Changes et Devises

Manipulation des changes: Parmi les cinq banques visées, UBS paiera la plus forte amende liée à « l’affaire des devises »

Manipulation des changes: Parmi les cinq banques visées, UBS paiera la plus forte amende liée à « l’affaire des devises »

Avec des pénalités de près de 800 millions de dollars, le groupe suisse précède Citigroup et JPMorgan

L’ardoise s’élève à plus de 3 milliards de francs suisses pour les cinq grandes banques américaines, britanniques et suisse – avec UBS – impliquées dans l’enquête sur les manipulations des cours des devises. Ce montant inclut 1,1 milliard de livres (1,7 milliard de francs) à verser à l’Autorité de conduite financière (FCA) au Royaume-Uni, 1,4 milliard de dollars aux autorités de la CFTC, l’organe chargé de la régulation des produits dérivés aux Etats-Unis, et 134 millions à la Finma, le régulateur suisse.

Hier, UBS a insisté sur le fait qu’il s’agissait d’«investigations portant sur l’ensemble de l’industrie». Le numéro un bancaire suisse paiera néanmoins les plus fortes amendes. En tout, le groupe devra verser l’équivalent de près de 800 millions de dollars, loin devant Citigroup (668 millions), JPMorgan (662 millions), RBS (634 millions) et HSBC (618 millions).

Le DoJ n’en a pas fini

Jeudi, les investisseurs apparaissaient presque soulagés des montants publiés. Les 3,3 milliards de dollars infligés à ces cinq instituts restent très inférieurs à la prévision d’amende globale de 41 milliards de dollars en lien avec cette affaire de devises estimée mi-octobre par Citigroup. Deutsche Bank (6,5 milliards de dollars), Barclays (4,8 milliards) et UBS (4,6 milliards) auraient dû compter parmi les établissements européens les plus touchés.

L’affaire n’est toutefois pas finie. Barclays n’a pas accepté les termes proposés par l’accord et continue de négocier avec les autorités britanniques et américaines.

UBS doit, elle aussi, encore faire face à des enquêtes aux Etats-Unis. En effet, le Département de la justice (DoJ) poursuit ses investigations contre plusieurs instituts, dont la banque suisse. Pour UBS, «le DoJ reste une épée de Damoclès», a relevé hier la BCZ. Dans son dernier rapport trimestriel, UBS a indiqué avoir obtenu du DoJ la prolongation d’un accord extrajudiciaire de non-poursuite pénale dans l’affaire des manipulations des changes jusqu’au 18 décembre. Tim Dawson, analyste chez Helvea, cité par Bloomberg, redoute d’autres litiges. Selon lui, beaucoup espèrent que l’amende tirera un trait final sur ce triste épisode. «Nous sommes moins optimistes. Les banques vont vraisemblablement être confrontées à d’importantes charges liées à des litiges potentiels au cours des prochaines années», a-t-il jugé.

Pénalités moindres

Seule consolation pour les banques sanctionnées, les montants dévoilés hier sont très inférieurs aux quelque 100 milliards de dollars d’amendes payées aux Etats-Unis par des grandes banques, dont les trois quarts se rapportent au marché de l’immobilier.

Ils sont aussi jusqu’ici inférieurs aux pénalités infligées en lien avec les manipulations des taux interbancaires (Libor). La Commission européenne avait alors sanctionné six banques à hauteur de 2,1 milliards de francs en 2013. S’y ajoutant les quelque 450 millions de dollars payés par Barclays aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne et le montant de 1,2 milliard versé par UBS aux Etats-Unis fin 2012.

