Douce France

Manuel Valls se trompe de cible Par François Schaller

Manuel Valls se trompe de cible Par François Schaller

La visite du premier ministre français à Londres laisse des doutes sur la force de conviction de la France en Europe. Manuel Valls s’adressait à un parterre d’industriels et d’investisseurs, mais ce n’était évidemment pas un huis clos. C’est à l’ensemble des Britanniques qu’il parlait.


Messieurs les Français, tirez les premiers !

N’ont-ils pas entendu que le Royaume-Uni, la City en particulier, aurait tout à perdre de quitter l’Union européenne en 2017, année d’un référendum redouté? C’est probablement ce que les eurosceptiques voulaient entendre le plus vite possible venant d’un Français: une ingérence caractérisée dans les affaires intérieures du royaume. Qui donc, à part les Britanniques, savent ce qui est bon pour eux?

Etait-ce une bonne chose d’évoquer par ailleurs les insuffisances démocratiques de l’Union européenne à Londres? Où l’on pense depuis trois cents ans que l’Angleterre est la patrie d’origine et de référence du parlementarisme moderne, bien avant la France? Peut-on vraiment compter sur Paris, qui a tellement de peine à faire confiance aux citoyens, pour orienter les institutions européennes dans le bon sens?

Il n’est pas sûr non plus que les déclarations de Manuel Valls sur la réorientation nécessaire de la politique économique européenne aient rassuré son auditoire. En particulier le rejet nécessaire de l’austérité budgétaire et monétaire, jugée douloureuse et peu efficace.

Qui ignore encore dans l’économie que cette manière de thématiser la croissance et l’emploi est gravement insuffisante depuis longtemps? Ce dont la prospérité a besoin, c’est d’une utilisation innovante et productive des ressources financières, plutôt que de les détourner dans le clientéliste politique – une hantise britannique séculaire – et la gestion d’une complexité laborieusement entretenue.

Dire enfin que l’Union européenne peut offrir à ses membres de peser dans le monde, d’un point de vue économique, diplomatique et militaire, c’est oublier que les Britanniques en ont fait l’expérience jusqu’au bout. Ils en sont revenus. Ce qu’ils veulent aujourd’hui, un peu comme les Suisses, c’est simplement la possibilité de commercer à l’échelle de la planète, le plus librement possible. Sans s’enfermer dans un grand marché qu’ils soupçonnent de vouloir en réalité obtenir une taille suffisante pour se protéger en se refermant sur lui-même.

SOURCE AGEFI SUISSE 7/10/14

http://agefi.com/une/detail/artikel/manuel-valls-se-trompe-de-cible-383237.html?issueUID=691&pageUID=20644&cHash=362ab105b7c19e4b4706c539b6062a61

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