Art de la guerre monétaire et économique

Fin de Neutralité et vassalisation: Moscou s’irrite de l’ajustement suisse aux sanctions européennes

Fin de Neutralité et vassalisation: Moscou s’irrite de l’ajustement suisse  aux sanctions européennes

Berne a durci ses sanctions contre la Russie pour «conserver sa crédibilité». Un politicien russe met en garde les sociétés suisses contre de possibles représailles

Sanctions adoptées contre la Russie et mesures de rétorsion

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Le Conseil fédéral a décidé mardi de prendre des mesures supplémentaires pour «empêcher le contournement des sanctions internationales» décidées par l’Union européenne, les Etats-Unis et d’autres pays du G7 contre la Russie, en lien avec le conflit en Ukraine. Berne ne veut pas donner l’impression de profiter de la guerre des sanctions et contre-sanctions entre Moscou et l’Occident pour piquer des parts de marché à ses rivaux en Russie. Mais la Confédération ne veut pas non plus fâcher Moscou en s’alignant sur la position occidentale – et perdre simultanément un puissant allié diplomatique et un partenaire commercial majeur. 

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En clair, six entreprises voient leurs activités limitées sur les marchés financiers: Rosneft, Transneft, Gazprom Neft, OPK Oboronprom, United Aircraft Corporation et Uralvagonzavod ne pourront émettre d’instrument financier de plus de 30 jours qu’avec une autorisation. De plus, 24 noms ont été ajoutés à la «liste noire» des personnes avec lesquelles les intermédiaires financiers ne sont pas autorisés à nouer de nouvelles relations d’affaires. Pour la Suisse, ces mesures consistent en un «ajustement nécessaire par rapport à son propre dispositif visant à empêcher le contournement, sans quoi elle aurait perdu sa crédibilité auprès de ses partenaires commerciaux occidentaux», explique une source officielle non autorisée à parler à la presse. 

Fin août dernier, Berne a porté sur la liste élargie des sanctions visant la Russie les cinq banques russes frappées auparavant par des sanctions européennes (Sberbank, VTB Bank, Gazprombank, Vnesheconombank et Rosselkhozbank). Les sanctions suisses concernent également le consortium de défense Almaz-Anteï, la compagnie aérienne Dobrolet (filiale d’Aeroflot) effectuant des vols en Crimée et la banque RNKB (Banque commerciale nationale de Russie).

La Suisse ne veut pas être perçue comme une «profiteuse» de la guerre des sanctions. Des doigts accusateurs sont déjà pointés vers la Suisse. Depuis septembre, emmental, gruyère et tommes suisses ont remplacé les fromages européens bannis par le Kremlin; 160 tonnes de fromage suisse ont été exportées vers la Russie en septembre 2014, cinq fois plus qu’en septembre 2013. 

Une source au sein d’un fabricant américain de pompes pour l’industrie pétrolière glisse au Temps que son concurrent suisse Sulzer aurait raflé presque tous ses contrats avec ses clients russes habituels. Pour juguler la tentation de sociétés suisses trop promptes à prendre la place de leurs rivaux sur le marché russe, les contrats dans des secteurs sensibles comme l’industrie pétrolière, l’armement et la finance sont désormais soumis à une autorisation gouvernementale. 

Le délicat exercice pour lequel a opté la Suisse n’a guère été compris à Moscou. A l’image de l’agence de presse Rosbalt, jeudi matin, les médias russes estimaient que «la Suisse [avait] «oublié» sa neutralité et [s’était] alignée sur les sanctions de l’Union européenne contre la Russie». 

L’incompréhension ne s’arrête pas aux médias. «Notre réaction est bien entendu négative, car il s’agit d’un nouveau signe du fait que la Suisse n’est pas véritablement indépendante», explique au Temps Leonid Kalachnikov, vice-président du Comité des affaires étrangères du parlement russe. «La Suisse cède aux pressions des Etats-Unis et de l’Union européenne», déplore le député. 

L’«ajustement» de Berne pourrait même déclencher des mesures de rétorsion, si l’on en croit cet influent homme politique. «Nous n’avons pas encore discuté des mesures de rétorsion, mais il ne fait aucun doute que le Ministère des affaires étrangères et le parlement vont ensemble en élaborer. Ces contre-sanctions viseront des sociétés suisses opérant en Russie.» 

La diplomatie suisse va devoir manœuvrer avec subtilité et dextérité pour ménager la susceptibilité russe. Berne a attendu deux mois avant de réajuster ses mesures «anti-contournement» dans l’espoir d’une désescalade entre Moscou et l’Occident. La décision du Conseil fédéral tombe en pleine recrudescence de tensions, ce qui crispe les Russes. La marge de manœuvre est d’autant plus étroite que les groupes asiatiques n’hésitent pas, eux, à remplacer auprès de clients russes tout concurrent occidental. 

Leonid Kalachnikov enfonce le clou: «La Suisse n’est pas en position de force. Nos sociétés trouveront facilement d’autres partenaires en Asie. Et n’oubliez pas que, du temps de l’URSS, nous produisions tout nous-mêmes. Les sanctions vont en fait nous rendre service en nous forçant à diversifier notre économie et en nous débarrassant de la dépendance envers le pétrole.»

Les produits interdits à l'importation en Russie

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PAR EMMANUEL GRYNSZPAN MOSCOU/ Le Temps 14/11/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8aa53906-6b67-11e4-869e-7e370c0bf9b8/Moscou_sirrite_de_lajustement_suisse_aux_sanctions_europ%C3%A9ennes

2 réponses »

  1. Pourquoi ne prenons nous pas des sanctions contre les pays qui sont entrés en guerre en dehors d’une décision du conseil de securité de l’ONU !??
    Parce que nous sommes les cloportes serviles des USA et que nous cautionnons leur rêve talmudique de domination mondiale.

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