Art de la guerre monétaire et économique

Politique Friction du Lundi 23 Mars 2015 : Le vote Front National, un vote utile Par Bruno Bertez

Politique Friction du Lundi 23 Mars 2015 : Le vote Front National, un vote utile Par Bruno Bertez

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Nous aurions même tendance à dire que c’est le seul vote utile. Il a été très difficile dimanche soir de se faire une idée exacte des résultats du scrutin départemental français. Ces résultats ont été présentés de telle façon qu’ils étaient ininterprétables. Passons sur la présentation de Valls, dont on savait dès le départ qu’elle allait être biaisée, passons sur la présentation de Sarkozy, triturée elle aussi de telle manière qu’elle l’avantage, mais relevons la présentation des chaînes de télé sensées être objectives sinon indépendantes.  Nous sommes restés toute la soirée devant le poste et nous n’avons jamais réussi à connaître le score individuel de chaque parti dans son identité. Impossible de connaître le score de l’UMP seul, le score de l’UDI seul. Quant au score de Bayrou et de son MODEM, nous le cherchons encore, mais il est vrai que compte-tenu de son caractère infinitésimal, même Bayrou lui-même doit être à sa recherche.  A gauche, les choses étaient tout aussi ambiguës. Au véritable score du PS qui se situe autour de 21%, on agrégeait,  selon les cas, des divers Gauche, des écolos, bref tout ce que l’on pouvait récupérer.

Il est évident qu’il y avait convergence objective entre la Droite et la Gauche, dites républicaines, pour proposer aux Français une présentation qui fasse ressortir un échec relatif du Front National. Il fallait qu’il ne soit pas le premier parti de France, malgré ses 26% obtenus sous sa seule bannière. Pour ce faire donc, on a flanqué l’UMP de l’UDI, très contente de ne pas paraître seule avec un score aussi dérisoire et le MODEM  dont on connaît la sévérité récurrente à l’égard de l’UMP et de son leader. Bref, on a mélangé les choux et les carottes, ou plus exactement les navets, afin d’influencer les perceptions. De fait, dans un premier temps, les lepénistes sont tombés dans le piège. Ils ont cru eux-mêmes qu’ils avaient réussi une performance décevante.  Il suffisait de regarder les visages des militants et surtout d’écouter soigneusement Marine pour voir que, derrière son sourire pincé, il y avait du dépit. La réalité est que, sur la base des sondages à peu près indépendants, sur la base des marges d’erreur afférentes à ce genre d’exercice, le Front National est à peu près au niveau où on l’attendait. Il ne faut pas oublier que les scores du Front National dans les sondages sont toujours corrigés en vertu de clés mathématiques historiques, ce qui donne une certaine marge de latitude…

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Les sondeurs et l’establishment avaient tout intérêt à gonfler un peu les prévisions concernant le Front National et aller chercher plutôt du côté des fourchettes hautes que vers le milieu des mêmes fourchettes. N’oubliez pas que, aussi bien Sarkozy que Valls s’étaient engagés personnellement à peser sur le score du Front National. Il est évident que peser  sur le score du front National, c’est essayer de faire en sorte qu’il réalise moins que ce que les sondages prédisaient, d’où la nécessité à chaque fois, dans les sondages, de pointer vers le haut, et dans les résultats, à l’inverse, de pointer vers le bas. La mission n’était guère brillante mais elle a été partiellement réussie en termes de propagande, sinon en termes psychologiques, le moral des dirigeants du FN et des militants proches en a, comme nous l’avons dit, pris un coup en début de soirée. Cela est d’autant plus net que le Front National manque de grands débateurs et a une présence quelquefois falote, sinon ridicule, dans les émissions télévisuelles.

Nous voulons faire justice des affirmations de Sarkozy. Dans son intervention, il s’est glorifié du score de 36% de l’UMP et de ses alliés agrégés à ses rivaux, ceci est de bonne guerre, mais il est allé plus loin. Il est allé jusqu’à proposer une analyse du scrutin et à poser quelques petits cailloux blancs sur le chemin du second tour. S’agissant de l’analyse du scrutin, il a souligné fort justement, et il a été l’un des rares, que le Front National avait commis une erreur tactique en soutenant Tsipras et Syriza. Il a eu beau jeu de montrer que le parti de la droite nationale s’était solidarisé d’un parti d’extrême gauche, ce qui faisait ressortir une contraction majeure ; il a eu beau jeu de rappeler la situation lamentable de Tsipras, lequel, après avoir promis monts et merveilles au peuple grec, est en train de se renier et de mendier quelques milliards pour rembourser le FMI. L’exemple de Syriza est répulsif et Sarkozy a eu raison de l’agiter devant les électeurs du Front National. Cela donne effectivement à réfléchir. Si voter pour un parti extrême n’apporte que de l’humiliation, comme c’est le cas actuellement en Grèce, alors peut-être qu’il vaut mieux voter utile et voter Sarkozy, n’est-ce pas ?

Et c’est là où, évidemment, il faut aller un peu plus loin. C’est la raison pour laquelle nous soutenons que le vote Front National, pour ceux qui sont contre l’austérité, pour ceux qui sont pour la dignité, pour ceux qui sont pour que la France retrouve une liberté de manœuvre et se préoccupe de la situation de ses citoyens, il n’y a qu’une solution : le vote Front National.

Nous avons développé en son temps, c’est-à-dire après les élections européennes, la stratégie que nous pressentions devoir être mise en place par les élites européennes et l’UMPS. C’est exactement cette stratégie qui a été appliquée. Les eurocrates et l’UMPS, l’Allemagne et les pays du Nord, ont tremblé devant le score des partis anti-européens aux élections européennes.  En conséquence, sans le dire, et même en disant le contraire, ils ont accepté que l’on mette fin à l’austérité et que l’on retarde les échéances de rééquilibrage des pays du Sud et de la France. Ce n’est pas un hasard si l’on a donné de l’air à l’Espagne. Ce n’est pas un hasard si l’on a autorisé la poursuite de la dérive italienne pourtant catastrophique. Ce n’est pas un hasard si encore, et précisément il y a quelques jours, on a accepté que la France repousse de deux ans ses objectifs de rééquilibrage budgétaire des  3% fatidiques. S’il n’y avait pas eu d’élections un peu partout en Europe en 2015, s’il n’y avait pas eu la menace des partis extrémistes anti-européens, croyez bien que jamais la Commission, jamais les pays du Nord, et jamais les eurocrates et europhiles n’auraient accepté que l’on ralentisse le rythme du redressement budgétaire.

Les résultats n’ont pas tardé à se faire sentir puisque, comme vous avez pu le lire à la Une des journaux depuis quelques semaines, les indicateurs économiques se redressent. L’austérité étant interrompue, il est facile en effet d’obtenir, d’abord une amélioration du sentiment des agents économiques, une amélioration du climat des affaires et, bien entendu, un petit regain dans les enquêtes de conjoncture. C’est ce qui était prévisible, c’est ce que nous avions prévu, et c’est ce qui se produit actuellement.

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Si vous avez suivi notre raisonnement, vous admettez alors que c’est grâce au vote anti-européen de mai dernier que les autorités européennes ont mis de l’eau dans leur vin et ont accepté de desserrer le carcan qu’elles avaient placé autour des peuples du Sud et de la France.

C’est une véritable comédie qui s’est jouée entretemps. La pièce s’articulait autour des Actes suivants :

– Acte I : on dit que rien ne change et que l’on maintient le cap.

– Acte II : on laisse les différents pays réorienter leur politique économique dans un sens légèrement plus stimulant.

– Acte III : on fait semblant de protester, mais on ne prend aucune sanction.

