Art de la guerre monétaire et économique

La baisse du pétrole rappelle les risques de l’année 2008/ Les fermetures de puits s’accélèrent aux États-Unis/ Une autre théorie du complot qui devient un fait : toute l’histoire de l’effondrement du pétrole concerne le concassage du contrôle Russe sur la Syrie ! (Zerohedge)

La baisse du pétrole rappelle les risques de l’année 2008

La baisse du pétrole rappelle les risques de l’année 2008 Les producteurs d’énergie aux Etats-Unis ont généré plus de 550 milliards de dollars au cours des quatre dernières années sous forme d’obligations et d’emprunts. Les producteurs de gaz de schiste, avec leurs obligations à haut risque, vont bientôt faire face à un problème de taille

Le prix du pétrole, en dessous de 50 dollars le baril, fait des ravages sur les marchés financiers. Devons-nous nous inquiéter? Le prix du pétrole est souvent comparé au «canari dans les mines», fournissant les signaux avant-coureurs sur la santé de l’économie mondiale. La pensée générale est qu’une baisse des prix engendrera des gagnants (les principaux Etats importateurs, les industries reposant sur les énergies comme les compagnies aériennes…) et des perdants (les pays de l’OPEP, les producteurs d’énergies à coût élevé comme les producteurs de schiste et les producteurs de pétrole offshore…). Globalement, nous devrions être témoins d’une augmentation de la croissance économique dans les pays industrialisés, peut-être de près de 0,8% en 2015.

Combien de temps cela va-t-il durer? Une prévision correcte de l’impact du prix du pétrole sur l’économie mondiale dépend de la dynamique des mouvements des prix actuels. Or les modèles qui prédisent le prix du pétrole n’affichent pas de très bons résultats. En mettant l’accent sur l’offre et les limites géologiques, les projections montrent une hausse significative du prix réel du pétrole sur le long terme.

La plupart des prévisions pour 2015 montrent le maintien d’un déséquilibre entre l’offre et la demande. La demande globale reste fragile, ce qui reflète les problèmes macroéconomiques continus en Europe, le ralentissement de la Chine et les doutes quant au Japon. L’effet bénéfique de la baisse du prix de l’énergie ne devrait pas inverser les prévisions de croissance mondiale pour 2015, qui tournent mollement autour des 3, voire 3,5%. Dans le même temps, les prévisions en termes d’offre de pétrole suggèrent que les stocks devraient continuer à grossir au moins jusqu’à la moitié de l’année 2015. Selon l’Administration de l’information sur l’énergie des Etats-Unis, l’offre mondiale de combustibles liquides devrait atteindre 92,8 millions de barils par jour en 2015 contre une demande mondiale de 92,3 millions de barils par jour. En résumé, les prix devraient rester bas un certain temps.

La cause principale de cet excédent est la très grande augmentation du nombre de producteurs de pétrole à l’extérieur des pays de l’OPEP, particulièrement aux Etats-Unis. Au cours des huit dernières années, les Etats-Unis ont réduit leurs importations nettes de pétrole de 8,7 millions de barils par jour. Parallèlement, les pays de l’OPEP ont décidé de ne pas réduire leur production et de la maintenir à 30 millions de barils par jour (40% du total mondial). L’organisation a décidé de se concentrer sur la part de marché plutôt que sur les prix et elle s’attend à ce que la production de gaz de schiste américain soit la variable d’ajustement.

L’impact de ces changements sur les résultats de production mettra du temps à se faire sentir. Les investissements dans le gaz de schiste aux Etats-Unis devraient rapidement baisser. Toutefois, les coûts de production dans les puits opérationnels aux Etats-Unis restent en dessous des prix actuels, si on ne prend pas en compte les coûts irrécupérables. De plus, pour un grand nombre de gros producteurs de pétrole – membres de l’OPEP (Algérie, Iran, Nigeria, Venezuela) ou non (Russie) –, bien que le prix fiscal du pétrole ne doive pas dépasser 100 dollars par baril afin d’équilibrer les comptes fiscaux, les coûts de production sont bien plus bas. Par conséquent, la tentation sera de continuer à pomper du pétrole, en essayant de minimiser l’impact de la baisse du prix sur les recettes. Dans le même temps, la situation macroéconomique de ces pays continuera à se détériorer.

La Russie enregistre une production record de pétrole

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La production pétrolière russe est à son plus haut niveau depuis la fin de l’Union soviétique, en 1991. Près de onze millions de barils sont produits par jour, selon les informations données par le ministère russe de l’Energie.

La Russie a produit en moyenne 10,58 millions barils de pétrole par jour, en 2014. Soit une hausse de 0,7% sur l’année. Cette progression est, en partie, liée à l’essor des petits producteurs, majoritairement détenus par des capitaux privés. Ce sont eux qui ont accru leurs extractions. Une progression de 11%, soit un peu plus d’un million de barils par jour. Ces producteurs ont tiré profit de la hausse des prix de l’énergie sur le premier trimestre de l’année, durant lequel le baril a été à plus de 100 dollars, avant une chute qui l’a fait retomber sous les 60 dollars en décembre.

Parallèlement, les exportations du brut russe vers la Chine ont atteint un nouveau record avec 22,6 millions de tonnes, une augmentation de 43% sur l’année.

Face aux sanctions occidentales, Moscou tente visiblement de diversifier sa clientèle. Le pétrole et le gaz naturel représentent la majorité des revenus budgétaires du pays.

http://www.rfi.fr/economie/20150103-russie-enregistre-production-record-petrole-union-sovietique-baril-economie-cours/

 Les conséquences du choc pétrolier actuel sur la macroéconomie sont difficiles à prévoir. La situation actuelle rappelle les années 90. Alors que les dévaluations de la monnaie dans les économies affectées peuvent générer des problèmes de viabilité de la dette, le problème réside aujourd’hui principalement au niveau privé plutôt qu’étatique. La dynamique actuelle est donc inhabituelle.

