Art de la guerre monétaire et économique

Il n’ y aura pas de grexit! Par Liliane Held-Khawam

Il n’ y aura pas de grexit! Par Liliane Held-Khawam

JUIN 29, 2015

Les banquiers centraux ont activement créé ces 3 dernières décennies des firmes transnationales. TOUS les investissements actuels d’envergure et intérêts de la haute finance internationale sont centrés sur ces Firmes-Etats.

Ces firmes-Etats qui trustent les pool-positions sont celles qui investissent dans le transhumanisme ou le posthumanisme. Ignorer ceci dans toute analyse d’économie publique ou géostratégique revient à se priver d’une base de réflexion fondamentale.

Ces firmes-Etats ont d’ores et déjà le pouvoir mondial sur le plan économique et financier. Mais si elles veulent finaliser la création d’un espace- Etat transnational qu’elles gouvernent, elles doivent se débarrasser définitivement de tout ce qui de près ou de loin ressemble à un bien ou service public.

Mais le mot public inclut les prétentions du peuple. Or, ces firmes-Etats n’ont certainement aucune intention de partager le pouvoir avec le peuple. Rappelons que les dirigeants transnationaux sont ceux-là même qui ont siphonné les compétences des uns pour les délocaliser ailleurs, jouant sur tous les tableaux pour se constituer un réservoir de l’emploi le plus vaste possible pour diminuer les prétentions salariales jusqu’à arriver à des appellations inenvisageables encore récemment : les salaires à bas coûts !

Le projet de création d’un Etat transnational est avancé. Des chercheurs américains traitent du sujet depuis au moins une quinzaine d’années. Des organismes non gouvernementaux émettent depuis plusieurs années des directives qui sont reprises automatiquement par les Etats nationaux.
Si vous voulez vous faire une opinion de la gouvernance qui pourrait se mettre en place vis-à-vis des peuples, observez tout simplement le fonctionnement interne d’une de ces grandes firmes et vous aurez la réponse.

L’Union européenne est le terrain de suprématie des lobbies des firmes transnationales. Tout y est fait pour leur plaire. D’ailleurs, le président de la Commission actuelle est le chantre de l’optimisation fiscale de ces firmes transnationales. Le chef de la BCE est un des anciens top-managers d’une des banques d’investissements, relais entre les firmes transnationales et les marchés financiers.

L’Union européenne est une pièce de la construction du futur Etat transnational. Elle en est même une pièce centrale. Aucun trou ne peut être toléré dans l’image globale de sa carte. Elle ne pourra d’autant moins tolérer la sortie de la Grèce de son échiquier que les peuples ont compris que leur avenir est mis en danger par une « élite » que certains académiciens appellent classe capitaliste transnationale…

Par conséquent, la Grèce NE PEUT TOUT SIMPLEMENT PAS QUITTER LA ZONE EURO OU L’UE. C’est simplement IMPOSSIBLE. Cela enverrait un message néfaste pour l’empire en construction.

C’est avec cette arrière-pensée qu’il faut évaluer les enjeux de la tragédie grecque. Analyser la Grèce sur la base exclusive des finances est une erreur fondamentale. La crise grecque n’est rien d’autre qu’une guerre lancée contre ce qu’il reste de souveraineté à cet Etat.

L’austérité exigée par les créanciers de la Grèce est de loin plus importante que la dette elle-même. Faire reconnaître la supériorité des exigences des firmes transnationales revient à renier la démocratie et les besoins humains du peuple. Il s’agit ni plus ni moins d’une exigence de « reddition ».

