Art de la guerre monétaire et économique

Le message d’espoir de SYRIZA/ Le vote grec en sept leçons/ Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »/ Le nouveau gouvernement grec s’aligne sur la Russie de Poutine

Le message d’espoir de SYRIZA

Syriza a donc vaincu et obtient 149 sièges. Alexis Tsipras, son charismatique dirigeant, est le grand triomphateur des élections de ce dimanche 25 janvier. Beaucoup de gens se sont réjouis, dont chez certains avec une impudeur outrancière. On a vu ainsi des dirigeants du PS français, n’est-ce pas MM. Cambadélis et Désir, qui il y a deux ans encore établissaient un véritable blocus à l’égard de Syriza voler au secours de la victoire. Il y a des gens « sans vergogne » comme l’on dit dans le midi de la France… Il est vrai que la défaite des « socialistes » grecs du PASOK est exemplaire (moins de 5% des suffrages) tout comme est clair la gifle donné à la droite libérale de la Nouvelle Démocratie (deux mensonges pour un seul titre). Mais, cette victoire ouvre surtout une nouvelle séquence politique pour la zone Euro.

A - Tsypras

Que fera Syriza ?

Le programme de Syriza n’est nullement révolutionnaire. Mais dans le contexte de la Grèce aujourd’hui il marque une véritable rupture. Dans le domaine social, il prévoit, une hausse du salaire minimum à 750 euros (contre moins de 600 actuellement), un 13e mois pour les retraites de moins de 700 euros et un relèvement du seuil annuel de revenus imposables pour les particuliers, abaissé à 5 000 euros, et qui s’établirait désormais à 12 000 euros. Le coût de cet ensemble de mesures est estimé par Syriza à un peu moins de 12 milliards d’euros. Mais, le point essentiel est que Syriza se déclare opposé à payer environ les deux tiers de la dette publique grecque. C’est là que le conflit potentiel avec les institutions européennes pourrait se concentrer. Car, les autorités européennes sont en fait plus sensibles à la question de la dette grecque qu’à celle de mesures macroéconomiques, mesures qui apparaissent largement inévitable.

Il est évident que la Grèce ne peut porter sa dette publique, qui ne cesse de s’accroître non pas en raison du déficit budgétaire (hors dette) mais du fait du poids des intérêts. Ceci est connu des économistes depuis la fin de 2009. Il convient donc d’annuler une large partie de cette dette, ce que de nombreux économistes disent. Mais, cette annulation va poser problème par rapport aux institutions européennes qui détiennent de fait (via la BCE, le Fond Européen de Stabilité Financière ou FESF et le Mécanisme Européen de Stabilité ou MES) une large partie de cette dette. Si la Grèce faisait défaut (ou répudiait tout ou partie de sa dette) cela imposerait une contribution financière aux contribuables de la zone Euro, sauf si la BCE acceptait de reprendre ces titre, et devenait dans les faits ce que l’on appelle une « bad bank » ou une structure chargée de porter des titres qui n’ont plus aucune valeur (ce que l’on appelle une « structure de défaisance »). Mais, une telle solution compromettrait gravement l’existence de la zone Euro. On comprend alors pourquoi les différents gouvernements, et les gouvernements allemand et français, sont contre une telle solution. Ils proposeront sans doute au gouvernement grec de surseoir aux paiements, tant du principal que des intérêts, pour une période pouvant aller de 5 ans à 20 ans. Mais le gouvernement grec n’a aucun intérêt à accepter ce « moratoire » pour une période de moins de trente ans.

Le conflit entre la Grèce et les pays de la zone Euro apparaît inévitable. La volonté du gouvernement Grec de refuser le plan « d’aide » (qui porte mal son nom puisqu’une grande part des sommes – 77% – est allée aux banques européennes) ainsi que la tutelle de la « Troïka » (la BCE, le Fond Monétaire International et la Commission Européenne) constituent ici une position de principe pour Athènes. On voit mal Alexis Tsipras transiger sur cette question.

De la discorde chez l’adversaire.

Dans ce conflit, il est clair que l’ennemi (ici les pays de la zone Euro) est divisé. Les français veulent éviter un choc budgétaire (par la matérialisation des procédures fédérales sur le FESF et le MES) et seraient partisans de transformer la BCE en une structure de défaisance. L’Allemagne s’y oppose absolument. La France et l’Italie pourraient soutenir une certaine expansion de la politique budgétaire grecque, ce qui est une autre pomme de discorde avec l’Allemagne. Sur le fond, l’Allemagne, mais on l’oublie souvent, la Finlande et l’Autriche, campe sur la position qu’un accord ne peut être renégocié, même si des arrangements sont possibles sur les conditions de cet accord. En réalité, le problème dépasse la Grèce. Si cette dernière obtient de nouvelles conditions, cela validera la stratégie de Podemos en Espagne, parti nouvellement crée qui est en pleine ascension, mais aussi celle du Movimente 5 Stelle de Beppe Grillo, en Italie. C’est surtout cela qui effraie les dirigeants allemands.

La politique qui sera adoptée en définitive tiendra plus compte des effets induits par le succès de Syriza (sur l’Espagne et l’Italie) que des mesures concrètes qui pourraient être prises à Athènes. Or, si l’Allemagne (et ses alliés) veulent stopper la contagion, elle doit faire preuve de fermeté. Mais, cette fermeté peut justement précipiter la crise entre la Grèce et la zone Euro.

Le choix de Tsipras

Tout ceci se résume en réalité au choix d’Alexis Tsipras. Il peut décider d’aller à l’affrontement avec les institutions européennes, fort de sa légitimité, comme il peut décider de commencer dès à présent à transiger. Cette seconde hypothèse le condamne à mort politiquement. C’est pourquoi, en dépit des espoirs de nombre d’européistes, elle n’apparaît pas très réaliste. On a dit, dans ce blog, qu’une trahison de plus serait une trahison de trop. Alexis Tsipras le sait parfaitement. Il a choisi le lundi 26 de s’allier avec les « Grecs Indépendants », et non avec « To Potami », petit parti centriste né de la décomposition du PASOK. Les « Grecs Indépendants » sont un parti souverainiste de droite, correspondant peu ou prou aux positions exprimées en France par Nicolas Dupont-Aignan. Il a donc une majorité au Parlement grec et surtout il affiche un choix très clair d’une politique de fermeté dans ses relations futures avec les institutions européennes.