– Acte IV : on finit par consentir en disant qu’en échange des délais accordés, il faudra faire des réformes à moyen terme, c’est-à-dire dans deux ou trois ans.

Si vous analysez le scénario de la pièce qui nous a été jouée, vous voyez qu’il correspond en résumé à ceci : les mesures de rééquilibrage sont abandonnées, une politique plus favorable à la croissance est tolérée. En échange, les gouvernements concernés réfléchissent à diverses réformes qui ne paraissent pas vraiment liées aux exigences européennes, voire même à des réformes de simple bon sens qu’il aurait fallu pratiquer dans  tous les cas.

Si vous ajoutez à cela, une petite pincée de Draghi qui, comme par hasard, décide de se lancer dans le fameux Quantitative Easing tant réclamé par les marchés, vous avez un dispositif quasi complet. On arrête l’austérité fiscale, on redouble de laxisme monétaire. Le tour est joué, on a réussi à créer une ambiance différente pour aborder ces menaçantes échéances électorales de 2015.

A qui doit-on l’amélioration des économies européennes, à qui doit-on le desserrement de l’étau de la rigueur ? A tous ceux qui ont voté Podemos, Front National, Syriza, et autres. Ces partis n’ont nulle vocation et nulle capacité à gérer, mais ils ont pour fonction, dans le Système, d’incarner la résistance. C’est ce que les élites européennes ont parfaitement compris car ils savent que cette résistance, si elle est mal gérée, peut déboucher sur la révolte.

Il est évident que la presse n’a aucun intérêt et aucune envie de faire son travail et d’expliquer tout cela. D’ailleurs, si on en juge par l’attitude de certains commentateurs, on ne peut même pas dire qu’ils sont aux ordres, ils les devancent. Jamais les médias français n’auront mieux que dimanche soir 22 mars, mieux mérité leur qualificatif de passe-plats.

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Facultatif :

NOTE : Voici les résultats tels qu’ils sont publiés par le Ministère de l’Intérieur sur le site officiel.

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Tous les gouvernements offrent une présentation tronquée des résultats des élections, afin, soit de gonfler leurs propres chiffres, soit de minorer ceux des autres. Dimanche soir, cette pratique a été portée à son comble, car il s’agissait, par une sorte de commun accord entre la droite et la gauche de faire croire à un résultat décevant pour le Front National.

Hélas, on ne peut tricher avec les étiquettes officielles. Si les étiquettes politiques existent, si les partis politiques ont un nom et une identité, alors il convient de les utiliser pour présenter les résultats. Bien entendu, lorsqu’il y’a fusion préalable, il est évident que les résultats de deux formations peuvent être agrégés. Cependant, il n’y a nul lieu de faire disparaître l’une des composantes si chaque formation a une identité, une organisation et un programme, il est évident que ceci correspond à quelque chose, à savoir que cette formation existe et est différente de celles qui lui sont voisines. Sinon, pourquoi se fatiguer à rendre plus complexes les choses.  

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Le Front National est bien le 1er parti de France et de loin.

Binôme du Parti Socialiste : 2.703.751 voix 6,36% des inscrits 13,34% des exprimés.

Binôme Union de la Gauche : 1.661.516 voix, 3,91% des inscrits, 8,2% des exprimés.

Binôme du Parti Radical de Gauche : 63.372 voix, 0,15% des inscrits ; 0,31% des exprimés.

Binôme Divers Gauche : 1.380.175 voix, 3,25% des inscrits, 6,81% des exprimés. 

Binôme d’Europe Ecologie les Verts : 411.031 voix, 0,97% des inscrits, 2,03% des exprimés. 

Binôme du MODEM : 72.410 voix, 0,17% des inscrits, 0,36% des exprimés. 

Binôme Union du Centre : 58.985 voix, 0,14% des inscrits, 0,29% des exprimés. 

Binôme UMP : 1.320.854 voix, 3,11% des inscrits, 6,51% des exprimés.

Binôme Union de la Droite : 4.246.149 voix, 9,99% des inscrits, 20,94% des exprimés.

Binôme UDI : 262.904 voix, 0,62% des inscrits, 1,3% des exprimés. 

Binôme Debout la France : 81.705 voix, 0,19% des inscrits, 0,40% des exprimés.

Binôme Extrême-Droite : 13.382 voix, 0,03% des inscrits, 0,07% des exprimés. 

Enfin, voici le Front National tout seul :

5.108.066 voix, 12,02% des inscrits, 25,19% des exprimés. 

Voici donc les chiffres non-agrégés, ce sont les seuls à prendre en considération pour savoir qui est le premier parti de France.

Passons maintenant à la légitimité.

Nous soutenons que cette légitimité est réduite à sa plus simple expression. En effet, sur 42.489.590 électeurs,  il y a eu 21.318.283 votants, soit 50,17%. Symétriquement, il y a 21.171.307 abstentions, soit 49,83% des inscrits. Mais attention, parmi ceux qui sont comptés comme votants, il y a eu 688.746 votes blancs et 346.212 votes nuls. Il est évident que seuls 20.274.325 suffrages correspondent à des suffrages exprimés. Ceci représente 47,72% des inscrits. C’est le chiffre significatif pour juger de la légitimité du scrutin.

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BRUNO BERTEZ Le Lundi 23 Mars 2015 

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42 réponses »

  1. Rarement vu un tel bal de menteurs que dimanche soir. Entre Valls satisfait et Sarkozy qui se glorifie d’avoir gagné alors que c’est la stratégie de Juppé qui a gagné (alliance avec le centre)… Mais il faut reconaitre qu’en France on est très fort dans le domaine puisqu’on avait aussi voulu nous faire croire le samedi qu’en ayant pris 55 points en Angletterre, l’équipe de france de Rugby avait réalisé un match référence, plein de promesses pour l’avenir…

  2. Bonsoir,

    Analyse très complète qui synthétise bien les éléments de réflexion un peu plus poussés que j’ai vu passer dans la journée, H16 ayant dégainé le premier notant bien le double enfumage:

    1/ sur la prétendue résistance honorable du PS qui sans majorité pour réformer peine à recueillir 7% des inscrits
    2/ L’UMP qui repasserait devant le FN comme premier parti d’opposition. La gravité et la modestie de ses ténors ayant valeur de démenti..

    Maintenant j’aimerais savoir pourquoi dans une élection aussi débile et ubuesque (on votait pour des binômes homme/femme dont on ignore encore le champ de compétences!) avec des cantons redéfinis et un nombre final d’élus en augmentation (!!!) qu’est qui a fait monter la participation par rapport au dernières cantonales? Est-ce le fait d’agiter par un matraquage publicitaire odieux le retour des « heures les plus sombres de notre histoire » qui aurait remobilisé la gauche lui évitant la déroute méritée? Est-ce que la droite s’est mobilisée pour « sanctionner le gouvernement » ?

    Sur fRance info ce soir, un brillant politologue (donc je suppose diplômé d’au moins trois doctorat en socialisme et en collectivisme appliqué) expliquait que Sarkozy n’était en rien dans la remontée du score de la droite classique. Peut être bien mais le justifier en disant que c’est plus la ligne Juppé avec alliance avec les centristes est une plaisanterie qui m’a offert un fou rire dans ma voiture (avec une mauvaise plaque, j’emm** Hidago et les staliniens verts de Paris). Imaginons que l’affaire Bygmalion sorte une semaine plutôt et non le lendemain des européennes, l’UMP en aurait été où? Quant aux résultats en Gironde, l’influence de Juppé semble se limiter aux bobos intra-muros de Bordeaux… Le FN est très élevé dans son département et en tête dans plusieurs canton où le FN n’avait jamais existé.

