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Vendredi 1er mai 2015 : Fête du travail et Chômage en fête !

Vendredi 1er mai 2015 : Fête du travail et Chômage en fête !

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Si le gouvernement, jamais en peine de trouver un amusementrécréatif pour donner un peu de movida à ses projets, voulait vraiment aller jusqu’au bout de la mise en scène permanente qui caractérise de plus en plus ses annonces politiques, je lui conseillerais volontiers d’ouvrir une ligne téléphonique sur le modèle du 36 99 de l’horloge parlante. Une voix suave, celle de Julie Gayet, par exemple à tout hasard, nous dirait :

Nous sommes le Vendredi 1er mai 2015. Au quatrième top il y aura exactement 13 000 chômeurs de plus en catégorie A depuis les derniers chiffres connus de mars 2015, date à laquelle ils étaient plus de 3,5 millions. C’est très bon signe, ça augmente moins qu’avant. Laissez-nous faire, on s’occupe de tout.

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Le premier mai, c’est la fête du travail, mais, allez savoir pourquoi, dès que j’entends travail je pense chômage. Le fameuxengagement de François Hollande de retourner la courbe comme une crêpe avant décembre 2013 n’y est sans doute pas pour rien.

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L’ensemble des chiffres de mars 2015 ainsi que les variations sur un mois et sur un an sont disponibles dans le rapport de laDARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du gouvernement). Pourquoi s’appeler Direction de l’animation de la recherche et pas simplement Direction de la recherche, mystère. Encore un effet ludique et récréatif probablement. Malgré tout, ce rapport mensuel mérite d’être consulté. Un vrai livre des records :

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Si l’on tient compte des catégories B et C qui recensent les personnes ayant eu une faible activité et ayant fait une démarche positive de recherche d’emploi, on arrive à 5 290 500 chômeurs en France métropolitaine et 5 590 600 en comptant l’Outre-Mer. Et si l’on tient compte des catégories D et E qui concernent les personnes avec ou sans emploi n’ayant pas fait des actes positifs de recherche d’emploi, on est à 5 948 100 millions de chômeurs en France métropolitaine. Je n’ai pas trouvé le chiffre équivalent avec l’Outre-Mer, mais il me semble qu’on peut dire sans se tromper beaucoup qu’à fin mars 2015, la France comptait 6 millions de chômeurs tout compris.

On voit aussi que les cessations d’inscriptions pour défaut d’actualisation se montent à 207 800 personnes. Elles étaient 210 000 en mars 2014. Cela signifie qu’en fait le nombre de chômeurs est systématiquement minoré d’un paquet de 200 à 210 000 personnes selon les mois.

Sur un an, l’augmentation du nombre de chômeurs de longue durée, c’est à dire plus d’un an, a été de 10,1 % en France métropolitaine, celle des hommes et femmes âgés de plus de 50 ans a été de 9,5 %. Ces résultats sont d’autant plus accablants qu’ils ciblent des catégories que le candidat François Hollande avaient spécialement privilégiées dans ses promesses de campagne, avec le contrat de génération notamment, lequel a été peu ou prou abandonné en court de route tant il était complexe et inopérant.

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Et donc chaque mois, le pauvre ministre du travail est obligé de venir devant les Français et les journalistes pour annoncer les chiffres du chômage et les commenter. Pauvre ministre, façon de parler. Disons que je n’aimerais pas être à sa place, mais après tout, personne n’a forcé François Rebsamen à être ministre. Surtout ministre du travail. L’idée d’avoir un porte-feuille, d’être appelé Monsieur le Ministre, d’entrer dans l’histoire de France ni plus ni moins, devait être bien séduisante et donner toutes sortes de frissons intéressants.

Sauf que maintenant que Hollande a fait ses promesses ridicules, les yeux dans les yeux des Français, il faut s’y coller et annoncer. Et chaque mois, François Rebsamen trouve une nouvelle idée géniale pour expliquer que les politiques mises en place portent leurs fruits. A force de triturer les chiffres, à force d’additionner hier avec avant-hier et de diviser par l’âge du capitaine, on finit par trouver des résultats présentables, qu’on pourra commenter savamment sans trop avaler son chapeau. Ce mois-ci, on constate que sur trois mois l’augmentation augmente moins qu’avant. Les mois précédents, il y avait toujours une catégorie sur laquelle on pouvait s’extasier. Et certains mois, on pouvait même compter sur un bug informatique chez Orange pour enclencher un semblant de baisse. Le Huffington Post s’est amusé à dresser la liste des excuses favorites de notre gouvernement. Excellente lecture en ce jour de fête du travail.

