Art de la guerre monétaire et économique

LES EUROPÉENS: DES BOURRINS MENÉS PAR DES AUTRUCHES (Éric Verhaeghe)/ L’Islande, sortie de la crise, dit « non, merci » à l’Union européenne/ L’Autriche menacée du défaut d’un de ses Länder/ Le prochain pays victime de la guerre des monnaies (ANDREAS HÖFERT)

LES EUROPÉENS: DES BOURRINS MENÉS PAR DES AUTRUCHES Par   

Les bourrins européens

Tels des bourrins, les Européens continuent à forer droit en direction des conduites de gaz qui leur exploseront à la figure. Des autruches les y conduisent allègrement.

Bourrins européens, autruches grecques

La plus belle démonstration de la folie continentale a été donnée par l’affaire grecque, qui relève pour ainsi dire de l’acte manqué au sens freudien du terme. Tout le monde sait, en effet, que la Grèce va dans le mur, et qu’elle ne tiendra pas quatre mois de plus pieds nus sur le volcan où elle danse.

On apprenait mercredi, par exemple, que les dépôts bancaires grecs avaient diminué de 3 milliards d’euros la semaine précédente. En 2015, ces dépôts ont diminué de 25 milliards, soit huit fois l’excédent national de l’an dernier. Dans le même temps, le gouvernement grec a admis qu’il ne parviendrait pas à honorer ses prochaines tranches de remboursement.

Le ministre grec des Finances Varoufakis a d’ailleurs déclaré:

« Nous n’aurons pas de problème de liquidité dans le secteur public mais nous aurons vraiment un problème pour rembourser des échéances au FMI maintenant et à la BCE en juillet », a-t-il dit à Alpha Radio.

En outre, malgré les âneries que la Commission avait fait circuler il y a quelques semaines sur le retour de la Grèce à la prospérité, les chiffres du PIB au dernier trimestre 2014 sont tombés: il a reculé de 0,4%!

Ces signaux inquiétants n’ont pas empêché le gouvernement grec d’envoyer à l’Eurogroupe, mardi dernier, une liste de réformes qui fait l’impasse sur la question de la dette grecque. Rappelons que le vendredi précédent, les Grecs se sont engagés à rembourser le tout comme si rien ne posait problème, et comme si le programme de Syriza n’avait pas annoncé le contraire!

Bourrins grecs, autruches européennes

Il faut dire que, fidèle à une vieille tradition nationale, Tsipras ne cache pas son intentiond’enfumer ses partenaires européens et de gagner du temps avec eux en leur disant ce qu’ils ont envie d’entendre, et en faisant exactement le contraire. La liste des réformes envoyée à Bruxelles en est une parfaite illustration.

Tsipras y a mentionné ce qui allait plaire à l’Allemagne: une diminution des dépenses publiques, une lutte contre la fraude fiscale, une mise sous contrôle communautaire du salaire minimum. Pour faire passer le tout auprès du peuple grec, il y ajouté un peu de miel: des mesures sociales qui relèvent plus de l’assistance que de la redistribution, dans une enveloppe budgétaire qui ne modifiera pas les grands équilibres internes.

Tout ça pour ça, a-t-on envie de dire à Tsipras, l’homme qui annonçait, lors de son premier conseil des ministres, être prêt à donner son sang pour son pays. La Grèce n’est pas prête de gagner une guerre, ni même d’améliorer son image auprès de ses partenaires qui la soupçonnent, à bon droit, de duplicité.

Malgré ces évidences, la Commission a donné un feu vert de principe au plan grec, avec, il est vrai, quelques réticences allemandes.

Les Grecs mettront les Européens devant la faillite accomplie

Alors que le gouvernement grec avait rendu sa copie mardi où aucune mention n’était faite, répétons-le, du problème de la dette, il n’a pas fallu attendre 48 heures pour que Varoufakis, au mépris de toutes les stratégies bien comprises de coopération, ne remette la question sur le tapis. Dès jeudi, Varoufakis demandait une renégociation des obligations grecques… qui a beaucoup irrité (et je suis désolé de confesser que je comprends cette irritation!) le cruel Schaüble.

Dans la pratique, le scénario est à peu près plié: la Grèce va laisser courir les échéances sans pratiquer aucune réforme sérieuse. Elle va contraindre l’Europe à la sauver. Il est d’ores et déjà clair que la Grèce a besoin de 30 milliards d’euros cette année pour éviter la faillite. Ce sujet ne devrait pas être abordé… avant le mois de juillet.

Planquez vos économies, bonnes âmes! elles risquent de ne pas résister au prochain hiver. Lesdéputés allemands ont cette fois joué aux autruches en consentant malgré tout à aider la Grèce.

Les autruches françaises annoncent le printemps

Ceux qui ont suivi l’actualité franco-européenne se sont payés une autre bonne tranche de rire. Après les Grecs qui annonçaient vendredi honorer leurs engagements financiers et qui, six jours plus tard, demandaient la renégociation de leur dette, le tour des Français est venu de donner en spectacle leur parfaite mauvaise foi.

Vendredi, la Commission a en effet fixé de nouveaux objectifs de déficit public à la France. Il paraît qu’en 2017, année électorale, la France passera à 2,8% de déficit public. Nous en sommes aujourd’hui à 4,4%. Dans les trois ans, le gouvernement devrait donc trouver 1,6 point de PIB, c’est-à-dire 32 milliards d’économies!

