Douce France

Politique Friction du Dimanche 15 Février 2015: Juppé et la segmentation de marché Par Bruno Bertez

Politique Friction du Dimanche 15 Février 2015: Juppé et la segmentation de marché Par Bruno Bertez

Il est évident que l’ENA ne prédispose pas au commerce. Ce n’est pas HEC. 

Pourtant, compte tenu de l’évolution de la politique vers la Communication et l’importance des enquêtes d’opinion, on aurait pu penser que Juppé finirait par apprendre le BaBa du marketing. 

Peut-être devrait-il aller faire un tour chez monsieur Brochand , chez L’Oreal ou Danone, là on lui apprendrait l’intérêt de la segmentation des marchés et l’impact positif que cela peut avoir sur les ventes. 

Permalien de l'image intégrée

Les techniciens de la vente savent que multiplier, décliner l’offre d’un produit en de multiples variantes est un moyen de progresser. C’est normal, évident et de bon sens. 

En effet en multipliant les produits on colle mieux aux différents besoins, désirs de la clientèle.

Tout se passe comme si on draguait avec un filet aux mailles plus fines, on a moins de déperdition. Toutes les grandes firmes réputées pour leur marketing savent cela. Il faut décliner au maximum toutes les nuances de l’offre afin de couvrir le marché. 

Quand vous retirez un produit qui avait sa clientèle de votre vitrine et que vous ne le remplacez pas, il est évident que ceci est un appauvrissement, il y a des gens qui ne se retrouvent pas dans l’assortiment restant. Même si c’est un peu bidon, il faut multiplier, décliner le même produit avec des noms, des packages, des images différentes. 

Et bien l’ami Juppé, lui pense que rétrécir l’offre politique et faire en sorte que l’on ne perçoive plus les différences entre l’UMP et le PS est la solution de la reconquête. 

Il appelle au grand rassemblement jusqu’à la gauche, puis il appelle dans le Doubs à voter PS. 

Permalien de l'image intégrée

Bref il confirme, alors que c’est déjà le reproche que l’on fait à l’UMPS que c’est bien bonnet-blanc et blanc-bonnet. Sa technique de marketing politique, c’est la confusion, la perte d’identité, la dépolarisation. Bref il claironne : eux et moi c’est la même chose … donc votez pour moi! 

Nous doutons de l’efficacité d’un tel message et nous pensons que Juppé aura beaucoup de mal à trouver un publicitaire, pour le mettre en musique. 

La règle de base, c’est de promettre le changement que l’on soit de droite, de gauche, conservateur ou progressiste. C’est ainsi, c’est la règle politique de la modernité. Celui qui ne se démarque pas n’a aucune chance, à fortiori si l’adversaire est honni, rejeté comme l’était par exemple Sarkozy. Si on analyse bien, le seul message de Hollande était le changement c’est maintenant. Juppé aura du mal. 

Il admet nous dit la bonne presse que « l’UMP » n’arrive pas à endiguer le FN! Et pour cause, l’UMP repousse les gens qui seraient tentés par un vote de droite conservateur, humaniste et raisonnable vers le FN puis qu’il dit que l’UMP et le PS c’est la même chose! Or les gens ne veulent plus du PS, donc ils ne veulent pas, par simple glissement de l’UMP. 

Pour faire baisser le FN ce qui est semble-t-il l’idée- absurde- de Juppé, il faut offrir quelque chose qui se démarque clairement du PS et qui présente un attrait supérieur au FN; Que présente Juppé? Rien un succédané de PS à l’eau de rose ou à l’eau tiède. 

Permalien de l'image intégrée

L’idée de faire baisser le FN comme stratégie politique est une imbécilité suicidaire pour la pseudo-droite. Les gens qui votent FN sont les fers de lance de l’opposition, ce sont les plus décidés, les plus motivés à rejeter le socialisme mystificateur du Rocardo-Hollando-Vallsisme. Ce sont les spoliés, les laissés pour compte de la politique de Sarkozy d’abord et de Hollande ensuite. 

Se priver de ces gens c’est comme monter à l’assaut sans combattants, uniquement avec des planqués, des fonctionnaires; des administratifs. Il faut des forces vives pour mener un combat.

