Art de la guerre monétaire et économique

Le débat sur l’or s’étend des sites financiers à la BCE

Le débat sur l’or s’étend des sites financiers à la BCE

Les rumeurs se multiplient, tandis que Marine Le Pen propose à la France de reprendre l’idée de l’UDC

L’actualité est particulièrement nourrie dans les métaux précieux à la veille de la votation sur l’initiative sur l’or. Une plainte en action collective a, par exemple, été déposée mardi à New York contre Goldman Sachs et HSBC Holdings pour manipulation des prix du platine et du palladium durant plusieurs années, révèle l’agence Bloomberg. Les deux métaux sont fortement corrélés au prix de l’or. D’autres plaintes similaires ont été déposées, accusant certaines banques de méfaits dans la fixation du prix de l’or, ajoute l’agence.

L’actualité n’est pas seulement juridique. Le débat politique sur l’initiative sur l’or est également très vif dans la communauté financière internationale. Zerohedge, un site iconoclaste très lu des milieux spécialisés, a publié un long article défendant le projet. L’initiative serait «un premier pas permettant de réduire le déséquilibre existant entre la BNS et le peuple suisse». Eric Schreiber, l’auteur de l’article repris du blog GoldSilverWorlds, qui promet ni plus ni moins que «la vérité sur notre monnaie», estime qu’un oui permettrait de «restaurer la retenue, la responsabilité et la transparence d’une institution qui a profité de l’élimination d’une ancienne contrainte sur la détention d’or pour faire exploser la taille de son bilan».

La taille du bilan de la BNS atteint 83% du PIB, ce qui dépasse le niveau de toutes les principales banques centrales. Ce pourcentage est même quatre fois supérieur à celui de la Réserve fédérale américaine ou de la Banque centrale européenne. L’article de Zerohedge ajoute que la BNS s’est «lancée dans des sphères politiques éloignées de son mandat initial».

Critique du lien avec l’euro

L’auteur omet cependant de disserter sur un handicap majeur de l’initiative, l’interdiction de ventes d’or en toutes circonstances. En cas de normalisation de la situation, la BNS ne pourrait réduire son bilan qu’en réduisant d’autres actifs que l’or. Le site financier critique par contre le maintien du cours plancher avec l’euro et le lien qui unit depuis septembre 2011 les politiques de la BCE et de la BNS. La si­tuation monétaire souffrirait d’un dé­ficit durable de légitimité démocratique. La BNS maintiendrait auprès de la population «le mirage d’une monnaie souveraine». L’au­teur affirme même que le franc ne serait qu’un «dérivé de l’euro».

Ce défenseur du oui admet que la Chine, comme la Suisse, n’hésite jamais à intervenir sur le marché des changes. La Banque de Chine tente de freiner la hausse du renminbi pour soutenir les exportations chinoises. A l’inverse de l’Empire du Milieu, la Suisse aligne les déficits commerciaux. L’auteur n’indique toutefois pas que la Suisse enregistre par ailleurs un énorme excédent de la balance des transactions courantes (échanges de marchandises, de services, et les flux de capitaux).

Lettre de Marine Le Pen

La votation en Suisse offre à Marine Le Pen, présidente du Front national, l’occasion d’envoyer une lettre à Christian Noyer, le président de la Banque de France, le priant de suivre les recommandations de l’initiative de l’UDC. Datée du 24 novembre, elle cite d’ailleurs le projet dans sa missive.

La présidente du Front national observe que la banque centrale néerlandaise a rapatrié 122,5 tonnes d’or et que «les réserves officielles d’or de la Chine, de l’Inde et de la Russie ont fortement augmenté entre 2007 et 2013». 614,6 tonnes d’or auraient été vendues par la France entre 2004 et 2012. La présidente du Front national exhorte donc la Banque de France à procéder au rapatriement de ses réserves d’or à l’étranger et à l’interruption immédiate de toute cession de métal jaune. Elle recommande une allocation de 20% en or et demande la suspension de tout contrat d’engagement financier ou de prêt qui gagerait les réserves d’or.

La BCE elle-même, par l’intermédiaire de Deutsche Bank, est l’objet de spéculations liées à l’or. Dans son commentaire sur le marché des métaux, la grande banque allemande évoque une rencontre entre la presse et Yves Mersch. Ce membre du directoire de la BCE aurait déclaré que le programme de rachats d’actifs (QE) pourrait «en théorie intégrer n’importe quel actif. Il pourrait comprendre des obligations souveraines, des actions, des ETF ou même de l’or».

L’or au service de la relance

Selon Deutsche Bank, dans une optique de politique monétaire, la question est d’identifier le vendeur de l’actif considéré. Les ménages privés ont accumulé «des trésors d’or» avant et durant la crise. Si la BCE entreprenait tout ce qui est en son pouvoir pour relancer l’économie, elle pourrait inciter les particuliers à se séparer de ce patrimoine pour «libérer des liquidités dormantes et ainsi nourrir la consommation». Zerohedge en déduit que les banques centrales ont «la voie libre pour rendre l’or inattractif».

Le spectre du 5 avril 1933 refait ainsi son apparition. A cette époque, le président Roosevelt avait procédé à la confiscation de l’or des particuliers à un prix qui correspondait à une dévaluation de 70%. Cette attaque au droit de propriété est restée dans toutes les mémoires. 

PAR EMMANUEL GARESSUS/ Le TEMPS 27/11/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8b811b0e-758c-11e4-af18-ffe6f30f043d/Le_d%C3%A9bat_sur_lor_s%C3%A9tend_des_sites_financiers_%C3%A0_la_BCE

Pourquoi les Pays-Bas ont-ils rapatrié une partie de leur or conservé aux Etats-Unis?

3 réponses »

  1. 1) L’Or détenu par les USA pourrait avoir disparu !
    2) Pourquoi les Pays bas ont ils rapatrié une partie de leur Or conservé aux etats unis ?
    La réponse est dans la question.
    J’aurais plutôt titré  » pourquoi les Pays Bas n’ont ils rapatrié qu’une partie de leur Or conservé aux etats unis ( sans majuscule volontairement a raison de leur gouvernement et non des citoyens)

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