Rappelons que, en 2011, la France en était à 5,5% de PIB de déficit public. En 2015, soit quatre ans plus tard, elle devrait tomber à 4% de PIB… mais en 2014, le déficit a probablement atteint les 4,5% de PIB. Il faudrait donc que la majorité parlementaire augmente l’effort consenti depuis qu’elle est arrivé au pouvoir d’environ 50%.

Michel Sapin s’est empressé de déclarer:

La France est «en capacité» de respecter cette trajectoire «exigeante» et «réaliste», a immédiatement réagi le ministre des Finances, Michel Sapin auprès de l’AFP.

«Cette trajectoire est-elle exigeante ? Oui. Est-elle réaliste ? Oui. C’est une trajectoire que la France est en capacité de respecter dans des conditions qui ne viennent pas brider par ailleurs la reprise économique timide qui doit être confortée», a déclaré le ministre, en visite en Slovénie.

Quel farceur, ce ministre de l’Economie!

Les autruches de la BCE font leur oeuvre

Si Michel Sapin a le bon goût de mentir par élégance, simplement pour ne pas froisser ses interlocuteurs (puisque nous savons tous que la France ne tiendra pas ses engagements, et que personne ne cherche d’ailleurs à se persuader du contraire), Mario Draghi est un peu moins hâbleur lorsqu’il soutient que le Quantitative Easing qu’il a lancé malgré l’Allemagne devrait fonctionner.

Il a même osé soutenir que son « QE » produisait déjà des effets positifs:

« Dans les faits, nous avons déjà observé certains effets positifs de ces mesures », a dit Mario Draghi aux députés européens. « Les conditions financières sur les marchés monétaires et obligataires de l’ensemble de la zone euro se sont encore améliorées. De même, les taux des prêts aux ménages et aux entreprises ont diminué considérablement. »

 

« La dynamique du crédit a continué de s’améliorer, la croissance du crédit au secteur privé devenant positive en décembre pour la première fois depuis la mi-2012″, a-t-il ajouté.

 

Voilà des déclarations qui leurrent sans doute les gouvernements et (on le lui souhaite) Mario Draghi lui-même, mais personne d’autre! En particulier, les analystes des marchés européens sont pour le moins sceptiques: la moitié d’entre eux seulement croit réellement que la politique de la BCE permettra d’enrayer la déflation.

Malgré l’échec prévisible de la BCE (à moins que ce ne soit à cause de lui!), celle-ci devraitrelever ses prévisions de croissance pour 2015. A quand Michel Sapin succédant à Mario Draghi? Ou comment les prévisions statistiques se croient auto-réalisatrices.

TAFTA et les bourrins français face aux autruches sociales-démocrates

Le même jeu d’hypocrite s’est joué sur la question du traité transatlantique. Alors que Mediapartrévélait une note de position française favorable aux arbitrages internationaux, le ministre français en charge du dossier déclarait, en bonne autruche, en ignorer l’existence. Mais bien sûr!

Sans doute avait-il lu auparavant la position des sociaux-démocrates européens qui, sous couvert de combattre ces arbitrages internationaux, en ont glorieusement validé l’existence!

Le Parti Socialiste a d’ailleurs triomphalement déclaré, à propos des sociaux-démocrates européens:

Ils se sont accordés sur la nécessité de préserver la capacité des Etats à prendre des décisions souveraines (protection des consommateurs et de l’environnement, notamment). Ils se sont aussi fixés pour objectif d’apporter toutes les garanties en faveur de la transparence des décisions et d’éthique des juges. Ceci est indispensable pour assurer la légitimité des tribunaux arbitraux. La création d’un mécanisme d’appel et d’une cour permanente sera également étudiée.

On dit non aux tribunaux arbitraux en assurant leur légitimité. Ce n’est plus du jésuitisme, c’est du mensonge caractérisé, dites-moi!

Bourrins paysans et autruches ukrainiennes

Enfin, il n’est évidemment pas possible de terminer cette chronique hebdomadaire sans signaler les engagements très solidaires des paysans français en faveur du combat de l’Ukraine contre la Russie. Les sanctions russes font très mal à nos campagnes: Xavier Beulin, le président de la FNSEA, l’a rappelé.

« D’abord un chiffre : l’Europe exporte 10% de ses valeurs agroalimentaires vers la Russie, c’est considérable et depuis le mois d’août dernier, les frontières sont fermées dans trois domaines : fruits et légumes, viandes, et produits laitiers. Évidemment, les conséquences sont redoutables parce que, non seulement nous n’exportons plus, mais toute cette marchandise est revenue sur le marché européen et elle a eu pour première conséquence de faire s’écrouler tous les marchés », a déclaré Xavier Beulin.

Là encore, derrière les grandes postures, l’Europe, et la France en premier, ne devrait pas tarder à demander grâce à l’ogre russe.

Décidément, le printemps s’annonce radieux: les vieux démons européens sont revenus, jusqu’au jour où…

GRÈCE: LA CHUTE FINALE A-T-ELLE COMMENCÉ? Par 

hots

La Grèce a encore assuré le divertissement la semaine dernière, en Europe, parce qu’elle se trouve au bord du gouffre, et que les Diafoirus européens se disputent pour savoir s’il vaut mieux lui appliquer les ventouses ou lui pratiquer une saignée. L’Eurogroupe de ce lundi devrait continuer à rester sur le chemin de crête escarpé où l’Europe avance depuis l’élection de Tsipras.