C’est un choix important. En acceptant de transiger sur des réformes sociétales pour mettre au premier plan la question de l’affrontement avec les institutions européennes, Alexis Tsipras montre quelles sont ses priorités, prouve son absence de sectarisme, et envoie un message clair aux peuples européens. La question fondamentale est donc bien celle de la souveraineté et cela conditionne les alliances qui peuvent être passées.

Ce message est un message d’espoir.

Un message digne d’émulation.

Par   26 janvier 2015

http://russeurope.hypotheses.org/3355

L’Allemagne entre deux maux  Par

29/1/2015

Angela Merkel - CC PPEOn commence seulement aujourd’hui à bien mesurer ce que la victoire de SYRIZA peut signifier pour le zone Euro. En réalité, cette victoire met l’Allemagne au pied du mur et fait éclater son double langage quant à la zone Euro. Privée de marges de manœuvres néanmoins, l’Allemagne peut réagir violemment et provoquer, indirectement, la dissolution de la zone, même si elle en est la principale bénéficiaire aujourd’hui. Pour comprendre cela, il faut rappeler ici quelques points.

La victoire de Syriza

La victoire, véritablement historique, de SYRIZA en Grèce a propulsé son chef, le charismatique Alexis Tsipras sous le feu des projecteurs. Il convient de rappeler que ce parti est en réalité une alliance regroupant des anciens gauchistes, des anciens communistes, des écologistes, et des anciens socialistes. Ce qui a fait le ciment de cette improbable alliance, et qui explique son succès, avec plus de 36% des suffrages exprimés, est en réalité bien plus profond, mais aussi plus complexe, que la “question sociale”. Non que cette dernière ne soit importante, voire tragique. On comprend le refus d’une austérité meurtrière qui ravage la population grecque depuis 2010. Mais il y a aussi la question de la souveraineté nationale. Le refus de la soumission aux injonctions de Bruxelles et de la commission européenne, qui s’est exprimé dès le lendemain de l’élection, est une dimension très importante de la victoire de SYRIZA. La question sociale, sur laquelle se focalisent les commentateurs français, pour importante qu’elle soit, n’explique pas tout. En réalité, SYRIZA s’est engagé dans un combat pour le souveraineté du peuple grec contre les bureaucrates de Bruxelles et de Francfort, siège de la Banque Centrale Européenne. La victoire de SYRIZA annonce peut-être celle de PODEMOS en Espagne au début de cet automne. Et, tout comme dans SYRIZA, la composante souverainiste est loin d’être négligeable dans PODEMOS, ou encore dans le parti irlandais qui briguera lui-aussi la victoire au début de 2016, le SIN FEINN.

Au-delà du symbole, il y a des actes. Et les premiers actes de Tsipras ont été des signaux très forts envoyés aux autorités de Bruxelles. Tout d’abord, il a constitué son gouvernement en passant une alliance avec le parti des « Grecs Indépendants » ou AN.EL. Beaucoup considèrent que c’est une alliance hors nature de l’extrême-gauche avec la droite. Mais ce jugement reflète justement leur incompréhension du combat de SYRIZA et sa réduction à la seule question sociale. Ce qui justifie l’alliance entre SYRIZA et les « Grecs Indépendants », c’est justement le combat pour la souveraineté de la Grèce. Tsipras, dès son premier discours, a parlé de l’indépendance retrouvée de son pays face à une Union Européenne décrite ouvertement comme un oppresseur. Le deuxième acte fort du nouveau gouvernement, qui n’a eu aucun écho dans la presse française mais qui est fondamental, a été de se désolidariser justement de la déclaration de l’UE sur l’Ukraine. Une nouvelle fois, comme on pouvait s’y attendre, l’UE condamnait la Russie. Tsipras a dit, haut et fort, que la Grèce n’approuvait pas cette déclaration, ni sur le fond ni dans sa forme. Or, ce point va devenir de plus en plus important. La politique de l’Union Européenne concernant les affaires internationales est une politique intergouvernementale. Cela implique que les décisions soient prises à l’unanimité1. Le nouveau gouvernement grec reproche donc à l’UE cette décision car elle a été prise sans respecter les procédures internes à l’UE2. Il est désormais clair que l’UE ne pourra plus se comporter comme avant en ce qui concerne tant la Russie que l’Ukraine. Le troisième acte a été la décision du gouvernement, annoncée par le nouveau ministre des Finances M. Varoufakis, de suspendre immédiatement la privatisation du port du Pirée. Cette décision signifie la fin de la mise à l’encan de la Grèce au profit de l’étranger. Ici encore, on retrouve la nécessité d’affirmer la souveraineté de la Grèce. Mais, cette décision est aussi un coup très dur porté aux diverses compagnies qui s’étaient attablées devant ce marché.

Le dilemme allemand

Il faut alors chercher à comprendre la position de l’Allemagne. La déclaration du Ministre de l’Économie, M. Sygmar Gabriel est à cet égard éclairante. Il a ainsi déclaré qu’ »il faut que soit respecté un principe de justice à l’égard de notre population« 3. Il a souligné que ce fameux « principe de justice » devait s’appliquer à l’égard « des gens en Allemagne et en Europe (…) qui se sont montrés solidaires » [des Grecs]. En réalité, ces aides sont allées majoritairement aux banques européennes qui avaient acheté une grande part de la dette grecque. Il n’y a pas eu de « solidarité » avec le peuple grec, mais un principe bien compris de socialisation des pertes. Néanmoins, il faut s’interroger sur le pourquoi de cette déclaration.