    Quand vous dites, FN vote utile mais n’ayant pas vocation (ni les moyens au fond) à gouverner, cette observation vient tardivement et ne nous projette pas. Nous remontons ça en fin d’année avec les régionales. Je ne comprends toujours pas le calcul politique de découpler les départementales des régionales. Une défaite cuisante en décembre 2015 rendrait de facto une dissolution de l’assemblée nationale totalement inutile à un an de la prochaine campagne présidentielle? Hollande peut réellement tenir jusqu’à 2017 et apparaître comme capable d’être réélu juste avec le QE et la baisse du prix du pétrole? Le FN n’aurait plus de capacité de nuisance jusqu’au premier tour de 2017.

    Je vois fort bien le parcours que vous rappelez pensé par les cerveaux en fusion à Bruxelles et à Berlin, c’est la suite jusqu’à 2017 que je vois mal car le chemin me semble encore long et potentiellement encore très périlleux.

    Cdlt

  3. Excellent!!!! Merci pour votre clairvoyance, au sens premier du terme; nous sommes bien dans un système globalisé et totalitaire, un des plus abominable qui soit…et tout cela sans faire couler le sang! Chapeau bas devant nos aliénateurs…..

  4. Vraiment pas d’accord avec cet article. Comment connaître le résultat de l’UMP seul puisque qu’il y avait surtout des listes d’union UMP UDI ? Union qui n’est pas nouvelle si on prend la peine de quitter les appareils parisiens des partis et d’aller voir ce qui se passe sur le terrain. Idée qui n’est pas de Juppé comme dit dans commentaire ci-dessus, mais bien des responsables politiques localement, et idée qui a porté ses fruits.
    Votre article qui se base uniquement sur le prisme people des journalistes parisiens et sur des tableaux de chiffres a l’air de méconnaître complètement les réalités locales.
    FN premier bloc politique de France, oui et non, et quand on gratte derrière une dizaine de cadres nationaux, il n’y a plus rien derrière. Le bloc FN a la chance de n’avoir jamais eu le pouvoir, c’est tout. Et le bloc FN a un programme nullissime.

    • Gardez vos leçons de terrain pour d’autres et prenez la peine de lire à défaut de comprendre…cela vous évitera de raconter nimporte quoi nimporte comment…et surtout de vous prendre pour ce que vous n’ètes pas…

      • Bonsoir,

        Je comprends la réaction épidermique de Nathalie : Oui le programme du FN est très lourdement incohérent : A chier c’est un jugement de valeur déplacé. Nathalie ne voit pas comment un parti « anti-système » peut être manipulé à bon escient par celui-ci : La démonstration de Bruno Bertez est pourtant claire, dans un commentaire précédent je relevais juste, je précise ma pensée maintenant, que s’il était impossible de savoir comment face à cela le FN réagirait, symétriquement, il serait impossible de prévoir le coup suivant du système. Et c’est plus ce dernier point qui m’intéresse.

        Je m’explique : Le FN est démagogique mais a dans son ADN une méfiance – légitime – vis à vis d’une organisation du monde de plus en plus oligarchique qui réduit la démocratie à une peau de chagrin. Le traité de Lisbonne qui pétait au nez des référendums perdus en France, au Pays-bas et en Irlande était fortement annonciateur. De plus, Sarkozy s’est montré incapable de baisser du moindre centime d’euro en volume la dépense publique alors qu’avec la démence de Tsipras nous ne reverrons pas nos chers 40/50 mds d’euros accordés gracieusement à la Grèce sans la moindre consultation démocratique : La survie de l’euro passe au dessus de la démocratie et même peut prendre une ampleur sur les finances publiques supérieures à toutes décision courageuse en matière de réduction structurelle de la dépense publique. Voilà qui mérite examen… Le FN a cru trop tôt que critiquer l’euro serait bankable électoralement. Seulement, on se rappellera qu’il était le premier parti à critiquer la monnaie unique lorsque la survie de celle-ci après que toutes les dernières cartouches suicidaires auront été tirées et qu’il menacera encore plus directement les démocraties européennes.

        A l’écoute de l’émission des experts de Nicolas Doze ce matin sur BFMB, il me vient un constat de plus en plus prégnant ces dernières semaines, jour après jour: je m’amuse que depuis l’annonce du QE de Draghi de vérifier qu’en dehors des entrepreneurs trop contents de commercer à l’étranger dans la même monnaie avec la simplicité que cela apporte, les financiers sont de plus en plus réservés voire critiques sur l’euro. Voir ce matin Alain Madelin et Jean Marc Daniel hostiles au QE et relever les péchés originels de l’euro me rappelle leurs échanges avec Charles Gave qui avait anticipé tout ceci il y a 4 ans et dont les conclusions de son livre de 2003 ne cessent de se vérifier progressivement…

        J’en viens à conclure qu’au sujet de la Nation comme socle de la démocratie et des choix en matière de système social face au fédéralisme béat qui flirte salement avec les oligarques mondialistes à la Attali : Les libéraux conservateurs auront toujours raison sur l’essentiel et parfois tort sur des broutilles sociétales, il se peut néanmoins qu’ils aient parfois raison seuls contre tous sur l’essentiel.

        Cordialement

    • L’article n’évoque que les conséquences techniquement favorables du vote FN, rien d’autre me semble-t-il!

    • @Nathalie MP

      je suis allé voir votre blog. Je vous en félicite, c’est un superbe travail. Mes félicitations ne sont pas de circonstances, elles sont sincères et j’affirme, justifiées. il y a des blogs qui donnent envie de connaitre l’auteur et de bavarder avec lui, le votre en fait partie.

      Puis je me permettre quelques conseils?

      Dans votre blog, vous soignez vos textes, ils sont cohérents, clairs et bien écrits. Dans la mesure ou vous voulez être lue et nous apporter quelque chose, faites la même chose ici , chez Lupus.

      J’ai lu votre texte sur le FN et il ne vous a pas échappé si vous me lisez régulièrement que nous avons la même position:

      -le FN est une petite boutique personnelle
      -les idées économiques du FN sont incohérentes, malgré l’effort qui a été fait ces dernier temps
      -le FN est dirigiste, dangereux au plan monétaire, pire que Melenchon et Chevènement
      -le FN n’a pas de courroie de transmission de sa politique
      -le FN n’a aucune approche du problême de la transition
      -la base sociale du FN n’est pas la mieux adaptée au monde moderne loin de là

      etc etc

      Mais mon texte et ma position, tout en ne cessant d’affirmer tout cela comme vous le faites, mon texte dit que la fonction systémique du FN n’est pas gouverner mais de récolter les suffrages des gens qui n’en veulent plus, qui n’en peuvent plus de ces politiques sociales-démocrates, de ces larbins atlantistes va-t-en -guerre, des allemands, des eurocrates, des europhiles, des médiacrates , des kleptocrates , j’en passe et des pires.

      En clair je conseille le vote FN, il est inutile de le dissimuler, parce que:

      -le FN n’a aucune chance de venir aux affaires et de gouverner
      -le FN n’est pas en mesure de gouverner, ce n’est pas sa vocation
      -le FN ne présente aucun danger sauf pour la clique au pouvoir
      -le FN est le seul contrepoids aux dérives scélérates
      – le FN a réussi à faire infléchir la politique austéritaire, par sa seule existence

      Marine a plus de poids que vous et bien sur que moi, voila la réalité.

      Donc si on considère que l’évolution actuelle doit à tout prix être freinée, alors il faut comme aux Européennes voter Marine. Après, on verra.

      Cela n’est que tactique.

      En terme de stratégie je soutiens une démarche atypique, je considère que l’UMP doit être cassée, splitée entre les sociaux-démocrates dirigistes copains des Rocardiens/Club Saint Simon; les libéraux authentiques; les conservateurs. L’UMP est une erreur, une survivance malthusienne, de l’histoire.