La Grèce bénéficie de la version minimaliste du programme de Tsipras

Après avoir imprudemment annoncé monts et merveilles aux Grecs, Tsipras a abandonné l’essentiel de son programme sous la pression de l’Union. Il a notamment renoncé à son fameux relèvement du salaire minimum, qui avait fait frémir l’Europe. Du coup, il sert aux Grecs une potion beaucoup plus douce, avec quelques mesures sociales pour éviter le pire et donner le change à son électorat.

Il a donc soumis au Parlement une première loi destinée à éviter le pire, socialement (si tant est qu’il soit encore temps bien entendu). Grâce à ce dispositif, 300.000 Grecs dont l’électricité est coupée faute de pouvoir payer la facture devraient avoir à nouveau accès à ce grand luxe qu’est le chauffage et l’éclairage au XXIè siècle.

Ce programme a semblé tellement inoffensif que même Jean-Claude Juncker l’a soutenu, en fin de semaine, en déclarant:

«Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce»

Quand une réforme sociale est soutenue par Juncker, on peut se poser quelques questions.

La Grèce prise dans la nasse, Tsipras devient agressif

Si Tsipras prend le temps de donner le change à son électorat, c’est d’abord parce qu’il est prisonnier d’une nasse dont il pensait sans doute qu’elle se refermerait moins vite sur lui. Pour le Premier Ministre grec, la surprise semble de taille. Elle se traduit par des mises en cause assez peu consensuelles.

«les pressions sur la Grèce pendant ces négociations avaient eu tout du chantage».

«On était sur un terrain miné, les forces conservatrices (en Europe) ont tenté de nous piéger pour nous conduire à une asphyxie financière», a-t-il estimé.

Il a estimé que «le plan de ces puissances était de conduire le gouvernement grec, qui prône la fin de la politique de l’austérité en Europe, à la capitulation».

«Ces puissances ne souhaitaient pas que l’exemple grec ait une influence sur d’autres pays, surtout dans la perspective des élections en Espagne» prévues pour la fin de l’année comme au Portugal, a-t-il ajouté.

Bouh! c’est pas beau de dénoncer ses petits copains, ni de jouer aux paranos pour expliquer son échec.

Même les Allemands ont été choqués par cette attitude.

Cette déclaration de M. Tsipras faite samedi « était une faute très inhabituelle selon les critères européens. Cela ne se fait pas dans l’Eurogroupe », a déclaré Martin Jäger, porte-parole du ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, lors d’une conférence de presse.

Si Schaüble tente désormais de nous faire croire que les Allemands n’aiment plus la délation, c’est que ce continent est au bord de l’implosion!

La Grèce est totalement exsangue

En réalité, tout le monde est inquiet parce que la situation grecque est de plus en plus dangereuse. Peu à peu, la Grèce se liquéfie, et personne n’a vraiment d’idée pour juguler ce phénomène qui prend Tsipras à la gorge.

L’épuisement grec se mesure d’abord à sa démographie: les diplômés du pays fuient, principalement en Allemagne et en Angleterre. 35.000 médecins grecs se sont par exemple installés en Allemagne durant les 5 dernières années.

Surtout, la Grèce est financièrement à sec. Elle disposerait de 4 milliards de trésorerie, pas plus. Quand on doit rembourser, sur le seul mois de mars, 4,3 milliards d’euros (dont 1,5 au FMI), la situation devient assez critique, et on ne dénoncera pas assez ici l’amateurisme avec lequel Tsipras a abordé le sujet au lendemain de son élection.

Encore cette semaine, les Grecs ont d’ailleurs dénié l’évidence, en prétendant pouvoir se financersans difficulté sans recourir aux marchés….

La Grèce tenue à bout de bras par la BCE

Dans cette situation extrêmement alarmante, seule la BCE évite le pire. Ses concours aux Grecs ont augmenté de 47% en janvier.

Les prêts de la BCE contre garantie ont atteint 82,24 milliards d’euros en janvier contre 56,04 milliards en décembre. Les retraits opérés aux guichets de banques grecques ont totalisé 12,2 milliards d’euros en janvier, précise la BCE.

L’anémie est terrible, et la Grèce peine à emprunter sur les marchés sans intervention extérieure. Elle a levé cette semaine un peu plus d’1 milliard d’euros, avec une montée de 22 points de base de son taux d’emprunt.

Si la Grèce a pu honorer un premier remboursement de 300 millions d’euros au FMI cette semaine, on peut se demander comment elle va réussir les autres remboursements de mars.

La Grèce demande officiellement une restructuration de sa dette

Ceux qui se souviennent qu’il y a quinze jours la Grèce signait un engagement à rembourser toutes ses dettes se seront bien amusés en découvrant que le ministre grec des Finances, Varoufakis, avait officiellement écrit à la Commission pour demander une « restructuration intelligente » de la dette grecque. Voilà une jolie façon de déchirer en place publique tous les accords pris depuis trois semaines.

« Une décote est un gros mot. Je l’ai appris. Tout comme nous ne voulons pas entendre parler du mot +troïka+, nos créanciers ne veulent pas entendre parler du mot décote. C’est quelque chose que je comprends », a déclaré M. Varoufakis au quotidien allemand des affaires Handelsblatt. « Il y a des solutions plus intelligentes », a ajouté le ministre grec. Notamment « nous pourrions reconvertir une partie des crédits que nous avons reçus du fonds de sauvetage européen FESF en obligations, dont le coupon et les remboursements seraient indexés sur l’évolution de notre Produit intérieur brut ».