Dans notre expérience politique, nous n’avons jamais vu de militant du Centre, jamais. Des militants de la modération, cela n’existe pas. Tous les militants, tous ceux qui sont motivés et ont envie d’en découdre sont des gens de l’extrême. C’est comme cela, pour cela que l’on s’intéresse à la politique. A droite comme à gauche et c’est normal. Les militants n’ont que faire des robinets d’eau tiède. Et il faut des militants, des entraineurs, des leaders pour bouger la foule du marais. 

La réalité est que Juppé n’est pas stupide, il a une idée derrière la tête qui est celle de la recomposition au centre des deux familles de la social-démocratie. Il se dit que les gens de Mélenchon et les écolos ne reviendront pas, que le FN restera hors-jeu et que l’avenir, l’avenir politicien, le sien donc, c’est de jouer la recomposition, l’Union des « forces » sociale démocrates. D’où le credo de L’Union Nationale, la sinistre troisième voie qui a montré le bout de son nez, masquée bien sûr, le 11 Janvier.

ADDENDUM

Quelque soient les enquêtes, avec des questions dites « dures » ou des questions « soft » ou des questions de proximité on arrive toujours autour des 30% pour le FN. 

Ce qui suscite plusieurs remarques? 

-Quel est le potentiel restant, maintenant que le PS s’est déjà recentré, que Hollande s’est Rocardisé et que l’UMP n’a retrouvé aucun pouvoir supplémentaire d’attraction. On a dépassé le temps du Hollandisme dur et agressif. 

-Il semble qu’avec un Juppé centre gauche en vue et un Sarkozy qui balance entre recentrage et …. rien, le FN a encore une petite marge de progression sur l’UMP. Il y a un espace qui se libère. Ce sera encore plus net si Sarkozy est « tué »judiciairement. 

-Comment ce vote peut-il être politiquement utile si aucune alliance n’est possible et si la masse des français, les 2/3, continue de gober la propagande de la sociale démocratie alternée? 

Une nouvelle dégradation de la conjoncture, porteuse pour le FN, est peu probable puisqu’au niveau Européen, sans le dire, on a abandonné les politiques d’austérité. En revanche, la multiplication des attaques fiscales et statutaires sur les classes moyennes peut apporter un petit complément au FN. 

Permalien de l'image intégrée

BRUNO BERTEZ Le Dimanche 15 Février 2015 

illustrations et mise en page by THE WOLF

EN BANDE SON 

NI PUB, NI SPONSOR, NI SUBVENTION, SEULEMENT VOUS ET NOUS….SOUTENEZ CE BLOG FAITES UN DON

Image d’aperçu

9 réponses »

  1. Juppé dirait n’importe quoi qui le démarquerait de Nicolas Sarkosi. Exactement comme Bayrou quand il a appelé à voter Hollande au second tour de la présidentielle 2012, juste par haine pour lui. Baser sa politique juste sur de tels sentiments, est tout à fait pathétique.

  2. Bonjour,

    Les médias qui ont déjà choisi Juppé n’en parlent pas mais des enquêtes récentes montrent que les sympathisants de droite préfèrent de plus en plus Sarkozy à Juppé. J’ai beaucoup de mal à croire que celui qui incarne de plus en plus la soumission des élites de droite française au terrorisme intellectuel ambiant et qui ne marche plus auprès de la population puisse avoir la moindre chance en 2017. Surtout si les événements du type de ceux qui se sont produits ce we ont la fâcheuse tendance à se reproduire régulièrement.

    Cdlt

  3. la différence entre les électeurs du FN et des individus comme juppé , c’est que les partisans du FN ont de profondes convictions , qu’ils savent pourquoi ils votent pour un parti d’extrème droite , et qu’ils le font depuis des années ; juppé et cie ne sont que des opportunistes prêts à bouffer à tout les rateliers pour accéder ou conserver leur pouvoir ; quand à juppé et  » son ame et conscience…laissez moi rire , il n’a ni l’un ni l’autre , du vide tout simplement ;

  4. Juppé est un européiste.

    Juppé sera emporté par le torrent de l’Histoire comme une brindille est emportée par le torrent.

    Lundi 16 février 2015 :

    L’Eurogroupe s’achève par un « clash » avec Athènes.

