Art de la guerre monétaire et économique

Analyse objective de la stratégie de gestion du Taper. Une stratégie globale, concertée Par Bruno Bertez

Analyse objective de la stratégie de gestion du Taper. Une stratégie globale, concertée Par Bruno Bertez

Mon hypothèse est toujours la même, il faut analyser ce que l’on voit objectivement et non pas ce que l’on dit. Ce que l’on dit a pour objectif d’empêcher de comprendre le fond des choses. De masquer. Il faut que ce que l’on dit soit acceptable, pas trop cynique. Il faut que cela passe pour une défense des intérêts domestiques. Il faut que le public et les médias ne comprennent pas très bien car sinon il y aurait des spéculations par la foule et cela serait déstabilisant. 

Premier point, pour moi le fait important, majeur, c’est la fin des QE de la Fed, avec sa conséquence, le dollar va devenir moins surabondant, plus rare et plus cher. La planche à billet de la monnaie mondiale va ralentir. 

Second point, tous les Banquiers Centraux le savent et une concertation a eu lieu depuis la Mi 2014 sur cette question. Un mode de gestion de cette raréfaction relative du dollar a été mis en place et tout ce qui se fait depuis en découle aussi bien au Japon qu’en Europe ou chez les gros émergents comme l’Inde et la Chine.

 Troisième point, comme c’est la surabondance du dollar qui a propulsé les marchés et fait léviter les assets, pour empêcher l’effondrement, il faut que d’autres prennent le relais et créent des liquidités. Mais ils ne peuvent créer que des liquidités dans leur monnaie, la leur, à eux. 

Quatrième point, la décision de Jordan de la BNS s’inscrit dans ce cadre, il s’adapte au futur printing de la BCE, lequel va déclencher des fuites de capitaux du système euro et propulser le CHF ou faire exploser les réserves de la BNS. 

Cinquième point, la création de liquidités hors dollar, modifie le portefeuille mondial et implique une changement de parités relatives entre d’un côté le dollar plus rare et les monnaies tierces, plus abondantes, donc on a admis, autorisé implicitement une réévaluation du dollar et symétriquement une dépréciation des monnaies tierces. 

Ceci est une concertation dans l’intérêt général, puisque ce qui est important c’est la stabilité financière globale qui est en jeu. Tout le monde est dans le même bateau, c’est ce qu’il faut bien admettre, en raison de l’interconnexion. 

Le comportement ordonné des marchés d’assets est indispensable car il conditionne le maintien de la valeur des assets du système bancaire. Les valeurs d’inventaire doivent être maintenues, à tout prix. Et puis, il y a les 600 trillions de dérivés. 

L’objectif de stabilité des marchés d’assets est obtenu au prix d’une réévaluation du dollar et symétriquement au prix d’une dévaluation des monnaies tierces. C’est pour cette raison que les Allemands ne peuvent pas s’opposer au printing, il en va de la stabilité globale et la Deutsche Bank a besoin de cette stabilité globale, c’est le cheval de Troie qui oblige les Allemands a faire ce que la Fed a décidé de faire. Il n’y a pas de stratégie autonome possible tant que l’on a des banques insérées dans le maillage global. 

Nous sommes dans une phase de réaménagement, adaptation aux nouvelles conditions, ce qui implique la volatilité temporaire sur: le pétrole, les equities, les changes, mais la stabilité des taux et des fonds d’Etat. 

Je dis chapo, ils gèrent fantastiquement le court terme. 

La prochaine étape, ce sera plus dur car il faudra gérer la normalisation des taux et la bulle des fonds d’Etat mais ils y travaillent déjà. Témoin, Obama qui vient cette semaine, de conseiller publiquement aux américains de convertir leurs emprunts et de passer aux taux fixes. 

Nous sommes en présence de véritables stratégies, complexes, mais cohérentes. Stratégies qui sont efficaces car non explicitées. Ce qui est exceptionnel c’est d’avoir réussi à éviter la déroute qui se profilait l’an dernier et qui avait même débuté sur les émergents. Certes, ils trinquent, mais il n’y a pas contagion, pas de boule de neige.

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 18 Janvier 2015 

illustrations et mise en page by THE WOLF

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6 réponses »

  1. Effectivement. La DB est la banque la plus leveragée du monde. L’image du cheval de troie est parfaite. En revanche il me semble manquer un élément à la démonstration car je ne crois pas que les américains veuillent laisser le dollar trop remonter. La concertation a ses limites avec les américains. Aujourd’hui la hausse du dollar entraine une désinflation qui leur permet de ne pas toucher les taux mais dès qu’elle deviendra problématique (car elle a plusieurs inconvénients dont le renchérissement de la dette US) ils diront stop, quitte a faire un QE 4.

    • Vous savez,SEB, que l’une de mes hypothèses est que le non-conventionnel fait maintenant partie de la panoplie normale, et que je considère que nous sommes dans une nouvelle ère dont le sens est de prolonger encore le plus possible le cycle du crédit;

      Pour cela il faut de temps à autre refaire le plein de munitions et les munitions sont, entre autres: la possibilité de faire baisser les taux, ce qui implique de les faire remonter un peu, avant; et les autres munitions, l’avilissement du change, ce qui implique aussi qu’il remonte de temps à autre .