Le débat est donc lancé, dans la plus grande confusion puisque, durant toute la semaine, laCommission a nié examiner un troisième plan d’aide à la Grèce. Il ne s’agit pourtant que de cela…

La BCE commence ses interventions massives le 9 mars

Pendant que la Grèce est à genoux et supplie les Européens d’intervenir, la BCE se perd dans des conjectures tout à fait stupéfiantes. Mario Draghi ne s’est pas contenté de rappeler (sans citer l’Allemagne, à l’origine de ce point précis) que la BCE n’avait pas le droit de racheter des obligations souveraines grecques (qui sont trop mal notées pour entrer dans son bilan), il a aussi assuré que tout allait désormais beaucoup mieux dans le meilleur des mondes en Europe.

« Dans un contexte d’amélioration du moral chez les milieux d’affaires et les consommateurs, la transmission de nos mesures sur l’économie réelle va se renforcer, contribuant à améliorer ultérieurement la prévision de croissance économique et à réduire les surcapacités dans l’économie », a déclaré le président de la BCE, hier, au sortir de la réunion du Conseil des gouverneurs tenue à Chypre.

Tout cela est tellement euphorique que la BCE lance d’ailleurs sa campagne de rachat de dettes souveraines ce 9 mars. Voilà une belle preuve d’optimisme, qui justifie pleinement que la BCE ait relevé ses prévisions de croissance de 0,5 point pour 2015 (de 1% à 1,5%).

Pendant ce temps, Mario Draghi exigeait un plan de réforme grec pour relancer les facilités accordées aux banques du pays.

La Grèce aux abois, la Commission à l’oeuvre pour sauver l’euro

L’optimisme de la BCE a tout de la méthode Coué destinée à rétablir coûte-que-coûte la confiance sur les marchés, car, quand on y regarde de près, le pire n’est pas loin d’arriver pour l’euro.

Comme la BCE a bloqué l’accès aux facilités bancaires, il n’est pas impossible que le pays soit en situation de faillite avant la fin du mois de mars. Certains se réjouiront que cette perspective certaine se réalise enfin: la faillite grecque clôturerait l’interminable agonie de la zone euro, qui dure et qui dure au prix d’une stagnation de l’économie.

En attendant, chacun y met du sien, en Europe, pour pourrir la situation, à commencer par Tsipras qui refuse de discuter avec les experts présents en Grèce.

Ces jours derniers, le débat s’est envenimé après que le gouvernement grec a refusé la venue d’experts européens à Athènes la semaine dernière, alors que ces derniers souhaitaient se faire une idée précise de la situation financière du pays. Le gouvernement grec craignait que cette visite ressemble aux examens honnis de la troïka.« Mais même s’ils sont dotés de doctorat d’économie, les ministres des Finances ne peuvent juger d’un programme financier sans l’examen préalable des experts, et ces derniers, qu’ils soient membres de la troïka ou des “institutions” comme il faut dire maintenant, ont besoin de travailler avec les fonctionnaires du Trésor grec », explique un familier des négociations. Après avoir admis dans une interview accordée à l’hebdomadaire allemand « Der Spiegel » que la BCE tenait son pays « au bout d’une corde », Aléxis Tsípras a téléphoné samedi à Mario Draghi pour lui dire qu’il ouvrait ses comptes aux experts. Il a aussi demandé à son ministre des Finances, Yánis Varoufákis, de moins parler désormais pour davantage travailler.

On dirait que ça commencer à sentir le gaz, chez les Grecs.

Varoufakis annonce un referendum sur l’euro

Comme la situation n’était pas assez tendue, Varoufakis, qui passe de fait plus de temps devant les micros que dans son bureau à bosser ses dossiers (et c’est probablement l’une des premières raisons du dérapage en cours…), s’est engagé dans un processus extrêmement dangereux pour l’euro.

Dans un entretien publié dimanche par le journal italien Il Corriere della Sera, le ministre grec des Finances a évoqué la possibilité de nouvelles élections, voire même d’un référendum, si les ministres de la zone euro ne devaient pas accepter les sept grandes réformes proposées par la Grèce pour obtenir une prochaine tranche de l’aide dont elle a cruellement besoin.

Voilà qui s’appelle négocier en posant un revolver sur la tempe de son partenaire.

La Commission panique et cède

Les Grecs ont manifestement su trouver les mots justes pour convaincre les Européens de négocier ce qu’ils refusaient jusqu’ici. Face à la menace « atomique » des Grecs (annoncée sur ce blog la semaine dernière, de mise devant le fait accompli d’une faillite), la Commission a dévoilé sa position fondamentale:

Dans une interview au Welt am Sonntag, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, déclare que la Grèce ne quittera jamais la zone euro car cela causerait des « dégâts irréparables » à l’UE.

« La Commission européenne est d’avis qu’il n’y aura jamais de ‘Grexit’ », dit Juncker. « Personne dans une position de responsabilité en Europe ne travaille sur une sortie de la Grèce de l’union monétaire. Ce pays est et restera membre de l’union monétaire. » 

Le même Juncker déclarait pourtant, quelques jours auparavant:

Tsipras, du parti de la gauche radicale Syriza, «a fait un pas fondamental: il a commencé à assumer ses responsabilités. Mais il a un problème: il doit encore expliquer que certaines des promesses avec lesquelles il a remporté les élections ne seront pas tenues»

Superbe retourné de veste en quelques jours! puisque la Commission, face à la menace de Grexit, reviendra sur toutes ses exigences exprimées depuis quelques semaines.

L’Allemagne craint une contagion à la France

Alors que la Commission s’apprête à bafouer tous les principes arrêtés depuis plusieurs mois dans le seul but de prolonger de quelques mois la survie de l’euro, Angela Merkel est aux petits soins pour son page François Hollande. Elle a même osé soutenir qu’il faisait du bon travail.