    On s’attendait à un nouvel Eurogroupe interminable après celui de mercredi 11 février, qui s’était terminé par un fiasco, après tout de même sept heures de négociations… Lundi 16 février, ce nouveau rendez-vous, prétendument « de la dernière chance », entre ministres des finances de la zone euro pour résoudre le problème de la renégociation de la dette grecque avec le gouvernement Tsipras, de la gauche radicale, n’a duré que quatre heures, et s’est achevé par un « clash ».

    http://www.lemonde.fr/crise-de-l-euro/article/2015/02/16/l-eurogroupe-s-acheve-par-un-clash-avec-athenes_4577661_1656955.html

  5. Article d’une rare intelligence, merci !

    A propos de la fin, à propos du potentiel du FN, pensez-vous qu’il puisse au final briser le plafond de verre des 50 ? A la présidentielle et à des législatives ?

    Bien à vous
    Alexis K

  6. Jusqu’où peut monter le FN?

    Une Lapalissade. il faut d’abord qu’il ne baisse pas!

    D’abord, la progression du FN tient à son statut de parti non gouvernemental: il est du côté du refus, de la protestation et ceci est un atout dans la mesure où il n’a pas à gérer les contradictions de l’exercice du pouvoir. Il est dans le déclamatoire, le ministère de la parole, non soumis à l’épreuve de réalité.

    Ensuite elle tient à son positionnement thématique. Il est anti-immigration et anti-Europe, anti-Euro; pour le maintien de valeurs traditionnelles et nationales; plutôt en faveur de la tradition religieuse; pour la préservation de l’identité, contre l’universalisme et l’ouverture tous azimuts. On peut dire sans être trop inexact que face à l’idéologie « moderniste », le FN est une masse, une force de résistance.

    Enfin traditionnellement la vraie Droite-je n’emploie pas l’expression extrême droite- est plutôt hostile à l’argent et aux puissances d’argent, ce qui fait souvent glisser l’hostilité vers les personnes qui représentent ou sont considérées comme symbolisant l’argent et l’oligarchie. Grace à cette hostilité à l’argent, le FN a attiré des couches sociales qui votaient communistes auparavant. Mais c’est quelque chose de délicat à manier.

    Pour ne pas baisser le FN doit gérer tout cela au plus près et au plus juste. Car l’ensemble constitue quelque chose de disparate et hétérogène. On a vu les contradictions à l’œuvre, par exemple, dans l’affaire du mariage pour tous et la réhabilitation sociale de l’homosexualité.

    La gestion choisie par Marine semble prudente. Elle offre un parti attrape-tout, réactif mais avec peu de vraies propositions programmatiques. Les propositions programmatiques feraient voler en éclats le consensus par défaut dont elle bénéficie. Un parti attrape tout, c’est le complément de la fonction tribunitienne et cela permet d’éviter les écueils de la confrontation trop serrée au réel.

    Le second élément de sa tactique a été le processus de dédiabolisation. Il a été bien géré, avec souplesse, mais intransigeance. Certes il reste dans l’entourage des militants, des conseillers, des soutiens qui peuvent prêter le flanc aux critiques et attaques des Médiapart et autres, mais au niveau public, on peut admettre qu’il y eu une sorte de glissement positif. Marine a conservé l’électorat, disons « dur » et a pu y amalgamer un électorat plus « soft ». Mais plus elle avancera, plus elle s’éloignera de ses bases, c’est une évidence et ces nouvelles couches seront plus volatiles, instables, leur conquête va fragiliser le FN. Ce qu’il va gagner en extension, il le perdra en détermination et en conviction. Plus on se rapproche du « marais » et plus on s’éloigne de la terre ferme.

    La progression du FN doit beaucoup à la mauvaise gestion de 2012 et 2013 de Hollande, elle sera plus difficile avec Rocardo-Valls. Rocardo-Valls est moins « synthétique » que Hollande et plus social-démocrate: il colle mieux à la société Française recentrée, aux bobos, à tous ces gens qui confondent politique et émotions, belle paroles, etc. Il est en phase avec ce qu’il tente de récupérer et qu’il épingle de l’étiquette « esprit du 11 Janvier » (si je ne me trompe pas de date)
    Valls est moins archaïque que Hollande et plus fin politique. Mais il a des faiblesses, qui ne sont pas les contreparties de ses qualités: on voit trop ses canines, sa volonté de puissance, son absence réelle d’amour et d’empathie pour le peuple. Et puis il commet des maladresses tellement il est pressé. Il n’est pas œcuménique, il affiche trop ses penchants et ses tropismes, là où il faudrait des positions transversales, ou au-dessus des clivages. Sous cet aspect, il a le même défaut que Cazeneuve.

