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Les Clefs Pour Comprendre du Jeudi 6 Novembre 2014 : Le Carry Trade: tous du même côté du bateau ! Par Bruno Bertez

Les Clefs Pour Comprendre du Jeudi 6 Novembre 2014 : Le Carry Trade: tous du même côté du bateau ! Par Bruno Bertez

La Banque du Japon a provoqué une flambée de hausse boursière en annonçant une augmentation de ses achats de titres. Augmentation de son volume de QE. Le marché des action nippon a monté de près de 5%, le yen a chuté, tous les marchés financiers se sont vivement orientés à la hausse, franchissant, pour certains de nouveaux records. La mécanique de transmission au niveau global , c’est ce que l’on appelle: le Carry.

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 Nous évoquons souvent le Carry-Trade et même, nous l’évoquons de plus en plus souvent. Ce n’est pas le fait du hasard, c’est parce que le Carry est maintenant au centre du capitalisme financier et que le capitalisme financier est au centre du capitalisme tout court. Nous montrerons un jour que la politique des Banques Centrales, les fameux QE ne sont rien d’autre qu’un gigantesque Carry et que ce Carry est aussi vulnérable que les Carry privé, simplement il est plus gros, colossal, c’est le Carry de la dernière chance.Le Carry est au cœur de ce que nous appellons le capitalisme d’arbitrage, celui qui se nourrit d’écarts, le capitalisme anglo-saxon, par opposition au capitalisme de production. 

Le Carry consiste à acheter des actifs financiers (à risque) qui rapportent, en empruntant des fonds sans risque qui, eux, dans les circonstances actuelles, ne coûtent quasi rien. Le Carry joue sur la différence de rendement ou de rentabilité entre les emplois de fonds qui présentent des risques et les emplois de fonds qui n’en présentent pas. Celui qui emprunte des fonds à court terme à un taux quasi nul et qui les emploie pour acquérir des actions qui rapportent encore un peu, celui-là empoche la différence de rendement. 

Son opération est encore bonifiée, et donc plus avantageuse, s’il a emprunté en une devise dont la valeur chute, comme le yen, pour acheter un actif libellé en une devise qui monte, comme le dollar. 

Comme les écarts de rendement ne sont pas toujours suffisants pour attirer les spéculateurs, ils augmentent encore leurs possibilités de profit en utilisant l’effet de levier. Ils s’endettent dans la devise faible pour des multiples de leur capital propre et ainsi peuvent acheter plus d’actifs et multiplier le rendement par ce que l’on appelle leur levier. Si je « leverage » un actif qui rapporte 1% avec des capitaux qui ne me coûtent rien et que je m’endette de neuf fois mon capital, je dispose d’un capital qui représente 10 fois le mien, alors mon rendement devient de 10%! C’est ce que fait tout le système financier depuis 2008/2009. Le levier de  9 ou 10 est un levier très conservateur, on trouve des institutions qui vont jusqu’à des leviers de 40. Il y en a même de près de 100X ! 

Celui qui fait des opérations de Carry fait le pari qu’il revendra son « investissement » au même prix qu’il l’a acheté ; c’est à dire qu’il fait le pari que l’écart de rendement qu’il a encaissé ne sera pas amputé par des pertes à la revente. Il croit qu’il y aura, à la fin de l’opération, quelqu’un de plus idiot que lui, qui viendra lui racheter son actif. 

Les Banques Centrales facilitent ces opérations en annonçant longtemps à l’avance leur politique. Elles font en sorte que les gens qui font du Carry ne soient surtout pas surpris. Il faut les « initier », les informer, de telle façon qu’ils puissent revendre quand les conditions sont encore bonnes et qu’il y a encore des gogos pour faire la contrepartie. Le monde financier actuel est un gigantesque Carry qui emprunte l’argent  à taux zéro ou quasi zéro dans une devise qui a tendance à baisser et qui  l’emploie dans des actifs à risque, donc à rendement élevé, comme les emprunts High Yield spéculatifs, les actions très volatiles, les crédits Junk, etc. 

Le Carry repose sur un écart de taux. Il suppose que vous ne vous trompiez pas sur le mouvement des devises; il suppose aussi que vous maîtrisiez parfaitement le facteur temps, puisque vous empruntez « court » alors que vous achetez un actif « long. » Cette fonction de transformation du court en long, du non-risqué en risqué, l’usage du levier, tout cela fait que le Carry-Trade, encouragé par les Banques Centrales, est fragile. Il repose sur le goût, l’appétit pour le risque. 

Comme cet appétit a tendance à être instable, il faut l’entretenir, il faut le stimuler par des additifs. Pour stimuler, on promet de maintenir les taux courts à zéro de plus en plus longtemps, on crée de plus en plus de liquidités, on mène des politiques destinées à faire baisser les devises qui servent à financer le Carry, celles dans lesquelles on emprunte. 

Pour comprendre de façon imagée ce qu’est le Carry, imaginez un paquebot colossal où tous les passagers seraient d’un seul et même côté; l’équilibre n’étant fait, pour assurer la stabilité, que par l’action conjointe, le contrepoids, des Banques Centrales. Sous la baguette du chef d’orchestre, le Maître du Centre. 

