Commentaire de Marché

L’Edito du Jeudi 25 Septembre 2014: Du vrai Ponzi à la fausse richesse, tournez manèges Par Bruno Bertez

L’Edito du Jeudi 25 Septembre 2014: Du vrai Ponzi à la fausse richesse, tournez manèges Par Bruno Bertez

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Au fil du temps, la connaissance progresse, les prises de conscience s’effectuent. On comprend beaucoup mieux maintenant ce qui s’est passé en 2007/2008 et la logique qui opère dans le « traitement » de la crise. Quand on voit clair, les choses sont simples ou plus exactement, elles se simplifient. Le géant de l’investissement obligataire, Bill Gross de Pimco expose maintenant clairement l’analyse que nous promouvons depuis 2008. Il chiffre les besoins de reproduction du Système Américain et ceci éclaire d’un jour nouveau la question des conséquences du taper.

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Dans notre dernier envoi, nous avons choisi de mettre en évidence le comportement négatif des marchés émergents, la baisse de leurs indices boursiers, le recul de leur change et la hausse des taux. Nous avons également pointé l’allure médiocre des marchés de matières premières.  Nous avons, à ce stade, rappelé l’épisode de la mi 2013, le début de déroute et de dislocation des marchés provoquées par les rumeurs et les perspectives de « Taper ». Les capitaux les plus peureux ont quitté les places émergentes, dans l’idée que,  si la liquidité vient à se restreindre, alors ce seront ces places qui seront les premières asséchées.

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Le mouvement constaté la semaine dernière ne s’est, ni poursuivi, ni amplifié, il s’est amorti. Certes,  l’indice MSCI  des émergents a perdu 0,7%, mais ce n’est rien ou quasi. Les causes de la baisse, disent les médias, sont le ralentissement chinois, les craintes de hausse des taux et les fuites de capitaux. On peut y ajouter les inquiétudes géopolitiques, même s’il est de bon ton de ne pas trop en parler. Nous sommes loin de la déroute de 2013 puisque les émergents conservent un gain, en terme d’indices, de 5 à 6% sur les niveaux de début d’année. Là aussi, semble-t-il, on achète le « dip », au prétexte que les multiples chez les émergents sont plus bas que ceux des pays développés. On serait, selon les références choisies, entre 11 et 15 fois les résultats à venir.

Laissons donc les émergents, a priori ce n’était qu’une fausse alerte, une fausse alerte normale puisque chacun sait que le danger étant connu et surveillé, il y a peu de chances qu’il se concrétise.

littlejanet

En fait, il faut admettre que personne n’a peur. La Fed va réduire ses achats de titres à long terme, c’est la fin, mais on se dit que la BCE va prendre le relais et puis que la Bank of Japan, n’est-ce pas, est toujours là. Yellen n’a étonné personne, elle a ajusté son pilotage en affirmant que les taux resteront bas pendant un temps considérable, elle a plus ou moins confirmé le calendrier même si elle a haussé le niveau prévu des taux pour les années à venir. La Réserve Fédérale abaisse ses prévisions de croissance économique, rien de bien marquant dans tout cela, c’est la routine. Pour fournir  un hommage du vice à la vertu, on va même jusqu’à mettre en place un comité qui va surveiller ou veiller au risque financier et peut -être même va regarder s’il y a des bulles. Le dissident de service, Fischer, va animer ce comité. A notre avis, ce comité devrait se pencher sur Alibaba et autres vedettes des réseaux sociaux, cela lui fera une occupation et cela ne gênera personne.

Tout cela est conforme, et a permis de battre les records, comme il se doit. Pas de surprise.

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Nous avons eu beaucoup de plaisir à lire la dernière note du mois d’Aout de Bill Gross, c’est toujours intéressant, mais là, c’était un régal. Pensez, elle est intitulée, « For wonks only », c’est à dire « réservé aux intellos ». Nous nous sommes donc précipités.

Voici ce que dit Gross en substance car la traduction littérale serait lourde. 

Une économie financière basée sur le crédit a besoin,  pour sa survie, que le crédit émis progresse sans arrêt. Sans crédit nouveau additionnel, les intérêts sur les dettes qui ont été émises précédemment ne peuvent être payés. Ils ne peuvent être payés que par la vente d’assets existants, ce qui, en retour, produit un cercle vicieux de déflation de dettes, produit de la récession et finalement de la dépression. C’est cette expansion de crédit public et privé que la Fed et  la BOE ont réussi à fabriquer au cours des 5 dernières années, tandis que leurs consœurs de la BCE et de la BOJ ont échoué à la produire. La question est: quel est le taux de croissance du crédit nouveau qu’il faut engendrer pour pouvoir payer la note des crédits anciens et, surtout, quel est le volume de Quantitative Easing qu’il faut faire pour obtenir ce taux de progression du crédit ?