« Je retiens de mes discussions qu’il y a un processus de réformes très intensif en cours, et « je travaille en étroite collaboration avec le président (François) Hollande », a poursuivi la chancelière. « Nous allons tout faire pour accompagner cet effort de réformes », a-t-elle promis.

N’est-ce pas touchant?

Il faut dire que la victoire annoncée du Front National aux cantonales, probablement avec un grand raz-de-marée, n’est guère enchantant pour l’Allemagne: après le Grexit, le Frexit? En tout cas, faire fonctionner le couple franco-allemand avec un débat public organisé autour d’un parti anti-euro, ça va vraiment devenir compliqué.

http://www.eric-verhaeghe.fr/les-europeens-des-bourrins-menes-par-des-autruches/

http://www.eric-verhaeghe.fr/grece-la-chute-finale-a-t-elle-commence/

L’Islande, sortie de la crise, dit « non, merci » à l’Union européenne

union europeenne non« L’Islande annonce avoir retiré sa candidature à l’Union européenne, deux ans après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement eurosceptique de centre droit. Elle table sur une croissance forte de 4,2% en 2015.  L’Europe s’est arrêtée à Reykjavik. L’Islande a annoncé ce jeudi avoir retiré sa candidature à l’Union européenne, deux ans après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement eurosceptique de centre droit qui promettait de mettre un terme au processus lancé en 2009. Le ministre des Affaires étrangères, Gunnar Bragi Sveinsson, indique dans un communiqué avoir fait part de cette décision à la Lettonie, qui préside l’UE. 

« Mieux en dehors de l’Union européenne »

« Les intérêts de l’Islande sont mieux servis en dehors de l’Union européenne », écrit le ministère sur son site internet. Dès son accession au pouvoir en avril 2013, alors que les stigmates de la crise sont encore sensibles, le parti de centre droit avait mis un terme aux discussions initiées par son prédécesseur de gauche. La candidature de l’Islande avait été déposée après une grave crise financière avait ébranlé la confiance des citoyens dans leurs institutions, et suscité l’envie de rejoindre la zone euro, au vu de la chute de la valeur de la couronne. 

La situation économique est favorable au gouvernement dirigé par Sigmundur David Gunnlaugsson, du Parti du progrès. L’activité économique de l’Islande a dépassé en 2014 son niveau d’avant la crise financière de 2008, a indiqué l’institut statistique national. À prix constants, le produit intérieur brut a battu l’an dernier, grâce à une croissance de 1,9%, son record qui datait de 2008. Alors qu’en zone euro, la croissance n’a été que de 0,9%. 

« Manque de boulots qui paient bien »

Le secteur financier a été restructuré et l’économie est repartie sur d’autres bases, avec le tourisme et la pêche comme piliers. Le pays garde tout de même des marques de cette crise, avec, entre autres, le contrôle de capitaux qui doit l’empêcher de se vider de ses devises, et des ménages qui restent endettés.  « On ne peut pas dire que l’économie se soit complètement remise. Avec la croissance de la population le PIB par tête reste plus bas qu’en 2008, et même si nous ne manquons pas d’emplois nous manquons de boulots qui paient bien, surtout pour les jeunes diplômés », a affirmé à l’AFP Asgeir Jonsson, professeur d’économie à l’université d’Islande.  Si en 2014 la croissance économique a diminué, après 3,6% en 2013, la banque centrale table sur une reprise forte en 2015, avec 4,2%. Selon elle, le pouvoir d’achat des ménages devrait être aidé par une inflation faible et le maintien de hausses de salaires importantes. 

Divergence sur les quotas de pêche

Tous les liens ne sont pas rompus avec l’Europe, loin de là. L’Islande a dit vouloir maintenir « des relations et une coopération étroites » avec l’Union, avec laquelle le pays est lié via l’Association européenne de libre échange (AELE) et la convention de Schengen, qui permet la libre circulation des personnes.  Mais une question reste en suspens : comment combler le fossé entre Bruxelles et Reykjavik sur les quotas de pêche, pilier de l’économie islandaise. Ce sujet épineux n’a jamais été abordé lors des négociations entre juin 2011 et janvier 2013″. 

L’Express, le 12 mars 2015

https://olivierdemeulenaere.wordpress.com/2015/03/13/lislande-sortie-de-la-crise-dit-non-merci-a-lunion-europeenne/

L’Autriche menacée du défaut d’un de ses Länder

13MARs Blog de la Résistance 

Hypo Alpe Adria est un tonneau des Danaides pour le contribuable autrichien.tanks
Hypo Alpe Adria est un tonneau des Danaides pour le contribuable autrichien. (Crédits : Reuters)
Le 1er mars, l’Autriche a refusé de renflouer une banque nationalisée. La Carinthie, un des Länder du pays, pourrait faire défaut, tandis que l’affaire met en lumière les faiblesses du pays.

L’économie réserve parfois bien des surprises. Alors que les journaux allemands n’ont pas de mots assez forts pour le gouvernement grec et sa volonté de restructurer sa dette, l’Autriche a, début mars, suspendu les paiements d’une banque nationalisée.

