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Les Clefs pour Comprendre du Samedi 30 Aout 2014 : LE GRAND COUP DE HOLLANDE, QUITTE OU DOUBLE! Par Bruno Bertez

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Les Clefs pour Comprendre du Samedi 30 Aout 2014 : LE GRAND COUP DE HOLLANDE, QUITTE OU DOUBLE! Par Bruno Bertez

Notre idée centrale est que Hollande joue son va-tout, et que cette fois, il fait ce qu’il faut, il choisit clairement. Il va échouer parce que son objectif reste de construire l’Europe et de satisfaire aux demandes des Allemands, or la réussite de ses orientations passe par la mobilisation des Français autour d’un plan de redressement national. Nous disons bien « national ». L’objectif de Hollande de construire l’Europe sur le modèle Allemand n’est pas celui des Français.

Nous nous sommes efforcés de suivre les commentaires des médias sur le remaniement du gouvernement français. Les lignes directrices de ces commentaires sont, soit les analyses en termes de carrière et d’ambitions personnelles, soit des analyses en termes politiciens du type dissolution de l’Assemblée ou non.

Personne n’a abordé la question centrale, à savoir les orientations définies par le Président. Personne ne s’est interrogé sur ce qu’il y avait derrière cette fameuse recherche de cohérence mise en avant par François Hollande. Personne n’a pris la peine de clarifier la ligne de partage entre les choix du Président et de son Premier ministre et les choix préconisés par les rebelles, Montebourg ou Hamon. Personne n’a tenté d’ébaucher une problématique.

Quelle est cette problématique?

– Hollande s’est rendu compte du fait que la France a un vrai problème de compétitivité qui se manifeste par les déficits extérieurs, par les besoins de financement, par le potentiel de croissance faible, par le chômage, l’affaissement et la régression du pays.

– Ceci est un constat de bon sens, non politique, il s’impose à tous, de droite, de gauche, du centre. Il ne s’impose pas aux extrêmes qui, eux, nient les règles du jeu telles que la nécessité de la concurrence ou le besoin du profit pour survivre économiquement dans un monde ouvert!

– La première des étapes consiste à étudier cette perte de compétitivité relativement à nos partenaires, l’évaluer, la chiffrer en pourcentage, en points de compétitivité. L’étudier historiquement, voir quand elle s’est creusée, accentuée, aggravée. Essayer de la déglobaliser, pour se rapprocher des réalités économiques concrètes ; bref, il faut affiner.

– Puis, il faut définir les domaines où on veut être plus compétitif, sur quels marchés, vis à vis de qui; bref, il est indispensable de s’interroger sur les  atouts, les  points faibles, les  chances de réussite dans les différents domaines. Est-ce que  la France a  un avantage en matière de facteur capital, de facteur travail qualifié, de facteur travail non qualifié, etc.

– Une question apparaît incontournable : quelle est, dans cette perte de compétitivité, la part de la surévaluation relative de la monnaie unique imposée à la France, compte tenu de la hausse de l’euro depuis son introduction ?

Il semble impossible d’esquiver une réflexion sur le lien dialectique, transitif, réflexif, entre la compétitivité, la croissance et l’endettement du pays, puisque la dette semble constituer un blocage essentiel. 

Nous simplifions la problématique car, ce qui est important, ce n’est pas le contenu, il n’est donné que pour illustration, mais la démarche.

Une fois la problématique posée, un débat sur les moyens doit s’instaurer.

C’est un débat légitime, à la fois politique d’accord, mais surtout économique et financier. Car il y a des choses qui marchent et des choses qui ne marchent pas.

Personne n’a entendu parler de cette problématique, de ce débat, sur les moyens, les alternatives, des options. Tout est escamoté et escamoté idéologiquement par une affirmation péremptoire: le coût des salaires, le coût du travail est trop élevé! Il faut baisser le coût du travail, il faut baisser les salaires réels, les salaires indirects, etc. L’exemple de la Suisse, où les salaires sont élevés, devrait pourtant faire réfléchir!

Aucune question sur tout ce qui constitue la base de la compétitivité d’un pays: la dépense de l’Etat, le niveau des impôts, le niveau des loyers, le coût de l’alimentation, le coût de la santé, le coût de la formation, le poids des inactifs,… Non, il faut attaquer bille en tête et proclamer, déclamer! Personne n’aborde la question centrale du coût de l’accès à l’énergie alors que ce coût est déterminant pour les choix de spécialisation industrielle et pour le coût de la vie en général. Ce facteur est d’autant plus important que nous vivons une époque où les préoccupations écologiques ou malthusiennes pèsent pour ramener la part du nucléaire dans la production d’électricité de 80 à 50%, ce qui représente une hausse considérable des prix de revient. Le potentiel de développement d’une économie est fonction directe de sa possibilité d’accéder à une énergie bon marché.