Il n’y a pas de couverture, pas de hedge réel dans le Système global.Lles soi-disant assurances sont une mystification car il n’y a pas de capital pour y faire face. Ce qui fait fonction d’assurance, c’est la Banque Centrale du Système, la Banque Centrale du Centre, avec comme postulat non explicité, le « Put ». Le « Put » est systémique, il fait partie intégrante du Système avec la possibilité de création infinie de liquidités et sa conséquence : la destruction périodique à l’échelle de l’histoire, pas du court terme, de la monnaie.  L’assurance est fictive, on se couvre à l’intérieur du Système, les uns sur les autres. 

Le Carry est l’épée de Damoclès que la communauté spéculative mondiale tient au-dessus de vos têtes, avec la bénédiction, le soutien et l’aide des Banques Centrales. On ne peut chiffrer le montant des positions en Carry. Les évaluations divergent, on est sur des multiples de trillions! N’oubliez pas que le Shadow Banking, le banking non régulé, la finance de l’ombre,  est évalué à près de 75 Trillions. Plus le secteur officiel est régulé et surveillé, plus la finance va chercher le rendement dans l’ombre. Plus les taux officiels sont bas et plus on va dans l’ombre, chercher des rendements en Carry.

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 6 Novembre 2014 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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2 réponses »

  1. Hollande au plus bas, amour, désamour, vengeance ….

    Hollande à la télévision. Au même moment les sondeurs lui donnent un côte de popularité de 12%, nouveau record semble-t-il.

    Nos réflexions s’orientent dans une direction nouvelle. Moins objective, moins rationnelle.

    Nous avons, il y a peu, avancé l’idée qu’au stade ou nous en étions, la seule chose à faire « c’est de décréter que l’on arrête tout, que l’on fait une pause dans tous les domaines ». Les mesures, et contremesures se succèdent et on voit que rien n’y fait. L’économie ne repart pas, la confiance se dérobe, les plans et pactes ne produisent aucun résultat. Tout ce que l’on réussit à faire, c’est à lasser les citoyens, à les exaspérer et pire,à les angoisser devant l’avenir.

    D’ou notre idée: la priorité c’est d’arrêter le massacre, d’arrêter de faire du mal, de faire du tort au peuple. Arrêter de vouloir lui imposer ce qu’il ne veut pas faire. Ou ce dont il ne veut pas.

    Si ces gens sortaient et fréquentaient le peuple, ils aboutiraient au mêmes conclusions que nous. Les Francais en ont marre, ils ont le tournis entre les mesures dites de gauche, les mesures dites de droite qui aboutissent au même résultat à savoir les appauvrir, les mettre au chômage et les enfoncer dans la peur du lendemain.

    Aucune catégorie sociale n’est sereine, c’est à qui se plaindra, manifestera son dégout de la politique, son rejet de tout ce monde qui se pavane encore malgré ses échecs. Voila ce que l’on entend. Ce que l’on entend dans le privé, car dans les médias, rien ne transpire. Le monde médiatique lui aussi vit dans cet ailleurs qui semble le terrain de jeu du Pouvoir.

    Pouvoir ? Est ce bien le mot? Plus que le spectacle du Pouvoir, ce qui se donne à voir c’est le spectacle de l’impuissance. Ils tournent, ils vibrionnent, enchainent volte-face après volte-face et puis rien.. Le vide piteux. Pas de résultat. D’aucune sorte.

    Nous avons dépassé le stade de la technique, des chiffres, de la macro ou de la Macron économie, nous sommes au delà . On peut aligner les mesures, les promesses, les excuses et justifications, rien n’y fait, il n’y a aucune transmission.

    Nous pensons que le lien entre le Pouvoir et le peuple est brisé, Que cela va bien au delà du soutien, de l’approbation ou de toute autre chose mesurable par les sondages.

    On est dans l’indicible. Dans le ressenti et c’est au plus profond, c’est au delà des mots. Manifestement Hollande n’aime pas son peuple. Aucune empathie, tout sent l’artifice mal appris, mal exécuté. Jamais une parole vraie. Cela se sent, cela se voit, cela s’entend.

    A tort ou à raison il estime que son peuple l’a trahi, qu’il ne le comprend pas, qu’il ne percoit pas la difficulté de sa tache, coincé qu’il est entre l’héritage du passé, la situation européenne calamiteuse, la dislocation politique et sociale Francaise, l’absence de soutien de ses propres partisans et que sais -je encore.

    Hollande est amer, il en arrive à hair ce peuple qui ne comprend pas la difficulté de sa mission et, qui se refuse à avaler les remèdes qu’il lui propose.

    Voila ou je voulais en venir, il se venge sur ce peuple, cela se sent. Il le punit.

    Et ce peuple, lui aussi n’a qu’une idée, se venger. Se venger de ce qu’on lui fait subir, se venger de se sentir aussi peu aimé.

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