Le cygne noir du franc suisse devenu flottant: un séisme ressenti dans le monde entier… y compris en Pologne
Dans la foulée la BNS a également annoncé qu’elle allait abaisser son taux d’intérêt (négatif) pour le porter à -0,75%. « On parlait de guerre de changes. Il va falloir parler aussi de guerre de taux. Les pays développés sont entrés dans une course aux taux négatifs pour éviter la déflation. Le Japon, l’Allemagne, la Suisse, et ce n’est pas terminé. La Suisse a voulu agir avant la Banque Centrale Européenne jeudi prochain », analyse Marc Fiorentino de MonFinancier.com. « En moins d’un an, c’est le deuxième black Swan après l’effondrement du pétrole », observe-t-il. Un cygne noir (« black swan ») est un évènement qui satisfait trois caractéristiques : il est rare, son impact est extrême, et il est rétrospectivement prédictible, alors qu’il ne l’était pas au moment de sa survenance.
Il explique que les investisseurs qui ont parié sur la stabilité du Franc suisse sont légion, et que certains vont perdre des fortunes dans les prochains jours. Bloomberg a en effet déjà rapporté que les clients de courtiers de change ont perdu des centaines de millions de dollars après l’appréciation surprise de la monnaie helvétique. Global Brokers NZ Ltd., un courtier néo-zélandais, a même indiqué que le déficit correspondant l’obligeait à déposer son bilan. FXCM Inc., le plus gros courtier de change en Asie et aux Etats-Unis, rapporte que ses pertes approchent les 200 millions d’euros. IG Group Holdings Plc estime que les siennes se montent à environ 40 millions d’euros, tandis que Swissquote Group Holdings SA rapporte avoir perdu près de 25 millions d’euros.
La hausse du cours du franc suisse est aussi une catastrophe pour les exportateurs suisses, et en particulier les entreprises de l’horlogerie qui étaient déjà confrontées à la concurrence de nouveaux arrivants tels qu’Apple sur leur marché.
Le site Vox indique que l’appréciation du franc suisse est aussi dommageable pour de nombreux citoyens dans le monde qui avaient pris l’habitude d’emprunter dans cette monnaie en raison des très faibles taux d’intérêt du pays. C’est en particulier le cas de certains britanniques fortunés, mais cette pratique est également très répandue en Europe de l’Est.
Ainsi, 46% des emprunts hypothécaires polonais sont exprimés en francs suisses. Les propriétaires polonais qui ont donc emprunté en francs suisses vont voir le montant de leur crédit immobilier converti en zlotys s’apprécier, et dans certains cas, le montant correspondant pourra dépasser la valeur de leur bien immobilier.
Les courtiers en devises ont été mis en déroute par l’annonce de la BNS
PAR YVES HULMANN ZURICH/ Le temps 17/1/2015
Swissquote a créé une provision de 25 millions de francs en raison des pertes subies par ses clients. Alpari, à Londres, est insolvable. Global Brokers NZ a cessé ses activités à Auckland. FXCM négocie avec les autorités américaines pour rehausser ses fonds propres
De Genève à Auckland, les courtiers en ligne actifs dans le négoce en devises ont constaté les dégâts vendredi. Suite à l’onde de choc survenue sur les marchés jeudi après l’annonce de la BNS, les pertes ne se sont pas limitées aux seuls clients mais elles ont affecté les sociétés elles-mêmes. Les plateformes de négoce en devises permettent en effet aux clients d’opérer avec un effet de levier, finançant les positions spéculatives prises par ceux-ci.
Quand ces derniers sont pris à revers, il n’y a parfois plus rien à récupérer. C’est ce qui s’est passé sur le segment eForex, spécialisé en devises, de Swissquote. Vendredi, la banque en ligne vaudoise acommuniqué avoir constitué une provision de 25 millions de francs dans ce but en raison des pertes subies par ses clients.
Swissquote a-t-elle des chances de récupérer ces montants auprès de ses clients? Andreas Brun, analyste à Banque Cantonale de Zurich (BCZ), en doute: «Les clients qui ont été pris à contre-pied par l’annonce de la BNS opèrent souvent avec des leviers de 1 à 50, parfois même de 1 à 100. Dans de tels cas, le risque de pertes est élevé.»
Swissquote ne peut-elle pas leur réclamer un remboursement? «La société va leur demander de ramener leur compte à l’équilibre. Et peut-être que certains clients vont le faire. Toutefois, 90% des utilisateurs du service eForex de Swissquote sont des clients internationaux. Beaucoup sont en Asie. Les démarches nécessaires pour récupérer de tels montants sont compliquées à faire», relève l’analyste. Il en va différemment du négoce en actions, où environ 95% des clients de Swissquote sont en Suisse.
L’appréciation du dollar face au franc et à l’euro depuis l’été est un autre facteur qui explique ces pertes. «Beaucoup de traders pensaient que le dollar ne pouvait évoluer que dans un sens», poursuit l’analyste de la BCZ. Sa valeur est passée à 0,87 franc par dollar fin mai pour remonter à la parité début janvier. Jeudi, il est retombé à son niveau de mai.