Désormais, un des Länders autrichiens, la Carinthie, pourrait purement et simplement faire défaut. En tout cas, mardi 10 mars, le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, n’a pas caché son inquiétude quant aux conséquences de cette tourmente sur le budget autrichien. Conformément à la doctrine en vigueur en Europe, il a demandé à ce que Vienne prenne des « mesures significatives » pour contrer les « risques d’écarts significatifs par rapport à la voie de l’ajustement budgétaire. » Bref, Bruxelles appelle à la rigueur pour régler une crise bancaire. Décidément, l’Autriche est en danger.

La folie des grandeurs de la Carinthie de Jörg Haider

Que s’est-il passé ? L’origine de cette crise remonte au début des années 2000. Le Land de Carinthie, au sud du pays, non loin de la frontière slovène, tombe entre les mains du leader de la droite populiste Jörg Haider. Ce dernier veut faire de ce Land de 550.000 habitants une vitrine du succès de son parti, le FPÖ, et une plate-forme pour son destin national. Il utilise comme véhicule financier de ses ambitions une petite banque locale, la Hypo Alpe Adria (HAA). La Carinthie garantit massivement les activités de cette banque qui va rapidement croître à coup d’acquisitions dans les Balkans.

La chute de Hypo Alpe Adria

Mais le destin de cette banque va se confondre avec celui de Jörg Haider. LeLandeshauptmann (gouverneur) de la Carinthie ne peut réaliser son rêve national et se tue dans un accident d’automobile en 2008 non loin de Klagenfurt, la capitale de la Carinthie. Au même moment, HAA, vendue en 2007 à la banque publique bavaroise BayernLB, connaît ses premières difficultés dans le sillage de la crise financière. L’effondrement du secteur bancaire balkanique, puis de l’économie du sud-est européen qui ne s’est jamais vraiment remise de la crise de 2008-2009, mène Hypo Alpe Adria au bord du chaos. La Carinthie, déjà, ne peut faire face à ses engagements, l’Etat fédéral autrichien nationalise la banque, comme cela se faisait alors si souvent en Europe.

Mauvaise stratégie

C’est ici la seconde erreur de la gestion de cette banque qui, rappelons-le, à la différence de Lehman Brothers aux Etats-Unis ou de Hypo Real Estate en Allemagne, n’était guère « systémique » : son total de bilan en 2009 ne dépassait pas 31 milliards d’euros. Mais, à la différence de nombreux autres pays européens, Vienne n’a pas restructuré et démantelé Hypo Alpe Adria d’emblée. Du coup, les pertes se sont cumulées et aggravées, car non seulement la banque n’était plus solvable, mais les pertes liées aux créances douteuses n’ont cessé de croître.

La création contestée de la Bad Bank

Ce n’est que fin 2013 que le gouvernement du chancelier Werner Faymann décide d’en finir avec HAA pour arrêter les frais. Les actifs de la banque sont transférés dans une « structure de défaisance », une « bad bank », baptisé Heta Asset Résolution. Le rôle de cette structure est d’assumer, avec l’appui public, les pertes sur le bilan de HAA. Vienne impose déjà une restructuration des engagements de Hypo Alpe Adria : les créanciers « juniors », non prioritaires, de la banque ont dû accepter de lourdes pertes, y compris ceux qui pouvaient se prévaloir d’une garantie du Land de Carinthie. La méthode est cavalière, elle n’est d’ailleurs pas sans conséquences. Plusieurs créanciers entament des procédures en justice et les agences de notation dégradent les Länder autrichiens en interprétant cette décision comme un affaiblissement de la garantie implicite de l’Etat fédéral vers les Länder.

L’alourdissement de la facture

A ce prix, néanmoins, la facture de la Bad Bank pour le contribuable autrichien est ramenée à 5,5 milliards d’euros. Une somme supportable pour un pays comme l’Autriche, mais qui n’est cependant pas anodine : elle représente 1,7 % du PIB du pays. Sauf que cette estimation était optimiste. Les calculs conduits fin février montre un trou dans les comptes de Heta de pas moins de 7,6 milliards d’euros. La fin du taux plancher du franc suisse le 15 janvier a pesé, mais, de façon générale, la piètre qualité des investissements de l’ex-HAA est en cause. En 2013, le total de bilan de la banque était de 18 milliards d’euros…

L’Autriche refuse de payer

Mais, cette fois, le ministre fédéral des Finances, Jörg Schelling, annonce que l’Etat fédéral refuse de renflouer Heta. Pas question de payer un centime de plus. Et surtout pas ces 7,6 milliards d’euros qui représentent 2,3 % du PIB. Le 1er mars, la « bad bank » est donc virtuellement en faillite. L’autorité de surveillance des marchés, la FMA (équivalent autrichien de l’AMF) prend alors le contrôle de Heta et décide de suspendre temporairement le remboursement des intérêts et du capital de près de 11 milliards d’euros de dettes jusqu’en mars 2016, « le temps de trouver une solution avec les créanciers. »

Ce moratoire n’est pas une décision anodine. Heta étant une banque nationalisée, l’Autriche a donc refusé de payer une partie de ses engagements. Ainsi, Heta devait rembourser 450 millions d’euros à ses créanciers le 6 mars et ne l’a pas fait. C’est une forme de défaut à peine déguisé. Imagine-t-on ce que l’on aurait entendu si la Grèce n’avait pas, le 6 mars, remboursé les 315 milliards d’euros dus au FMI ?

La Carinthie menacée de défaut

Que va-t-il se passer à présent ? Ce moratoire va sans doute être contesté devant la justice par une partie des créanciers. En attendant, la FMA va sans doute tenter de restructurer cette dette, sans doute espère-t-elle aussi que, la reprise économique aidant, la facture sera, dans un an, moins salée. Mais elle restera lourde. Or, cette dette est garantie à hauteur de 10,2 milliards d’euros par le Land de Carinthie. Si l’Etat fédéral continue de refuser de renflouer Heta, ce sera donc à Klagenfurt de payer.