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Hélas pour nos dirigeants, malgré toute leur ardeur à nous divertir et à nous convaincre que leurs politiques marchent à merveille, une autre courbe se montre particulièrement difficile à inverser : c’est celle de la cote de confiance du chef de l’Etat. Selon un sondage TNS Sofres paru lundi 27 avril, seulement 16 % des français font confiance à François Hollande. C’est d’autant plus désastreux que les chiffres du chômage n’avaient pas encore été divulgués quand les personnes ont été interrogées. Apparemment, les effets médiatiques tels que la grande interview sur Canal et les déplacements en France ne semblent pas produire une forte impression sur les Français, qui continuent de bouder assez tranquillement François Hollande, tout en semblant accepter assez passivement les effets délétères de sa politique, inexistante sur certains points, trop existante sur d’autres.

Dans cette dernière catégorie, citons à nouveau la réforme du collège et la loi renseignement. Ajoutons les droits de vote doubles que l’Etat vient d’arriver à obtenir des actionnaire deRenault et les grands projets industriels qu’Emmanuel Macronest en train de concocter dans son bureau comme le premier Montebourg venu, à base d’interdiction des licenciements. On attend avec impatience le retour du plan quinquennal et la création d’une toute nouvelle direction au sein de Bercy : laDirection de l’animation du plan de redressement productif industriel et citoyen. Pour un ancien banquier d’affaires de la banque Rothschild qui doit faire ses preuves de socialisme, ce serait un bon plan. Et il faut faire vite, le congrès du Parti socialiste arrive à grands pas.

http://leblogdenathaliemp.com/2015/05/01/vendredi-1er-mai-2015-fete-du-travail-et-chomage-en-fete/#more-3167

Vrais chiffres chômage mars 2015, 30000 chômeurs de plus malgré 305400 radiés ce mois

6 277 300 privés d’emploi et travailleurs occasionnels officieux, toutes catégories confondues, + 3 782 500 invisibles qui n’entrent pas ou plus dans les statistiques officieuses ( chiffres détaillés bas de page ).

total : + de 10 MILLIONS de chômeurs en France. (fourchette basse)

Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par motifs, Février 2015 :

- Défauts d’Actualisation : 207 800, 44 % des sorties des listes. (- 1,4% sur 1 an) 

- Radiations Administratives (les punis) : 46 200, 9,8 % des sorties. (- 11,4% sur 1 an)

- Autres Cas ( les morts, suicidés, emprisonnés .. ) : 51 400 et 10,9 % des sorties. (+ 1,2% sur 1 an)
 
soit 305 400 radiés des listes (64,7 %) ce mois pour autres motifs que :

- Stages parking : 45 700, 9,7 % des sorties. (+ 8,6% sur 1 an)

- Arrêts maladie, maternité, etc : 36 100, 7,6 % des sorties. (+ 5,9 % sur un an)

- Reprises d’emploi déclarées : 84 800, ne représentent que 18 % des sorties des listes de pôle emploi. ( -10,7% sur 1 an )

Demandeurs d’emploi par catégories :

B : 684 000 -0,4 % ( + 4,5 % sur 1 an ) travailleurs pauvres moins de 78 heures.
C : 1 096 700 +1,4 % ( + 14,8 % sur 1 an ) travailleurs pauvres de + de 78 heures. 

D : 279 600 +1,1 % ( + 1,3 % sur 1 an ) stages parking, occupationnels etc.
E : 378 000 -0,3% ( – 3,7 % sur 1 an ) contrats aidés etc.

TOTAL : 5 948 100 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 5,5 % sur 1 an, 30 000 chômeurs de plus, par rapport à Février.

TOTAL, dom-tom compris : 6 277 300 ( page 15 du rapport de la DARES, lien en bas de page ) et encore, données corrigées, les chiffres bruts sont + alarmants encore.