Traditionnellement, les chocs géopolitiques sont suivis par des perturbations de l’offre. Cette conséquence est inversée grâce aux innovations technologiques et à une stratégie d’adaptation du cartel. En définitive, si le prix du pétrole reste bas pendant un certain temps, cela pourrait engendrer une agitation sociale dans les pays producteurs de pétrole, générant à leur tour des problèmes géopolitiques.

Pour rendre les choses encore plus complexes, les producteurs d’énergie aux Etats-Unis ont généré plus de 550 milliards de dollars au cours des quatre dernières années sous forme d’obligations et d’emprunts. Les producteurs de gaz de schiste, avec leurs obligations à haut risque, vont bientôt faire face à un problème de taille pour tenir leur comptabilité, tout particulièrement si les taux d’intérêt augmentent à nouveau. L’éclatement de la bulle pétrolière pourrait avoir des répercussions financières importantes, rappelant l’année 2008.

PAR CARLOS A. PRIMO BRAGA Professeur à l’IMD/ Le TEMPS 3/2/2015

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/8cb2c8e0-aaef-11e4-8a14-18075d406251/La_baisse_du_p%C3%A9trole_rappelle_les_risques_de_lann%C3%A9e_2008

Pétrole : une nouvelle crise des subprime dans le système bancaire ?

| |Chronique Agora

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▪ Un pétrole sous les 50$ pourrait provoquer d’énormes dégâts sur les marchés financiers. Les pertes sont omniprésentes. Nous ne savons pas nécessairement où elles se situent en ce moment mais je peux vous assurer qu’elles sont importantes et vont commencer à apparaître là où on ne les attend pas.

Elles apparaîtront d’abord dans les obligations spéculatives. Environ 5 400 milliards de dollars ont été engagés ces cinq dernières années pour le forage d’exploration et les infrastructures dans le secteur des énergies alternatives – c’est-à-dire dans le secteur du fracking.

Une grande partie se situe au niveau du gisement de Bakken et dans le Dakota du Nord mais également au Texas et en Pennsylvanie. Cela représente beaucoup d’argent. Tout cela a été largement financé par les dettes des entreprises et des banques. Ces entreprises ont émis des actions mais c’est principalement de la dette.

Voici comment cela fonctionne. Supposons que je suis une entreprise d’exploration pétrolière et que j’ai emprunté 200 millions de dollars pour forer du pétrole en utilisant la technologie du fracking. La banque — le prêteur, l’investisseur obligataire ou qui que ce soit — me dit : « Bien, Jim, vous venez d’emprunter 200 millions de dollars. Combien allez-vous me rembourser ? » 

Je répondrai : « Eh bien, je vais vendre mon pétrole à 80 $ le baril. »

Ce à quoi la banque me répondra : « Comment être certain que c’est vrai ? »

Je me rendrai alors chez Morgan Stanley, JP Morgan ou Citibank et j’achèterai ce qu’on appelle un contrat deswap – un genre de produit dérivé. Citibank ou qui que ce soit d’autre acceptera de me payer la différence entre 80 $ et le prix réel du pétrole.

Par conséquent si le pétrole tombe à 50 $ et que j’ai un contrat de swap avec Citibank qui me garantit 80 $, cette dernière devra me payer les 30 $ de différence

Par conséquent si le pétrole tombe à 50 $ et que j’ai un contrat de swap avec Citibank qui me garantit 80 $, cette dernière devra me payer les 30 $ de différence. De cette façon, j’aurai verrouillé le prix de 80 $.

Mais ceci n’est pas gratuit. Les producteurs ne cèdent pas leurs bénéfices. Ainsi, si les prix du brut montent à 150 $, ils devront payer aux prêteurs la différence. Mais les compagnies pétrolières essaient de protéger leurs pertes.
Les compagnies pétrolières sont protégées parce que lorsque le pétrole tombe à 50 $, elles peuvent appeler la banque et lui dire : « Hé, la banque ! Envoie-moi les 30 $ par baril que tu me dois selon l’accord que nous avions conclu. » Et la banque devra leur envoyer l’argent.

▪ Comment la crise se répand
Avec le contrat du produit dérivé, la perte revient à présent à la banque. Ce n’est pas la compagnie pétrolière qui subit la perte mais la banque. Avec le système financier global actuel, on ne sait jamais à qui le risque échoit.

La première itération est donc que certaines compagnies pétrolières – pas toutes – font basculer leurs risques sur les banques en contractualisant avec ces produits dérivés.

Vous pourriez vous dire : « Aha ! Les banques vont donc subir toutes les pertes. »

Pas nécessairement. Les banques ne sont que des intermédiaires. Elles peuvent avoir souscrit cette garantie à une compagnie pétrolière et doivent peut-être, comme dans mon exemple, payer les 30 $ de différence. Mais la banque peut également avoir vendu le contrat à quelqu’un d’autre. Il en va donc de la responsabilité de ce quelqu’un d’autre de payer la compagnie pétrolière.

Qui pourrait être ce quelqu’un d’autre ? Cela pourrait être un ETF. Et cet ETF pourrait se trouver dans votre portefeuille. C’est là où cela commence à faire peur parce que le risque ne cesse d’être déplacé, dispersé en petits morceaux.