      Tout comme le PS qui fait cohabiter des gens qui raisonnent en terme de lutte des classes, avec des Rocardiens pseudo moderrnistes à tendance fasciste-troisième voie, et des opportunistes type radicaux de plus ou moins gauche.

      Bref je ne crois et ne soutiens que la recomposition, le changement de Constitution, la remise à plat quasi révolutionnaire. Nos système vivent sur des mensonges et seule la vérité est efficace.

      Ceci n’est pas une discussion, mais une mise au point unilatérale.

      • Bonsoir Monsieur,

        Merci pour votre réponse, merci surtout pour votre bienveillance. Je me suis beaucoup reprochée d’avoir commenté votre article de façon trop cavalière, et je vous prie de m’en excuser. Vous avez totalement raison sur le soin à apporter aussi bien chez les autres que chez soi.

        Sur le FN, votre position tactique me fait penser à un dessin que j’ai vu récemment, peut-être sur Contrepoints : des moutons cernés par un loup discutent entre eux qu’ils veulent donner une leçon aux bergers. Ma crainte, c’est que, faute de pouvoir doser suffisamment finement la leçon à donner aux bergers, ce soit finalement le loup qui fasse la leçon à tout le monde. Et cette leçon, vous comme moi nous ne l’aimons pas. Ma crainte, c’est que si vous, vous êtes dans la tactique, c’est à dire dans une distance d’appréciation suffisante par rapport au FN, il y a aussi les « true believers » sans distance qui apprécient le FN au premier degré. J’aimerais pouvoir être aussi sûre que vous que le FN ne parviendra jamais au pouvoir.

        Pour les élections de dimanche, j’ai de la chance, dans mon canton de Lille 5 il ne reste plus en lice que le binôme socialiste du ministre Patrick Kanner et le binôme UDI/UMP. L’élimination de Kanner sera difficile mais pas impossible, et je ne vous cache pas que je vais me faire un plaisir d’aller voter contre lui. 🙂

        Bien à vous,
        Nathalie MP

  5. Se qui me surprends dans cette histoire c’est l’illogisme de l’UMPS. Il font tout pour faire peur au peuple et lorsqu’ils ont l’occasion de faire vraiment peur  » FN premier partie de France » il font tout pour relativiser les choses et tenter l’approche inverse mentir ouvertement sur la réalité de la politique française. Faire peur et mentir sont donc bien les deux mamelles de UMPS. celle de l’alternance comme l’a dit StartKO. Espérons que d’ici là beaucoup auront ouvert les yeux, au moins un oeil.

    • Bonsoir,

      Excellente réponse mais je nuancerais le « conseil de vote FN » : S’abstenir me paraît encore plus efficace. Cela fait mécaniquement monter le FN et accélère la dislocation de la force centrifuge qui retient l’UMP de l’explosion indispensable que vous mentionnez entre ces courants contraires qui tiennent juste parce que le statu quo assure jusqu’ici le plat de lentille pour des gens bien élevés qui ne parlent pas la bouche pleine.

      Dans le même temps, il devient de plus en plus évident que la sociologie des électeurs FN tend à montrer que le vote FN mute de plus en plus en un vote d’adhésion que pour renverser la table. La conséquence sera qu’après même la reconfiguration nécessaire du paysage politique, la France va demeurer ingouvernable pendant longtemps avec le cortège de périls bien plus graves que ceux qu’il faudra surmonter à la prochaine crise économique soit purement cyclique ou enfin celle de l’euro.

      Cdlt

  6. Les Français ont trouvé une faille, pour virer ce biparsisme droit gauche-gauche droite et ils vont l’exploiter tant bien que mal.

    Mais pour le moment, l’UMPS qui n’accepte pas cette gifle électorale dévoile un peu plus leurs états d’esprit et leurs vrais visages, ce qui ne surprend plus personne.

    Derrière ces comédies démocratiques, il y a d’abord une grande souffrance, un profond dégoût venant des électeurs, mais surtout une puissante volonté de corriger les dérives de la V° république et de se réapproprier la constitution.

    Ils veulent tous une alliance républicaine ? ils vont l’avoir !

    Mais ne doutons pas un seul instant que le jeu des présidentielles 2017 est déjà dans sa phase d’élaboration. Et avec ces chiffres, nous ne sommes certainement pas au bout de nos surprises, surtout sur le choix des candidats UMPS…

    Le FN doit simplement jouer sa carte républicaine et laisser ses adversaires s’autodétruire.

    Pour l’UMPS, il va falloir resserrer les rangs, trouver des candidats crédibles, arrêter de considérer le peuple comme un ennemi et une vache à lait, afficher des lignes politiques simples, claires et précises concernant les vraies sujets qui préoccupent avec des objectifs réalisables, quantifiables, responsables… Tout ce qu’ils ne savent plus faire !!

    La preuve venant dans les discours qui ont suivi cette élection ! Toujours aussi lamentables, aucune profondeur d’esprit, juste des éléments superficiels de base rabâchés à chaque élection. Demain, il leur faudra autre chose qu’un changement de noms…

    Mais, le positif de cette élection c’est la visibilité qu’elle offre sur le poids et le rôle des petits partis sacrifiés pour sauver les meubles. Quand la maison brûle, plus besoins de carpettes !

  7. Je ne suis qu’une simple salariée, pas de compétence en politique. Mais dimanche soir j’ai bien ressenti la comédie qu’on nous servait genre au théâtre ce soir!!!!!
    La mise en scène et les costumes, tout sentait la grosse farce…
    Ce qui me met en colère, peu importe mon vote, c’est de constater que mon pays n’est plus un pays libre, et encore moins le pays des  » lumières ».
    J’ai zappe sur toutes les chaînes pour tenter de trouver un plateau ou je ressentirai un peu de vérité, d’objectivité… RIEN.
    Quand même, il y a 30 ans, si on avait su qu’un jour le FN ferait 26% a des cantonales, mais PERSONNE ne l’aurait cru!!!!!!!!!!
    Et la, tous ces  » journaleux », ces pseudo commentateurs, nous ont fait la commedia del’arte, victoire, victoire mes chers compatriotes.
    Ben on nous prend de plus en plus pour des gros cons!
    Sur l’air de: Jésus revient, on nous a chante Sarko revient…sur toutes les chaînes!
    Bref, on reprend les mêmes et on nous annonce le changement…
    Je vote depuis 1981, c’est vous dire si je connais a fond …le changement, lol!

    Merci au blog a Lupus, on se sent moins seul dans cette bouffonnerie nationale, enfin je veux dire europeenne…

    • Vous mettez le doigt là ou cela fait mal, c’est àdire sur l’une des causes de la progression du vote FN: le généralisation du mensonge, de l’enfumage et de la propagande.

      Le FN ne progresse pas seulement parce qu’il incarne et exprime le refus d’un certain nombre de dérives scélérates, il attire aussi car il est le seul moyen d’exprimer sa colère. Et cela vous le dites très bien.

  8. merci LUPUS. Je clique sur votre blog tous les jours avec plaisir. Je m’aperçois qu’en plus d’être clairvoyant en économie, vous êtes honnête politiquement et courageux. Chapeau bas. Cdlt Hugues.

