Douce France

Rencontre avec Michel Chassang, Président de l’UNAPL Par Bruno Bertez

Rencontre avec Michel Chassang, Président de l’UNAPL Par Bruno Bertez

L’Union Nationale des  Professions Libérales appelle à une journée « sans professionnels libéraux » le mardi 30 Septembre 2014. Le fait est rarissime. Nous n’avons retrouvé que trois exemples de mobilisation des professionnels libéraux :

  • Novembre 80, une manifestation dans la rue à Paris afin d’exiger le maintien du secteur libre, l’égalité fiscale et une retraite décente
  • Septembre 82, une manifestation monstre de plus de 100.000 personnes contre la suppression des ordres, laquelle faisait partie des 101 propositions de Mitterrand
  • Janvier 89, un grand rassemblement à Paris contre le déplafonnement des allocations familiales et autres mesures décidées sans négociation avec les professions libérales.

Quelle est l’origine de la mobilisation actuelle ? Avons-nous demandé à Michel Chassang.

Le fait générateur, ce sont les propos de Montebourg qui a stigmatisé et insulté les professions réglementées, les professions  libérales, citant nommément certaines d’entre elles. Il les a présentées comme archaïques et les a accusées de prélever plus de 6 milliards d’euros sur le pouvoir d’achat des Français. Il a assimilé réglementation et protection, ce qui est une stupidité. Il a tout mélangé, s’il y a une profession ou des groupes sociaux  qui sont protégés, ce ne sont pas les professions libérales, mais plutôt les fonctionnaires. Montebourg  a agité le spectre de revenus mirobolants sans tenir compte de la situation réelle des professions. Ainsi, plus de la moitié des avocats  n’arrivent pas à gagner une vie décente, plus de 10 % des pharmacies sont dans le rouge, et même chose chez les notaires. Montebourg a tout mélangé. Il nous a présentés comme des nantis. Pour mobiliser, on ne pouvait pas faire mieux.

Macron a fait quelque peu machine arrière, mais nous ne sommes pas plus rassurés que cela; il est plus civil, plus poli, mais est-il vraiment plus ouvert ? Lors de l’entretien que nous avons eu avec lui, nous avons demandé la publication du rapport qui semble avoir servi de guide à Montebourg, rapport que l’on garde secret. Le Ministre a promis de le mettre en ligne dès le 20 Septembre et, bien entendu, il ne l’est toujours pas. Pourquoi? Parce que, dans ce rapport, il y a des choses que l’on ne veut pas que nous sachions, il comporte un ou des « loups » qui, s’ils étaient révélés,  augmenteraient le mécontentement et la mobilisation. Le Ministre va jusqu’à affirmer que rien n’est écrit, alors que les documents en notre possession montrent  bien qu’au contraire, tout est écrit noir sur blanc ; la vérité est que le secret est destiné à nous affaiblir et court-circuiter. Tout cela est-il  bien démocratique ? C’est la négation de tout dialogue.

Quelle est, selon vous, et selon ce que vous connaissez, le point le plus dangereux ?

L’histoire des 6 milliards est une absurdité, nous travaillons dessus afin de montrer que cette affirmation ne correspond à rien. Il est évident que des économies sont possibles, on peut améliorer l’efficacité de nos professions, mais, pour cela, il faut simplifier, rendre moins complexe notre gestion, il faut revoir toute la filière de nos activités et, en particulier, il faut oser mettre en cause à la fois la puissance publique et le service public. Une concertation avec les professions permettrait beaucoup d’améliorations, mais elle déboucherait sur une mise en cause du secteur public et, là, on touche au sacré. Le Gouvernement ne veut pas que l’on touche quoi que ce soit de ce côté, il en a peur ; il a peur qu’il ne s’embrase.