L’Allemagne ne veut pas que la zone Euro se transforme en une “union de transferts”. C’est une constante depuis le début des négociations sur la zone Euro. On peut le comprendre, d’ailleurs, car si les principes d’un réel “fédéralisme” étaient appliqués (comme ils le sont à l’intérieur d’un État comme la France) l’Allemagne, “région” riche de la zone Euro, devrait contribuer à hauteur de 8-9% de son PIB par an sur une période d’au moins dix ans. On peut considérer que ceci aboutirait à casser les reins à l’économie allemande. Mais l’Allemagne veut – par contre – les avantages de la monnaie unique, et d’un taux de change inchangé avec ses pays “clients”. C’est ici que le bat blesse. En effet, soit l’Allemagne accepte une nouvelle – et très importante – restructuration de la dette grecque (ou un moratoire) et elle sera immédiatement saisie de demandes analogues par des pays comme le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie. Soit l’Allemagne adopte une position “dure”, en l’enrobant de pleurnicheries obscènes comme celles de Sygmar Gabriel (et en oubliant toutes les restructurations de la dette allemande qui ont eu lieu au XXème siècle) et provoque un affrontement avec la Grèce. Mais alors, le risque est important de voir la Grèce quitter l’Euro, et un processus de contagion se mettre en place.

De fait, et quoi que fasse l’Allemagne, elle sera confrontée à ce processus de contagion, soit à l’intérieur de l’Euro (et avec une pression de plus en forte pour voir augmenter sa contribution) ou à l’extérieur, avec une dislocation probable de la zone Euro. L’Allemagne a encore le choix, mais c’est un choix entre deux maux. Et l’on peut penser que, dans ce cas, elle choisira ce qui pour elle, ou plus précisément pour ses dirigeants, apparaîtra comme le moindre : la rupture de la zone Euro. Mais l’Allemagne ne peut pas, pour des raisons historiques, porter la responsabilité d’une destruction de cette zone. Elle devra, à tout prix, la faire porter aux Grecs, quitte a déployer des trésors de mauvaise foi.

Quoi qu’il en soit, l’avenir s’annonce sombre pour l’Allemagne qui se rend compte aujourd’hui qu’elle est dans un piège, ce piège même où elle avait cru enfermer les autres pays. Quelle que soit l’issue qu’elle choisira, l’Europe, qui est aujourd’hui une forme de propriété allemande, sortira affaiblie. Mais cet affaiblissement tire en réalité son origine du fait que l’Allemagne a sciemment pratiqué une politique de “cavalier solitaire” tout en prétendant adhérer à des mécanismes fédéraux. Le double langage se paye toujours, et dans ce cas il se payera à un prix particulièrement élevé.

Une anticipation par le BCE ?

Il faut alors revenir sur la conférence de Mario Draghi du jeudi 22 janvier. On a déjà signalé l’importance de la limitation à 20% de la garantie de la BCE sur les nouveaux achats de titres. Mais on peut se demander si, en réalité, Mario Draghi n’a pas anticipé la situation à venir, et une probable décomposition de la zone Euro. On peut lire sa politique, et ses déclarations comme le choix suivant : pas de mutualisation des dettes s’il n’y a pas de mutualisation économique (et en particulier budgétaire). Cette position est très sensée. La mutualisation des dettes n’aurait effectivement de sens que si l’on aboutissait rapidement à un système de mutualisation économique, et budgétaire. Or, Mario Draghi n’est pas sans savoir que l’Allemagne est fortement opposée à une telle mutualisation. Aussi est-il en train d’organiser le fractionnement monétaire du marché des dettes, et donc la renationalisation de ces dernières. Ceci pourrait bien être la dernière étape avant la dissolution de la zone Euro.

Mais, pour qu’il y ait une dissolution “organisée”, il faudrait que l’Allemagne reconnaisse le dilemme dans lequel sa propre politique l’a plongée. Il est très peu probable que les dirigeants allemands, qui ont tous – que ce soit la CDU-CSU ou la SPD – été connivents à cette politique, l’acceptent. Disons le tout de suite, c’est très peu probable. Le cheminement auquel nous devons nous attendre est donc celui d’une montée de l’affrontement avec la Grèce conduisant cette dernière à faire défaut sur sa dette et à se faire “expulser” de la zone Euro, non pas dans les formes (car rien ne permet de le faire) mais dans les faits. La BCE coupera l’alimentation de la Banque Centrale grecque et décidera que les “euros” émis en Grèce ne peuvent plus circuler dans le reste de la zone Euro. Notons que des mécanismes de ce type ont été en leur temps employés, pour une durée certes très courte, sur Chypre.

Il est aussi clair que le gouvernement grec se prépare à ce type de scénario. Il va réaliser un budget en équilibre strict, moyennant bien entendu l’affectation des dépenses prévues sur les intérêt de la dette à d’autres dépenses. Mais, si cette politique fait sens pour la Grèce, elle ne le fait nullement pour la zone Euro, qui devra alors affronter une crise de défiance massive, et une contagion rapide sur d’autres pays. Ce sera le scénario de “dislocation” de la zone Euro.

Il serait important que notre personnel politique commence à s’y préparer. Mais l’on peut craindre que, vivant dans une bulle et pratiquant une forme particulière d’autisme politique, il ne voit rien venir et soit confronté à la réalité de manière très brutale.


  1. Gaspers Jan, « The Quest for European Foreign Policy Consistency and the Treaty of Lisbon », in Humanitas, Journal of European Studies, Vol. 2, No. 1, 2008. []
  2. Voir le blog du Ministre des Finances M. Yanis Varoufakis : http://yanisvaroufakis.eu/2015/01/29/a-question-of-respect-or-lack-thereof/ []
  3. http://www.boursorama.com/actualites/berlin-la-grece-doit-etre-juste-envers-ceux-qui-l-ont-aidee-0ff393fe5dc32ad1f58ad5d344e137e6 []

http://russeurope.hypotheses.org/3370

Le vote grec en sept leçons Par Marie-Hélène Miauton

Pourquoi tant de mansuétude de la part des médias après le raz-de-marée Syriza en Grèce? Marie-Hélène Miauton nous dessille les yeux

La Grèce a voté dimanche et les résultats de ce scrutin sont bourrés d’enseignements, à commencer par les scores des partis en présence: alors que l’extrême gauche de Syriza obtient 36% des voix, les socialistes du Pasok n’en ont que 5% et la droite libérale 25%. Morale: les deux partis qui se sont partagé le pouvoir depuis 40 ans, responsables d’une politique démagogique fatale, sont désavoués au profit de voix nouvelles auxquelles le peuple accorde le bénéfice du doute puisqu’elles n’ont jamais gouverné. C’est le temps des expériences!