  9. merci
    vous parlez de résistance européenne. Et je m’adresse à ceux qui votent ump ou autres
    (et qui placent leur argent en assurance vie!)

    qu’ il faut bien comprendre aussi qu’il ne s’agit pas seulement de podemos… nigel farage, du fn… en europe mais dans le monde de Ron Paul Antal Fekete (ai vu Lepen avec son livre une fois!) , Poutine, les Chinois, Rickards , Keiser , Liliane Held-Khawam chouard, myret zaki…beaucoup d’autres (Todd qui n’a pas été voter) qui ne se prononcent pas sur des élections

    cette ancienne de wall street trés sympathique est aussi résistante:
    il serait impossible qu’elle vote ump ou ps
    All the Presidents’ Bankers: The Hidden Alliances that Drive American Power Paperback – March 24, 2015
    by Nomi Prins (Author)
    http://www.amazon.com/All-Presidents-Bankers-Alliances-American/dp/1568584792/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1427118117&sr=1-1&keywords=Nomi+Prins+All+the+President%27s+Bankers

  10. Je partage le titre de votre article et surtout votre dénonciation de l’enfumage médiatique des professionnels de la désinformation, qui se qualifient de journalistes.
    La gauche porte bien son nom (étant précisé que je place à gauche, au plan des idées, une partie de l’UMP), car gauche = absence de droiture, au profit d’une théorie du rapport de forces ou de la manipulation ; le diable vote à gauche diraient certains.
    J’ai donc voté pour le FN sur les mêmes attendus que ceux que vous développez, et je considère que ce parti peut se féliciter des résultats de dimanche.

    Ceci étant, je m’interroge toujours autant sur l’avenir. Voter utile aujourd’hui nous mènera où ? Le vote FN est d’abord un vote de rejet, un vote de sursaut. Heureusement que nous pouvons encore exprimer ce rejet. Mais comme c’est le cas des autres partis eurosceptiques, le FN est pour l’heure un parti de contestation et non de gestion.
    Et pourtant, il faudra bien gérer si nous voulons desserrer l’étreinte mortifère de l’oligarchie euro-atlantiste. Et très sincèrement, je ne vois pas un sort meilleur pour le FN au pouvoir que pour Syriza aujourd’hui en Grèce, d’autant que le FN semble bien disposé à l’égard de ce parti de gauche (d’aucuns disent d’extrême-gauche).
    Un FN gauchisé obtient des résultats électoraux intermédiaires flatteurs, mais ce positionnement pourrait révéler ses limites lors de l’élection présidentielle. Quant à l’épreuve du pouvoir, si elle devait advenir, je crois que la France n’a pas besoin d’un peu plus de socialisme à la M. Philippot.
    Si l’UMP éclatait et que les visions idéologiques se repositionnent clairement, je crois que les résultats du FN se dégonfleraient rapidement. C’est finalement l’éventualité qui me donnerait le plus d’espoir pour l’avenir, au-delà de l’utilité du moment.

    Encore merci pour vos intelligentes analyses ; en tout cas pour ces analyses qui nous portent toujours à réfléchir, au-delà de nos convictions idéologiques.

  11. A propos de l’absence de débatteurs de talent au FN et du côté humble et effacé de certains des candidats qui visiblement n’ont pas mais pas du tout l’habitude d’être du côté du manche : imaginons un instant ce qui arriverait à un haut fonctionnaire qui aurait l’idée étrange de ne serait-ce que s’affilier au FN, mettons un architecte aux bâtiments de France dans la ville de Blois (fief de Jack Lang), j’ai comme l’impression que ce serait le début du commencement de ses ennuis… Mais en fin de compte, est-ce vraiment pénalisant d’avoir des candidats issus du peuple et qui visiblement en ont pris plein la gueule durant une bonne partie de leur difficile existence, ce qui leur donne cette allure si caractéristique de chiens battus?

    • Vous savez c’est un réflexe, lors d’un débat, nous nous identifions, nous choisissons un poulain, un favori, nous soutenons quelqu’un et dans ces conditions, nous souhaitons être le mieux représenté possible. Nous avons envie que notre préféré se comporte le mieux possible, soit à l’aise et si possible brillant. C’est humain. On peut parler vrai et en même temps avoir du métier, être habile, la compétence n’exclut pas le naturel et la vérité; ils la magnifient.

      Si mes souvenirs sont bons, Megret voulait développer une formation pour le cadres du FN dans ce domaine. Alain Chevallier voulait faire la même chose pour les gens de la droite classique, tout cela n’a pas donné grand chose.

      Si vous êtes fidèle lecteur, vous savez que je considère que tous ces gens ne travaillent pas, ce sont des fainéants. Ils préfèrent cirer les pompes de leurs chefs d’écurie plutôt que de travailler. Aucune idée , aucune culture. S’agissant du Front je fais exception pour Gollsnish. j’espère ne pas maltraiter l’orthographe de son nom. Mais Gollnish se tient coi, il veille à ne pas se mettre trop en évidence car au Front, les talents , cela gêne. Au passage, la petite Marion se défend bien et elle passe.

      • c’est marion marechal qui m’a incité à croire que le moment était venu
        faut la voire face à Valls alors qu’elle n’a que 25ans!
        c’est la garantie pour le fn qu’il puisse faire ou influer sur la politique du pays
        car j’en suis certain, si un jour marine faisait passer certaines mesures alors le cartel voudra sa peau

        en cela marion lepen est plus puissante potentiellement qu’un berlusconi pourtant bien capitalisé& donc indépendant (cf anecdote tim Geithner)

        • Lors de cet échange j’ai réalisé que c’était la première fois de ma vie que j’ai eu envie de faire de la politique…

    • économie:
      bernard monot
      murer

      +bcp qui restent à raison dans l’ombre lol

      je ne vois pas comment on peut être libertarien ou gaulliste et voter ssda umpsudi

  12. Je partage l’ analyse de B.Bertez

    Il est possible d’ estimer le score de l’ UMP seul. L’ UDI représente le tiers des voix de l’ Union de Droite soit environ 7 %. Donc le l ‘ UMP représente un peu moins de 14 % . On rajoute les 6,58 % des umpistes restant et on retombe sur le score de l’ UMP aux européennes de 2014 ( aux alentours de 21 % )

    50 nuances d’ UMPS !

    http://angelxp.over-blog.com/2015/03/50-nuances-d-umps-fn-1er-parti-de-france.html

  13. Au diable ces analyses et stratégies de nos élites .. le FN monte, monte, monte. Les foutaises et mensonges de nos pouvoirs ne font plus recette, et c’est tant mieux. Merkel et autres ont beau laisser du mou pour 2015, le résultat sera le même et un retour de bâton justifié dans les années à venir. Vivement demain…

  14. L’UMP, l’UDI et divers droite du Gard ont appelé à voter Communiste et Front de gauche contre le Front National, cette « fausse » droite préfère que la gauche conserve la gestion calamiteuse du département un des premiers départements en terme de délinquance et magouille en tout genre faut il le rappeler honte à eux : nous ce que nous voulons c’est de pouvoir enfin nettoyer les écuries d’augias !….

  15. Effectivement.

    Mais ainsi que vous le soulignez, au fond,
    – En paroles, nos dirigeants sont plus acharnés que jamais à imposer l’austérité
    – En pratique, ils se sont montrés extrêmement accommodants

    Et quant au résultat des élections de dimanche,
    – En paroles, ils ont pavoisé comme jamais
    – En pratique, ils viennent de subir une défaite historique

    Au final, et c’est un peu normal, plus personne n’y comprend quoi que ce soit.

    Ainsi, comme vous évoquez le cas de Syriza, qui serait devenu à force de renoncements un repoussoir pour le Front National qui a pris le risque de les soutenir ouvertement, il convient de souligner que suite au mini-sommet organisé de manière impromptue vendredi dernier, le gouvernement grec a pourtant obtenu, certes sans tambours ni trompettes, rien moins qu’une aide de 2 milliards d’euros débloquée par Juncker sur les fonds européens pour financer les récentes mesures sociales votées par le parlement grec, dans un esprit de quasi-front national ? républicain ? qui ne dit pas non puisque ces mesures n’ont pas seulement été votées par l’ensemble des députés de la coalition emmenée par Syriza mais aussi par des députés du Pasok et de la Nouvelle Démocratie !

