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Les Clefs pour Comprendre du Vendredi 17 Octobre 2014: DANONE, la politique scélérate de Draghi dans ses œuvres Par Bruno Bertez

Les Clefs pour Comprendre du Vendredi 17 Octobre 2014: DANONE, la politique scélérate de Draghi dans ses œuvres Par Bruno Bertez

Au prétexte de l’analyse des résultats de la firme DANONE, il est question  de la vraie notion de coût du capital.

Danone vient d’annoncer ses résultats pour le 3e trimestre. On peut lire dans la presse: « Accélération grâce aux prix ».

L’activité de Danone est médiocre, car, en fait, les volumes, seuls significatifs, sont en recul de 0,1%. Ce recul global de 0,1% est important car il ne faut pas oublier que la population continue de progresser partout. Comme le dit l’article: « les volumes sont déprimés ».

Cependant, Danone honore ses prévisions de résultats, il délivre (deliver), comme on dit en Bourse. Danone a monté ses prix, tenez-vous bien, de 7%.Une hausse des prix supérieure aux prévisions a compensé l’effet volume qui, lui, était négatif.

Compte tenu du fait que les objectifs conjugués de Draghi et des gouvernements, comme le français,  sont de lutter contre la déflation, on devrait instaurer un prix de civisme pour récompenser ceux qui, comme Danone, luttent contre la baisse des prix. Il faut, compte tenu de la gravité de la situation, créer une récompense, une médaille, pour les firmes qui se comportent bien, les firmes citoyennes qui amputent le pouvoir d’achat des consommateurs en procédant à des hausses de prix qui compensent la chute des volumes. Ces firmes citoyennes ont bien compris le message: il faut que le pouvoir d’achat réel, le niveau de vie, baisse pour être en ligne avec les politiques des Maîtres.

Vouloir des hausses de prix tout en proclamant que l’objectif est la compétitivité, c’est vouloir l’appauvrissement et la régression sociale. Danone, qui cherche sans arrêt à être plus productif et à hausser ses tarifs, est un modèle à donner en exemple. D’ailleurs, Danone avec l’Antoine (Riboud),  patron progressiste, a toujours été en pointe sous ces aspects! Ses successeurs continuent dans la même ligne.

Donc, notre Danone délivre, il produit les résultats que le marché attend de lui. Il réussit ainsi à défendre le niveau des 50 euros au cours de Bourse, niveau qu’il menaçait de casser.

Dans la politique actuelle, l’argent donné quasi gratuitement aux banques et assimilées doit aller gonfler les cours de Bourse, ce que l’on appelle créer un effet de richesse et entretenir l’appétit pour le risque. L’argent qui gonfle le bilan de la BCE n’est pas donné aux consommateurs, il est donné au système bancaire et financier, il va grossir les cours de Bourse, les indices boursiers et produit des niveaux de valorisation, des niveaux de cours qu’il faut soutenir. Il faut les soutenir en délivrant les bénéfices exigés par le marché, en ratifiant les prévisions qui, en fait, sont plutôt des attentes pressantes. En effet, quand elles ne sont pas honorées, il y a sanction sévère. Donc il faut, d’un côté,  faire pression sur les salaires en faisant progresser la productivité et, de l’autre, monter les prix pour défendre les marges malgré des volumes insuffisants.

Danone illustre toute la scélératesse des politiques suivies.

Les gonflements de bilan de la Banque Centrale élèvent le niveau des cours de Bourse; pour maintenir ces valorisations élevées il faut faire, «coûte que coûte», plus de bénéfices et donc il faut faire, comme tout le système, il faut licencier et monter ses prix. Monter ses prix quand on le peut bien sûr, c’est à dire quand on a le «pricing power». Et quand on n’a pas le «pricing power», alors on entre dans la spirale négative, celle qui conduit à la régression de l’entreprise et au chômage.

 

Les politiques monétaires non conventionnelles produisent structurellement du chômage, elles ne luttent pas contre le chômage, elles luttent contre l’emploi. Elles gonflent la valorisation du capital, elles renforcent les exigences de profit et, comme il n’y a pas croissance des volumes, alors on doit faire de la productivité et quand on a le «pricing pouwer», on peut tordre le cou du pouvoir d’achat des consommateurs. Si Danone a le pouvoir de monter ses prix, cela veut dire, compte tenu de stagnation du pouvoir d’achat global, cela veut dire qu’il peut attirer à lui du pouvoir d’achat qui normalement irait ailleurs, il déflate les achats des consommateurs, ailleurs.

Ces politiques sont des politiques de transfert de richesse, des politiques de laminage des consommateurs/salariés et elles entretiennent un rapport de forces favorable au capital financier et défavorable aux salariés.