Le leader de Syriza, désormais nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, est né en 1974. Il a 40 ans, tout comme son collègue italien Matteo Renzi, né en 1975. Morale: le temps des éléphants touche à sa fin et simultanément celui des soixante-huitards. C’est l’heure d’une nouvelle génération.

Il y a aussi matière à réflexion concernant l’étrange coalition gouvernementale passée par cette gauche radicale avec une petite formation située très à droite de la droite. Morale: les partis ne répugnent à aucun rapprochement s’il s’agit de tirer leur épingle du jeu et d’accéder au pouvoir. C’est le temps des alliances contre nature.

Sur quelle valeur commune cette entente gouvernementale a-t-elle pu se faire dès lors que les sensibilités politiques étaient opposées, sinon sur la souveraineté, le refus de la soumission, l’honneur national. Morale: même si les Grecs avaient toutes les raisons de s’être sentis humiliés par les décisions de l’UE, de nombreuses autres nations en sont au même point, telle l’Espagne et, qui sait, bientôt la France. C’est le temps du nationalisme.

Il faut savoir que le système grec accorde une forte prime au parti ayant obtenu le plus de voix: 50 sièges sur 300 lui sont attribués d’office, auxquels viennent s’ajouter ceux qu’il obtient par son score à la proportionnelle. Morale: si un tel système prévalait en France, le Front national de Marine Le Pen (associé à Mélenchon?) pourrait accéder au pouvoir. Il faut donc se garder de penser que seule la Grèce, aux marches orientales de l’UE, peut voir un parti extrémiste l’emporter. C’est le temps des ultras.

Quoique les médias aient traité avec beaucoup de mansuétude la victoire d’un parti d’extrême gauche (qu’auraient-ils titré si c’eût été l’extrême droite?), il s’agit bel et bien de communistes purs et durs, anticapitalistes et altermondialistes, conspuant l’UE et ses institutions, la BCE et le Pacte de stabilité, populistes en diable lorsqu’ils promettent à la Grèce des lendemains qui chantent. Un discours très proche de celui des droites nationales européennes. Morale: selon que les mêmes mots viennent d’une personnalité de droite ou de gauche, ils sont recevables ou non. C’est le temps des manipulations.

La coalition au pouvoir en Grèce a été élue alors que son site web affirmait vouloir déchirer les accords de sauvetage négociés avec les créanciers du pays et effacer sa dette. L’Allemagne l’appelle instamment à respecter les peuples européens qui se sont montrés solidaires depuis 2010. Morale: Tsipras entame un bras de fer avec l’UE, jouant sur sa hantise qu’un pays quitte la zone euro, entraînant derrière lui d’autres déçus. C’est l’heure de vérité pour la Grèce, mais tout autant pour l’euro et pour l’UE elle-même.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/04b51654-a7cb-11e4-9acf-c65b500212f4/Le_vote_grec_en_sept_le%C3%A7ons

Juncker : « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens »

Juncker le dictateur… Il est vrai qu’on l’a connu plus arrangeant lorsque Premier ministre du Luxembourg,  il couvrit l’énorme scandale fiscal impliquant 340 multinationales. MaisJean-Claude, on le sait, possède une morale à géométrie très variable. N’est-ce pas lui qui déclarait aussi en 2011 : « Quand ça devient important, vous devez mentir » ?

Juncker pas de democratie contre les traites europeens(Politis.fr)

https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2015/01/30/juncker-il-ne-peut-y-avoir-de-choix-democratique-contre-les-traites-europeens/

Le président de l’Eurogroupe met en garde le gouvernement Tsipras

Ram Etwareea / Le temps /31/1/2015

Le président de l’Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem et le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis vendredi à Athènes. (AFP)

Le ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis, ne souhaite plus travailler avec la troïka et demande un nouvel accord

Le bras de fer entre le gouvernement grec dominé par le parti de la gauche radicale Syriza et l’Union européenne (UE) a commencé. Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe (le club de ministres de Finances des pays ayant adopté la monnaie unique) s’est rendu à Athènes vendredi et a mis les nouveaux dirigeants en garde contre le non-respect des accords passés entre la Grèce et ses partenaires européens. «Ignorer les engagements n’est pas le bon chemin à prendre», a-t-il dit à l’adresse du ministre grec des Finances, Yanis Varoufakis.

Réplique de ce dernier: «La Grèce veut bien dialoguer avec l’Europe, mais pas avec le comité branlant de la troïka [Commission, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international]. Nous avons une volonté absolue de coopérer avec nos partenaires et de les convaincre qu’il est dans l’intérêt de nous tous de négocier un nouvel accord.»

«Les 7 milliards,
nous n’en voulons pas»

Le gouvernement d’Alexis Tsipras réclame la fin du programme d’ajustement structurel piloté par la troïka et la renégociation du remboursement de la dette. En dépit des engagements pris par le pays, les nouveaux dirigeants préconisent l’arrêt des privatisations, l’augmentation du salaire minimum et des allocations sociales. «Le gouvernement grec compromettra les réformes et retardera la relance de l’économie du pays s’il insiste à tenir ses promesses électorales», avait déjà prévenu Jeroen Dijs­selbloem avant de prendre l’avion pour Athènes.

Un tête-à-tête entre le premier ministre, Alexis Tsipras, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, est prévu la semaine prochaine à Bruxelles. Le Luxembourgeois a toutefois déjà rejeté toute annulation de la dette. «Les autres pays de la zone euro ne l’accepteront pas», a-t-il dit jeudi au quotidien Le Figaro . Avant lui, le vice-président de la Commission, Jyrki Katainen, chargé de la Croissance, de l’emploi et de la compétitivité, a affirmé que la Grèce devait respecter ses engagements.