    Tout ceci pour dire que le jeu de la carte du FN face à Valls sera plus délicat que face à Hollande. Face à Hollande il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser, face à Valls, il faut plus de subtilité.

    L’évolution de la situation économique et sociale sera peut-être le facteur le plus important. Le chômage, la misère, la prolétarisation, la prédation fiscale conduisent au FN, tout comme le rabotage de la redistribution. Et là, rien n’est joué. L’austérité a cessé d’être la priorité en Europe et on voit bien que les choses tentent de se stabiliser, mais un élément nouveau intervient, la dégradation extérieure des grands ensembles chinois, russes, émergents. C’est justement pour contrer tout cela que Draghi multiplie les mesures désespérées, pour contrebalancer et éviter les rechutes qui valideraient l’exemple Grec.

    Sur les deux grands thèmes qui peuvent gêner ou favoriser le FN, on remarquera que Marine joue la prudence. Elle avance sur des œufs aussi bien sur la sortie de l’euro que sur la politique étrangère, l’Atlantisme et l’attitude face à l’Islam. Témoin son irritation face à Chauprade.

    En résumé, mon sentiment est le suivant:

    -La période facile de progression est en train de s’achever, Hollande est recentré.

    -Il existe une marge de progression sur l’UMP qui est en difficulté stratégique.

    -Les nouvelles clientèles sont moins faciles, moins convaincues, plus volatiles.

    -La conjoncture va être déterminante, reprise ou affaissement?

    – La situation géopolitique et le terrorisme sont porteurs, mais délicats à manier.

    Marine a choisi la prudence et elle a raison. Consolider tout en continuant de grignoter est plus raisonnable que tenter de faire des grands coups spectaculaires.

    Le gros, gros problème du FN est organisationnel, il n’a pas d’organisation, pas de relais, son implantation dans les grandes zones urbaines comme Paris est insuffisante. L’accession aux médias est tronquée car la montée de Marine est voulue, manipulée dans le but de gêner l’UMP.

  7. Juppé l’européiste regarde-t-il ce qui se passe en Grèce aujourd’hui ?

    Juppé l’européiste voit-il son usine à gaz se fissurer de plus en plus vite ?

    Mardi 17 février 2015 :

    Grèce : Tsipras annonce le vote par le Parlement de mesures sociales dès vendredi.

    Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé mardi le vote par le Parlement de mesures sociales en faveur des Grecs dès vendredi, date-butoir donnée par l’Eurogroupe à Athènes pour demander une extension de son programme d’aide.

    « Ces mesures vont conforter les salariés, les chômeurs, les petites et moyennes entreprise et vont relancer l’économie », a expliqué M. Tspiras.

    Figure parmi elles l’étalement en cent mensualités des remboursements de prêts bancaires pour les personnes les plus défavorisées.

    Les mesures sociales voulues par le gouvernement vont à l’encontre des préconisations du programme d’aide.

    « La Grèce n’accepte pas les conditions et les ultimatums, elle dit non », a lancé M. Tsipras, devant les parlementaires de son parti de gauche radicale Syriza.

    Il a également accusé le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble d’avoir perdu son sang-froid et de s’être adressé de manière humiliante à la Grèce lors des discussions entourant l’Eurogroupe de lundi à Bruxelles.

    http://www.romandie.com/news/Grece–Tsipras-annonce-le-vote-par-le-Parlement-de-mesures-sociales-des-vendredi/566770.rom

  8. Juppé qui, s’il est élu en 2017, aura 77 ans à l’issue de son mandat!
    La candidature Juppé est une vaste blague et mettre au pouvoir un psycho-rigide hautain arrogant sûr de lui et de son génie, européiste et atlantiste est la dernière chose dont nous aurions besoin.

Laisser un commentaire