Malgré la provision portée en compte par Swissquote, son ratio de fonds propres Bâle III (CET 1), situé à 17%, reste suffisant. Pour 2014, ses revenus atteindront 145 millions de francs et un bénéfice avant impôts d’environ 28 millions.
Le cas de Swissquote n’est pas isolé. Basé à Londres, le groupe IG, aussi présent à Genève, a indiqué hier qu’il pourrait avoir perdu jusqu’à 30 millions de livres (39 millions d’euros). La banque danoise Saxo, aussi présente en Suisse, a, elle, dû réexaminer «de manière prudente» toutes les transactions passées jeudi par ses clients dans un contexte de liquidité «quasiment inexistante», a-t-elle indiqué hier dans un communiqué. Les déboires subis par une partie de ses concurrents lui ont profité: certains clients d’autres banques en difficulté ont transféré leur compte chez Saxo, a-t-elle ajouté.
Plus grave, la société britannique Alpari a annoncé vendredi être en cessation de paiement. «Quand un client ne peut pas couvrir ses pertes, celles-ci nous sont transmises», a indiqué la société. Pire encore, la société néo-zélandaise Global Brokers NZ a, elle, mis la clé sous la porte. Basée à Auckland, elle ne dispose plus des capitaux suffisants pour répondre aux exigences des autorités néo-zélandaises.
Le courtier américain FXCM, leader outre-Atlantique et en Asie, a, lui, indiqué vendredi ne plus être en mesure de respecter certains ratios réglementaires. Les pertes enregistrées par les clients de la société sont telles que ceux-ci lui doivent 225 millions de dollars. Elle négocie avec les autorités de surveillance des solutions pour ramener ses ratios de fonds propres aux niveaux d’avant jeudi.
Faut-il craindre une amplification des pertes? Les spécialistes de la branche tempèrent. Beaucoup de clients ont subi des pertes importantes à leur niveau mais celles-ci restent faibles à l’échelle des marchés. «Il n’y a pas de risque systémique», juge un expert basé sur l’Arc lémanique. Reste que l’ampleur des dégâts n’est pas insignifiante. Citi, leader sur le marché des devises, aurait perdu à elle seule 150 millions de dollars suite à la décision de la BNS.
HSBC touchée à Hongkong
PAR FRÉDÉRIC LELIÈVRE HONGKONG Le Temps 19/1/2015
Des clients ont pu acheter des francs à un prix hors marché. La banque enquête, les autorités monétaires également
La Banque nationale suisse (BNS) a provoqué des vagues jusqu’à Hongkong. Jeudi, l’annonce de la fin du taux plancher a secoué la place financière asiatique, et en particulier HSBC. Des clients de la banque, dont le «H» signifie «Hong Kong», ont pu acheter des francs en dessous du cours du marché, alors que la devise helvétique venait de s’envoler.
Selon Apple Daily et le Hong Kong Economic Journal, des achats ont pu être réalisés à 8,26 dollars de Hongkong sur le site internet de HSBC pendant près de deux heures, alors que le prix du marché était passé à près de 9 dollars. Un client aurait ainsi réalisé 20% de bénéfice en revendant immédiatement la devise sur le marché. Un autre a raconté avoir réalisé un gain de 4000 dollars (445 francs), à peu près le salaire mensuel des employées de maison, après avoir acheté pour 50 000 dollars de francs.
Les autorités aux aguets
HSBC a indiqué être en train d’«identifier les raisons de l’incident concernant le trading en ligne» du franc. Elle assure que son système fonctionne normalement. Il n’est pas encore établi si la banque pourra réclamer les gains ainsi réalisés. L’autorité monétaire de Hongkong a aussi réagi après le bond du franc. «Nous suivons les pratiques des banques et des courtiers», a-t-elle indiqué au South China Morning Post.
L’abolition du cours plancher, un cruel rappel du risque de change
La détermination d’un ratio de couverture des monnaies étrangères fait partie des décisions stratégiques s’inscrivant dans la vision à long terme d’un investisseur
A la surprise générale des investisseurs, la Banque nationale suisse (BNS) a décidé d’abolir son cours plancher de 1,20 franc pour un euro le 15 janvier 2015, créant une onde de choc sur les marchés mondiaux. Parallèlement, elle abaisse le taux d’intérêt appliqué aux avoirs en comptes de virement dépassant un certain montant de 0,5 point de pourcentage, le fixant à –0,75%, et adapte une nouvelle fois la marge de fluctuation du Libor à trois mois vers le bas dans la zone négative. Toutefois, la BNS annonce également qu’elle restera active sur le marché des changes en vue d’influencer les conditions monétaires.