Mais la Carinthie dispose d’un budget annuel de 2,2 milliards d’euros. Autrement dit, elle ne peut faire face à de tels engagements. En cas d’activation des garanties, le Land sera de facto en faillite.

Déjà, ce week-end, l’agence Moody’s a promptement abaissé la notation de la Carinthie de quatre rangs, la portant juste au-dessus de la catégorie « junk bond » (« investissement pourri »). L’agence ne maintient le Land qu’en catégorie « investissement » qu’en comptant sur le soutien de l’Etat fédéral. Mais celui-ci, on l’a vu, est branlant.

Certes, en 2014, le chancelier Werner Faymann avait assuré qu’il était « hors de question de laisser un Land faire faillite », mais, on est en droit de se demander pourquoi Vienne accepterait de payer pour renflouer la Carinthie afin que celle-ci puisse rembourser les créanciers que l’Etat fédéral a, précisément le 1er mars, refusé de rembourser. En tout cas, cette dégradation risque de rendre le financement du Land très difficile et de le précipiter plus rapidement que prévu dans la faillite. Le gouvernement régional a appelé à l’aide l’Etat fédéral pour faire face à ses dépenses urgentes, notamment en termes de santé. En attendant, nul ne sait quelles pourraient être les conséquences d’une cessation de paiement d’un Land autrichien…

Un secteur bancaire démesuré

Cette affaire, qui empoisonne la vie politique et financière de l’Autriche depuis des années, est plus importante qu’elle en a l’air. La petite république alpine dispose d’un secteur bancaire démesuré et très exposé à l’Europe de l’est. Les grandes banques autrichiennes (Volksbanken, Raiffeisen et Erste Bank, sans compter Credit Austria, filiale de l’italien Unicredit) sont très exposées à l’Ukraine et à la Russie, ainsi qu’aux Balkans. Des régions où l’activité économique est au mieux stagnante, au pire déclinante. La plus fragile, Raiffeisen, est exposée à hauteur de 15 milliards d’euros à la Russie et de 3 milliards d’euros à l’Ukraine. En tout, le taux de créances douteuses sur la zone s’élève à près de 15 % pour les banques autrichiennes.

A cela s’ajoute une forte exposition aux prêts en francs suisses que la fin du taux plancher rendent très dangereux. Selon l’évaluation de la Commission, le montant de ces prêts en Autriche s’élève à 40 milliards d’euros et ce modèle, on le sait, a été largement exporté par les banques autrichiennes dans leurs filiales est-européennes. L’attitude de la Hongrie face à ces prêts laisse notamment présager des pertes pour les banques autrichiennes.

Une économie fragilisée

Cette situation fragilise naturellement l’Etat fédéral autrichien et le mécanisme de résolution de l’union bancaire ne serait qu’une faible protection pour un Etat aussi exposé à ce secteur (l’ensemble des actifs bancaires représentent 280 % du PIB autrichien). A cela s’ajoute un manque de dynamisme de l’économie. L’économie a stagné en 2014 et la croissance n’a pas dépassé 0,1 % au dernier trimestre de l’an dernier. Le temps où le pays « surperformait » la zone euro, tiré par la croissance de l’Europe centrale et par les fournitures à l’Allemagne, semble dépassé.

L’Autriche est aussi une victime de la course effrénée de l’Allemagne à la compétitivité. Entre 2010 et 2014, l’écart moyen annuel entre la productivité et le coût du travail y a été de 2,1 % contre 1,65 % en Allemagne. La compétitivité autrichienne s’est donc dégradée face à l’Allemagne mais aussi face à des pays comme le Danemark ou les Pays-Bas, concurrents de l’Autriche pour fournir des biens et services à l’Allemagne. Parallèlement, l’effet d’entraînement de la croissance en Europe centrale s’effaçait.

Sur le plan de la dette, malgré un faible déficit de 1,7 % du PIB, la dette autrichienne, alourdie par le poids des différents sauvetages bancaires et par la faible croissance, devrait atteindre 89 % du PIB, alors que l’Allemagne devrait faire passer ce ratio sous les 80 %.

Certes, le taux du chômage reste sous la barre des 5 %, mais il n’est plus le plus bas de la zone euro, le pays s’est fait doublé par l’Allemagne. Récemment, le quotidien viennois Der Standard s’interrogeait : « Pourquoi sommes-nous de plus en plus dépassés par l’Allemagne ? »

La protection de la BCE

Dans ce contexte, Vienne prendrait, dans des temps normaux, beaucoup de risques en jouant avec le défaut de Heta. Mais le moment est favorable. Le lancement du programme de rachats de titres du service public (PSPP ou QE) de la BCE fonctionne comme un matelas de sécurité pour l’Autriche. Là encore, le contraste avec une Grèce aux abois, incapable de profiter de ce programme de la BCE et d’avoir accès au marché, devant lutter avec une dette immense et en partie rapidement exigible et une Autriche qui peut organiser, à l’ombre du PSPP de la BCE, un défaut discret, est frappant. Il en dit long sur l’état de l’Europe.

https://resistanceauthentique.wordpress.com/2015/03/13/lautriche-menacee-du-defaut-dun-de-ses-lander/

Le sauvetage de Dexia et d’Ethias coûte 22 millions par an à la Wallonie

BELGA Publié le mercredi 11 mars 2015 

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Dans le cadre du plan de sauvetage de Dexia et d’Ethias pendant la crise bancaire de 2008, la Région a été appelée à lever plusieurs emprunts pour un montant de 750 millions d’euros.

