Art de la guerre monétaire et économique

Mister Market and Doctor Conjoncture du Jeudi 6 Novembre 2014: En pleine guerre monétaire, les allemands lient les mains de Draghi Par Bruno Bertez

Mister Market and Doctor Conjoncture du Jeudi 6 Novembre 2014: En pleine guerre monétaire, les Allemands lient les mains de Draghi Par Bruno Bertez

La guerre monétaire est plus que déclarée, elle bat son plein: Kuroda a fait donner la garde en lancant son objectif de faire progresser la taille du bilan de la Bank of Japan de 30%.

MUTINY ON THE QE

Depuis l’annonce le yen a chuté sur tous les marchés et singulièrement contre l’euro, on est revenu dans les plus bas de 6 ans contre la devise européenne. C’est un défit direct à Draghi qui ne cache pas son objectif qui est, lui aussi de faire baisser … l’euro. Kuroda s’oppose frontalement à Draghi, c’est presqu’une provocation en duel.

Il est évident que Draghi ne peut rester sans répliquer. Mais pour répliquer, les armes sont limitées, les munitions manquent et surtout près de la moitié des responsables de banques centrales Européennes s’opposent à Draghi.

Pour répondre aux agressions nippones, et faire baisser l’euro, il faut pouvoir fabriquer de l’euro, cela s’appelle augmenter la taille du bilan de la BCE. Pour augmenter la taille du bilan de la BCE, il faut monétiser c’est à dire acheter des titres à long terme. Draghi cherche à le faire, mais il rencontre deux obstacles. D’abord il a du mal a remplir son programme d’achats actuel, ensuite les Allemands et leur alliés s’opposent à ce que la BCE fasse n’importe quoi, comme acheter des dettes souveraines et des emprunts de mauvaise qualité.

Lors de ses dernières déclaration aventureuses, Draghi s’est en quelque sorte engagé à faire remonter le bilan de la BCE de 1 trillion. Hélas, il n’ y pas matière à achats dans de telles proportions et les résultats sont décevants. Ceci explique que les inflationnistes de la BCE, unis derrère Draghi aient lancé l’idée d’acheter des obligations Corporate pour satisfaire leur objectif d’inflation.

Nous avons assisté, ces derniers jours à une véritable bataille de fuites, de « leaks » par agences de presses interposées.

Les inflationnistes rivalisent d’imagination pour trouver quelque chose à monétiser; les orthodoxes, eux ont choisi une autre tactique qui consiste à lier les mains de Draghi, à le décrédibiliser en attaquant son style de management.

Les inflationnistes veulent touver de quoi inflater la monnaie, faire baisser l’euro et soutenir la conjoncture.

L’une de leurs nouvelles idées est le socialisme de l’offre cher à Hollande: La socialisme de l’offre consiste à émettre des obligations, des emprunts multinationaux, européens donc, pour financer un grand programme keynésien d’investissement. et à autoriser la BCE à acheter ces emprunts et d’autres dettes multinationales. Ce programme serait de l’ordre de 300 milliards.

Il est évident qu’un tel programme, dirigiste dans son essence et son inspiration, serait un mouton à cinq pattes économique du genre de celui de 900 milliards d’Obama en son temps. Quasi pur gaspillage et gabegie politiciennes. Les Allemands ont déjà répondu que seul était efficace l’investissement productif , privé, celui qui augmente la productivité et la compétitivité: Toutes choses dont se moquent les pays du sud et la France qui eux, veulent fabriquer de la demande, distribuer des revenus et faire des parkings à chômeurs.

C’est à un véritable affrontement avec fleurets à peine mouchetés que nous assistons:

  • -Draghi veut faire de la stimulation monétaire et faire baisser l’euro.
  • -Les japonais ont déclaré la guerre et ont tiré les premiers, ils font monter l’euro.
  • -Draghi devrait répliquer et annoncer de nouvelles mesures de monétisation.
  • –Pour faire de l’inflation monétaire, il manque de munitions.
  • –Les Allemands et leur alliés s’opposent aux initiatives de Draghi.

Nous en sommes là, ce texte ayant été écrit avant la réunion de la BCE de ce jour.