On ne peut mieux définir nos systèmes et la voie sur laquelle ils sont engagés. Cela vient d’un des plus grands parmi les grands, Bill Gross.

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Souvenez-vous, si vous êtes un lecteur fidèle, nous développons régulièrement l’idée que pour faire tourner la machine économique américaine et honorer les dettes, fabriquer des revenus, il fallait trouver le moyen de produire 2 trillions de dettes nouvelles par an.  En-dessous, la machine se grippe. Gross n’utilise pas exactement les mêmes agrégats que nous, mais ce qui compte, c’est la démarche. Il pense que le coût, le taux d’intérêt, attaché à la dette américaine déjà en circulation est de l’ordre de 4,5%. Il prend les chiffres fournis par la Fed avec sa méthodologie et additionne la dette privée non financière, la dette du gouvernement, et la dette financière: il arrive à un stock de dettes existantes de 58 trillions. Ce qui veut dire que, pour se reproduire, sans avoir à vendre des assets, et payer les intérêts de 4,5%, le Système américain a besoin de créer, tout confondu, public, privé et secteur financier, 2,5 trillions de nouveau crédit par an. Notre chiffre de 2 trillions est inférieur à celui de Gross car nous n’incluons pas le secteur financier. Nous, nous considérons qu’avec 2 trillions, on peut créer assez de revenus pour tout faire et payer les intérêts attachés au stock de dettes. Faute de ces deux trillions, il faut que quelque chose cède et craque.

Selon Gross, le Système américain a réussi à produire une croissance du crédit de 2% seulement au cours des 5 dernières années et ce n’est qu’au cours des 12 derniers mois que l’on s’est rapproché de la couverture des besoins, avec une progression de 3,5% du crédit nouveau. Au cours du second trimestre, les autorités monétaires et le Gouvernement ont réussi à produire du crédit au rythme de 2,32 trillions l’an, secteur financier compris; nous ne sommes pas loin de la satisfaction des besoins. Si on traduit dans nos chiffres, lesquels ne comprennent pas le secteur financier, donc on retire  moins 353 milliards, alors on arrive pour ainsi aux 2 trillions dont nous parlons régulièrement (2,320 – 353). Le gouvernement a pu se permettre de créer moins de crédit parce que les ménages et le business ont pris le relais.

Il est évident, comme le dit Gross, que le crédit de la Fed est central dans cette évolution, c’est la Fed qui insuffle la dynamique du crédit dans le Système : l’argent qu’elle met en mouvement, tourne littéralement et va alimenter, inflater, aussi bien les revenus que les prix des assets. Il va tourner et inflater la « richesse » des agents économiques. Le crédit de la Fed, Fed-crédit, a progressé de près de 26% sur 12 mois ! Grâce à cela, les revenus recommencent à progresser, ce que l’on a vu au second trimestre, les salaires également. Mais le plus important, dans le dispositif, n’est pas là, il est dans l’envolée de la « richesse ».

La « richesse » des ménages a galopé. Ils se sont « enrichis » en net  de 8 trillions en 12 mois et de 14, 5 trillions en deux ans!  Cette richesse nette  tombée du ciel atteint le chiffre de 82 trillions, alors que, juste avant la crise, elle était à un record de 66 trillions. 

Vive les crises ! Grâce à elles, la fortune des ménages américains a progressé de près 16  trillions  en 5 ans. Plus on chôme, moins on investit, plus on devient riche, plus on peut créer de dette… le mouvement perpétuel en sorte.

Plus sérieusement, nous dirons que personne ne sait où l’on va, personne n’a de modèle de ce qui va se passer quand on va essayer de drainer et contrôler les réserves. Les chemins suivis par l’argent de la spéculation sont opaques, le carry qui a été généré encore plus. Et, surtout les localisations du levier sont mystérieuses pour tout le monde. Quelle sera la sensibilité du crédit aux tentatives de normalisation? Personne ne sait, parce que personne n’a compris comment, finalement, tout cela fonctionnait.

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BRUNO BERTEZ Le Jeudi 25 Septembre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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9 réponses »

  1. En théorie, le système peut perdurer longtemps, voire, éternellement. Tant qu’on alimente la poussée du crédit sur le vélo de la dette, il ne chutera pas…. En théorie bien sûr : le ratio dette/PIB peut atteindre des sommets, le Japon est en train de l’expérimenter. Mais la rareté des ressources (ou, plus vraisemblablement un grain de sable venu de là où on l’attend le moins) sonnera forcément le glas de toute cette ingénierie financière et patatras !