Le ton est également monté du côté grec. Dans une interview au New York Times , le ministre Yanis Varoufakis a ouvertement critiqué la troïka, qui doit encore verser une dernière tranche de 7 milliards d’euros à la Grèce. «Les 7 milliards, nous n’en voulons pas, a-t-il dit. Ce que nous voulons, c’est repenser toute la collaboration.» La troïka, dont le programme s’achève le mois prochain, voudrait négocier un nouveau prêt à la Grèce, ce qui lui permettrait d’honorer ses créances en 2015. Sur une dette totale de 317 milliards d’euros, soit 170% du PIB, la part des pays de la zone euro et des institutions financières s’élève à 280 milliards. Le reste est détenu par les banques privées.

En poste depuis seulement cinq jours, Yanis Varoufakis n’a pas encore finalisé sa stratégie économique. Il n’est pas partisan d’une annulation pure et simple de la dette. En revanche, il souhaite rembourser en fonction de la croissance économique. En 2014, les paiements des intérêts ont absorbé 2,8% du PIB. «Un tel fardeau est insoutenable», a-t-il dit à plusieurs reprises.

Le ministre des Finances entend défendre sa position la semaine prochaine à Paris, à Londres et à Rome. Il bénéficie déjà du soutien de son homologue français. «Annuler la dette grecque, non. En discuter pour alléger le fardeau, oui», a assuré Michel Sapin mardi à Bruxelles.

Jeroen Dijsselbloem a également eu un entretien avec Alexis Tsipras vendredi à Athènes. Selon l’agence de presse grecque ANA , le premier ministre a souligné la «volonté ferme» de son gouvernement de changer de trajectoire, sans toutefois solliciter les contribuables d’autres pays. Il a aussi affirmé son engagement à ne pas faire dérailler le budget. «Nous ne voulons pas créer de nouveaux déficits. Mais nous ne vivrons pas avec des déficits sociaux permanents», a-t-il dit à son invité.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/6f6b56c4-a8b7-11e4-9acf-c65b500212f4/Le_pr%C3%A9sident_de_lEurogroupe_met_en_garde_le_gouvernement_Tsipras 

Le nouveau gouvernement grec s’aligne sur la Russie de Poutine

Contre les sanctions de l’UE en Russie, contre le gouvernement ukrainien, contre l’austérité, contre l’Allemagne: Alexis Tsipras n’a pas tardé à démontrer la continuité idéologique de Syriza. Un nouvel axe se dessine: Athènes-Moscou

Cela n’a pas échappé au quotidien économique russe Kommersant: le nouveau premier ministre grec, Alexis Tsipras, a, dès avant la victoire de Syriza, annoncé qu’il était favorable à un allégement des sanctions et contre la politique d’isolement de la Russie. Et dans «les premières escarmouches» entre la nouvelle Grèce et l’Union européenne racontées dans Le Temps ce jeudi matin, un aspect géostratégique frappe: l’axe Athènes-Moscou qui est en train de se dessiner sur la carte des alliances. Ce que la Neue Zürcher Zeitung résume dans la formule: «Le cheval de Troie de Poutine».

Résumons. A peine installé, le gouvernement de Syriza passe l’acte: il récuse les nouvelles sanctions contre la Russie réclamées par Bruxelles après la reprise de violentes hostilités dans l’est de l’Ukraine. Pendant ce temps, Nikos Kotzias, le ministre des Affaires étrangères, transfuge du Parti communiste grec, défend des relations bilatérales plus étroites avec Moscou. Il aurait déjà remercié Poutine de s’être porté «au secours de nos frères orthodoxes» en Crimée.

Dans la revue de presse de France Inter, on lit que la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui titrait clairement mercredi «Nach Moskau! Nach Moskau!», s’en inquiète, en évoquant «la joie du Kremlin depuis dimanche». Et toujours en Allemagne, Bild enchaîne avec «Die Russen-Connection der Griechen-Radikalos»: «A peine 90 minutes après son investiture […], Tsipras rencontre qui? L’ambassadeur russe en Grèce»:

Le journal Kathimerini, qui a fait le tour de quelques réactions russes, semble indiquer assez clairement qu’à Moscou la presse juge que la Grèce «vient de donner une vraie leçon de démocratie au reste de l’Union européenne».

Puis, dans le Guardian, une «tribune d’une violence inouïe» vient à la rescousse de cette Grèce de Syriza que «l’Allemagne cherche à étrangler dès sa naissance». Pour le quotidien britannique, Angela Merkel est «le dirigeant politique le plus monstrueux de notre génération», «qui tyrannise le reste de l’Europe». Le texte va jusqu’à se référer au Dictateur de Charlie Chaplin, avec ses «hommes robots», ses «esprits robots» et ses «cœurs de robots». Plus étonnant encore, le gouverneur de la banque d’Angleterre, Mark Carney, occupe la une du Times de Londres, en se disant résolument «contre cette obstination allemande en matière d’austérité qui empêche la croissance partout en Europe».

Le site RéseauInternational évoque d’ailleurs des gestes hautement symboliques. Après avoir déclaré que «nous ne devons ni accepter ni reconnaître le gouvernement des néonazis en Ukraine», Tsipras a choisi de se rendre au champ de tir de Kaisariani pour rendre hommage aux 200 militants politiques grecs qui y ont été exécutés par les nazis le 1er mai 1944. «Des centaines de partisans, dont beaucoup étaient en larmes, l’ont regardé s’approcher du site.» Et les commentateurs grecs n’ont pu s’empêcher d’y voir «un nouveau «allez vous faire voir» à l’adresse des Allemands»:

Et l’on ne parle même pas encore de Yanis Varoufakis, le ministre des Finances de Tsipras, que Courrier international trouve «rebelle, grandiloquent, iconoclaste». Il préfère «le t-shirt et le jean au costume-cravate» et c’est lui qui va aller renégocier la dette grecque à Bruxelles. «Bien différent de ses prédécesseurs, aux dires du Financial Times, l’homme […] s’est fait connaître pour les textes d’opinion sur la crise financière» qu’il publie régulièrement sur son blog, yanisvaroufakis.eu , où il se proclame «marxiste imprévisible», dit France Info dans le très bon petit portrait qu’elle brosse de lui.