A noter que les Allemands et surtout Weidmann sont beaucoup plus efficaces dans leur opposition à l’inflationnisme du Sud. Avant, ils démissionnaient comme des simplets en laissant ainsi le champ libre à Trichet et Draghi, maintenant ils établissent des stratégies complexes, de l’intérieur.

  • -Ils nouent des alliances
  • -Ils attaquent la personne de Draghi et son style des gestion autocratique non collégial,
  • -Ils interviennent préventivement dans les médias, expliquent et justifient
  • -Ils utilisent les relais politiques et universitaires

On sait que Merkel soutient en coulisse Draghi, mais la nouvelle stratégie de Weidmann et des orthodoxes est tellement subtile que même Merkel en est gênée.

 

BRUNO BERTEZ Le Jeudi 6 Novembre 2014 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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4 réponses »

  1. entre une allemagne qui met des batons dans les roues pour donner de l ‘air aux européens , ne vous faites pas d’illusions , sur ordre des americains , l ‘euro etant avec l ‘allemagne une monnaie transatlantique , pire euronext la seule plate forme financiere , gerée par wall street et un luxembourg qui depuis le debut de l ‘UE capte les impots et taxes fiscaux des autres , juncker etant une piece maitresse , c ‘est une UE desastreuse et effarrante dans toute son absurdité structurelle et politique . le seul moyen c ‘est d’arreter ce desastre et organiser la fin de ce chaos .bonne journée

  2. La maison brûle.

    1) Faisons le plein de fioul, l’hiver risque d’être rude.

    2) Restons à l’intérieur.

    3) Faisons rentrer de l’oxygène pour respirer, en ouvrant les fenêtres.

    4) préparons un seau d’eau en réserve, en cas de besoins.

    5) Fermons bien la porte à clé, il y a des rodeurs dans le coin.

    6) La télé est débranchée, rien à craindre de ce côté.

    7) le voisin fait pareil, nous sommes donc sur la bonne voie.

    8) Ne réveillons pas les enfants dans leur sommeil, cela les traumatise.

    9) Attendons tranquillement, La Mais-T’est-Haut va changer.

    10) De toutes les façons, les bijoux sont en lieu sûr, chez le voisin.

    Bref, les soucis c’est pour les autres.

    Ridicule ? Pas plus que de discuter de la couleur du cercueil.

    Le pouvoir de la BCE, c’est le TBTF, tant que les fraudeurs seront aux commandes ce sont les peuples qui payent l’addition d’une manière ou d’une autre.

    Le transfert des pertes est assuré. Ne réveillons pas le bon sens, cela serait catastrophique.

    Le vermillon est toujours plus vif et le cramoisi, c’est d’abord pour le fond de la casserole.

  3. « On sait que Merkel soutient en coulisse Draghi, mais la nouvelle stratégie de Weidmann et des orthodoxes est tellement subtile que même Merkel en est gênée »

    Arff cher Bruno, j’ai l’impression que vous vous êtes arrêté au milieu du gué : la suite la suite!

  4. Merci pour rappeler cette évidence qui semble échapper à tant de monde : Merckel soutient Draghi.

    Draghi n’est pas indépendant. Ce n’est pas lui qui décide seul. Draghi est simplement le visage d’un système, le visage d’un technicien.

    Rappelons le fait fondateur : Draghi a été nommé par… Merckel et Sarkozy ! Pour accomplir un boulot (« whatever it takes »).

    Donc prétendre, comme on le fait dans les médias, que « les » Allemands auraient été surpris et qu’il y aurait des « dissensions » est une absurdité.

    Mais bien entendu, « certains » Allemands sont contre.

    Mais qui a le pouvoir ? Le vrai pouvoir ?

    En clair : La politique de la BCE est soutenue par le pouvoir politique et par le pouvoir économique. Ca fait beaucoup.

    Pensez-vous que quelques intellectuels, avocats et banquiers orthodoxes pourraient remporter la partie, en contrant la BCE actuelle ? Cela semble peu probable.

    Côté peuple, ils n’y comprennent rien. Le parti anti Euro (AfD) fait quoi ? 5 %. Ca ne pèse franchement pas lourd.

    Les manoeuvres de Weidmann relèvent davantage du chant du cygne.

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