    Mais, c’est vrai, jamais on n’aura autant entendu aussi bien les différents chefs de gouvernement européens que les divers commentateurs expliquer avec conviction que le gouvernement grec avait été acculé dans un coin, ce qui est vrai. Seulement voilà, ce qu’ils n’osent pas reconnaître, c’est qu’en réalité, ils se sont mis d’eux-mêmes au pied du mur.

    Quant au gouvernement grec, mais on pourrait en dire autant du gouvernement russe et du Front National, parce qu’il semble jouer le jeu de nos dirigeants et de leurs cohortes médiatiques, il semble bel et bien s’être placé dans une situation compliquée, difficile à défendre, parce qu’au fond, il a refusé le jeu de l’affrontement direct.

    Mais est-ce que les Grecs ont demandé à leur gouvernement de choisir la voie de l’affrontement direct ? Et que peuvent-ils bien attendre de leur gouvernement dans un contexte où ce sont toutes les formations politiques – y compris, en France, le Front National – qui sont frappées par un même discrédit ? En fait, tout se passe comme si aussi bien le gouvernement que la population avaient décidé de se contenter de faire le dos rond, parce que c’est la façon la plus économie en énergie de laisser passer l’orage, dans un contexte où les énergies ont été largement vidées après quatre ans d’austérité sans fin.

    Or, à cet égard, que désirent leurs « partenaires » sinon une soumission sans conditions, ou, éventuellement, une résistance affirmée, affichée, qu’ils se feront fort de circonvenir, de briser en appuyant de toutes leurs forces sur des élites dont ils savent qu’elles leur sont toutes acquises, éventuellement, dont ils savent qu’elles sont tellement corrompues – et ils ont soigneusement tenu les carnets de compte pour savoir de quoi il retourne – qu’il suffira de les circonvenir – et de les arroser – encore une fois pour arracher, une fois encore, leur reddition, leur consentement. Au lieu de quoi rien ne se passe comme prévu.

    En fait, c’est même pire : le gouvernement grec se contente de répéter sans hausser le ton que oui, il est prêt à mettre en oeuvre toutes les réformes nécessaires – veiller à la justice fiscale en premier lieu – et que oui, il se fait fort d’y parvenir, et que non, il ne saurait être question d’abandonner l’euro. Difficile de trouver un discours plus « volontariste » que celui-là ! Quant à critiquer un gouvernement parce qu’il promet de la justice fiscale et expliquer à ses propres auditeurs qu’il ne saurait en être question, qu’on « ne comprend pas » ce que souhaite le gouvernement grec, qui acquiesce à toutes les demandes de « réformes » mais refuse d’aborder le sujet des diminutions de salaires ou des coupes dans les retraites, eh bien précisément, on peut en laisser le soin à Wolfgang Schaüble, « qui ne comprend pas ce que souhaite le gouvernement grec ».

    Alors, le Front National a-t-il gagné ? Perdu ? Les citoyens-électeurs-téléspectateurs français, partisans ou non du Front National, qu’en pensent-ils ? (pour ce qui est de l’étranger, c’est bien simple : la presse étrangère a observé le plus complet silence radio sur les élections départementales françaises…). Et le gouvernement grec ? Et les citoyens grecs ? Et les Russes ? Et la Chine ? Que pense le gouvernement chinois des toutes dernières déclarations américaines leur enjoignant de faire en sorte que la future Banque Asiatique de Développement coopère comme il se doit avec les institutions sous le contrôle de la « communauté internationale » ? Faut-il vraiment qu’ils usent leur salive pour expliquer leur fait aux groupies de l’occidentalisme ?

    Mais au fond, est-ce bien nécessaire d’accepter de placer le débat sur ce terrain ? Est-ce que cela ne revient pas à entrer dans l’univers fantasmagorique d’un dément en espérant pouvoir lui faire reprendre contact avec la réalité en se montrant suffisamment patient ? On pourrait encore utiliser l’image des victoires à la Pyrrhus pour illustrer ces étranges victoires. Après tout, encore quelques défaites éclatantes de ce genre pour le Front National, et ils pourront toujours venir nous expliquer qu’avec 50% d’abstention, le parti qui remporterait les élections avec une majorité absolue ne rassemblerait guère qu’un gros quart de l’électorat, ce qui est vrai. Mais là encore, pourquoi accepter la discussion avec des déments ? Pour ma part, je dirais qu’il ne s’agit pas tant de « discuter » puisque toute discussion est évidemment impossible que d’accepter de les « écouter » et de faire mine d’acquiescer, tant que ceux-ci sont encore en mesure d’exercer un certain contrôle sur leur entourage, un entourage qui se lasse de leurs obsessions, de leurs craintes, de leurs colères séniles… et de leur complète perte de contact avec la réalité.

  16. Premier tour des élections départementales :

    Ouvriers :

    49 % des ouvriers ont voté Front National
    15 % des ouvriers ont voté Parti Socialiste
    13 % des ouvriers ont voté UMP – UDI – Modem
    7 % des ouvriers ont voté Front de Gauche

    Employés :

    38 % des employés ont voté Front National
    24 % des employés ont voté UMP – UDI – Modem
    18 % des employés ont voté Parti Socialiste
    7 % des employés ont voté Front de Gauche

    Professions libérales, cadres supérieurs :

    33 % des professions libérales, cadres supérieurs ont voté UMP – UDI – Modem
    28 % ont voté Parti Socialiste
    13 % ont voté Front National
    8 % ont voté Divers Gauche

    http://www.ifop.com/media/poll/2976-1-study_file.pdf

    • Il faudrait plutôt écrire (x% des ouvriers qui ont voté car il y a beaucoup d’abstentionnistes, le vrai premier parti de FRance

    • En tout cas ces chiffres montrent vraiment que le clivage droite-gauche dissimule un autre clivage bien plus fort entre classes sociales. C’est fou, en 2015, l’appartenance à une classe a une incidence plus forte sur le vote qu’il y a 50 ans (en effet, à l’époque contrairement à ce que l’on croit, le PC était loin de dominer le vote ouvrier, même s’il avait une position prééminente).

  17. C’est la seule analyse intéressante d’entre les 2 tours que nous offre le Blog à Lupus
    Elle est complète,et claire.BRAVO!
    Le fait que 500 candidats PS sur 2000 sont virés au 1er tour
    justifie que l’assemblée vient de voter un doublement des indemnités (1 an au lieu de 6 mois )pour les « battus »
    +prioritaires à l’embauche pour des postes de fonctionnaires
    Dimanche soir…..Je me régale à l’avance
    Déjà que le Mouvement du 22 Mars (68)
    vient d’être balayé par
    La RACLEE du 22 MARS 2015
    Le 29 MARS…C »est la GUILLOTINE 🙂
    Et les socialistes n’ont eu besoin de personne pour l’installer
    TOM BOY
    TAFTA
    VENTE DE LA FRANCE
    Spoliation des petits épargnants
    Quasi-confiscation (par difficulté d’accès aux comptes)du capital de l’épargnant
    Recul de la retraite
    Salaires en berne (sauf pour les leurs)
    Impôts écrasants
    et la liste est ….
    Le jeu du 2 ème tour va toutefois profiter à leur « doublure (l’UMP)
    mais « il ne faut pas courir 2 lièvres à la fois »
    Les cotisations que ne verseront plus les battus précipiteront le PS vers la faillite
    Vous avez probablement remarqué que lors des élections précédentes ,le même black-out n’a pas permis de savoir quelles étaient les régions perdues par le PS
    pourtant ils ne disposent plus de ces tiroirs-caisses là où ils ne sont plus
    ça a valu un grand nombre de licenciements rue de Solférino
    Lundi,ils auront perdu 80% des départements,au moins
    C’est simple ,si vous doutez,oubliez la phrase jusque lundi et ce jour -là vous revenez la lire 🙂
    Hollande ignorera lundi les résultats
    et….on se rapprochera d’un genre « Mai 68 »
    Le 29 MARS 2015
    sera décrété JOUR FERIE par Le Front National après des élections anticipées ce printemps
    C’est de la
    Politique Friction 🙂

    Merci à Bruno et The Wolf
    pour ce que vous tentez:

    EXPLIQUER inlassablement
    Bonne journée à tous

  18. A propos de Vivendi

    Les lecteurs familiers de la chose financière ont bien compris que notre article récent sur la stratégie personnelle de Bolloré face à Vivendi n’était pas innocent. Nous voulions, comme on disait avant en finance, « attacher un grelot ».