Cela, entre autres, lui a «fait gagner des milliers d’abonnés» sur Twitter (@yanisvaroufakis) . Et il faut préciser, loin de l’anecdote, que «Varoufakis est adepte de la théorie des jeux, stratégie qui consiste à anticiper les réactions de son adversaire. Appliquée très sérieusement en économie, cette théorie permet de modéliser des hypothèses avant de prendre les bonnes décisions. Cela lui sera certainement d’un grand secours dans les prochains mois.» Et ça rappelle la stratégie des grands joueurs d’échecs russes.

Une «frontière malsaine»

Alors, un allié solide à Moscou? Le site Breizh Info l’explique très bien en indiquant «qu’interrogé par l’édition en ligne du journal Rossijskaya Gazeta peu avant les élections […], Kostas Sirixos, directeur du département des affaires étrangères au sein de Syriza, précisait ainsi les orientations principales de la politique étrangère de la Grèce en cas de victoire: un de nos objectifs «est de travailler avec nos alliés politiques européens pour contrecarrer l’influence géopolitique et économique que l’Allemagne essaie d’imposer aux pays d’Europe du Sud-Est et aux Balkans.»

La radio La Voix de la Russie renchérit: «Cette manie de vouloir conserver à tout prix une frontière malsaine, rigide et j’oserais employer ce terme désuet d’impérialiste entre un Nord-créditeurs et un Sud-débiteurs devant sempiternellement se serrer la ceinture perdra un jour l’Allemagne. […] La Grèce étant le berceau de notre civilisation, on ne saurait s’attendre à ce qu’elle obtempère plus longtemps aux desiderata d’une Europe à deux vitesses dans laquelle une poignée d’ethnies élues s’arroge le droit d’imposer aux périphéries un mode de fonctionnement parasitaire.» Le politicien Panagiotis Lafazanis, sur Mediapart, ne dit d’ailleurs pas autre chose.

Contre l’euro-atlantisme

Interrogé par L’Agefi, Yorgos Tsipras, coordinateur du département de politique étrangère de Syriza et cousin germain d’Alexis Tsipras, est encore plus direct: «Nous sommes à l’épicentre de deux zones conflictuelles: au nord, il y a l’Ukraine et au sud-est la Syrie. On veut davantage de relations avec la Russie, qui doivent s’inscrire dans une politique multidimensionnelle. On ne veut plus d’une politique d’alignement euro-atlantique. Les sanctions contre la Russie ont fait perdre beaucoup d’argent à la Grèce qui n’y a rien gagné.»

«La Russie est un grand pays ayant du potentiel, une histoire et une immense expérience. Y compris pour sortir des crises. L’Europe est impensable sans une Russie qui y occuperait une place appropriée», disait Tsipras à la presse russe lue par RIA Novosti il y a quelques jours. Le magazine hebdomadaire Ogoniok a notamment rebondi sur un article du Spiegel allemand, en demandant au premier ministre: «Pourquoi êtes-vous plus dangereux pour l’UE que, par exemple, le Front national, les Vrais Finlandais ou la Ligue du Nord italienne?»

Les nationalistes, «faux ennemis»

Réponse d’Athènes: «Parce que Der Spiegel a tout compris. Les partis nationalistes sont de faux ennemis du système en place. Ils sont précisément un produit de la politique libérale de l’Europe, même s’ils menacent aujourd’hui de la détruire. Le parti (profasciste) grec Aube dorée est passé de 0,3 à 7% pendant les années de politique d’austérité. Contrairement aux partis de ce genre, nous ne proposons pas de quitter l’Europe ou la zone euro.» Mais Tsipras fustige «ceux qui ont imposé à l’Europe un modèle antidémocratique et antiéconomique. Quoi qu’en disent les 28 pays membres de l’UE, c’est la fameuse «troïka» (CE, BCE, FMI) qui prend des décisions et agit dans l’intérêt des banques, et non du développement économique dans l’ensemble.»

«Ce qui a été fait avec la Grèce devrait même entrer dans les manuels d’économie en tant que contre-exemple», ajoute-t-il. C’est peu dire que le débat est lancé, et qu’il s’annonce musclé ces prochains mois.

Olivier Perrin/ Le Temps 31/1/2015

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1e0d206c-a792-11e4-9acf-c65b500212f4

«Il faut changer de république»

PAR FABIEN PERRIER ATHÈNES/le TEMPS 31/1/2015

Le ministre grec chargé de la Réforme administrative propose d’«écrire une nouvelle Constitution» Le ministre chargé de la Réforme administrative, Giorgos Katrougalos, propose la création d’une Assemblée constituante. Il entend également réintégrer des fonctionnaires licenciés et lutter contre le clientélisme

Ministre délégué à la Réforme administrative depuis le 27 janvier, Giorgos Katrougalos expose les projets qu’il entend mener.

  • Le Temps: Les représentants des institutions européennes accourent aujourd’hui en Grèce. La victoire de la gauche anti-austérité bouscule-t-elle l’échiquier européen?

Giorgos Katrougalos: C’est clair. Avant les élections, nos opposants répétaient que personne n’accepterait la renégociation des accords. Mais le programme des mémorandums a été un échec éclatant qui impose aux deux parties de renégocier. La victoire de Syriza révèle deux grands espaces de confrontations en Europe. D’un côté, ceux qui veulent continuer les politiques d’austérité, soit l’Allemagne, la droite dure et ses alliés des pays du Nord. De l’autre, un espace qui comprend les partis de la gauche tels que le nôtre ou Podemos [en Espagne] et aussi potentiellement d’autres forces comme les sociaux-démocrates, ou ceux qui réalisent que les alliances avec la droite font tomber les droits sociaux comme en Grèce.

  • – La troïka exigeait, au début des programmes d’austérité, la suppression, avant 2015, de 150 000 postes de fonctionnaires sur les 667 000 que comptait la fonction publique grecque. Combien ont été supprimés? Réintégrerez-vous les salariés licenciés?

– Nous réintégrerons tous ceux qui ont été licenciés dont le nombre est moindre selon les rapports des services du ministère. Il ne dépasserait pas 3500 fonctionnaires de l’Etat, auxquels il faut ajouter les salariés d’organismes publics comme les journalistes de [la télévision] ERT licenciés en 2013.

  • – On avait menti sur les chiffres?