Regardez où en est le peuple grec en Mars 2014 :

« ✔ 34,6% de la population vit dans la pauvreté ou dans l’exclusion sociale, ou est susceptible d’y glisser (chiffres 2012).
✔ Depuis le début de la crise, le revenu disponible des ménages a chuté de 30%.
✔ 34,8% des ménages grecs ont des arriérés à l’égard de l’Etat, des banques, de la sécurité sociale ou d’autres services publics.
✔ Plus de 40% pensent qu’il ne seront pas en mesure de remplir leurs obligations financières cette année.
✔ Le Service public de fourniture d’électricité coupe l’approvisionnement électrique de près de 30.000 familles et entreprises chaque mois en raison de factures impayées.
✔ Depuis le début de la crise, le chômage a augmenté de 160%. Près de 3,5 millions d’employés travaillent pour soutenir 4,7 millions de chômeurs et d’inactifs.
✔ Les chômeurs reçoivent une indemnité de chômage de 360 euros pendant les 12 premiers mois de leur chômage. En conséquence, seulement 15% des 1,4 millions de chômeurs reçoivent des prestations. Les travailleurs indépendants (25% du nombre total de personnes actives) n’ont pas droit à ces prestations.
✔ Les transferts sociaux devraient être réduits de 18% cette année. Le budget de la santé a été réduit de 11,1% entre 2009 et 2011. Aucun pays de l’OCDE n’a réalisé une coupe aussi importante sur ce budget.
✔ La pension moyenne de base se monte à moins de 700 euros, et depuis 2010, elle a été réduite d’un quart. Il est prévu que ce montant soit encore réduit de moitié sur les prochaines années.
✔ Pour 48,6% des ménages, la pension est la principale source de revenus.
✔ Selon une étude de l’Université d’Athènes, 12,3% des Grecs souffrent de dépression clinique. Ils n’étaient que 3,3% en 2008.
✔ Environ 800 000 personnes vivent sans accès aux soins de santé et dans certaines régions, des organisations humanitaires telles que Médecins du Monde ont dû se substituer au système de santé national pour fournir des soins et des médicaments aux personnes les plus vulnérables.
✔ La réduction du nombre de seringues et de condoms disponibles pour les toxicomanes a provoqué une forte hausse des cas d’infection au VIH, les faisant passer de 15 en 2009 à 484 en 2012.
✔ Les chercheurs notent également une augmentation de 21% du nombre d’enfants mort-nés, qu’ils ont attribuée aux restrictions d’accès aux soins prénatals.
✔ La mortalité infantile a augmenté de 43% entre 2008 et 2010.
✔ Enfin, le taux de suicide est également en hausse, et alors qu’on en avait compté 400 en 2008, on a dénombré 500 cas de suicides en 2011.
Source : http://www.express.be/business/fr/economy/16-chiffres-qui-montrent-qui-paye-la-crise-grecque/203562.htm

Mais ça ne suffit pas. Il faut les écraser encore plus. A l’heure où l’argent n’a plus aucune valeur et que les firmes transnationales sont payées avec l’argent des déposants et des retraites via des intérêts négatifs injustes et injustifiés, le prétexte de la dette ne tient pas. La réalité est que le peuple grec doit être mis à terre pour servir d’exemple aux autres peuples qui observent. C’est un MUST.
Quelles que soient la nature financière ou militaire actuelle et les lieux où celles-ci se déroulent, l’arrière-plan est économique, financier et commercial. Même dans le cas de la Grèce, il y en a qui s’en sont mis plein les poches.

Certains bien inspirés et sûrement pas initiés ont gagné jusqu’à 42% de rendement sur les dettes publique grecques. Lorsque les banques nationales (FED, BCE, BNS, Banque du Canada, Japon) ont déclaré en septembre 2011 qu’elles rachetaient à tout établissement financier tout titre en échange de cash, les banques centrales ont payé le prix fort !!!

Grece

Maintenant regardez l’attractivité de la Grèce avec des salaires certainement des plus compétitifs et un pouvoir d’achat en chute libre…. Les investissements venant de l’étranger a été multiplié presque par 8 entre 2010 et 2013 !!!

