Art de la guerre monétaire et économique

A propos du niveau normal des actions selon Bernanke

A propos du niveau normal des actions selon Bernanke

« Ben Bernanke doesn’t seem to think the stock market is too frothy.
In his latest blog post for the Brookings Institution, the former Federal Reserve chairman said the easy-money policies used during his tenure at the Central Bank have arguably only returned stock prices to normal level. »

S’ensuit une démonstration qui est un modèle de mauvaise foi et d’indigence intellectuelle.
A  mettre dans le dossier de la future commission Pecora qui jugera Bernanke.

Note a propos du « niveau normal » dont parle Bernanke.

Nous pensons que Bernanke n’a aucune chance de réussir son examen de CFA, il ferait un très mauvais analyste financier. Il faudrait qu’il fasse un stage chez Warren Buffett qui lui apprendrait la méthode de base pour évaluer les actions, la méthode de Benjamin Graham.

 

La valeur d’un actif financier est … financière. Cela veut dire qu’on l’achète pour le rapport financier qu’il va procurer. Un actif financier est trop cher lorsque le prix auquel on le paie ne procure qu’un rendement insuffisant. Le rendement suffisant ou insuffisant personne ne le connait, mais il y a des repères, les repères ce sont les normes historiques. Si le prix d’un actif est tel que son rendement prévisible est quasi nul ou très inférieur aux normes constatées sur des moyennes longues du passé, alors on peut dire qu’en regard de ce que l’on sait, cet actif financier est surévalué.
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Faire un calcul idiot pour montrer que les actions sont revenues au niveau qu’elles auraient eu normalement si la crise n’avait pas eu lieu est une escroquerie intellectuelle. La crise a eu lieu et elle dure et elle n’est pas finie. Et elle a couté cher à tous les niveaux: pertes de production, gaspillages de ressources, mises au rebut, déqualifications, atonie des investissements et surtout coût phénoménal en termes d’accroissement du stock de dettes. C’est pourtant ce que l’homme qui a été le plus puissant du monde affirme dans un blog mondialement suivi. Les actions ne sont pas chères parce que la politique de la Fed n’a fait que les remettre au niveau qu’elles auraient dû avoir si il n’ y avait pas eu de crise.

A ce niveau, au niveau actuel que Bernanke considère comme normal, si l’économie américaine croit pendant 10 ans au taux historique, si les marges bénéficiaires restent au niveau record actuel, si on capitalise les bénéfices au taux moyen lissé de longue période, alors, le rendement que l’on peut attendre sur 10 ans est … voisin de zéro. Voilà ce que disent les modèles mathématiques les plus efficaces, les mieux testés et les mieux corrélés à la réalité! 

Comme il est exclu que les marchés se contentent de rendements nuls sur longue période, cela veut dire que pour reconstituer les possibilités de rendement et de performance, il faut qu’entre temps, les prix des actions baissent fortement, puis repartent. Il faut une bonne destruction, sinon il n’y aura pas perspectives pendant 10 ans.

Notons que ce genre de calcul et de méthode de raisonnement est encore plus convaincant si on prend une période de 15 ans. La valeur d’une action est la capitalisation d’une somme de flux gagnés sur longue période, une période de 50 ans est une approximation suffisante, et si vous payez cette action au prix actuel , le flux actualisé à venir fera ressortir une rentabilité, tout compris, dividendes réinvestis, une rentabilité nulle. Il faudrait que les prix des actions baissent très fortement pour que les cash flows prévisibles futurs fassent ressortir une rentabilité de 6%, rentabilité acceptable selon les normes historiques.

1 réponse »

  1. sur le fond, rien à ajouter : clair et pédagogique ; ainsi que le rappelle et le démontre quasi hebdomadairement J. Hussman : le flux, encore le flux, toujours le flux et rien que le flux actualisé.

    sur la forme, chapeau bas : les illustrations de WB7 déchirent grave de la mort qui tue sa race comme disent les d’jeuns.

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