Comment l’Arabie Saoudite utilise son pétrole comme une arme politique
Pour Hulsman, deux hypothèses pourraient expliquer l’inertie des Saoudiens :
- Soit ils suivent la règle de John D Rockefeller, qui, lorsqu’il était confronté à un nouveau concurrent, continuait de pomper frénétiquement pour faire baisser les cours, afin d’étouffer le nouvel arrivant en l’empêchant de réaliser des profits. Une telle stratégie pourrait être destinée à tuer dans l’œuf les producteurs de pétrole de schiste américains. En effet, ces derniers ne réalisent des bénéfices que lorsque les cours dépassent 80 dollars le baril, en raison des lourds investissements qu’ils ont réalisés pour leur exploitation. Comme les Saoudiens détiennent d’importantes réserves de pétrole, ils pourraient supporter sans problème un cours aussi faible pendant plusieurs années.
- Mais plus vraisemblablement, ils reproduisent ce qui s’est produit dans les années 1980, lorsque Riyad avait signé un accord secret avec le président américain de l’époque, Ronald Reagan, pour détruire l’Union Soviétique. Cette hypothèse est d’autant plus plausible que John Kerry, le secrétaire d’Etat américain, a rencontré le roi Abdallah de l’Arabie Saoudite le 11 septembre dernier. D’après des rumeurs, ils auraient conclu un accord qui prévoirait le maintien de la production actuelle pour étrangler l’Iran, l’ennemi juré des Saoudiens. Les Américains seraient également gagnants, parce qu’au cours de ce processus, les Iraniens pourraient être contraints de conclure un accord avec Washington sur la question du nucléaire. De plus, les Américains et les Saoudiens feraient d’une pierre deux coups, en nuisant à la Russie à laquelle ils sont tous deux opposés, les premiers sur la question de l’Ukraine, et les derniers, parce qu’elle soutient le régime de Bachar el-Assad en Syrie.
Selon le FMI, les Saoudiens réalisent un bénéfice sur leurs ventes de pétrole lorsque le cours du baril dépasse les 84 dollars. Mais pour les Russes, ce seuil est fixé à 100 dollars, et pour les Iraniens, il s’établit à 153 dollars, ce qui signifie que ces deux ennemis des Saoudiens subiront les conséquences nocives de la faiblesse des cours avant même que celle-ci n’affecte l’Arabie Saoudite, compte tenu des immenses réserves du pays.
Enfin, les Saoudiens ont rappelé au monde qu’ils demeurent une force sur laquelle chacun doit compter, en particulier l’Administration Obama. Sur ce point, ils espèrent bien convaincre Obama d’intervenir davantage qu’il ne le souhaiterait en Syrie.
Catégories :Art de la guerre monétaire et économique, Commentaire de Marché, Express.Be, Iran, Pétrole, Russie, Schiste
Pourquoi pas, mais ce n’est qu’une hypothèse parmi d’autres et plutôt moins vraisemblable que beaucoup d’autres compte tenu des relations actuelles entre les USA et les Saoudiens.
http://www.zerohedge.com/news/2014-11-26/us-secret-deal-saudis-backfires-after-oil-minister-says-us-should-cut-first –
http://online.wsj.com/articles/opec-members-nearing-compromise-on-supply-cuts-1416937145 –
Ce genre de choses devrait être présenté comme des hypothèses de recherche, plutôt que comme des affirmations. cela fait partie de ce que j’appelle le narratif, l’histoire que l’on raconte. Ce n’est pas sans importance de suivre ce narratif, car il concourt , entre autres, à fabriquer ce que l’on appelle le Consensus.
Que le système monétaire et financier soit une arme dans les mains du plus fort est incontestable, mais les russes le savent et le savaient avant, tous les coups sont permis: Et tant pis pour les dégâts collatéraux sur ceux qui ne sont pas partie prenante dans le conflit comme le Mexique. Ce dernier est en difficulté par exemple.
Le jeu sur le pétrole est complexe et il faut l’analyser à la lueur de beaucoup de paramètres, pas seulement les prix internationaux, mais aussi les prix contractuels de long terme- beaucoup de contrats sont à 85 dollars le baril ou équivalent- , les quantités pompées, l’évolution du change domestique par rapport au dollar etc etc.