Le point le plus dangereux, c’est celui de l’ouverture du capital de nos professions à des capitaux non professionnels; c’est la porte ouverte à toutes les dérives, mais c’est aussi un changement de société. On voit bien que le modèle qui ne dit pas son  nom est le modèle anglo-saxon, avec ouverture du capital, avec priorité à la rentabilité des capitaux. Avec disparition du service, s’il s’avère financièrement non rentable, avec pression sur la productivité des salariés, réduction du service à la portion congrue etc.  Avez-vous envie d’aller vous faire soigner en Grande-Bretagne? Pensez-vous que vous êtes mieux servi dans une chaîne de pharmacie dominée par la logique financière? La profession libérale, c’est un modèle de société, une base du modèle français. On veut de nouveaux monopoles, soucieux de rentabilité des capitaux investis; veut-on des laboratoires de biologie médicale cotés en Bourse, comme cela est en train de se passer? Il faut noter que les syndicats de salariés ne trouvent pas l’initiative gouvernementale opportune, ils savent que, dans la période actuelle, ce n’est pas bon pour l’emploi. Jusqu’à présent, les Professions Libérales ont eu un rôle positif en matière d’emploi ; elles ne licencient pas ; sur le long terme, leurs effectifs croissent de 2% à 3% l’an. Ce n’est que récemment que l’embauche s’est ralentie et que les effectifs marquent une tendance à la stabilité, mais sans régression. Pourtant, nous avons des secteurs très touchés par le marasme, comme la construction.

La justification de l’Europe et d’exigences européennes n’est pas crédible. D’abord, il n’y a pas de modèle dominant en Europe, la diversité règne, chaque pays a ses spécificités. Ensuite, il n’y a aucune obligation en la matière, car le principe de subsidiarité s’applique à nos secteurs; dans nos domaines, il est prévu que chaque Etat puisse invoquer la subsidiarité.

ADDENDUM:  Il faut sortir de la France du « toujours plus » , mais proprement! Par BrunoBertez

-1 Relisez mon texte : 

Les Clefs pour Comprendre du Dimanche 21 Septembre 2014: Professions libérales/ N’oubliez jamais ceci: celui qui donne tout, peut aussi tout reprendre Par Bruno Bertez

 Quand je dis « les fonctionnaires sont planqués …les agriculteurs ..  » je me mets dans le cadre d’un raisonnement, j’adopte une certaine logique qui est plutôt celle de l’adversaire et que je pousse au bout. J’aurais pu ajouter également parmi les privilégiés, les Smicards car eux aussi sont protégés de la concurrence des pays à bas salaires par l’existence d’un salaire minimum. Ce qui est la cause majeure du chômage car ce qui est trop cher, les smicard français, n’est pas compétitif et donc n’est pas demandé. Ce qui ne s’ajuste pas par les prix, s’ajuste par les quantités. Soit dit en passant vous savez que je suis pour la suppression pure et simple du SMIC afin de laisser chacun offrir sa force de travail au prix qui lui convient, afin d’échapper à l’indignité de la mise au rencart que constitue le chômage.Donc je suis dans le cadre d’un raisonnement.

-2 Personne ne peux nier que l’agriculture française vit sous un régime spécial qui est éloigné des lois pures et simples du marché, vous même faites référence à la PAC et vous n’êtes pas sans savoir que les partenaires de la France luttent depuis des années pour réformer la politique agricole commune car elle leur coûte cher. Comprenez que les médailles de la réglementation ont leur revers et c’est un phénomène général. ce qui réglemente à la fois étouffe et protège. C’est la fonction du carcan réglementaire

-3 Ce que je veux démontrer dans cet article c’est que le caractère sélectif des réformes et des modernisations constitue le problème. Dans un monde ou l’Etat intervient pour réglementer ou protéger, par définition il lèse les uns au profit des autres, car les revenus des uns sont toujours les coûts des autres. Et de quel droit les politiciens et fonctionnaires s’arrogent ils cette faculté de modifier les répartitions des coûts et revenus? Si ils avaient la science infuse cela se saurait et il n’y aurait pas 3 millions de chômeurs apparents et 5 millions de gens en sous emploi: Donc ce sont des choix politiques. Et comme tels, ils sont biaisés par l’électoralisme, par le corporatisme, le clientélisme. Et il est normal que l’on relève l’injustice et l’arbitraire de ces choix politiques. Pourquoi les uns et pas les autres ? L’intervention de l’état et des fonctionnaires fait que la France est devenue un gigantesque champ de pleurs et de lamentations, le peuple passe son temps à pleurnicher, à crier et moi et moi? Toujours plus!

-4 Mon argument est donc q’ à partir du moment ou tout le pays est soumis à contrainte extérieure, est déficitaire, est non-compétitif, cela veut dire que le système français distribue trop de revenus en regard de ce que sa situation dans le monde lui permet. Il faut donc certainement faire quelque chose. Il faut que la masse des revenus distribués en France soit ajustée à la baisse, jusqu’au niveau compatible avec l’équilibre extérieur et le retour au plein emploi.