Par exemple, Citibank pourrait souscrire 5 milliards de dollars de ces contrats de produits dérivés à tout un groupe de producteurs de pétrole. Mais la banque pourrait alors prendre ces milliards de dollars et les diviser en milliers de sommes plus petites ou en plus grosses parties de 10 millions de dollars et disperser ce risque à travers un ensemble de fonds obligataires spéculatifs, d’ETF ou de banques plus petites.

Lorsqu’un grand nombre de producteurs de pétrole ont souscrit des emprunts, les modèles industriels montraient des prix du pétrole oscillant entre 80 $ et 150 $. 80 $ est le bas de la fourchette pour peut-être les projets les plus efficients et 150 $, bien sûr, la borne haute. Mais aucune compagnie pétrolière n’a emprunté sur l’hypothèse qu’elle pourrait gagner de l’argent à 50 $ le baril.

Par conséquent, on se retrouve aujourd’hui avec un ensemble de dettes que les producteurs ne seront pas capables de rembourser avec l’argent gagné à 50 $ le baril

Par conséquent, on se retrouve aujourd’hui avec un ensemble de dettes que les producteurs ne seront pas capables de rembourser avec l’argent gagné à 50 $ le baril. Cela signifie que ces dettes devront être annulées. Combien ? Nous entrons là encore un peu plus dans la spéculation.

A mon avis, peut-être 50% devraient être annulées. Mais soyons prudents et supposons que seulement 20% le seront. Cela représente 1 000 milliards de dollars de pertes qui n’ont pas été absorbées ou n’ont pas été valorisées sur le marché.

▪ Un précédent peu rassurant
Revenons en 2007. Le montant total de prêts subprime et Alt-A atteignait environ 1 000 milliards de dollars. Les pertes de ce secteur s’élevaient à bien plus de 20%. On avait donc un marché de 1 000 milliards de dollars avec des pertes de 200 milliards de dollars.

Nous parlons ici d’un marché d’environ 5 000 milliards de dollars avec 1 000 milliards de dollars de pertes du fait de dettes non remboursées – sans compter les produits dérivés. Ce fiasco est plus important que la crise des subprimes qui a provoqué le marasme économique en 2007.

Je ne dis pas que nous allons avoir une autre panique de cette importance demain. J’essaie juste de montrer que les pertes sont déjà présentes. Même à 60 $ le baril, les pertes sont bien plus importantes que la crise dessubprimes de 2007. C’est catastrophique.

Au sommet de ces créances douteuses, on trouve les produits dérivés. En ce moment même, certains producteurs les dédaignent et disent : « Nous avons emprunté tout cet argent sur l’hypothèse d’un baril à 80 $, 90 $, 100 $. Mais nous avons également vendu notre production de pétrole à l’avance pour deux ans à 90 $. Donc, ça va pour nous. »

Ce n’est pas vrai dans tous les cas mais c’est vrai dans beaucoup de cas.

Le problème avec les produits dérivés, c’est qu’on ne sait pas où se trouve le risque

Mais le problème avec les produits dérivés, c’est qu’on ne sait pas où se trouve le risque. Je ne sais pas où il est, pas plus que ne le sait la Réserve Fédérale ni les régulateurs des banques. Les banques en ont peut-être une petite idée mais elles n’en ont pas une vision globale. Cela signifie qu’il nous faut sans cesse chercher.

Les pertes ici sont plus élevées, potentiellement, que lors de la crise des subprimes. Elles pourraient même être plus élevées que les emprunts du secteur parce qu’on peut créer des produits dérivés à partir de rien. Et, comme je l’ai dit, elles peuvent se trouver dans votre portefeuille.

http://la-chronique-agora.com/petrole-subprime/

Les fermetures de puits s’accélèrent aux États-Unis

Les sites de forage sont de plus en plus nombreux à s'arrêter aux États-Unis.

 Plus de 90 puits ont cessé leurs activités en l’espace d’une semaine, pénalisées par la récente dégringolade des prix du pétrole. La production de schiste est particulièrement touchée.

Les forages pétroliers américains ont de plus en plus de mal à résister à la dégringolade des prix du baril. Selon le groupe parapétrolier américainBaker Hughes, qui tient un décompte hebdomadaire, 94 sites de forage pétroliers ont cessé leurs activités au 30 janvier, soit une baisse de 7% en l’espace d’une semaine. C’est la plus forte chute hebdomadaire jamais enregistrée depuis le début de ces statistiques en 1987, comme l’ont signalé les experts de Commerzbank.

Cette baisse historique amène le nombre total de sites encore actifs aux États-Unis à 1223, 14% de moins qu’à fin janvier 2014. «Ce nombre reste élevé. En revanche, on constate une chute très brutale en l’espace de quelques mois», explique-t-on chez IFP Energies nouvelles. En effet, les arrêts se sont brutalement accrus à partir d’octobre. En quatre mois, les États-Unis ont stoppé près d’un quart de leurs sites de pompage de brut.

Les données récoltées par Baker Hughes indiquent que les zones les plus touchées sont celles qui extraient des hydrocarbures non conventionnels. Le bassin Permien, qui s’étend sur l’ouest du Texas et le sud-est du Nouveau-Mexique, a ainsi dû arrêter 27 de ses forages en l’espace d’une semaine. Depuis fin janvier, les sites emblématiques de la ruée vers l’or noir américain, Eagle Ford (sud du Texas) et Williston (Dakota du Nord), comptent 36 et 31 plates-formes de moins qu’il y a un an.