    Ou bien alors une bonne pince Montseigneur, un masque et des bouteilles de plongées. Les lagons des îles Caïman et autres paradis fiscaux, voire la pointe de l’île de Manhattan sont bien connectés à « l’Infosphère », comme l’appelait Dan Simmons dans son roman génial « Hypérion ». Un couic coordonné sur tous ces câbles de fibre optique sous-marins (Ou l’explosion d’une bombe atomique dans l’espace, au choix). Et hop : nous voilà revenus à l’âge barbare. Enfin, celui de sa relique. Un âge d’or en somme…

  2. C’est fini.

    Ils n’y croient plus.

    Les européistes commencent à comprendre que l’Union Européenne n’est pas viable.

    Les européistes commencent à comprendre que l’Union Européenne va bientôt mourir.

    Les deux derniers exemples :

    Mercredi 24 septembre, un européiste de gauche, l’économiste Bernard Maris, écrivait dans Charlie Hebdo qu’il fallait maintenant sortir de l’euro. Bernard Maris est professeur des universités à l’Institut d’études européennes de l’université Paris-VIII. Il est membre du conseil général de la Banque de France.

    Vendredi 26 septembre, un européiste de droite, l’économiste Eric Le Boucher, écrit dans Les Echos que l’Europe est en train de mourir.

    A gauche et aussi à droite, le vent tourne.

    Les européistes commencent à comprendre que la construction européenne est une expérience qui a complètement foiré.

    Le seul résultat politique de la construction européenne, c’est le retour des nationalismes d’extrême-droite partout en Europe, et la montée des forces centrifuges.

    Les égoïsmes nationaux, les fureurs populaires et les passions nationalistes vont faire mourir l’Europe.

    L’agonie de l’Europe a commencé.

    Lisez cet article :

    L’Europe est en train de mourir, surtout ne faites rien.

    http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/0203805835795-leurope-est-en-train-de-mourir-surtout-ne-faites-rien-1046818.php

  3. ce système, de crédit monnaie (=+-roving cavalier of credit de marx), bien au contraire se termine à mon avis car il ne concerne plus qu’une minorité de personne même si il est encore actif/imposé dans un grand nombre de pays.

    95% de la population possède des dettes (mais +-odieuses donc répudiables) et des actifs peggés (ou une force de travail) en réalité à l’or et en masse faible.
    Ils n’ont plus rien à gagner à ce que ce système implémenté sous sa forme actuelle surtout le 5 aout 1971 perdure.

    Des pays sont exclus de la sphère crédit monnaie (iran russie..) et c’est une chance pour eux
    en afrique tous le continent en population en est quasiment exclu!
    est-ce que vous pensez qu’au moyen orient le groupe à la mode grunge et nihiliste ISIS est adepte de ce système? pour moi le fascislamisme est un enfant du système crédit monnaie dollar backé par oil , tout comme la « révolution » francaise fut la mère de tous les totalitarismes du XXieme

    Ce système essaie de détruire tout ce qui ne lui ressemble pas (culture, justice , sécu notariat! taxi!= »stratégie du choc » sexe! tomates!) afin d’unifier sous sa coupe pendant qu’il est encore temps et de tenter d’éliminer les alternatives concurrentes.
    En réalité il est en train de clamser. Qui peut racheter les dérivés? les chinois?
    Bien que completement lobotomisés par le communisme ils ont bien pigé le système lol mieux qu’un francais , sans doute parce qu’ils ont eu un oeil extérieur.et que lui a été lobotomisé à petit feu.

    En revanche ce n’est pas le cas du capitalisme.
    Le capitalisme n’est pas un système c’est la réalité décrite entre autre dans les évangiles et dans le droit grec et romain)
    il n’y a aucune alternative au capitalisme, même poutine est capitaliste mais en guerre.
    les petits cons comme rifkin disent que le capitalisme va s’éteindre d’ici 30ans, mais il n’ a rien compris et confond le capitalisme avec le système de crédit monnaie

  4. décidemment ce fut sa dernière intervention chez pimco! (et la plus importante amha car apres l’avoir lu on comprends que la credit monnaie est pipée de l’interieure)

    (me souviens d’yves lamoureux sur les affaires.com, suite à une chronique ou il se lacha, lui avait immediatement dit qu’il allait se faire sacker. une semaine apres il a du partir.)

    soit il part de son propre chef, soit pas: mais il a pris soin de régler ses comptes avant pour sa prospérité.

    se passe trop de chose trop vite: la guerre a commencé (l’amende bnp étant un accord de munich)

  5. « on comprend que la credit monnaie est pipée de l’interieur »
    pour ceux qui n’étaient pas encore au courant lol

  6. « Qui peut racheter les dérivés? »
    qui peut racheter Pimco?
    voila l’exemple type d’un truc avec des taux normaux qui pourrait valoir -200mds

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