PAR YVES HULMANN ZURICH/ Le Temps 13/11/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8dbfc0a2-6a9f-11e4-869e-7e370c0bf9b8/Parmi_les_cinq_banques_vis%C3%A9es_UBS_paiera_la_plus_forte_amende_li%C3%A9e_%C3%A0_laffaire_des_devises

 «Au moins des milliards» de dommages Par Mathilde Farine

Le marché des changes génère des transactions de 5000 milliards de dollars par jour. Les explications de Rosa Abrantes-Metz, professeur à New York

Rosa Abrantes-Metz fait partie des experts qui se sont penchés sur les transactions en devises avant même que les autorités ne s’y intéressent. «En y regardant de plus près, trop de chiffres paraissaient étranges ou suspects, il est clair qu’il y avait un problème», explique cette professeure à la Stern School of Business de l’Université de New York et directrice de la société Global Economics. Et un problème de taille: «Le marché des changes est probablement le moins régulé de tous les marchés, alors qu’il est immense puisqu’il génère des transactions de 5000 milliards de dollars par jour. Les dommages liés à ces manipulations sont donc d’au moins plusieurs milliards», prévient celle qui s’attendait donc à ce que certaines banques soient épinglées. Avec un impact sur toute l’économie: «Tous les acteurs qui ont besoin de changer des devises peuvent être affectés; cela va des entreprises exportatrices aux investisseurs», ajoute-t-elle.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/82917078-6a9e-11e4-869e-7e370c0bf9b8/Au_moins_des_milliards_de_dommages

La Finma conclut «l’enquête la plus complexe de son histoire» PAR SÉBASTIEN DUBAS

UBS est condamnée à payer 774 millions de francs. La banque est accusée d’avoir manipulé les taux de changes au détriment de ses clients

La Finma – ainsi que les régulateurs américains et britanniques – a annoncé mercredi avoir conclu un accord avec UBS dans le cadre de l’affaire des manipulations des taux de changes. L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers met ainsi un terme à «l’enquête la plus complexe de son histoire», selon son directeur, Mark Branson. Une procédure «exhaustive», menée en étroite collaboration avec plusieurs régulateurs étrangers.

UBS devra s’acquitter d’une ardoise de 774 millions de francs. Dont 134 millions pour la Finma – un record –, qui seront transmis à la Confédération. Dans le scandale de manipulation des taux d’intérêt interbancaire (Libor), la première banque suisse avait été condamnée fin 2012 à payer 1,4 milliard à divers régulateurs (dont 1,1 milliard aux autorités américaines et 59 millions à la Finma). Hier, quatre autres banques britanniques et américaines ont aussi été sanctionnées.

Ce qui «dérange» dans cette nouvelle affaire, c’est surtout qu’elle met en évidence les insuffisances de l’organisation interne d’UBS en matière de gestion des risques et de contrôle, a précisé mercredi Mark Branson lors d’une conférence de presse téléphonique. Et ce précisément après le scandale du Libor, a poursuivi celui qui a été lui-même responsable de la gestion des risques – mais au sein de la seule entité suisse d’UBS – entre 2008 et 2010.

La Finma a d’ailleurs annoncé qu’elle allait enquêter «sur le degré de connaissance et le comportement des personnes impliquées, et ce jusqu’au plus haut niveau de la section chargée du négoce en devises au sein de la banque d’investissement». Onze collaborateurs – encore en activité ou non – sont concernés, a-t-elle précisé. Le Ministère public de la Confédération a quant à lui ouvert des procédures pénales contre plusieurs personnes, a-t-il annoncé mercredi, confirmant une information de la Neue Zürcher Zeitung. Des investigations qui portent sur des soupçons de gestion déloyale et de violation du secret de fonction.

Contrairement à l’affaire du Libor qu’elle avait révélé au grand jour, UBS n’a donc bénéficié cette fois-ci d’aucune immunité de la part des régulateurs, Mark Branson estimant même que la Finma s’est «montrée plus sévère que jamais». Outre la confiscation des bénéfices indûment réalisés entre janvier 2009 et septembre 2013, soit 134 millions de francs, l’autorité financière a édicté des mesures concernant la rémunération variable des traders en devises et en métaux précieux de la banque. Celle-ci sera limitée à un maximum de 200% du salaire annuel de base durant deux ans. Accusée de «graves lacunes organisationnelles», UBS a également dû procéder à l’automatisation d’au moins 95% du négoce global de devises ainsi qu’à une séparation du négoce pour compte propre de celui pour le compte des clients.