Il faut s’interroger sur la question de l’investissement qui est au centre de la reconquête de la compétitivité, sur le niveau des profits en France, sur la distribution des profits entre les différents secteurs, sur le drainage du surproduit par les services, par la banque, par les rentiers et professions protégées. Comment parler de compétitivité sans s’interroger sur l’investissement, alors que le seul lien économique prouvé et constant entre la croissance, la productivité et l’emploi, est précisément ce facteur central, l’investissement? L’investissement est le point charnière où l’opposition entre austérité et croissance se dépasse, se résorbe. Il constitue une demande qui accroît l’activité.

La demande d’équipement est productive à la fois de richesses présentes et futures et d’emplois. La solution aux difficultés de la France, ce n’est, bien sûr, pas la hausse de la demande de consommation, puisque ce pays a un déficit du commerce extérieur et un excès de consommation qui conduisent aux dettes ; non, la solution, c’est l’investissement productif dans le secteur des biens et services qui bénéficient d’une demande internationale. On  parle de préparer une relance du secteur bâtiment comme si cela était une solution. Non, la relance à répétition de ce secteur depuis des décennies, comme celle du secteur automobile, est inadéquate.

Le nouveau ministre de l’Economie, Macron mise sur le Pacte de Responsabilité dont il serait l’un des inspirateurs, pourquoi pas? Simplement, il faut bien voir que pour investir, il ne suffit pas bénéficier d’un cadeau de 41 milliards pour reprendre le langage de la gauche.

Et ce pour deux raisons:

1°- le système français, contrairement aux systèmes anglo-saxons, a un taux de profit très inférieur au taux de profit mondial. La question se pose de savoir si,  malgré les 41 milliards, les firmes vont juger qu’il est opportun d’investir et en particulier en France. Elles peuvent très bien se dire j’investirai quand je serai revenu au niveau moyen, quand ma rentabilité sera restaurée.

2°- le gouvernement subit la pression, encore renouvelée ces derniers jours, des institutions européennes pour réduire les déficits et il a annoncé un plan d’économies de 50 milliards sur 3 ans. Ceci est contradictoire avec les espoirs sur l’investissement et l’embauche puisque cela va peser sur les débouchés.

La doctrine française est que les firmes embauchent si elles ont de l’argent, voire de la trésorerie; cette doctrine est dépassée dans un monde globalisé.On investit :

Hollande s’est rendu compte de la nécessité absolue de la cohérence dans l’action et les comportements. L’orientation définie par lui est la recherche de la compétitivité. Il insiste sur la nécessité d’obtenir  « des résultats ». Revenons sur ce mot de « résultats ».

1-D’abord, il n’est pas caractérisé, nous avons entendu, « il faut des résultats », mais on ne nous a pas dit lesquels. C’est volontaire? Bien sûr! Afin que chacun interprète à sa façon et ainsi attribue au gouvernement les objectifs qu’il considère comme prioritaires. Le résultat à obtenir, ce peut être la réduction enfin significative des déficits et le recul des ratios de dettes. Donc le résultat, ce peut être la conformité aux normes imposées par les Allemands.

2-Ensuite, on a peu parlé de l’emploi et du chômage, mais il est présent dans tous les esprits et il est évident que les résultats dont on parle, ce peut être l’inversion de la courbe du chômage. On évite de remuer le couteau dans la plaie car les chiffres sont et vont encore être mauvais avec le regain de récession, mais à notre avis, l’emploi constitue le cœur de ce complexe que l’on peut appeler « les Résultats ».

3-Enfin, le troisième volet, c’est la croissance. Hollande s’efforce au niveau européen d’obtenir que la régulation soit plus stimulante, il plaide pour la croissance à la fois par l’accentuation des mesures monétaires dites stimulantes et pour que l’Allemagne opère un réglage plus conforme à ses responsabilités de locomotive.

C’est, à notre avis volontairement que le contenu du mot « résultats » n’est pas explicité. En ne l’explicitant pas, on peut glisser et faire glisser tout ce que l’on veut comme « résultat » et cocoriquer.