Cette perspective de réduction de l’offre américaine, objectif directement visé par l’Arabie Saoudite, a provoqué un sursaut sur les marchés pétroliers. Mardi, le cours du baril de «light sweet crude» (WTI) s’affichait à 51,14 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Mais selon les observateurs, il ne s’agit bien que d’un sursaut. «L’ajustement de la production ne se fera pas immédiatement, on y verra plus clair dans le courant de l’année», confirme Olivier Appert, président de l’IFP Energies nouvelles. Par ailleurs, si certains forages s’arrêtent, d’autre se poursuivent avec autant d’intensité qu’avant la chute du baril. «Certaines compagnies ont couvert leur production donc elles ne subissent pas encore l’effet de la baisse des prix du baril. D’autres restent rentables, même avec un baril à 25 dollars! Enfin, certains opérateurs offshores choisissent de continuer de produire tant que le prix du baril couvre leurs dépenses d’exploitation», précise Olivier Appert.

Résultat: la production de pétrole américaine ne devrait pas fléchir avant 2016, selon l’agence américaine d’information sur l’Énergie (EIA). En attendant, elle atteint encore des records à plus de 9,2 millions de barils par jour (mbj), du jamais vu depuis 1983. A cela s’ajoute la production des pays de l’Opep, le cartel se refusant à fermer ses robinets. Cette surabondance de l’offre et la faiblesse de la demande mondiale ne permettent pas un retournement durable de la situation à court terme, selon les analystes. Tout juste ces derniers prévoient-ils une remontée des cours dans une fourchette de 50 à 70 dollars cette année.

Source Le Figaro 4/2/15

http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2015/02/03/20002-20150203ARTFIG00230-petrole-les-fermetures-de-puits-s-accelerent-aux-etats-unis.php

Conséquence de la chute des cours du pétrole, les forages ralentissent aux Etats-Unis.

Les États-Unis commencent à fermer les puits de pétrole. La chute des cours du brut a été telle depuis juin dernier, qu’elle commence à entamer la rentabilité des gisements de pétrole et de gaz de schiste. Le premier investisseur étranger dans ce secteur aux États-Unis, le groupe minier australien BHP Billiton en tire les conséquences. Déjà peu chanceux avec les prix du minerai de fer, il vient d’annoncer qu’il diminuait la voilure dans les hydrocarbures de schiste américain : cette année, ses puits passeront de 26 à 16, une baisse de 40 %.

La tendance est générale dans les hydrocarbures de schiste qui nécessitent beaucoup de forages et donc beaucoup plus de capitaux que les gisements par exemple du Moyen-Orient. Rien que depuis le 5 décembre dernier, 209 puits auraient été fermés aux États-Unis, la plus forte baisse en six semaines depuis près de trente ans, selon Baker Hughes. Cette société de forage et ses deux grands concurrents Schlumberger et Halliburton sont d’ailleurs en difficulté ; désormais sous la pression des compagnies pétrolières pour baisser leurs tarifs, ils ont annoncé à eux trois 17 000 suppressions d’emplois.

Les fermetures de puits prévues dans l’année 2015 aux États-Unis n’auront pas pour autant de conséquences immédiates sur le volume de pétrole américain, il a atteint un record début janvier, à 9,190 millions de barils. Mais la production pourrait cesser d’augmenter voire diminuer dans la deuxième partie de l’année ou en 2016.

Après l’Amérique du Nord, les régions qui pourraient voir décliner leur production le plus vite devraient être l’Europe et la mer du Nord, le Mexique, l’Irak et la Russie, qui a des gisements anciens et manque désormais cruellement d’argent pour relancer la production. De même en Afrique, ce sont les gisements matures du Gabon et du Congo qui pourraient faire les frais des coupes du groupe français Total dans ses investissements. Lentement mais sûrement, c’était le pari de l’Arabie Saoudite, la baisse des prix va entamer la production pétrolière mondiale.

http://www.rfi.fr/emission/20150122-etats-unis-commencent-fermer-puits-petrole/

Une autre théorie du complot qui devient un fait : toute l’histoire de l’effondrement du pétrole concerne le concassage du contrôle Russe sur la Syrie ! (ZEROHEDGE)

Alors que les marchés en sont encore à débattre si le prix du pétrole est plus impacté par l’excès de pompage de brut, ici, ou si c’est l’absence de demande là-bas, ou si ce est tout simplement une compression mécanique en algos chasseurs de momentum connus aussi pour acheter pendant les millisecondes avant 14h30, nous souhaitons à nouveau porter l’attention des lecteurs sur ce que il y a plusieurs mois a été discrédité comme étant « une théorie du complot » , une conspiration profonde.

À l’époque, nous avons écrit sur ​​une certaine visite de John Kerry à l’Arabie Saoudite, un 11 Septembre comme tous les jours, pour négocier un accord secret avec le désormais défunt roi Abdullah de manière à obtenir un «feu vert» pour «lancer ses frappes aériennes contre ISIS, ou plutôt, des parties de l’Irak et la Syrie. Et, pas surprenant, c’est une fois de plus Assad dont le sort était la monnaie d’échange pour avoir les Saoudiens du côté des États-Unis », parce que, pour lancer l’incursion en territoire souverain syrien , ça a  » pris des mois de travail en coulisse par les Etats-Unis et les dirigeants arabes, qui ont convenu de la nécessité de coopérer contre l’État islamique, mais pas sur quand ou comment. Le processus a donné aux Saoudiens un levier pour extraire un nouvel engagement des États-Unis pour renforcer la formation des rebelles combattant M. Assad, dont la mort est encore  considérée par les Saoudiens comme étant une priorité absolue.  »

Nous avions conclu :

Dit autrement, la livre de viande fraîche exigée par l’Arabie saoudite afin de «bénir» des frappes aériennes américaines et de les faire apparaître comme un acte d’une certaine coalition, est la suppression du régime d’Assad..