– Oui! Les précédents gouvernements signaient des accords et essayaient ensuite de les modifier. Nous voulons négocier avec les institutions compétentes: Conseil européen et institutions européennes.

  • – Vous ne considérez pas la troïka comme légitime?

– Le rôle de la troïka est de contrôler la façon dont s’est déroulée l’application d’un programme décidé. Nous n’acceptons pas les fondements de ce programme.

  • – Comment comptez-vous appliquer une de vos promesses de campagne, à savoir la fin du clientélisme au sein de l’administration?

– Je vais exploiter les conseils techniques de la task force afin de faire face au clientélisme et demander au syndicat des fonctionnaires Adedy s’il accepte de coopérer avec elle pour qu’elle leur donne une assistance technique, par exemple sur le système de l’évaluation des fonctionnaires. Il doit être clair et efficace. Le problème est que les systèmes précédents ont été conçus non comme un véritable outil d’évaluation, mais comme un prétexte pour licencier des fonctionnaires. Il faut donc clairement différencier les licenciements de l’évaluation qui est, elle, un moyen d’amélioration de l’administration et non de punition. Je veux donc avoir un discours clair sur ce qu’il faut changer dans la fonction publique. Nous ne sommes pas liés par le clientélisme et le patronage. Nous ne l’avons pas créé, contrairement aux deux partis précédents, Pasok et Nouvelle démocratie, qui sont impliqués dans ce système. Nous en sommes éloignés.

  • – Mais vous devrez travailler avec des administrations qui se sont développées par ce clientélisme. Comment faire avec ce verrouillage?

– Je prends ce risque. Je ne vais pas changer les équipes et ce, justement, pour prouver que je suis différent de tous les autres qui, arrivés au pouvoir, changeaient immédiatement toute l’administration. Nous verrons, en revanche, dans trois à cinq mois si nous avons pu travailler ensemble. Je ne suis pas naïf. Ce verrouillage existe peut-être. Mais je veux aussi être honnête avec eux. S’ils veulent travailler avec moi, pourquoi pas. Ma seule ambition est de réformer l’administration.

  • – Souhaitez-vous maintenir comme telle la Constitution?

– J’ai une proposition que nous discuterons au sein du gouvernement: la mise en place d’une Assemblée constituante. Je crois que quand nous devons faire face à une crise, comme la France en 1958 avec la crise algérienne, il faut remettre les choses à plat. Il faut du nouveau.

  • – Une réforme constitutionnelle?

– Je ne me limite pas à cela, mais souhaite une Constitution nouvelle. Donc une IVe République grecque. Elle reposerait sur la démocratie directe, permettrait la révocation des personnalités politiques corrompues, instituerait l’initiative populaire pour des lois ou des référendums. Il faut renforcer les garanties pour les droits sociaux existants. Et la procédure d’élaboration de la Constitution devrait être, elle aussi, un exemple de démocratie directe, comme ce fut le cas en Islande.

  • – Quel type de réforme fiscale voulez-vous appliquer?

– Jusqu’alors, ce sont les classes moyennes et les plus pauvres qui ont payé. C’est maintenant aux riches de payer. En instaurant un impôt progressif, en réformant le contrôle fiscal, nous allons trouver l’argent où il est.

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/2944677a-a8c2-11e4-9acf-c65b500212f4/Il_faut_changer_de_r%C3%A9publique

7 réponses »

  1. « C’est maintenant aux riches de payer. »
    la désillusion sera cruelle…
    les ministres de ce gouvernement sont bien les premiers à sortir leur argent du pays.
    Si les pontes européen craignaient Syriza, ils les auraient mis en prison, aux côtés des seuls résistants encore en piste: l’Aube Dorée.
    Dans 6 mois, toutes les promesses auront été trahies, sauf en ce qui concerne les sans-papiers et le sociétal (mariage homo, gender).

  2. Peut-être Pifou, peut-être pas..
    en tout état de cause, c’est a ce jour le seul espoir de détonateur que nous ayons en Europe pour mettre fin a la dictature qui se met en place insidieusement, j’ai bien concience de la puissance de la « fantasy narrative » US , des banksters comme Soros, qui se mettent en place contre la Grece,
    mais comme les US sont des ordu.es pragmatiques, la disparition de l’Euro par la Grece permettrait au Dollar de survivre plus longtemps comme monnaie de réserve, or ils ont 2 possibilités, le TTIP ou la fin de l’euro.
    Terre neuve venant de se retirer du TTIP, celui ci est bien mal en point, donc la seconde voie peut-être leur solution ??
    le temps nous le dira!
    Si un jour on m’avait dit que je serais un fervent partisan des communistes, j’aurais éclaté de rire.

  3. Démocratie directe voilà enfin un espoir de début de construction cohérente. Ce n’est pas surprenant, la Grèce est le berceau de notre civilisation. La Grèce est le début du commencement d’une Europe conduite par les citoyens dans le cadre d’un système décisionnel direct est responsable. Si non ?

    Chacun retourne chez lui est basta.

    La BNS a décidé de se couper un bras. C’est très douloureux, mais l’indépendance est sauve. On ne peut pas se marier avec des pays dirigés par des zombies technocrates lobotomisés par un système économique dont la finalité repose uniquement sur le profit. Le peuple prend ses décisions par amour, c’est là toute la différence.

    Le pouvoir aux Peuples.

  4. ça fait des lustres qu’on rabâche que l’idéologie socialiste conduira la France dans le mûr.. et comme ça ne suffisait pas, ils ont voulu l’Europe… après avoir anéanti le travail de 70 Ms de personnes, ils s’attaquent à 27 pays… et vas y que j’te prends d’un côté pour mettre de l’autre et au final, on est tous plumé…
    La grèce… Tout le monde pleure sur son sort… et oui les méchants de la goldman ont trafiqué les comptes et ont planqué hors bilan… mais personne ne se demande pourquoi…
    S’il y avait quelques monticules de passif à planquer, ce n’est quand même pas la fatalité…

    La grèce, ils ont voulu du gauchiasse avec son lot de dépenses publiques.. tellement qu’ils sont attachés à l’étatpapa et les gouvernemanman… l’état providence… et résultat, quand il s’est agit de passer à la caisse, il n’y avait plus personne… les riches ont planqué leur blé et la populace a fraudé le fisc.. les gauchiasses ont enfoncé le clou en proposant que les grecs donnent au fisc leurs reçu de caisse pour bénéficier d’allègement fiscaux.. la lutte contre l’économie souterraine n’a pas fonctionné… alors aujourd’hui, après que les pays européens aint prêté des milliards, il faudrait aussi qu’on abandonne notre dû et que les gauchiasses recommencent leur manège ???