    L’objectif de Bolloré est, avec 8% du capital de Vivendi, de capter, capturer à son profit tout la capacité d’intervention du groupe Vivendi. C’est la raison pour laquelle il ne veut pas distribuer le trésor de guerre: il le veut pour lui seul et sa famille.
    Il n’y a rien de capitaliste dans la démarche de Bolloré, il suffit d’ailleurs de lire attentivement la réponse officielle de Vivendi/Bolloré au hedge fund qui se met en travers de ses ambitions. Ce que veut faire Bolloré est un abus de… minorité.

    A la faveur du système français des copains, des coquins, du capitalisme cooptatif, du capitalisme monopolistique d’Etat incarné par les banques, il veut détourner l’argent présent, futur, la capacité d’endettement renouvelée de Vivendi, au profit de la clarification ultime de son groupe. Il veut s’en servir pour, enfin, réaliser ses rêves. De quel droit ? De quel savoir, de quelle légitimité, de quelle science, ose-t-il arguer de l’intérêt général des actionnaires, alors qu’il n’a explicité aucune stratégie crédible, aucun axe d’investissement rentable.

    Faire un groupe français façon Bertelsman ? Il est bien tard, et puis comment ? Mais surtout est-ce le meilleur emploi des fonds? Le projet n’est-il pas plus politique que business? Bolloré a pris le contrôle du groupe Vivendi par ce que l’on peut appeler une opération d’initié, puisque le manager qui lui a servi le groupe sur un plateau était son obligé et que Bolloré a pu directement et indirectement ramasser des titres bon marché à la faveur de son « initiation ». A notre avis, indirectement, Bolloré a plus que 8% du capital, nous faisons le pari qu’il y a des « portages »avantageux plus ou moins amis.

    Le problème du soi-disant capitalisme français est « la triche ». On prétend être capitaliste, mais ce sont d’autres lois que celle du capital que l’on met en place, celles du capital, on les tourne et détourne.

    Les investisseurs activistes n’ont pas bonne presse en France, normal, car les « images »sont faites par les médias et les médias appartiennent à des profiteurs comme Bouygues ou Bolloré qui ne sont pas capitalistes et qui, au contraire, ont tout à craindre du vrai capitalisme.

  19. Voter FN « contre l’austérité », « pour la liberté, la dignité » ? Ne pas oublier que Marine s’est
    prononcée clairement pour le remboursement des dettes publiques par « respect de la signature
    de la France ». Elle omet de préciser QUI a signé, et en faveur de qui.
    Tant qu’on ne sortira pas du système mondial de la Dette infinie, il n’y aura pas de salut
    budgétaire. Sortir de L’Euro, de l’UE, (et de l’OTAN, etc…) ne servira à rien devant cet Himalaya
    inique, inacceptable….

    • @Marco

      Non. lisez le programme économique du Front. Vous verrez que la dette est en grande partie remboursée par la création monétaire discrétionnaire de la Banque de France; ceci a été confirmé à plusieurs reprise par l’économiste du Front , Monot ou Monod.

      Le Front souligne que les dettes de la France sont à 98% régies par les lois Françaises et que donc on pourra rembourser en monnaie Française dévalué et créée par la BDF. Ce n’est pas ce que l’on peut appeler « honorer sa signature ».

      La grosse erreur de l’économiste du Front est de ne pas admettre que toute la dette du Sud et de la France ne pouvant être remboursée sans tripatouillage monétaire, il faut envisager la seule solution honnête , la restructuration/rééchelonnement/moratoire avec nationalisation partielle, temporaire des banques faibles.

      Lisez les 14 pages qui regroupent le programme du Front sous l’aspect de l’euro, la dette, la dévaluation etc. C’est impraticable, mais bien fait et presque convaincant. Le Front ne comprend pas que, dans la période intermédiaire, comme Syriza et Tsipras, il se fait laminer.

      La transition est impossible en milieu hostile et donc pour s’en sortir, le Front fait le pari que des négociations pourront s’engager. L’idée de VGE qui proposait que l’on aide amicalement la Grèce à sortir de l’euro était une bonne idée , pratique et praticable.

      Le plan de l’UPR est mieux ficelé.

      • @bruno bertez

        Tout dépend du but profond recherché. Est-e de perpétuer le système financier hors-sol
        régnant avec/malgré ses effets constatés ?
        Dire que la solution « honnête » est une restructuration de la dette va dans ce sens.
        Qui était VGE ? Le ministre des finances de Pompidou, le père de la dette française. En somme
        faire sortir « amicalement » la Grèce était l’aveu d’une erreur du système, facile à corriger. Le
        pauvre avait eu les yeux plus grands que le ventre…
        Mais refuser la dollarisation du monde exigera d’autres mesures que de petits arrangements
        entre amis.
        Puisqu’en effet  » la transition est impossible en milieu hostile », il faut un jour, je me répète,
        dire non. La vraie question est de savoir comment le faire en limitant la casse au niveau national.
        Et là nous n’aurons plus d’amis, surtout si nous n’en cherchons pas ailleurs qu’en Allemagne,
        qui vient de céder aux pressions américaines: la planche à billets. (pour l’instant sans trop de
        conséquences car la consommation stagne et l’inflation globalement aussi. Mais ça pourrait
        changer).
        Face à des agressions tentaculaires, une division de l’Europe très bien menée par les USA,
        quelles alliances seront-elles possibles. C’est un problème stratégique, mais qui en France
        a une vision stratégique? On préfère les raccommodages. L’Euro-franc non convertible est
        une idée, mais tout dépend à quoi il est censé servir. A une indépendance réelle, ou juste à
        patienter un peu avant le retour au bercail monnaie-unique?

      • sauf si on +- peggait le franc au rub

        je bosse la dessus

        suis certain que chauprade aussi

        mais ce qui compte est la menace:
        de sortir de l’euro
        de peg pas le peg effectif

        et ceci sert à mettre sous coupe le systeme bancaire

  20. Chroniques du mensonge ordinaire (J. Sapir)
    Publié le 26 mars 2015 par Olivier Demeulenaere
    chronique mensonge ordinaire juliette meadel« Madame Juliette Méadel, Secrétaire Nationale du PS, vient, à propos des élections départementales dont le premier tour a eu lieu le dimanche 22 mars de démontrer sa flagrante inculture économique[1]. Le problème n’est pas l’ignorance sur ce point de Madame Méadel. On a tous des choses que l’on ignore. Le problème est qu’elle est secrétaire nationale d’un parti aujourd’hui au pouvoir. Alors, même si les temps ne sont plus ceux où l’on pouvait s’attendre d’un Secrétaire National qu’il soit qualifié de Coryphée des Sciences, où la personne ayant cette responsabilité se sentait tenue de montrer qu’elle maîtrisait à peu près les diverses sciences humaines à coup de livres ou d’articles de revue, le degré d’inculture dont Mme Méadel fait preuve est attristant et inquiétant.

