Allemagne

Quoi de neuf en Allemagne? Par Charles Gave

Quoi de neuf en Allemagne? Par Charles Gave

L’électorat Allemand bouge. Et je n’ai vu que bien peu d’articles dans la presse Française à ce sujet. Or, il me semble que compte tenu de ce  que nous voyons  chez nous, ce qui se passe en Allemagne est de la plus haute importance. D’où ce petit billet.

Aux dernières élections, le parti « Alternative fur  Deutschland  » ou AfD a recueilli 12. 6 % des voix en Brandebourg et un peu plus de 10 % en Thuringe.  Déjà, aux élections Européennes, ce parti avait envoyé sept députés au Parlement.  Voila une percée extraordinaire pour un parti qui n’existait pas il y a peu.

Qu’est que l’AfD?

Ce parti a été créé par Bernd Lucke, professeur d’économie  à l’Université de Hambourg  et le bras droit de notre professeur est Olaf Henkel, ancien patron de la confédération des Industriels Allemands. Les efforts des media pour essayer de présenter ce parti comme un parti d’extrême droite ont échoué comme le montre fort bien le résultat des élections. En fait, l’AfD chasse sur le territoire de l’ancien Parti Liberal, qui du coup a quasiment disparu de la carte électorale.

Que dit l’AfD ?

Quelque chose de tout simple : que l’Euro a échoué et qu’il faut entériner cet échec en retournant aux monnaies nationales, et donc au DM pour l’Allemagne. Pour l’AfD, l’Euro ne gène pas l’Allemagne mais empêche toute croissance  en particulier dans les pays du Sud et donc pourrait nuire à  l’économie  locale puisque ses principaux clients sont en récession /dépression, ce qui risque, à  terme, de plomber l’économie Allemande.

Pour que l’Euro fonctionne,  continue l’AfD, il faudrait que nous ayons des transferts sociaux massifs de l’Allemagne vers les autres Etats Européens, ce qui est interdit par les traités et violemment refusé par la population  ou que nous ayons une « mutualisation » de la dette, autre façon d’arriver au même résultat, tout aussi interdit par les mêmes traités, mais que monsieur Draghi pratique avec beaucoup d’abandon en s’appuyant sur la majorité qu’il détient au conseil d’administration de la BCE.

Et donc l’AfD ne veut pas que le contribuable Allemand paye pour des gens qui refusent de se réformer.

Comme le dit le proverbe Allemand, l’AfD pense qu’il vaut mieux la fin de l’horreur qu’une horreur sans fin.

Ce point de vue commence à être largement partagé Outre Rhin, comme en font foi les résultats électoraux.

Et ces résultats changent considérablement la donne politique en Europe.

Jusqu’ à maintenant, il n’y avait pas eu en Allemagne d’émergence d’un parti anti Euro « de Droite », ce qui laissait les coudées franches à  Madame Merkel pour aller vers le centre ou la gauche. Or  l’AfD n’est en rien anti Européen, mais tout à fait anti Euro, ce qui n’est pas la même chose. L’auteur de ces lignes par exemple a écrit il y a bien longtemps que l’Euro allait tuer l’Europe qu’il aimait… (cf  Des lions menés par des ânes »)

Et donc beaucoup d’électeurs Allemands, qui sont profondément favorables  à l’Europe peuvent en toute bonne conscience voter pour ce parti. Ce qu’ils font.

Voila qui va rendre les négociations entre la France et les autorités de Bruxelles beaucoup plus difficiles dans la mesure où l’on peut craindre un fort raidissement de la position du gouvernement de la Républiques Fédérale vis-à-vis des autres pays déficitaires, et en particulier vis-à-vis de la France.

On peut penser aussi que la marge de manœuvre de monsieur Draghi va être singulièrement rétrécie, en particulier s’il cherche à transformer la BCE en une « bad bank » qui rachèterait toutes les créances douteuses qui figurent au bilan des banques commerciales Européennes.

On peut imaginer aussi que la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe  pourrait se sentir encouragée par l’émergence de ce nouveau parti, or elle doit rendre un jugement dans les jours qui viennent sur la légalité des dernières opérations menées par la BCE. Le coup de tonnerre serait qu’elle interdise  à la Bundesbank de participer à ces opérations, ce qui ferait éclater immédiatement les  écarts entre dettes souveraines en Europe.

Nous sommes  donc dans une situation qui peut devenir explosive à  tout moment.

  • L’Italie s’enfonce dans sa dépression et le nouveau Premier Ministre ne réussit pas à faire passer son programme de réforme.
  • En France, toute réforme apparait impossible comme le montre bien l’exemple de la grève à  Air France.
  • En Allemagne, émerge un parti qui a pour programme de refuser toute mutualisation de la dette et tout transfert de l’Allemagne vers les autres pays.
  • En Espagne, les tendances séparatistes sont attisées par la crise économique créée de toutes pièces par l’Euro.
  • La confiance internationale dans l’Euro semble s’effriter puisque le cours de change ne cesse de baisser, ce qui indique que les sorties de capitaux accélèrent puisque la zone Euro a des excédents de ses comptes courants.
  • Les taux sur les obligations allemandes sont NEGATIFS jusqu’à quatre ans, ce qui prouve que certains semblent s’attendre à la réapparition du DM et à  sa réévaluation.
  • Les marchés financiers de la zone Euro sous performent les autres marchés mondiaux, ce qui n’est jamais un bon signe L’Europe semble en fait devenir un endroit que les financiers vendent, plutôt qu’un endroit ou ils achètent

Bref, la situation se bloque de plus en plus et les Politiques semblent bien incapables de résoudre les problèmes qui se posent à eux. Depuis 2009, la zone Euro passe d’expédients monétaires en expédients monétaires sans que la situation ne s’améliore en rien.

Le temps des fausses solutions arrive t’il à  sa fin?

Tout cela était prévisible, mais il est certain que ceux qui nous emmené dans ce désastre vont tout faire pour prolonger l’agonie.

Mais un jour ou l’autre, le mur de Berlin tombe et les peuples retrouvent leurs libertés.

SOURCE ET REMERCIEMENTS:INSTITUT DES LIBERTES

http://institutdeslibertes.org/quoi-de-neuf-en-allemagne/

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