Ces règlements constituent «un pas important dans notre processus de transformation» et vers «la conclusion de cette affaire, qui concerne l’industrie tout entière», a réagi mercredi le patron de la banque, Sergio Ermotti, dans un communiqué. Et de préciser qu’UBS avait effectué toutes les provisions nécessaires pour ces charges au troisième trimestre 2014 déjà.

De son côté, la Finma a expliqué avoir passé au crible, depuis l’ouverture de son enquête en octobre 2013, «des milliers de communications» effectuées entre des traders d’UBS et d’autres banques. Des «chats» où il est notamment question de frontrunning, soit une pratique illégale qui vise à tirer profit d’informations sur les clients afin de générer des bénéfices pour le compte de la banque ou de tiers.

Si Sergio Ermotti assure, dans un courriel envoyé hier à ses collaborateurs, que ces méthodes étaient le fait de quelques-uns «qui n’ont pas leur place chez UBS», et qui ont été punis depuis, le géant bancaire devra encore faire face à des enquêtes concernant ces manipulations. En Suisse, avec la Commission de la concurrence, comme à l’étranger. «Nous continuons à coopérer», a d’ailleurs indiqué Sergio Ermotti dans son communiqué.

Quant aux trois autres banques suisses initialement visées par l’enquête de la Finma, et dont le nom a été gardé secret, elles s’en tirent sans pénalités. Les enquêtes sont désormais closes.

Le Temps 13/11/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/a845acb2-6a9e-11e4-869e-7e370c0bf9b8/La_Finma_conclut_lenqu%C3%AAte_la_plus_complexe_de_son_histoire

 

L’aveu d’impuissance des autorités PAR MATHILDE FARINE

Les amendes et les mesures se succèdent, mais les comportements changent-ils vraiment?

Les banques ne se sont pas contentées de manipuler les taux d’intérêt, elles ont aussi arrangé les taux de change, affirment les régulateurs.

Les amendes infligées à des établissements se succèdent. L’inflation en prime. Moins nombreuses que dans l’affaire des taux d’intérêt, les grandes banques épinglées hier paieront ensemble une amendemultipliée par deux (3,3 mil­liards de dollars). Cet été, la française BNP Paribas, qui a admis avoir violé l’embargo contre le Soudan et l’Iran, a reçu l’addition la plus salée: 8,9 milliards à payer aux autorités américaines. Les questions existentielles ont déjà disparu: selon les estimations, neuf mois de bénéfice suffiront à absorber l’amende. Affaire réglée.

Le gendarme suisse des banques ne regrette pas de ne pouvoir infliger d’amendes (au-delà de la retenue des bénéfices indus, 134 millions dans ce cas). La Finma estime pouvoir changer les comportements en visant les individus et en optant pour des mesures ciblées.

Dans cette dernière affaire, la Finma a fixé une limite au bonus des traders à… 200% du revenu fixe. Tout est dit. L’histoire peut se répéter. L’autorité enquête encore sur onze collaborateurs. Pourtant, elle reconnaît en parallèle que la pression des résultats pousse les traders à tricher.

En rendant les transactions automatiques, la Finma empêche des manipulations futures. Mais elle ne change en réalité rien à la culture ou aux comportements.

Source Le TEMPS 13/11/14 

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8dbe51e6-6a9e-11e4-869e-7e370c0bf9b8/Laveu_dimpuissance_des_autorit%C3%A9s

1 réponse »

  1. Au royaume des Ripoux, les pourris sont ROIS et REINES !

    Un seul toutefois pourra revendiquer le titre et la gloire qui lui est attachée
    et en l’occurrence c’est :

    U.B.S qui est vainqueur de cette joute de AUTRE VALEUR PAS AJOUTÉ !

    ON LA MAUDIT BIEN FORT ! (sic)

    Quand aux autres partis sacripants ?

    QUE LA PÉCOLE LES MAGAGNES À JAMAIS
    ET QUE LE DIABLE LES PATAFIOLLES !

    ARGHHHHHHHHHHHH !!!

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