Allemagne

Le problème que tout le monde voit mais que personne ne veut voir… La Deutsche Bank est l’éléphant dans le salon de la BCE/La facturation des dépôts bancaires prend de l’ampleur en Allemagne

Le problème que tout le monde voit mais que personne ne veut voir… La Deutsche Bank est l’éléphant dans le salon de la BCE

PAR AUDREY DUPERRON ·EXPRESS.BE 13 NOV. 2014

Ala fin du mois d’octobre, les résultats des stress tests de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont montré que 25 banques européennes étaient trop sous-capitalisées et posaient un risque pour le secteur bancaire de la zone euro. Parmi elles, on trouve 9 banques italiennes, 3 banques grecques, et 3 banques chypriotes. Pourtant, ce ne sont pas les petites banques d’Europe du Sud qui présentent un danger pour le secteur bancaire européen, affirme le journal berlinois Tageszeitung. En revanche,  certaines banques du Benelux, de l’Italie, de la France ou de l’Allemagne, présentent un danger bien plus important pour la zone euro. La Deutsche Bank est particulièrement menaçante, précise le journal.

Il explique que lorsqu’une banque consent un prêt, ou qu’elle spécule pour son propre compte sur les marchés financiers, elle n’utilise qu’une infime partie de ses capitaux propres pour le faire, et emprunte le reste. Le rapport entre les capitaux propres et les capitaux empruntés indique l’effet de levier. En période de croissance économique, un effet de levier élevé, c’est-à-dire une plus forte proportion d’emprunts pour financer les activités, favorise une profitabilité plus élevée.

Josef Ackermann, alors CEO de la Deutsche Bank, avait ainsi fixé un objectif de rentabilité des capitaux propres avant impôts (c’est-à-dire le rapport entre les bénéfices avant impôts et les capitaux propres) de 25% avant la crise financière, une cible qui n’était rendue possible que par l’optimisation de cet effet de levier.

Cependant, en période de crise, les effets vertueux de l’effet de levier se retournent contre les banques, parce que ce qui était une utilisation optimale d’un minimum de capitaux se transforme en sous-capitalisation. En effet, on doit comparer les pertes réalisées au montant des capitaux propres engagés de la même manière que l’on prenait en compte les bénéfices pour calculer le taux de rentabilité des capitaux propres avant impôts. Lorsque les pertes sont supérieures au capital, la banque est en faillite.

Un rapport sur ​​les risques publié par le Center for Risk Management de Lausanne avait conclu que la Deutsche Bank était de loin la banque la plus risquée de la zone euro, avec un risque de faillite estimé à 75,4 milliards d’euros. Or, ce risque provient largement de l’effet de levier élevé pratiqué par cette banque.

Il y a trois ans, alors que cet effet de levier était de 1 sur 44, l’ancien économiste en chef du FMI, Simon Johnson, avait décrit Ackermann comme étant « l’un des banquiers les plus dangereux du monde ». Il avait estimé que le patron de la Deutsche Bank se permettait de fixer des objectifs de profitabilité de l’ordre de 25% (et l’effet de levier que cela implique) parce qu’il savait que la banque était « too big to fail » et qu’elle serait renflouée par les contribuables si elle se trouvait au bord de la faillite. Cependant, le même effet de levier atteint aujourd’hui 1 sur 50… la Deutsche Bank serait en faillite si elle devait perdre plus de 2% de ses actifs. Un tel effet de levier correspond au quadruple de ce qui se pratique dans les grandes banques américaines.

Selon les modélisations de l’Université de New York, le risque de défaut de paiement de la Deutsche Bank est 7 fois supérieur à ce que ce que la BCE a trouvé dans ses stress tests.

La Deutsche Bank est « l’éléphant dans le salon de la BCE », conclut le journal :

Le problème évident et majeur que tout le monde voit, mais que personne ne veut voir. (…) Si l’on ajoute les banques éléphants de la France et des Etats du Benelux, c’est toute une horde d’éléphants, que l’on ignore délibérément, qui piétine le salon de la BCE. Les auditeurs sont occupés à gonfler les banques moustiques grecques et italiennes pour en faire des éléphants afin que les politiques, les médias et le public continuent de ne pas voir les véritables éléphants dans le salon ».

http://www.express.be/business/fr/economy/le-probleme-que-tout-le-monde-voit-mais-que-personne-ne-veut-voir-la-deutsche-bank-est-lelephant-dans-le-salon-de-la-bce/209179.htm

La facturation des dépôts bancaires prend de l’ampleur en Allemagne

JEAN-PHILIPPE LACOUR / CORRESPONDANT À FRANCFORT | LE 17/11/14 
  • Le taux négatif 0,25 prélevé Banque centrale européenne (BCE) dépôts banques guichet.