Depuis 2009, la Wallonie paie ainsi annuellement entre 22 et 24 millions d’euros pour honorer les charges d’intérêt liées à ces différents emprunts.

Le prochain pays victime de la guerre des monnaies Par  ANDREAS HÖFERT

MARDI, 10.03.2015

Le Danemark pourrait être le prochain concerné par un retrait de sa banque centrale dans la lutte des devises.

Le 15 janvier, la Banque nationale suisse (BNS) a abandonné son taux de change plancher face à l’euro, «pierre angulaire de la politique monétaire suisse». Depuis ce choc, il ne se passe pas un jour sans que des clients ne me demandent quel pays pourrait être la prochaine victime de la guerre monétaire. Autrement dit, quelle Banque centrale pourrait être obligée de jeter l’éponge, incapable de résister aux forces des marchés.

Beaucoup évoquent à présent la couronne danoise (DKK). En effet, il existe bien des similitudes entre le Danemark et la Suisse, en plus d’avoir un drapeau rouge barré d’une croix blanche. Tous deux sont de petits pays européens dont la zone euro est le principal partenaire commercial. C’est pourquoi l’euro est leur monnaie de référence.

Toutefois, il existe aussi des différences majeures. La Suisse avait il y a peu de temps encore un taux de change plancher de 1,20 CHF pour 1 EUR tandis que le Danemark a un taux de change fixe à 7,46 DKK pour 1 EUR.

Alors que la BNS se limitait à empêcher l’appréciation du franc suisse, la Banque nationale du Danemark (DNB) intervient dans les deux sens, pour empêcher sa monnaie soit de s’apprécier, soit de se déprécier excessivement.

En outre, la couronne danoise fait partie du mécanisme de change européen II (MCE II). De ce fait, elle est autorisée à fluctuer dans une bande de +/- 2,5% autour du point d’ancrage, autrement dit, entre 7,29 et 7,63. Dans la pratique, la DNB l’a maintenue dans une fourchette nettement plus étroite, entre 7,42 et 7,47.

De plus, la décision de la BNS d’instaurer le plancher de 1,20 pour l’EURCHF a été prise unilatéralement. Par conséquent, c’est à elle seule qu’il revenait de le défendre. En tant que membre à part entière de l’UE et en raison du MCE II, le Danemark bénéficiera probablement de l’aide de la Banque centrale européenne (BCE) si la pression devient insoutenable, ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle.

En outre, l’arrimage de la DKK est bien établi. En effet, il existe depuis plus de trente ans, d’abord par rapport à l’ancien mark allemand, puis par rapport à l’euro.

Malgré le scepticisme croissant face à l’euro et à la zone euro, la population danoise soutient toujours sans réserve l’arrimage de la couronne. Cette situation tranche avec celle observée en Suisse, où le taux de change plancher suscitait de plus en plus de réserves dans l’opinion publique avant que la BNS ne décide de l’abandonner.

De nombreux experts, moi y compris, supposent que c’est l’ampleur de ses réserves de change (plus de 80% du PIB suisse) qui avait fini par donner le vertige à la BNS. Les réserves de la DNB ne représentent que 30% du PIB danois. Si tant est que la BNS soit devenue une sorte d’étalon en la matière, la DNB a encore une bonne marge de manœuvre.

Enfin, la DNB a récemment déclaré qu’elle se donnait les moyens de défendre l’arrimage «jusqu’à la dernière goutte de sang». La BNS n’oserait jamais faire un tel communiqué empreint de culture viking, même si la Suisse en son temps, aux XIVe et XVe siècles, avait les soldats les plus féroces d’Europe. Si la question «à qui le tour?» tombe effectivement sous le sens après la décision de la BNS, je doute que la réponse se trouve uniquement du côté des arrimages de change et des régimes monétaires, qui peuvent ou non être attaqués. Officiellement, la BNS a instauré le taux de change plancher en 2011 afin d’éviter un choc violent pour les exportateurs suisses. Or, si l’on se fie au communiqué diffusé par la BNS le jour où elle l’a aboli, ces derniers sont désormais mieux préparés et font face à un environnement plus favorable. Dès lors, le taux de change plancher n’était plus justifié.

On peut aussi faire abstraction, un instant, des aspects monétaires pour creuser la question plus en profondeur. En instaurant le plancher en 2011, la BNS a permis à la Suisse d’échapper à la déflation.

En effet, malgré la baisse des prix observée en Suisse après 2011 en raison de la vigueur persistante du franc, les salaires n’ont pas baissé. Si tel avait été le cas, cela aurait pu amorcer une spirale déflationniste. Avec l’abolition du taux de change plancher, la déflation redevient à présent un scénario plausible pour la Suisse.

Par conséquent, pour savoir «à qui le tour», je ne me pencherais pas uniquement sur les banques centrales qui participent explicitement  à la guerre des monnaies. J’envisagerais aussi celles qui, officiellement, essaient de combattre les pressions déflationnistes. Ai-je entendu quelqu’un mentionner la BCE?

ANDREAS HÖFERT Chef économiste  UBS Wealth Management/ AGEFI SUISSE

http://www.agefi.com/forum-page-2/detail/artikel/le-danemark-pourrait-etre-le-prochain-concerne-par-un-retrait-de-sa-banque-centrale-dans-la-lutte-des-devises-393681.html

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