Pourquoi, de quel droit s’attaquer à certaines catégories sociales plutôt qu’à d’autres? De quelle légitimité? de quel Savoir et et de quelle prévision de l’avenir? Ils se sont trompés sur tout, toujours et encore récemment quand ils ont essayé d’imposer l’austérité , ce qu’ils abandonnent en ce moment. Ils se sont trompés sur le montage et la conception de la monnaie commune, l’euro, ils se sont trompés en montant les impôts et taxes en 2012 et 2013, etc Et une fois encore ils font volte face, ils essaient de rebaisser les impôts en ce moment! Leur gestion n’est qu’une succession d’erreurs et de courtes vues; En ce moment ils détruisent l’épargne et les retraites et dans 3 ans ont re-stimulera l’épargne …Ils luttent contre une déflation imaginaire et en 2017 ils annonceront un plan de lutte contre .. l’inflation.

Donc ce que je dis c’est que la politique qui consiste à vouloir s’attaquer aux uns et pas autres est idiote, dangereuse et destructrice de l’ordre social. Ils y a des catégories sociales qui sont des piliers de la démocratie, ce sont les classes moyennes, la paysannerie, les notables, etc. Et il faut y regarder en deux fois avant de les détruire car c’est dangereux politiquement et socialement: La multiplication des déclassés a été l’une des causes du fascisme dans les années 30.

Personne n’est détenteur de ce que l’on appelle « la justice sociale », c’est la société civile qui produit l’idée, le concept, les normes de la justice sociale, pas le monde politique et ses fonctionnaires. Personne à ma connaissance n’ a, chez lui, la disposition de la balance à peser la justice sociale.

Donc ou bien on abandonne cette politique qui consiste a pilonner des catégories sociales pour en préserver d’autres ou bien on se donne la légitimité de changer de politique globalement.

Ou bien on baisse la valeur internationale de tous les revenus français, c’est que l’on appelle une dévaluation, et il faut sortir de l’euro ou tordre le bras aux Allemands

Ou bien on dit que l’on demande le blanc seing du peuple pour une politique générale de flexibilité, de vérité des prix et des revenus, bref on annonce un programme gigantesque de remise à niveau et de déblocage du pays, sans exclusive et sans exception.

9 réponses »

  1. Je ne suis pas d’accord. Ni avec Chassang, ni avec Montebourg. Faire sauter le monopole des professions libérales oui. Mais alors faire sauter avec les avantages des employés d’EDF, de la sncf , des pilotes d’air France…
    Et créer une vrai libéralisation, dont ne veulent pas non plus les professionnels libéraux : libre choix d’installation (fin des quorums) sans transférer comme veut Macron le gâteau aux copains des groupés financiers et autres multinationales. Quoique… Là encore l’argument ne tient pas : on ne meurt pas plus en Allemagne ou en Suisse et l’on est même mieux soigné avec moins de dépenses de Sécu.
    Les « vraies » professions libérales devraient se coltiner de la concurrence et les mauvais meurent dans ce cas. Pas en France. Et je le répète, cela vaut pour un notaire comme pour les syndicats qui coulent la SNCM.
    Encore une fois, les corporatismes ficheront ce pays en l’air. Mais ce n’est que mon point de vue et je suis d’accord avec vous M Bertez en revanche sur un point : cette affaire est purement idéologique dans un but de détricotage de ce qu’il reste d’opposition au monde des Bisounours globalisé dont rêve Attali et tous les autres.
    Ah pour finir : je ferai sans doute grève le 30…
    Pour cette dernière raison seulement.

  2. Bonjour,

    Il est de bon ton que les professions dites libérales crient au loup.Toutefois, elles savent , en tant que classes supérieures et ayant le temps , l’argent et le pouvoir, qu’elles ne seront touchées qu’a la marge.
    Toute personne qui réfléchit quelque peu et qui connait l’histoire sait que ce sont les classes moyennes et les épargnants qui vont payer la note.

  3. Le problème c’est que le mot libéral est complètement galvaudé en français… médecine libérale par exemple c’est à mourir de rire quand on sait que les revenus d’un médecin proviennent à 95 % de la sécurité sociale… Un libéral c’est quelqu’un qui prend des risques et met sa télé et son canapé en jeu lorsqu’il échoue… Beaucoup usurpent le mot libéral.