  2. Si la BCE se met a imprimer cela va faire chuter l’euro, se que semble avoir deja envisager les suisses. Le problème n’est que pour ceux qui ont emprunté en devise étrangère. Les européens qui ont emprunter des francs suisse, tout comme les non américains qui ont emprunté des dollars vont le sentir passé si il n’avaient pas fait de réserve en ces même monnaie avant de consentir l’emprunt.
    LE problème complexe du monnaitaire est qu’il n’est plus fonction de la quantité de monnaie émisent. Mais de sa demande a un instant T. Celui qui imprime de la monnaie le fait en fonction de la demande. Si l’impression est égale a la demande il n’y a pas de tension sur la parité de cette monnaie. Pour que la monnaie baisse il faut imprimer plus que la demande et pour la faire monter faire l’inverse. Le fait même d’arréter l’impression réduit donc la quantité de monnaie disponible sur les marchés mais si la demande baisse cela n’influence en rien sa parité. Comment faire monter une monnaie alors que les taux d’interets sont proche de Zèro est donc la question qu’il faut se poser.
    Même si les taux sont a zéro il faut tout de même rembourser les mensualités et pour cela il faut là dite monnaie. Hors lorsque l’impression est stoppé la dite monnaie ne coule plus a flot bien qu’il faille tout de même s’en procurer. Donc ceux qui on des réservent de cette dite monnaie on soit le choix de la mettre sur le marché pour équilibrer la demande et maintenir la parité, soit la garder et faire monter la dite monnaie. Si le controle de l’émmission appartient aux pays imprimeur, la parité en cas de non impression appartient a ceux qui en on en stock.
    Sachant que la demande est proportoinnelle a la quantité de crédit en cours et a son taux moyen. La parité monnaitaire ne tient donc que sur la capacité d’imprimer sufisement afin de rendre disponible l’argent necessaire au remboursements des dits crédits.
    Si les détenteurs de dollar se refusent a vendre du dollar a ceux qui en ont besoin, par example, soit le dollar monte, soit il faut en imprimer.
    Donc pour que l’euro baisse comme il a baissé, il y a deux solutions, soit la BCE a deja imprimé, soit les possesseurs d’euros l’on vendu contre autres choses, dévise ou physique.
    Demandeur a la BCE d’imprimer en se momment c’est demander a la BCE de faire baisser encore plus l’euro et de faire en sorte que les pocésseurs non européens d’euros se mettent a vendre de l’euro. Du coup il y aurait double baisse.
    Le problème de la monnaie n’est rien d’autre qu’un problème de parité et comme cette parité n’existe plus, lorsqu’une monnaie baisse toutes les autres doivent monter. L’action d’un seul acteur se répercute obligatoirement sur tous les autres. Et si deux monnaie baissent toute les autres doivent elles aussi augmenter indépendement de la volonté des BCE. L’astuce est d’avoir un minimum de monnaie emprunter sous forme de cash enfin de se proteger de la volatilité. Chaque dollar,euros ou autre emprunter doit se protéger grace aux dérivées. Si cette règle n’est pas appliqué le risque peut être énorme. Pour qu’il n’y ait plus de risque il faudrait que chaque réserve ou emprunt soit assurer face a un paquet de monnaie sous forme de dérivé. Sachant que si l’un baisse les autres augmentent.
    Le système monnaitaire actuel est un vrai casse tête et un vrai danger pour l’essemble du système. Il devra obligatoirement être modifié afin d’éviter les gros problèmes.
    Je ne comprends donc pas pourquoi la BCE doit obligatoirement imprimé puisque sa monnaie se dépréci deja sans l’aide de l’impression ?

  3. Le problème est pour les acheteurs de franc suisse pas pour les vendeurs qui eux peuvent faire le plein d’euros, 20% c’est pas si mal a prendre. Le problème auquel la BNS va avoir a faire face et une attaque de short sur sa monnaie. C’est d’ailleurs la tactique de guerre monnaitaire le short. Si l’euro short le franc suisse cela risque de leur couter très cher.
    D’ailleurs il y a un truc que je n’ais jamais compris dans la stratégie du short. Pourquoi prêté a quelqu’un des actions ou de la monnaie pour qu’il short. Puisque au final c’est lui qui va y perdre puisqu’il récupèrera quelques chose qui aura perdu de sa valeur. Pourquoi permettre la vente a découvert sachant que cela finira par une perte pour tous les pocésseurs de l’objet shorté.
    D’aileurs, est ce que quelqu’un pourrait m’expliquer l’impact d’un short obligataire en bon du trésor par example. Quelle impact cela peut avoir sur la valeur de la monnaie. Sachant que l’obligation et le cash sont deux choses différente. Merci d’avance.

    D’ailleurs je ne comprends pourquoi le short est autorisé, car en grande quantité c’est carrement une attaque.

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