Chine a déjà saisi la balle au bond sur le marché financier. Depuis quelques mois, le financement des ménages et des entreprises russes par des instituts chinois est en sensible hausse. L’étude de IKB indique qu’entre 2010 et 2013 le Royaume-Uni détenait la plus forte part de marché des crédits privés russes, devant Chypre, les Pays-Bas, l’Irlande, le Luxembourg et l’Allemagne. En 2014, le classement s’est inversé et la Chine a dépassé tous les pays que nous venons de citer.

La thèse d’une «ancienne normalité» exprimée par Adam Posen cet été à Singapour
mérite l’attention.

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Par Emmanuel Garessus/Le Temps 27/8/2014             

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/433a076a-2d3f-11e4-9b2f-a894516ff6c9%7C1

3 réponses »

  1. Bel article, sauf que le titre n’est pas représentatif,,,un peu en recherche de titres qui font mal?….
    Si l’Allemagne va mal, en 2025,,, voulez-vous nous faire un tableau de la France en 2020,,, pas besoin d’attendre , n’est-ce-pas ? Avec l’équipe sans cesse changeante des klepto-socialistes qui se font constamment des croche-pieds avec leur doxa post-staliniste, l’état de la France sera celui d’un grand malade, avec seulement des remèdes radicaux ,,,pour juste essayer d’arrêter la chute. Il va falloir attendre une génération pour que des solutions soient appliquées au système de cauchemar social/fiscal/carnaval de ce pays qui va basculer dans la deuxième zone, une espèce d’empire à l’exemple de la moribonde URSS, encombré de mini-afghanistans coloniaux en dehors de son hexagone, et une pléthore de premiers dans la catégorie des pires handicaps biendecheunous, comme un code de travail aux stéroïdes, un mille-feuille administratif garant de la bonne teneur en beurre/crème/choléstérol chère aux obèses, un régime présidentiel acheté en solde Taille XXL pour des petits, et une vanité,excusez du peu,,, exclusivement réservé à cet élite-la « meilleure-au pire-dans le monde », et rêve d’égalité pour tous bien accompli, partagé comme la « nouvelle pauvreté » par toutes les classes dans cette soit-disant école de la République!

  2. Concernant les US, c’est bien d’un déclin relatif puisque ce sont les autres qui montent. Je viens d’écouter Hubert Védrine à France Inter sur la situation effrayante du monde actuel.

    http://bit.ly/1ppQHIA

    Obama a été élu sur le mandat de désengager les US de tout ce que Bush et les neoconsrvateurs avaient fait.

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