Les amis de Mélenchon, l’ex-leader français de l’extrême gauche, ont produit un ouvrage sur «le coût du capital». Le coût du capital, Guillaume Etievant et Nolwenn Neveu.  On sait que c’est la thèse de Mélenchon que de dire que le chômage est provoqué par un coût du capital excessif. Ces malheureux n’ont rien compris à la notion de coût du capital, ils mélangent tout, les profits,  dividendes, etc.

Ils n’ont rien compris au système, comment voulez-vous qu’ils puissent être efficaces? Le coût du capital a à voir avec le cours de Bourse, voilà ce qui leur a échappé. Le coût du capital, c’est ce qu’il faut «délivrer» au capital pour maintenir son niveau de valorisation sur le marché et ceci inclut à la fois le niveau de profit qu’il faut réaliser et le taux de progression de ce profit  qu’il faut être capable de générer dans le temps. Le dividende n’a rien à voir avec le coût du capital. Le dividende,  si nous ne craignions d’être trop approximatifs, c’est le coût du capital du pauvre. C’est le pauvre qui se contente du dividende distribué: c’est la toute petite partie du profit qu’il faut lui abandonner, par charité, pour qu’il donne son argent et qu’il permette aux vrais kleptos et ploutocrates de faire levier sur lui. Car eux, ce qui les intéresse, ce n’est pas le dividende, mais la plus-value quand ils vendent, fusionnent ou rachètent et…  les à-côtés occultes. Suivez mon regard.

Tous ces gens travaillent à partir de théories du capital fausses. Le dividende n’est pas le coût du capital. Le coût du capital, c’est le taux de profit qu’il faut réaliser et la progression qu’il faut engendrer pour maintenir et justifier les valorisations boursières.

Le dividende, c’est la petite portion du profit qui est distribuée et qui sert à satisfaire les pauvres, à collecter leur argent afin de faire levier sur eux, comme on le fait sur de la dette. Le dividende, c’est l’équivalent de la poignée de foin que l’on donne à la mule comme repas afin qu’elle continue de porter sa charge qui, elle, est mille fois plus lourde. Le dividende est en quelque sorte le SMIC des petits épargnants, c’est la rémunération minimum pour les maintenir, sinon en vie, du moins dans le grand circuit de l’exploitation de l’épargne.

BRUNO BERTEZ Le Vendredi 17 Octobre 2014

illustrations et mise en page by THE WOLF

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4 réponses »

  1. Encore une analyse qui fait l’effet d’une goutte d’acide déposée sur la main…
    Bravo!

  2. Article FORT, il m’a impressionnée ..malgré que je l’avoue je savais que le dividende est des grains de mais qu’on jette aux poules…, je dois dire que j’ai mis mon petit pécule dans des actions il y a longtemps…(et un peu d’or….)

    D’abord dans deux sociétés USA, une Allemande. J’ai achetée quand l’euro était a 1,48 dollars ..sans regarder le dividende car ça m’indiffère , c’est surtout parce que je pensait et pense toujours que c’est la meilleur « Banque » pour mettre mon argent. Bien sûr ce n’est pas une banque c’est GE , qui a plus ‘un siècle .Pour l’allemande idem.

    En ce qui concerne « Danone » dont je ne suis pas consommatrice , je préfère de loin les petits artisans : la façon de faire de Danone est extrapolable a beaucoup ou a une grande majorité de grandes sociétés .
    C’est infect…comme leurs yaourt .

    Un grand bonsoir depuis Madrid,

    Marian

  3. « il déflate les achats des consommateurs, ailleurs »

    oui et aussi des achats auprès d’un concurrent de danone qui pourrait en valoir la peine parce qu’il investi en R&D par exemple ou afait la betise d’investir il y a deux ans
    il y a un effet d’éviction des bons entrepreneurs au profit des mauvais avec des tx et des pratiques monétaires aussi extrêmes

    A CAUSE DE LA COMPLICITE DE LA BCE AVEC KKR le bon entrepreneur est condamné a délivré fissa à CT du rendement sinon il se fera racheter par un concurrent qui pourra lever de l’argent à que dalle par KKR ou un KKR qui a de l’argent GRATUIT

    KKR racheté deux centrales gaz à -50% ce mois
    (cf alstom vendu au plus bas dans une guerre de dumping sur gaz et oil)

    dividendes: plus personne n’en paye
    monsieur melechon est complice de KKR en ne parlant pas des interets belges notionnels ou plus généralement de la déductibilité des interets d’emprunt
    Buffet l’a dit il BRK paye moins d’impots que ses secretaires

  4. nous sommes obligés de nous contenter de critiques types mélanchon par défaut …qui font néanmoins le job car peu de critiques sont à ce jour en librairie, en tout cas son nom fait vendre, les autres bouquins sont tellement confidentiels qu’ils en deviennent de doux confidents …faute de mieux on se contente d grives. les anti-systèmes doivent se fédérer et non pas se déchirer .

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