    Le taux négatif de 0,25 est prélevé par la Banque centrale européenne (BCE) sur les dépôts des banques à son guichet. – Shutterstock

    Après les entreprises, les fonds d’investissement sont touchés par la facturation de dépôts bancaires.

     

     

     

En Allemagne, le taux négatif de 0,25 %, prélevé par la BCE sur les liquidités des banques déposées à son guichet, commence à faire tache d’huile dans l’économie. Certaines banques ont répercuté la mesure ou s’apprêtent à le faire sur des clients professionnels, entreprises ou fonds d’investissement qui ont déposé leurs liquidités chez elles.

Le « Strafzins », le taux d’intérêt punitif, est ainsi devenu l’expression qui fait florès en Allemagne. Dans les entreprises, la chaîne de magasins de bricolage Hornbach a témoigné de cet état de fait dès septembre dernier. Et c’est au tour de fonds d’investissement d’être visés : « Des banques dépositaires répercutent le taux d’intérêt négatif de la BCE sur les liquidités qui leur sont confiées », indique un porte-parole de la fédération des fonds d’investissement BVI. Depuis le 1er octobre, l’américain State Street facture 0,20 % sur cet argent dormant, a rapporté le quotidien « Frankfurter Allgemeine ». DZ Privatbank, filiale du holding de tête du secteur mutualiste, porte la note à 0,25 % depuis son siège au Luxembourg. Quant au leader du secteur, BNP Paribas, avec 228 milliards d’euros de dépôts, il n’envisage pas d’introduire une telle facturation, déclare son porte-parole à Francfort.

En tout état de cause, ces taux « punitifs » ne jouent que sur la part de liquidités non investie ailleurs, soit une fraction de ce qui constitue le mandat de gestion des fonds. Chez d’autresinvestisseurs institutionnels, c’est encore, semble-t-il, le calme plat. « Nous n’avons pas connaissance d’un assureur qui devrait payer un intérêt sur les dépôts », indique un porte-parole de la fédération de l’assurance GDV. Ces acteurs seraient certes moins concernés car leur profil d’investisseur de longue durée fait qu’ils ne conservent que peu de liquidités. Le régulateur du secteur financier, la BaFin, a de son côté pris position sur le sujet dès fin 2012. Cette dernière n’empêche pas que des placements de liquidités encourent un intérêt nul ou négatif, mais à condition que le gérant de portefeuille ne soit pas empêché d’atteindre les objectifs globaux de rentabilité.

Une mesure choc

Reste à savoir si le tour des clients particuliers va venir. Dans un pays où l’épargne populaire tient une grande place, une telle mesure serait un énorme choc. Tant la fédération mutualiste que celle des caisses d’épargne ont clairement exclu cette possibilité au nom de leurs banques membres. Mais la Skatbank, une petite banque coopérative domiciliée en Thuringe, a fait cavalier seul en décidant fin octobre de prélever un intérêt négatif à ses clients à partir de 500.000 euros de dépôt. Une limite relevée à 3 millions d’euros depuis. Donc pas de quoi viser monsieur Tout-le-Monde… Chez lesbanques privées, le président de la fédération BdB, Jürgen Fitschen, aussi coprésident de Deutsche Bank, a mis chaque banque devant ses responsabilités. Commerzbank affirme ne pas planifier de taux négatifs sur les liquidités de ses clients quels qu’ils soient. Mais de manière intensive, « nous les informons sur d’autres formes de placement », indique un porte-parole. Une façon pour la banque de vouloir gonfler ses recettes par de juteuses commissions.

Jean-Philippe Lacour, Les Echos Correspondant à Francfort

http://www.lesechos.fr/journal20141117/lec2_finance_et_marches/0203938441796-la-facturation-des-depots-bancaires-prend-de-lampleur-en-allemagne-1064836.php?EKQ9bPhTGoPLyEYQ.99

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