Pourquoi ? Pour que, comme nous l’avons également expliqué l’année dernière , les avoirs des grands champs de gaz naturel du Qatar puissent enfin faire leur chemin jusqu’a à l’Europe, ce qui est d’ailleurs également la volonté de l’Amérique – quelle meilleure façon de punir Poutine pour ses actions récentes que par l’écrasement du principal levier du Kremlin face a l’Europe ?

Parce qu’à la fin de la journée, tout est au sujet de l’énergie. Nous l’avons prouvé un mois plus tard, quand à la mi-Octobre, nous avons dit que  » Si Le Plongeon de pétrole continue: «Maintenant, c’est peut être le moment de paniquer» pour les entreprises de schiste américaines .  » Le temps de la panique est venu depuis longtemps , mais seulement après nous avons posé le problème assez clairement pour que tous puissent le saisir :

… Bien que nous comprenions que l’Arabie saoudite emploie une stratégie de dumping pour punir le Kremlin selon le « deal » avec la Maison Blanche d’Obama , très bientôt il y aura une communauté de schiste très vocale, très insolvable et très intérieure exigeant des réponses de l’administration Obama , une fois de plus les «coûts» pour punir la Russie qui finissent par paralyser l’industrie n’est vraiment viable sous la présidence actuelle.

Pour rappel, la dernière fois que Obama a menacé la Russie avec les «coûts», il envoya l’Europe dans une récession à triple creux.

Ce serait vraiment le couronnement de la carrière d’Obama si, étonnamment, il parvenait à mettre en faillite le « miracle » du schiste aux États-Unis.

Bien sûr, tout ce qui précède est purement dans le domaine de la conspiration, parce que la dernière chose que l’administration admettrait, c’est que le point d’orgue du compromis de son marché avec l’Arabie saoudite pour mettre en œuvre une politique étrangère (qui a largement échoué) en ce qui concerne ISIS (qui a grandi beaucoup depuis la campagne de la coalition) était de mettre en péril l’ensemble du miracle du schiste américain, un miracle qui s’évapore devant les yeux de tous. Et tout cela grâce au « plus proche » des alliés des États-Unis dans le Moyen-Orient : l’Arabie saoudite.

C’était conspirationniste, ce jusqu’à aujourd’hui, où grâce à un « papier » du  New York Time  cette théorie du complot est devenue un fait de complot , suite à un rapport disant que « l’Arabie saoudite a tenté de faire pression sur le président de Russie Vladimir V. Poutine pour qu’il abandonne son soutien au président de la Syrie Bachar al-Assad, en utilisant sa position dominante sur les marchés mondiaux du pétrole à un moment où le gouvernement russe est ébranlé par les effets de la chute des prix du pétrole « .

Du NYT :

L’Arabie Saoudite et la Russie ont eu de nombreuses discussions au cours des derniers mois, qui doivent encore à produire une percée significative, selon des responsables américains et saoudiens. Il est difficile de savoir explicitement comment les responsables saoudiens ont lié le pétrole à la question de la Syrie au cours des pourparlers, mais les autorités saoudiennes disent – et ils ont dit aux États-Unis – qu’ils pensent qu’ils ont une certaine influence sur M. Poutine en raison de leur capacité à réduire l’approvisionnement en pétrole et éventuellement monter les prix  »

Comme nous l’avions prédit, correctement, en Septembre: il était question de la Syrie : 

 « Si le pétrole peut servir à apporter la paix en Syrie, je ne vois pas comment l’Arabie saoudite reculerait afin d’essayer de parvenir à un accord, » a déclaré un diplomate saoudien.

Alors, que faudrait-il pour que le prix du pétrole bondisse finalement ? Pas grand-chose: l’annonce de Poutine que le dirigeant de la Syrie Bachar n’est plus un allié stratégique de la Russie.

Tout affaiblissement du soutien de la Russie pour M. Assad pourrait être l’un des premiers signes que le tumulte récent dans le marché du pétrole a pour but d’avoir un impact sur ​​l’art de gouverner le monde. Les responsables saoudiens ont déclaré publiquement que le prix du pétrole reflète l’offre et la demande mondiale, et ils ont insisté sur le fait que l’Arabie saoudite ne laissera pas la géopolitique conduire son programme économique. Mais ils croient qu’il pourrait y avoir des avantages diplomatiques auxiliaires à la stratégie actuelle du pays ,de permettre que les prix du pétrole restent bas – y compris la possibilité de négocier une sortie de M. Assad .

« La Russie a été l’un des partisans les plus fidèles du président syrien, la vente de matériel militaire au gouvernement pendant des années et la fourniture de tout le matériel, des pièces de rechange aux combustibles spécialisés  et la maintenance d’hélicoptères , a renforcé les forces de M. Assad dans leur lutte contre les groupes rebelles, y compris l’État islamique, « .

Poutine va t- il fléchir ? 

 » M. Poutine, cependant, a souvent démontré qu’il préférait accepter les difficultés économiques en boucle aux pressions extérieures pour changer ses politiques. Les sanctions imposées par les Etats-Unis et les pays européens n’ont pas incité Moscou à mettre fin à son engagement militaire en Ukraine, et M. . Poutine est resté ferme dans son soutien à M. Assad, qu’il voit comme un rempart dans une région de fait de plus en plus volatile par l’extrémisme islamique. « 

En fait, ce ne est pas ça la question : la Syrie, comme nous l’avons expliqué pendant près de deux ans, est la zone critique de transit d’un pipeline de gaz naturel proposé, en provenance du Qatar, et qui se terminerait  quelque part en Europe centrale. Le même Qatar qui était le « sponsor mystère des armes et de l’argent aux mercenaires rebelles syriens »qui est finalement devenu ISIS. Le même Qatar quimaintenant finance directement ISIS . Bien sûr, si Poutine devait transferer la Syrie aux princes saoudiens (et au Qatar), il se tirerait lui-même efficacement une balle dans le pied en mettant fin à tout effet de levier de Gazprom sur l’Europe.