  4. Les « libéraux » français (comme les médecins) veulent le meilleur du système français (les études de médecine payées par le contribuable) et le meilleur du système US comme les honoraires libres et d’un montant délirant…

    Qui paye deux fois? NOUS bien sûr…

  5. Je vous rassure, les professions libérales sont très largement représentées à l’assemblée nationale, aucune chance qu’ils participent au redressement français. C’est toujours à l’Autre de faire disette.
    Libéral, quelle bonne blague. Mouahhhh comme ferait le,méchant dans Autin Powers.

  6. Les quelques commentaires suscités par la question des professions dites réglementées prouvent au moins une chose:

    -l’image de ces professions n’est pas positive, elle ne les protègent pas des attaques.

    Cela me fait penser, dans l’actualité, à l’image des pilotes de ligne, les Français ne les aiment pas.

    Il faudrait analyser tout cela, voir les fondements, déterminer ce qui semble justifié et ce qui ne l’est pas.

    On voit en tous cas que bien peu s’interrogent sur le lien entre la réglementation, la protection de la concurrence et les revenus considérés a priori comme excessifs.

    Pour ma part je ne pose pas la question à ces niveaux.

    Je remarque que si les professions réglementées sont protégées, elles ne sont pas les seules.

    Il y a beaucoup de catégories sociales qui attirent à elles des revenus qu’elles n’auraient pas si nous étions dans un système de marché fluide, ouvert; les deux tiers de la population sont protégés d’une façon directe ou indirecte, plus ou moins évidente. La France baigne dans la protection et cette protection est tellement omniprésente que les gens ne s’en rendent plus compte, ils la trouvent naturelle. La contrepartie de cette protection généralisée est :

    -l’envie, la jalousie
    -les rigidités, les blocages
    -la politisation de la question des revenus et des prix
    -la toute présence/puissance de l’Etat considéré comme protecteur, régulateur, garant de la justice

    Si les Français choisissent l’ouverture sur le monde au rythme voulu par les kleptos/ploutos, alors ils doivent admettre qu’ils vont avoir, peu à peu à se plier, se soumettre aux valeurs mondiales de tous les biens, services, revenus etc.

    Dans un monde ouvert toutes les valeurs ont tendance à s’égaliser. Dès lors que l’on admet une chose, on doit en admettre les conséquences , c’est à dire l’égalisation globale des valeurs de tout. Mais si dans un pays, on réduit la nécessité de s’adapter à quelques catégories sociales et que l’on en exonère d’autres, alors l’arbitraire s’installe, cela devient injuste, mal toléré et bien sur, le tissus social se déchire.

    Moi je ne m’intéresse qu’à cet aspect. L’aspect destruction de certaines couches sociales au profit d’autres.

    La solution à l’adaptation française au nouvel ordre du monde et aux nouvelles valeurs est de flexibiliser tout le système, de le fluidifier afin que chaque catégorie sociale soit remise à sa vraie valeur sociale. Il n’y aucune raison défendable pour justifier que l’on ne s’attaque qu’à une partie du problème.

    • Excellente résumé! les 2/3 de Français qui sont protégés et qui trouvent ça normal, contrôlent l’avenir politique du pays. Qu’est ce qui pourrait les faire basculer vers un désir de rupture et d’ouverture?

  7. S’agissant des attaques contre les professions dites réglementées ou libérales, on peut proposer d’autres analyses et interprétations, en particulier politiques.

    On peut se poser la question de la représentation politique des ces groupes sociaux. Mon idée est que si ces groupes sont laminés, déchus et déclassés, ils vont venir grossir les rangs de ceux qui sont à la marge du système, de ceux qui sont tentés par le vote extrémiste.

    Il y en a déjà beaucoup. Comme il y en a eu beaucoup en 81 et 82 quand Mitterrand les a attaqués. N’oublions pas le renouveau plus ou moins poujadiste de cette époque avec la montée des syndicats comme le SNPMI.

    L’incapacité de l’UMP , par exemple, à prendre en charge la défense des intérêts et des statuts de ces couches sociales est évidentes. Tout comme l’est celle du MEDEF/CGPME dont on ne peut même pas dire qu’il soutient les professions réglementées du bout des lèvres.