    On nage en plein délire cette fois…

    Que va faire le « nouveau 1er de la classe » fraichement élu ??? et bien il l’a clairement annoncé… il va reprendre les dépenses publiques d’un côté et réduire les recettes fiscales…

    Et dans 2 ans on fait quoi ??? on éponge à nouveau ???

    Hollande lui est ravi… il a trouvé un bon « porte voix » pour appuyer sa grande idée d »eurobond »…. En avant toute, on va finir par « mutualiser » les dettes des pays et chacun dans un grand pot commun va se débarrasser de 60% de sa dette nationale, et on assumera que ce qui dépasse…

    Fabuleux projet… si on l’associe au QE que la BCE vient ajouter sur la pile…

    Quand à la grèce qui a planqué son passif… la France ne va pas tarder à sortir le sien de sous les fagots… on a déjà oublié qu’en France en plus de nos 2037 Mdrs de dette, on tient hors bilan 2000 Mdrs de « charges à payer » qu’on ne provisionne pas ???

    Le mécanisme dette/pib et surtout l’arnaque du pib aura raison du monde entier… une gauche pour augmenter artificiellement le pib et réduire le ratio dette/pib et une droite qui voudrait réduire la dépense publique sans toucher le pib mais qui augmente le ratio dette /pib…. et les vautours qui sont là pour (dans les deux cas de figure) compter les morts…

    • une Europe conduite par les citoyens dans le cadre d’un système décisionnel direct est responsable.

      je pense aussi que c’est la le point essentiel du programme.
      tout le reste peut échouer mais si ils réussisse a se libérer du pouvoir des élites financière le monde vas trembler . . .

  5. La portée des évènements Grecs: une brèche historique.

    Nous considérons que la question Grecque peut devenir extrêmement importante.

    Elle dépasse très largement le problème de la dette de ce pays. En fait c’est non seulement la « solution » de l’austérité qui est en cause, mais c’est aussi:

    -le fonctionnement de l’Europe

    -l’existence et la logique de la monnaie Européenne

    -les orientations prises en 2009 lors de la crise du système

    -le plan d’aide à la Grèce, avec le sauvetage des banques sur le dos des peuples comme le montrent clairement les statistiques qui circulent et qui montrent que les plans des européens n’ont pas bénéficié au peuple Grec, mais à hauteur de 80% au secteur bancaire. Il devient clair que l’on sauvé les banques euro en enfonçant l’économie réelle Grecque

    -la souveraineté des peuples et la démocratie

    -l’ordre du monde voulu par les USA, l’Atlantisme

    -les solutions mises en place depuis la mondialisation et la financiarisation afin de faire face au ralentissement structurel de la croissance des pays développés et la chute de rentabilité du capital

    -l’évolution politique vers la social-démocratie généralisée, la socialisation de nos systèmes, le rôle de l’état comme manager central, le réformisme qui en découle, la permissivité des moeurs etc

    -la convergence sociale-démocrate du Centre Droit et du Centre Gauche avec les fausses alternances favorisées par les régime présidentiels , la création de fausses alternatives

    -la contagion aux pays du sud d’abord en Europe et en France ensuite.

    -la remontée ou non d’une forme d’eurocommunisme

    -la question des alliances entre l’Extrême Gauche et une partie de l’Extrême Droite comme on le voit en Grèce dans le gouvernement Tsipras

    En un mot le cas Grec est une brèche.

    A ce jour nous ne craignons de dire que seul Mélenchon a compris ce qui était en jeu à savoir: la position des gauches dures dans leurs alliances avec les partis soit disant socialistes. Mélenchon se déchaine contre les socialistes, comme s’en plaint Cambadélis. Et ce n’est pas un hasard bien sûr.

    Lisez et écoutez Mélenchon, il fait feu de tout bois et ce n’est pas seulement en raison de sa proximité avec Tsipras. C’est aussi compte tenu du fait qu’à ce jour, seuls les héritiers de l’eurocommunisme ont une analyse théorique de la situation. Les anciennes analyses des années 80 sur la crise du capitalisme, sur le Capitalisme Monopoliste d’Etat- le CME-et la collusion entre le très grand capital et la finance sont, transposées au niveau européen, tout à fait d’actualité.

    Nous ne sommes pas certains que Merkel et Hollande aient compris tout cela. Leurs analyses sont bornées, restrictives, ces gens manquent de vision historique. Tout au plus, ils comprennent les effets de contagion, mais ils ne voient pas le fond, le fil historique.

    Sommes-nous en présence d’un dernier sursaut du moribond et des couches sociales qu’ils représentent ? Ou bien sommes nous en présence de la révélation des contradictions profondes que recèlent les « solutions libérales-socialistes -réformistes-permissives »?

    Le réformisme, en détruisant beaucoup de gens des classes moyennes et ce qui reste des travailleurs, sape les bases électorales des socio-démocrates. Cela est général en Europe et même aux USA.

    Le bipartisme et les subterfuges des fausses alternances créent des conditions nouvelles. Est-ce que le jeu de la carte va favoriser de nouvelles solidarités/ alliances sociales? C’est l’une des questions. C’est celle que posent Syriza, Podemos, les Populistes de Beppé Grillo et Marine Le Pen. Les analyses sur le rapprochement de ce que l’on appelle les Nationaux et l’Extrême Gauche pêchent par simplisme historique.

    Rien n’est joué, la montagne peut accoucher d’une souris, mais l’avortement n’est pas garanti.

    Le meilleur allié des socio-démocrates de droite et de gauche, c’est le monde médiatique, c’est lui qui va tenter de mystifier, déformer, banaliser et donc réduire l’impact des évènements Grecs.

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