Il était inéluctable que la BNS doive un jour ou l’autre renoncer au taux plancher pour rétablir son autonomie en matière de politique monétaire. Afin de conserver sa crédibilité auprès des acteurs du marché, la BNS n’avait aucune autre solution que de continuellement communiquer sur le maintien strict du taux plancher, même si son abolition avait déjà été décidée à l’interne. Le timing de l’abolition du taux plancher ne pouvait donc pas être anticipé par les investisseurs, ce qui était bien entendu l’objectif de la banque centrale. Par cette décision, la BNS a renforcé sa crédibilité sur le marché.
Du point de vue d’un investisseur suisse, le risque de change a toujours été une composante importante du risque total de son portefeuille. En effet, un investisseur souhaitant construire un portefeuille diversifié de manière optimale doit détenir une part significative de ses placements en devises étrangères en raison de la petite taille relative du marché suisse. Contrairement à la prime de risque «action», il n’y a aucune preuve empirique que l’investisseur soit indemnisé par une prime de risque systématique pour la prise d’un risque devise. En effet, si une telle prime de risque existait, cela impliquerait qu’un autre investisseur accepterait de la payer et donc de faire une perte sûre et permanente. Ainsi un grand nombre d’investisseurs institutionnels suisses couvrent une part importante de leurs placements à l’étranger afin de limiter leur exposition au risque de change. Par exemple, dans le cas des obligations libellées en monnaies étrangères, l’application d’une couverture systématique du risque de change a historiquement permis de réduire la volatilité de cette classe d’actifs sans en altérer le rendement. Ce phénomène est également appelé le «free lunch in currency hedging».
Lors de l’élaboration d’une stratégie de placement à long terme, il est recommandé de se couvrir contre les risques non rémunérateurs, tels que le risque de change. Toutefois, la détermination de la couverture stratégique optimale («hedge ratio») doit se faire dans le contexte du portefeuille total et tenir compte de la diversification partielle apportée par le risque de change. En effet, malgré les bénéfices de la couverture au niveau des classes d’actifs individuelles, l’élimination totale de ce risque est généralement contre-productive en raison de la réduction de l’effet de diversification au niveau du portefeuille total. La réaction extrêmement importante du marché des devises lors de la suppression du cours plancher prouve, une fois de plus, qu’il convient de se conformer à la stratégie de long terme définie.
L’importante baisse du marché suisse des actions suite à l’abandon du taux plancher peut paraître surprenante, mais elle reflète la forte proportion de revenus des entreprises helvétiques provenant de l’étranger. La chute du marché suisse des actions illustre surtout la nécessité de ne pas considérer le risque de change isolément, mais dans le contexte du portefeuille global.
Bien que les investisseurs ne pussent pas s’attendre à ce que la BNS supporte «gratuitement» le coût de la couverture indéfiniment, la décision de la BNS fut inattendue. Cela confirme notre conviction qu’il est essentiel et opportun de s’en tenir à la stratégie d’investissement de long terme. La détermination d’un ratio de couverture des monnaies étrangères fait partie des décisions stratégiques s’inscrivant dans la vision à long terme d’un investisseur. Ainsi, un portefeuille ayant été construit sur la base d’une étude stratégique (ALM) fondée ne nécessite aucune adaptation dans l’immédiat.
PAR LAURENT KELLER* ET PASCAL FREI**
* Consultant en investissement chez PPCmetrics
** CFA, associé chez PPCmetrics
Dans le monde des reflets
https://www.youtube.com/watch?v=kWAlinGIQYo
C’est facile mais cela détend!!
Merci a vous tous….d’être dans une autre dimension celle de l’avenir
« les prophètes sont ceux qui se souviennent du passé »
On n’apprend ce matin qu’en janvier 2015 les achats de valeurs mobilières en € par la BNS auraient dû s’élever à CHF 100 000 000 000 pour maintenir les 1.20. Etant précisé qu’une brève crevaison de ce taux planché s’est passée début 2015. cqfd
Donc les 50 000 000 000 de super Mario c’est du pipo. Le début de la fin c’est maintenant.
En fait la BNS a eu vent de la nouvelle impression d’euro et n’as pas voulu que tout se papier se déverse chez elle. Elle a pri les dévant et dévalué l’euro face au francs suisse comme tout bon monnaitariste ferait. Pour les bonnes affaires il faut se tourner vers le rouble a moins que les russes aient eux aussi compris les rouages monnaitaires et décidé de limiter la sortie et la conversion de rouble. A mon avis c’est la conversion qu’il devraient lmimiter pour limité les risques pour eux et leurs populations qui ne comprennent rien au marché monnaitaire. Cela impose juste aux russes d’améliorer la crédits intérieur. C’est pas si compliqué que cela 🙂 🙂 🙂
Je me trompe peut être mais voila mon avis sur se qui c’est passé. La BNS en a eu marre d’acheter des devises étrangère a parité fixe. Cela n’as pas plus aux étrangé qui ont alors décidé de vendre leur francs suisse. La suisse a donc décidé que vue la quantité du short il n’y avait pas d’autre moyen que de shorter a sous tour les dites devises étrangère quitte a il laisser des plumes. Ont ne fait pas boire un ane qui n’as plus soif.