    Ce que l’on appelle improprement la Droite, mais qui est en réalité la branche de droite de la sociale démocratie, ce que l’on appelle improprement la Droite perd peu à peu les couches sociales qui constituent le fond de sa clientèle historique. Il est vrai que les gens comme Juppé n’ont pas compris qu’un parti politique ce n’était pas un club d’énanistes, mais une alliance de couches sociales qui avaient des points et des intérêts communs.

    Ces gens croient que les alliances sont des alliances d’appareil alors que les appareils ne représentent rien- que représente Bayrou?-.

    La politique des super-élites plouto et kleptos-mondialistes-européistes est à courte vue. Tout se passe comme si elles mettaient tous leurs oeufs dans le même panier. Elles misent tout sur une possible sortie de crise par la méthode actuelle, par les voies actuelles.

    Les chiffres et le bon sens leur donnent tort , on ne sortira pas de la stagnation et du surendettement par les voies actuelles et il faudra de vrais bouleversements. Dans l’hypothèse ou au lieu de s’améliorer, la situation empirait, il est évident qu’une partie de plus en plus grande de la population rejoindrait les extrèmes et singulièrement le Front National. Les super-élites ayant perdu leur bouclier traditionnel, les petites élites, les notables et les classes moyennes, elles seraient en première ligne pour en prendre , comme on dit vulgairement, plein la tronche.

  8. J’ai proposé ci dessus une interprétation politique, mais on peut également faire une remarque conjoncturelle: La contreperformance économique de la France a de multiples origines:

    -structurelles, fondamentales
    -erreur de gestion et réglage idiot de la politique gouvernementale
    -incertitudes réglementaires et fiscales

    Je n’insiste pas sur le structurel car j’en parle souvent.

    Erreur de réglage qui consiste à faire de la déflation de pouvoir d’achat et de dépenses alors que l’on fait en même temps le diagnostic d’une insuffisance de la demande.

    Incertitude réglementaire et fiscale, cela a été généralisé et très net en 2012 et 2013, ce qui a produit un climat d’attentisme et de rétention aussi bien au niveau des ménages que des petites et très petites entreprises.

    On aurait pu penser qu’après le virage de Hollande et la main tendue aux responsables économiques, tous les projets de réformes allaient été reportés car source d’inquiétude et de rejet. Il n’en est rien, on le voit, on s’attaque à 1 million de ménages (2 millions avec les salariés) et on fait en sorte qu’ils soient inquiets pour leur avenir! Peut-on être plus inconséquent?

    Dans la situation présente, la seule règle des gouvernements devrait être:
    Ne pas nuire, please, no harm.

    On ne fait pas de réformes qui touchent à la demande, qui inquiètent et pourrissent le climat économique et social quand en même temps on diagnostique une insuffisance de demande et que l’on prétend se fixer comme priorité l’emploi.

    Quand peut-on réformer alors?

    Bonne question!

    D’abord quand on a un mandat, une légitimité pour le faire !

    Ensuite quand les réformes sont justifiées par l’intérêt du pays et pas par les exigences de l’étranger !

    Enfin quand on en a prouvé et démontré le bien fondé à l’occasion d’un débat public !

    Toutes les valeurs sociales sont arbitraires, aussi bien celle d’un joueur de football que celle d’un grand chirurgien ou celle d’un politicien. Il n’y a pas de référence extérieure à la société, l’homme est la mesure de toute chose. En matière de valeurs, les normes ne tombent pas du ciel. Tout résulte de la confrontation de ce que pensent les citoyens à l’intérieur de la société civile.

    Dans un papier récent dans lequel il critique Sarkozy, Attali semble défendre l’idée que l’on doit faire les réformes quand il le faut. Vous remarquerez qu’Attali ne précise pas qui est le « on » de « on doit faire les réformes », pas plus que le « il »
    de  » il faut ».

    Nous croyons comprendre que ce »on » et ce « il » non précisés sont tombés du ciel, c’est l’impersonnel du pouvoir des Maîtres, des gens comme Attali, les grands démocrates des organisations supranationales qui savent tout et en particulier que l’universel et le Gouvernement Mondial sont l’avenir de nos pays.

    Le lien entre les réformes et la mise en place d’un monde nouveau, de nouvelle servitude, d’un monde néo-féodal, doit être mis en avant sans relâche.

    Ce n’est pas être archaïque et borné que de réclamer qu’un pays et ses citoyens choisissent leur destin et leur façon de vivre ensemble.

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