Poutine ne le sait que trop bien. Pour l’instant, il a montré qu’il n’avait pas l’intention d’abdiquer sr la Syrie, et la perte de l’effet de levier critique que représente le fait d’être le fournisseur en dernier recours de gaz européen :

Les Saoudiens ont tentés de séduire économiquement les dirigeants russes en échange de concessions sur des questions régionales comme la Syrie, mais jamais avec des prix du pétrole si bas . On ne sait pas quel effet, le cas échéant, ça a sur les discussions . Alors que les Etats-Unis soutiennent les initiatives visant à mettre fin au soutien russe pour M. Assad, tout succès par les Saoudiens à réduire la production et augmenter les prix mondiaux du pétrole pourrait nuire à de nombreux secteurs de l’économie américaine.

Après la réunion à Moscou en Novembre entre le prince Saud al-Faisal, le ministre des Affaires étrangères saoudien, et Sergey V. Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, M. Lavrov a rejeté l’idée que la politique internationale devraient jouer un rôle dans l’établissement des prix du pétrole.

 » Nous voyons yeux dans les yeux avec nos collègues saoudiens que nous pensons que le marché du pétrole devrait être basée sur l’équilibre entre l’offre et la demande « , a déclaré M. Lavrov, » et qu’il doit être exempt de toute tentative de l’influencer pour des fins politique ou géopolitiques. « 

Ce Qui, en rétrospective met le conflit en Ukraine et l’isolement de la Russie par l’Ouest dans une perspective très simple – tout le jeu est d’infliger autant de douleur que possible, de sorte Poutine n’a pas le choix, que de remettre la Syrie.

La conclusion : 

Un certain nombre de pays arabes ont fait pression sur les Saoudiens et les Russes – aux extrêmes dans leurs positions envers M. Assad – de trouver un terrain d’entente sur la question comme étape pour mettre fin au carnage de la guerre civile en Syrie, qui dure aujourd’hui depuis près de quatre ans. Mais, comme un diplomate arabe l’a dit: « Cette décision est finalement dans les mains de Poutine. « 

Et voilà , mesdames et messieurs, ce autour de quoi tourne le grand effondrement du pétrole de 2014/2015 .Pour ceux qui veulent savoir quand acheter le pétrole, la réponse est simple: juste après (ou idéalement avant) que Poutine annonce qu’il ne soutiendra plus le régime d’Assad. Si il le fait jamais un jour, car cet acte aura pour effet de détruire tous les leviers d’action que Poutine peut jamais avoir sur l’Europe, et dans le processus, cela mettrait fin – tout à fait prématurément – à sa carrière.

Jusque-là, chaque pic de prix  induit dans le pétrole, est temporaire ,, parce que comme ces derniers mois l’ont montré, ce sont les Saoudiens qui fixent les prix, et ils ne prendront pas un non pour une réponse, même si cela signifie paralyser l’ensemble de l’industrie du schiste , et de l’énergie américaine , dans le processus.

La chute du prix du pétrole qui fait la une de ces dernières semaines a été abordée presque exclusivement en termes d’économie de marché pétrolier, et une majorité des agences médiatiques ont pointé du doigt l’Arabie Saoudite et son cheval de Troie de l’OPEP pour avoir fait s’effondrer le prix du pétrole et endommagé les exportateurs pétroliers du monde – notamment la Russie.

Bien que l’explication relative au marché soit partiellement correcte, elle demeure simpliste et manque de s’adresser aux points de pression géopolitiques du Proche Orient.

Oilprice.com se penche au-delà des gros titres pour chercher une réponse à la chute du prix du pétrole. Il se trouve que son explication, bien que difficile à justifier, puisse concerner le contrôle du pétrole et du gaz du Proche Orient et l’affaiblissement de la Russie, de l’Iran et de la Syrie en inondant le marché de pétrole peu cher.

Une arme pétrolière

Il n’est pas nécessaire de regarder bien loin en arrière pour s’apercevoir que l’Arabie Saoudite, le plus gros exportateur et producteur de pétrole du monde, a eu recours aux prix du pétrole pour parvenir à ses fins d’un point de vue de politiques étrangères. En 1973, le président égyptien Anwar Sadat a convaincu le roi saoudien Faisal de réduire la production de pétrole et d’en augmenter le prix, avant de limiter les exportations de pétrole dans l’objectif de punir les Etats-Unis pour avoir soutenu Israël face aux Etats arabes. Ce choc pétrolier en a fait quadrupler le prix.

La même chose s’est de nouveau produite en 1986, alors que l’OPEP, dirigée par l’Arabie Saoudite, prenait la décision de faire s’écrouler le prix du pétrole. Et puis en 1990, alors que les Saoudiens faisaient s’effondrer le prix du pétrole afin de faire sortir la Russie du jeu, puisqu’ils la percevaient comme une menace à leur suprématie. En 1998, le prix du pétrole a diminué de moitié et est passé de 25 à 12 dollars le baril. La Russie a alors fait défaut de sa dette.

Les Saoudiens et d’autres membres de l’OPEP ont bien entendu eu recours au prix du pétrole en supprimant la production pour en maintenir le prix à un niveau élevé et continuer de nager dans les pétrodollars. En 2008 par exemple, le prix du pétrole atteignait un record de 147 dollars le baril.