Quelques chiffres qui parlent :

Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 8,4 % sur 1 an.
Chômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 18,7 % sur 1 an.

Chômage des 50 ans et +, + 9,5 % sur 1 an.

+ d’1 chomeur inscrit à pôle emploi sur 2 (51,6 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l’emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER)

Offres d’emploi disponibles, dernier chiffre connu : 323 233.

Le + scandaleux, LE CHÔMAGE INVISIBLE, complètement en dehors des statistiques :

Ne sont pas comptés dans ces 6 277 300 demandeurs d’emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
 
1 282 500 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2 300 000 environ de foyers (dernier chiffre connu) , seuls 1 017 500 sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d’autres suivis (associations, collectivités locales, etc.) en sachant qu’un foyer bénéficiaire, comporte parfois + d’un demandeur d’emploi en son sein, donc si on parle en nombre d’individus c’est pire.

+ encore 1 100 000 au bas mot, sur les environs 2 millions de bénéficiaires de l’AAH ou d’unepension d’invalidité, qui ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d’accès à emploi adapté.

+ encore 1 400 000 de SANS-DROITS, qui sont principalement :

- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d’emploi, qui comme vous le savez n’ont même pas droit au RSA. (quasi unique en Europe), favorisant délits, crimes, trafics, prostitution, esclavagisme moderne etc.

- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 650€ d’allocation chomage, ou 800€ d’allocation adulte handicapé, vous n’aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 647€ par mois, si vous êtes NON SDF.

- des bénéficiaires de pensions de reversions ( veufs, veuves ) de 55 ans et +, qui dépassent les plafonds du RSA ( 452€ pour une personne seule ), et qui n’ont pas l’âge pour prendre leur propre retraite ou pour percevoir le minimum vieillesse ( 65 ans ) qui s’appelle aujourd’hui « A-S-P-A » (allocation solidarité aux personnes âgées), qui est récupérable sur le patrimoine, au décès.

- des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté, une véritable honte)

- des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires, qui sont donc bien demandeurs d’emploi, en concurrence avec les autres (même si beaucoup sont aussi exploités en stages sous payés, voire gratuits).

- des auto-entrepreneurs, qui ne gagnent rien ou presque, et sont demandeurs d’emploi en parallèle.

– on peut parler également de retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre ( loyer, énergie, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculable.

Faites le calcul vous même, on arrive au total, à + de 10 MILLIONS demandeurs d’emploi en France, et travailleurs pauvres occasionnels.
 
Sources : Rapport complet de la DARES de 20 pages (et non pas le simple communiqué de presse envoyé aux médias) : http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/PI-Mensuelle-BUG13N.pdf

Rendez-vous le mardi 2 Juin 2015, pour avoir les vrais chiffres du chômage de Avril 2015.

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vrais-chiffres-chomage-mars-2015-166668

5 réponses »

  1. Bravo Nathalie pour ce papier plein de fraicheur et d’humour déicat. bravo également à Jean Francois pour son enrichissement plus austère, mais par certains points distrayant lui aussi.
    La question du chômage est devenue politique parce que tous les menteurs candidats savent que c’est une question essentielle et qu’é ce titre, ils prétendent en avoir la solution: ce qui est il faut le répéter et l’assener un mensonge criminel et le restera quel que soit le prochain élu.

    D’abord la maîtrise de l’emploi a échappé à tout pays dès lors qu’il s’inscrit dans la mondialisation des échanges et dons la mondialisation des marchandises, lesquelles incorporent le travail. Le prix des marchandises fixe le prix du travail qui est incorporé. C’est ce que l’on appelle l’arbitrage mondial du travail. Ceux qui ont un emploi sont ceux qui sont les moins chers, les plus rentables à employer.

    Ensuite, nous venons de connaître une phase de progrès des technologies, des techniques et des processus de fabrication qui n’a pas encore produit tous ses effets déflationnistes sur l’emploi: il y a encore beaucoup de sureffectifs à éliminer si on veut bien tenir compte de l’effet de diffusion des techniques liées à l’informatisation et à l’automatisation. Le cycle de productivité n’est pas terminé, la diffusion doit encore s’élargir au tertiaire par exemple. Donc il y a là encore ce que j’appelle tristement une reserve de chômage.