    La sortie de l’Euro ou comment jouer sur les peurs.

    La question, bien évidemment porte sur les conséquences d’une sortie de l’Euro. Qu’écrit donc Mme Méadel ?

    « Aux yeux du monde et de ses créanciers, l’économie française inspirerait fatalement de la défiance et le doute dans sa capacité à rembourser sa dette. Il en résulterait une augmentation vertigineuse des taux d’intérêts d’emprunt : la France, qui se finance quotidiennement à des taux très faibles, verrait donc la charge de sa dette exploser. »

    Premier point : en quoi est-ce qu’une « sortie de l’Euro » inspirerait « de la défiance et le doute dans sa capacité à rembourser sa dette ». Si la France sort de l’Euro, et laisse sa monnaie se déprécier par rapport au Dollar, mais aussi au Deutsche Mark, c’est pour retrouver des marges importantes de croissance. On peut discuter des possibles taux de croissance après une telle sortie, de 2% à 5% suivant les calculs et estimations, mais personne ne doute qu’il y a aurait une croissance bien plus forte que celle que nous connaissons aujourd’hui. Dans ces conditions, d’où viendrait la « défiance » ? A moins que Madame Méadel ne nous explique en quoi une économie allant mieux peut susciter la « défiance », on avoue avoir un peu de mal à comprendre. Madame Méadel indique alors « le doute dans sa capacité à rembourser sa dette ». Ici de deux choses l’une. Soit elle croit encore à cette fable inventée par Nicolas Sarkozy comme quoi la partie de notre dette détenue par des non-résidents augmenterait en proportion de la dévaluation. Mais, c’est une fable. La lex monetae stipule bien qu’une dette est payée dans la monnaie du pays émetteur si elle est rédigée dans des contrats de ce pays. Ce principe est bien connu de tous les économistes, et de tous les financiers qui travaillent sur les marchés des obligations d’Etat. On sait que 97% de la dette française est émis « en droit français ». Elle est donc remboursable dans ce qui sera la monnaie de la France, soit aujourd’hui l’Euro et demain, si nous sortons de l’Euro, le Franc. Les montants seront traduits de l’Euro en Franc au taux de 1 pour 1. Mais il faut croire que Mme Méadel est sujette à des terreurs nocturnes.

    Deuxième point : « Il en résulterait une augmentation vertigineuse des taux d’intérêts d’emprunt ». Ici encore, on s’interroge sur ce que sait (ou plus exactement ne sait pas) Mme Méadel. Admettons que l’agence France-Trésor place des obligations d’Etat sur le marché. Le taux d’intérêts incorporera une prime de risque, mais on sait par expérience que cette prime, portant sur un Etat solvable, et dont la balance courante, aujourd’hui déficitaire, montrerait des signes rapides d’amélioration, serait loin d’être excessive. L’écart traditionnel était de 150 points de base avec les taux allemands, soit 1,5%. Admettons même que cet écart soit momentanément porté à 200 points de base, cela signifierait 2%. Or, les taux allemands sont aujourd’hui pratiquement à 0%. Il n’y a aucune raison de penser que les taux français dépasseraient 2,5%. Ce n’est donc pas une « augmentation vertigineuse » ou les mots n’ont plus de sens.

    Troisième point : en fait, l’agence France-Trésor n’aurait sans doute pas besoin de placer des obligations. En rétablissant le mécanisme des « planchers obligatoires d’effets publics » pour les banques françaises et les établissements étrangers opérant en France, le gouvernement créerait une demande pour des obligations d’Etat qui assurerait que le financement de la dette puisse se faire à des taux très bas. Là, Mme Méadel montre que non seulement elle ne maîtrise pas la macroéconomie, mais qu’elle ignore tout des techniques financières. Mais ce n’est pas tout, hélas…

    Quand elle écrit : « le montant des taux d’intérêt de la dette s’élève à 45 milliards d’euros; une sortie de la zone euro et son corollaire, la hausse des taux d’intérêt, multiplierait par 2 ou 3 la charge de la dette, ce qui représente trois fois le budget de l’éducation nationale » elle prouve aussi qu’elle est très fâchée avec le calcul (niveau classe de 4ème). En effet, si la charge des intérêts aujourd’hui est de 45 milliards, la part de ces intérêts où les taux sont très faibles ne représente pas plus d’un tiers des dettes. Une grande partie des obligations d’Etat ont été émises avant la période de faibles taux d’intérêts (depuis 2 ans approximativement) et ne concerne que les obligations à court terme (3 mois à 5 ans). On voit immédiatement que si les taux remontaient à 2,5% (pour le taux à 10 ans) l’impact serait faible sur le montant TOTAL des intérêts. On conseillera à Mme Méadel de prendre un livre de mathématiques pour classes de collèges dans lequel on explique ces simples règles de calcul.

    Mais, en réalité, Mme Méadel n’est certainement pas ignorante. Elle ment en pleine connaissance de cause. En fait, elle joue sur les peurs les plus primaires et cherche à effrayer son lecteur. Ce qui est alors intéressant, c’est que ce sont exactement les méthodes qui sont reprochées au Front National. On ne cesse d’entendre que ce dernier jouerait sur les peurs des Français. Mais, que fait Mme Méadel, Secrétaire Nationale du Parti « socialiste » ? Et l’on voudrait alors nous faire croire en une différence de nature entre les partis ? Avec ce genre de méthode, c’est tout le discours sur « nous sommes des républicain, eux ne le sont pas » qui s’effondre immédiatement. Je ne sais si Mme Méadel se rend compte de ce qu’elle dit, mais je suis convaincu de l’effet extrêmement négatif qu’il y a à jouer ainsi sur les peurs de l’électorat. Quand on veut donner des leçons aux autres, il convient de commencer à se les appliquer.

    La question du protectionnisme.

    Madame Méadel continue sur le protectionnisme où, là aussi, elle étale son ignorance et son discours idéologique. Elle dit : « Pourtant, le protectionnisme économique est d’autant plus aberrant que les Etats et les peuples n’ont jamais été aussi interdépendants, liés, connectés, informés depuis Adam Smith. Plus que jamais, les peuples ont besoin d’échange commercial régulé pour vivre et se développer mieux». Tout d’abord, en quoi le protectionnisme s’oppose-t-il à l’interdépendance ? Cela revient confondre protectionnisme et autarcie. Je ne crois pas que si sa copie devait passer devant les yeux d’un professeur de Sciences Economiques et Sociales, Mme Méadel obtiendrait une très bonne note. Ensuite, si le protectionnisme n’est pas LE moyen de régulation des échanges, on ne voit pas ce qu’il est. Ici, il y a un problème de logique. Soit elle pense que l’interdépendance oblige au libre-échange et elle ne peut pas employer le mot « régulé » à propos des échanges commerciaux, soit elle est pour la régulation, et dans ce cas elle doit admettre le protectionnisme. Enfin, Madame Méadel devrait se renseigner. Le nombre de pays instituant des barrières, qu’il s’agisse de tarifs douaniers ou de mesures réglementaires, sur le commerce est très élevé (des Etats-Unis à la Corée du Sud). En fait, c’est l’Union européenne qui, à cet égard, est une aberration en proclamant une ouverture complète des frontières et en négociant (en secret faut-il le rappeler) un accord de libre-échange avec les Etats-Unis dont les effets seront dévastateurs, le TAFTA ou TTIP ».

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    Note

    [1] Méadel J., « Sortie de l’euro, protectionnisme : les chimères de Marine

    Le Pen » in L’Obs, 16 mars 2015, http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1340014-sortie-de-l-euro-protectionnisme-les-chimeres-de-marine-le-pen.html?xtor=RSS-24

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