Pour ce qui est de la chute actuelle du prix du pétrole, les Saoudiens et l’OPEP ont tout intérêt de chasser leurs compétiteurs, comme les producteurs de pétrole de schiste américain, qui seront certainement lésés par la baisse actuelle de prix. Même avant que le prix du pétrole ne chute, les Saoudiens vendaient leur pétrole à la Chine à prix cassé. Le refus de l’OPEP le 2è novembre dernier de réduire sa production est la preuve la plus évidente que la chute du prix du pétrole s’inscrit dans le cadre d’une guerre entre l’Arabie Saoudite et les Etats-Unis.

Les analyses montrent que le raisonnement est complexe, et pourrait aller au-delà d’une simple baisse de prix visant au contrôle du marché.

« Pourquoi les Etats-Unis et certains de ses alliés voudraient-ils voir baisser le prix du pétrole ? a demandé en octobre dernier le président du Venezuela, NicolasMaduro. Pour porter atteinte à la Russie ».

Beaucoup pensent que le prix du pétrole est la conséquence d’une collusion délibérée et planifiée par les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite de punir la Russie et l’Iran pour avoir soutenu le régie d’Assad en Syrie.

Punir Assad et frères

Ceux qui adhèrent à cette théorie mentionnent généralement la réunion du 11 septembre dernier entre le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le roi saoudien Abdullah dans son palace de la mer Rouge. Selon un article publié par le Wall Street Journal, c’est lors de cette réunion que des accords ont été établis entre Kerry et Abdullah concernant le support des Saoudiens aux attaques aériennes contre l’EIIL en échange du soutien de Washington aux Saoudiens dans le renversement du régime d’Assad.

Il est vrai que si des accords avaient été établis, nous n’aurions pas de quoi nous en étonner, au vu des rivalités entre l’Arabie Saoudite et son grand rival de la région : l’Iran. En s’opposant à la Syrie, Abdullah a eu l’opportunité de porter atteinte à l’Iran, qu’il perçoit comme un puissant rival en raison de ses ambitions nucléaires, de son soutien au Hamas et au Hezbollah, et de son alliance avec la Syrie, à laquelle il fournit armes et financements. Les deux nations sont aussi divisées par la religion. Une majorité des Saoudiens sont des Sunnites, alors qu’une majorité d’Iraniens sont considérés Shiites.

« Le conflit est désormais une guerre de procuration entre l’Iran et l’Arabie Saoudite, et se joue dans toute la région, rapportait Reuters le 15 décembre dernier. Les deux camps perçoivent leur rivalité comme un conflit pour le tout ou rien : si le Hezbollah shiite prenait la main au Liban, alors les Sunnites du pays – et par extension leurs patrons saoudiens – perdraient la bataille face à l’Iran. Si un gouvernement shiite solidifiait son contrôle sur l’Irak, alors l’Iran gagnerait sur un deuxième front ».

Les Saoudiens savent que les Iraniens sont vulnérables au prix du pétrole. Selon les experts, le pays aurait besoin d’un baril à 140 dollars pour équilibrer son budget. A moins de 60 dollars le baril, les Saoudiens ont pu faire pression sur le souverain iranien, l’Ayatollah Ali Khamanei, et possiblement contré ses ambitions nucléaires et rendu le pays plus pliable face à l’Occident, qui a le pouvoir de réduire ou de lever ses sanctions sir le pays décidait de coopérer.

Pour ajouter du poids à cette théorie, le président iranien Hassan Rouhani a décrété lors d’une réunion du cabinet qui se tenait un peu plus tôt ce mois-ci que la chute du prix du pétrole est un acte politique et une « conspiration contre les intérêts de la région, le peuple et le monde musulman ».

Conspiration de pipelines

Certains observateurs ont avancé une théorie un peu plus conspirationniste concernant le désir des Saoudiens de se débarrasser d’Assad. Ils renvoient à un accord passé en 2011 entre la Syrie, l’Iran et l’Irak qui visait à la construction d’un pipeline depuis le port iranien d’Assalouyeh jusqu’à Damas, en passant par l’Irak. Le projet de 10 milliards de dollars aurait dû voir le jour sous trois ans et aurait dû acheminer le gaz produit à South Pars, un champ pétrolier que l’Iran partage avec le Qatar. Les fonctionnaires iraniens ont aussi mentionné l’extension de ce pipeline jusqu’en Europe et la mer Méditerranée – une compétition directe avec le Qatar, plus gros exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.

« Le pipeline qui reliera l’Iran, l’Irak et la Syrie – s’il était construit – pourrait solidifier l’axe shiite au travers d’un cordon ombilical économique », a écrit le correspondant d’Asia Times, Pepe Escobar.

Global Research, une cellule de réflexion basée au Canada, va plus loin encore, ensuggérant que le refus d’Assad en 2009 de permettre au Qatar de construire un pipeline depuis North Field jusqu’en Syrie et vers la Turquie et l’Union européenne, combiné à l’accord de 2011, « ait pu déclencher l’attaque menée par l’Arabie Saoudite et le Qatar contre Assad ».

« Aujourd’hui, les guerres menées par les Etats-Unis en Ukraine et en Syrie ne sont que deux fronts d’un même conflit stratégique qui vise à affaiblir la Russie et la Chine et à rompre l’apparition d’un contre-pôle eurasiatique dans le cadre du Nouvel ordre mondial contrôlé par les Etats-Unis. Le contrôle des pipelines, notamment des pipelines de gaz naturel – depuis la Russie jusqu’en Union européenne en passant par l’Ukraine et depuis l’Iran et la Syrie vers l’Union européenne – est un objectif stratégique » – Global Research, 26 octobre.