    Enfin nous sommes déjà, sous la pression d’un nouveau cycle accéléré de robotisation; on peut guider beaucoup de tâches par des robots et c’est la prochaine vague de modernisation: Elle est terrible et effrayante. Ainsi on peut sur longue distance se passer de chauffeurs de poids lourds! On peut exploiter des restaurants fast food sans personnel. Wal Mart, n’a pour ainsi dire plus de caissière. Personne n’en parle, mais c’est la prochaine vague et je sais que la Chine, malgré le bas coût de sa main d’oeuvre s’y prépare.

    Tout ceci pour dire que la réserve de chômage, (ou de pertes d’emplois ) est colossale, elle est potentiellement dévastatrice. L’emploi fuit comme à travers un tonneau des Danaides.

    C’est la conséquence de l’accélération des progrès de la science, de la recherche et Développement et de la pression du système qui refuse la stagnation, le « sur place ». Le système est comme Ugolin, il dévore ses enfants. Il met l’épée dans les reins des acteurs économiques pour toujours aller de l’avant.

    Les facteurs de transmission de cette pression du « toujours plus » sont::
    -la concurrence, celui qui ne suit pas le mouvement disparait
    -la mondialisation avec ses différences de salaires, elle oblige a remplacer les hommes par les machines
    -la finance qui, en mettant l’argent gratuitement à la disposition du système, même en l’absence d’épargne, donne les moyens d’investir et de faire en sorte que les innovations se substituent aux travailleurs. Le crédit gratuit accélère les pertes d’emplois
    -la hausse des marchés boursiers qui oblige les managers à faire de profits de plus en plus gros pour ratifier les cours de bourse élevés, et toucher des bonus scandaleux, ce que Mélenchon appelle les licenciements boursiers.

    Le problème dépasse les malheureux politiciens. ils n’ont rien lu, ne travaillent pas, n’ont aucune vision globale, historique, tout occupés qu’ils sont à paraitre partout et ailleurs. Au lieu de regarder devant et d’anticiper, ils conduisent les yeux fixés sur le rétroviseur de leur popularité.

    Nous sommes face à une question historique et même philosophique; Est-il positif de se laisser conduire par la logique d’un Système qui a perdu de vue le fait qu’il devrait être au services des hommes?

    Si le Système ne détruisait pas ses traces au fur et à mesure de son avancée, on a calculé qu’avec les progrès réalisé dans les processus de production depuis 1980, on pourrait baisser le temps de travail nécessaire à la même production jusqu’à 17 heures par semaine: Mais « heureusement », le Système détruit ses acquis anciens, les met au rebut, hommes compris, et ainsi on peut faire tourner la vis sans fin: Vice ou vis sans fin?
    Posez vous la question de l’ordre social si jamais on stoppait la vis sans fin, le mouvement de destruction par la concurrence, si on réflêchissait sur ce problème de la raréfaction structurelle des emplois ?

    On y a reflêchi! Les élites ont choisi de stabiliser l’ordre social par la répartition. ils donnent à ceux qui n’ont pas d’emploi, une part du salaire de ceux qui en ont un , par la répartition, redistribution. Cela permet d’acheter le calme et la docilité.

    On y réflêchit, pourquoi à votre avis est on en train de militariser la police, si ce n’est, dans tous les pays industrailisés, pour être prêts comme à Baltimore ou Philadelphie, à faire face à la révolte? Croyez vous que l’instauration d’un monde de surveillance, sécuritaire soit uniquement pour affronter le terrorisme?

  2. une seule pancarte aurait été nécessaire lors de ce premier mai : FAITES DU TRAVAIL

  3. Bravo, vous me rendez comme vous dites « marginalement  » optimiste!

    Moi aussi je suis optimiste quand je lis Mises, mais je le suis moins quand je lis Hayek: Vous décrivez un monde avec des possibilités que j’aimerai vivre et connaitre, surtout pour mes enfants et les générations futures. Un monde ou le progrès, certes, détruirait des emplois, mais dans le même temps en produirait d’autres. Hélas…

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