Le plus facile à obtenir est peut-être un supplément de croissance. Ce n’est pas difficile, quand on flirte avec la récession, on se contente de peu. On l’a vu en 2013 quand Hollande a claironné victoire pour deux dixièmes de points!

Pour le reste, on sait que, quelle que soit l’action, ou les actions engagées, il faut laisser le temps au temps, il y a une inertie considérable dans les phénomènes économiques. Il faudra du temps pour voir les résultats. La recherche de la cohérence est subsidiaire du Pacte de Responsabilité, complémentaire. En effet, si des déclarations intempestives viennent gâcher le climat et réintroduire l’incertitude, alors le sentiment va se dégrader, les entreprises du MEDEF resteront frileuses et Hollande ne pourra récolter les fruits de la collaboration avec le Grand Patronat.

La recherche de « résultats » est à prendre au sérieux, elle explique beaucoup de choses du présent et elle expliquera beaucoup de choses du futur. Si on accepte de n’être jugé que sur les « résultats’, cela veut dire que l’on fait l’impasse sur ce qui va se passer entre temps, comme mécontentements, récriminations, oppositions et chutes de popularité. On rétorquera: attendez  les « résultats », ce qui permettra peut-être de tenir.

On diffère les sanctions, on gagne du temps. Mais aussi, on joue à quitte ou double!

Le chaos politique est bien sûr possible, mais il est peu probable, malgré le piétinement de l’idéologie socialiste. L’alliance avec les organisations patronales et la standing ovation dont a bénéficié Valls ne laissent aucun doute sur la volonté d’annuler la première partie du quinquennat. Les tabous idéologiques et culturels comme ceux sur les seuils et les 35 heures sont, sinon levés, du moins évoqués.

Nous sommes persuadés qu’en cas de besoin, Hollande trouvera des appuis à droite. Nous ne voyons plus la moindre feuille à cigarette entre les nouvelles orientations de Hollande et celle de la Droite, nous corrigeons, celle de la fausse Droite. Mêmes thèmes, mêmes illusions technocratiques étatistes, mêmes erreurs de raisonnement, même méconnaissance du monde et des origines de la crise, mêmes tabous et invariants comme la monnaie unique.

Au niveau de ceux qui prétendent se croire des pilotes, nous considérons qu’à ce stade, la cohérence est au rendez-vous. Cependant, ces pilotes ne gouvernent pas la vie, le comportement des gens, il y a comme une épaisseur entre ces « dominants » et la société civile et un paquebot qui dérive depuis des décennies ne se redresse pas en quelques mois.

Pour entraîner l’adhésion, la manœuvre de Hollande aurait besoin de souffle, besoin d’un Grand Projet. Cette idée de Projet, de Vision, fait défaut à la France. Ce n’est pas de pure forme que nous avançons cette idée de besoin de Vision et de Perspective. Nous le faisons car, dans cette recherche de cohérence, il y a, en sous-jacente, la recherche de l’unité nationale, de l’union sacrée, du dépassement. On sent bien qu’en filigrane le Pouvoir demande que l’on fasse taire les divisions. Hélas, au plan intérieur, il n’y a aucune chance que cet appel muet soit entendu, tout part dans tous les sens. En revanche, il existerait une possibilité de vision et de perspective, si on se décidait à revenir aux sources, c’est à dire à la question de la place de la France dans le monde.

Seul, à notre avis, serait mobilisateur un projet de reconquête de l’indépendance, du rang. Pour cela, il faudrait tourner le dos à l’Atlantisme et aux dominants, il faudrait décider de vouloir une autre Europe que celle qui est actuellement  imposée. Bref, il faudrait pousser la cohérence jusqu’au point où elle ferait sens, sens incontestable pour les Français. Il faudrait retrouver le fil cassé par Giscard lorsqu’il a dit que les Français ne représentaient que 1% de la population mondiale. Il faudrait que l’élite offre un autre avenir que celui de la soumission et de la négation. Un objectif « en avant » qui se situerait dans le prolongement de l’histoire du pays et non dans sa destruction.

Hélas, la cohérence que l’on cherche n’est que partielle et surtout, elle n’est motivée que par l’obéissance, le renoncement à l’indépendance, à l’identité, et même à l’autonomie. La cohérence est motivée par le contraire de ce qu’il faudrait mettre en avant pour réussir!

 

BRUNO BERTEZ Le Samedi 30 Aout  2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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