Titiller l’ours russe

Et que vient faire la Russie dans la baisse du prix du pétrole ? En tant qu’allié clé de la Syrie, et puisqu’il soutient Assad grâce à des milliards de dollars d’armements, le président Vladimir Poutine a, avec l’Iran, été la cible de la maison des Saoudiens. Les ambitions territoriales de Poutine en Ukraine l’ont également placé en face du président Barack Obama et des dirigeants de l’Union européenne, qui en mai de cette année imposaient des sanctions à la Russie.

Comme nous avons pu le voir, la manipulation du prix du pétrole par l’Arabie Saoudite a deux fois déjà pris pour cible la Russie. Mais cette fois-ci, les effets de la baisse du prix du pétrole ont particulièrement affecté Moscou, en raison des sanctions déjà établies et de l’affaiblissement du rouble. La semaine dernière, dans un effort de défendre sa devise, la Banque de Russie a relevé les taux d’intérêt pour les faire passer à 17%. Cette mesure a échoué, et le rouble a perdu 20% supplémentaires, ce qui a entraîné dans le pays des vagues de spéculation qui pourraient déboucher sur l’établissement de contrôles de capitaux. Poutine a saisi l’opportunité lors de son adresse télévisée annuelle d’annoncer que bien que l’économie devrait encore souffrir au cours des deux années à venir et que les Russes devraient se préparer à une récession, « l’économie de la Russie sera diversifiée, et le prix du pétrole pourra de nouveau grimper ».

Il se peut qu’il ait raison, mais quels seront les effets d’une longue période de bas prix ? Eric Reguly, qui écrit pour The Globe and Mail, a souligné samedi dernier qu’avec des réserves de devises étrangères de 400 milliards de dollars, l’Etat russe ne risque pas de s’effondrer, même dans l’éventualité d’une profonde récession. Reguly prédit que la menace qui pèse le plus lourdement sur le pays est le secteur privé, dont la dette s’élève à 700 milliards de dollars.

« Rien que ce mois-ci, 30 milliards de dollars de dette privée devront être remboursés, et 100 milliards de dollars supplémentaires seront dus l’an prochain. Le problème est rendu plus grave encore par les sanctions économiques, qui ont rendu impossible pour les sociétés russes de se financer sur les marchés occidentaux », écrit-il.

Cela va-t-il fonctionner ?

Que vous soyez un théoricien de la conspiration ou un théoricien des marchés, pour ce qui est de l’explication apportée à la chute du prix du pétrole, il n’importe que très peu de savoir quelle en est la cause, puisque les effets en importent bien plus. Poutine s’est déjà prouvé être un maître sur l’échiquier de la politique énergétique, et la suggestion qu’un baril à moins de 60 dollars puisse écraser le dirigeant russe doit être prise avec des pincettes.

La décision prise par Moscou le 1er décembre d’abandonner le projet de construction de pipeline de gaz naturel de South Stream, un projet de 45 milliards de dollars, en faveur d’un nouveau projet en alliance avec la Turquie souligne la volonté de Poutine de contourner ses partenaires européens et continuer ses livraisons vers les pays d’Europe qui reposent sur la Russe en matière d’énergie. Cet accord place la Turquie dans le camp russe, à une heure où la Russie se retrouve aliénée par l’Occident.

Bien entendu, l’alliance de la Russie avec la Chine s’inscrit dans le cadre du pivot oriental de Poutine pour alimenter la demande en énergie russe alors que les Saoudiens et l’OPEP, peut-être en accord avec les Etats-Unis, continuent d’en faire baisser le prix. Les accords de novembre, suite auxquels Gazprom devrait alimenter la société publique chinoise CNPC à hauteur de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an, font suite à un contrat de vente de 38 milliards de mètres cubes par an à la Chine.

Comme Oilprice.com l’a mentionné, « les projets en cours continuent d’être exploités et la production russe de pétrole devrait se maintenir en 2015 ».

« La Russie coulera avec son navire avant de céder sa part de marché – notamment en Asie, où Poutine a réaffirmé l’établissement d’un pivot. L’Arabie Saoudite et l’Amérique du Nord devront continuer de produire face à Poutine, qui est déterminé à aller jusqu’au bout dans le grand jeu des BRIC ».

Le 16/1/2015

http://www.24hgold.com/francais/actualite-or-argent-les-saoudiens-et-les-etats-unis-sont-ils-responsables-de-la-baisse-du-prix-du-petrole.aspx?article=6185800664H11690&redirect=false&contributor=Oilprice.com.

4 réponses »

  1. Ça peut rappeler aussi la deuxième partie des eighties :
    https://www.youtube.com/watch?v=02F-3l1EKsA

    Mais rappelons quand même qu’à propos du premier choc (73) le refrain « embargo arabe » est surtout une chansonette, voir résumé en fin de post par exemple : http://iiscn.wordpress.com/2011/05/06/bataille-et-lenergie/ (et en particulier le doc arte « la face cachée du pétrole » partie 2, à partir de 18mn par là, sur la même page)

  2. Un point de vue intéressant du LEAP2020 :
    http://www.leap2020.eu/GEAB-90-est-disponible–Crise-systemique-globale-2015-petrole-monnaies-finance-societes-Moyen-Orient-Tres-Grande_a17292.html

    Extrait : « À cette rupture majeure de tendance, se combine une autre tendance lourde, bien peu évoquée actuellement dans les médias, celle de la fin du pétrole comme source principale d’énergie de l’économie mondiale. Et c’est ce deuxième facteur qui rend la situation totalement incontrôlable actuellement. »

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