FDE Grece

La dette est grecque est une juteuse affaire pour qui est protégé des risques par une loi du genre too big to fail qui garantit indéfiniment les risques pris par les grandes banques sans aucune contrainte grâce à l’argent des citoyens.
Rappelons tout de même que c’est ce sauvetage des grandes banques too big to fail qui a justifié les programmes pharaoniques des banquiers centraux et chargé le fardeau des dettes publiques…

Mutualiser les pertes et les risques mais privatiser les gains inimaginables car inconnus puisque hors des bilans des banques(finances de l’ombre) est la valeur fondatrice du nouvel Etat transnational. Courage…

https://lilianeheldkhawam.wordpress.com/2015/06/29/il-n-y-aura-pas-de-grexit-liliane-held-khawam/

14 réponses »

  1. bravo si je puis dire pour votre analyse, j’en arrive au meme resultat, jamais il n’y aura de grexit…
    nous sommes les esclaves de cette elite ripoublicaine…

  2. Même si les lecteurs de Lupus partagent déjà cette analyse c’est toujours jouissif à lire quand c’est aussi brillament démontré et écrit.

  3. Bravo, très bonne analyse de la gouvernance mondiale qui se met en place à la faveur de la crise en cours..prochaine étape le fédéralisme politique et fiscal en UE avec disparition des états-nations et le dénouement grec permettra justement ce basculement car il faudra sauver le soldat UE. Donc pas de sortie possible de l’UE effectivement. Pour ce qui est de la sortie de l’euro et de la dette il y aura au final une « solution » à n’en pas douter d’ailleurs les marchés ne corrigent pas sérieusement..CQFD

  4. Superbe…d’autant plus que je ne vois pas comment l’Otan pourrait accepter de perdre une de ces bases…………….vers le moyen orient…
    Les grecs vont voter oui ….(la démocratie………ahahah)et le gouvernement va tomber …
    Et comme pour Papandreou et Berlusconi il sera remplacé par un ex goldman sachs..boy….
    (voir Marion Monti et l’autre…)
    Qu’est ce qu’on se marre ..vous ne trouvez pas?
    Merci..a vous tous.

  5. « Ces firmes-Etats qui trustent les pool-positions sont celles qui investissent dans le transhumanisme ou le posthumanisme. Ignorer ceci dans toute analyse d’économie publique ou géostratégique revient à se priver d’une base de réflexion fondamentale. »

    Les « firmes-états » se servent des états pour avancer et faire plier les peuples selon ce que leur philosophie leur dicte et selon leurs interets les plus basiques: le profit.

    L’aspect philosophique c’est à dire la vision qu’ils se font d’eux meme, de leur role démiurgique leur impose de soumettre la masse pour que celle-ci en tant qu’outil et matériaux de base leur permette de se hisser plus haut encore dans l’échelle darwinienne de la sélection naturelle… la loi de la jungle, il la façonne et lui donne une dynamique compulsive (maladive), intrusive en ce qu’elle « déréalise » les etres, répulsive en ce qu’elle a d’anti-thétique des valeurs universelles (traditions) et destructive du monde par la transumance des idées (soft power).

    L’ingénierie sociale s’insère dans les technologies NBIC et se prolonge dans le transhumanisme, véritable fiction de l’Homme Nouveau post nieszchéen que fantasme l’élite prédatrice, cernée par sa folie qu’elle auto entretient par force machiavélique sur les esprits faibles (les métayers et autres kapos du Syteme).

    Leur agendas implique un ultime volet ou l’Humanité, par eugénisme revisité, se verra réduite à sa portion congrue, car ce qui est inutile est voué au néant, les « mange peuple » de La Boetie n’auront jamais aussi bien nommé.

  6. La Grèce est maintenant devant la grande muraille de EuroTroie, j’ espère que comme Ulysse elle gagne la batalle.Elle dit NON , sort de tout ce merdier….est elle est libre pour faire affaires avec la Russie et Chine , leurs intérêts ne sont pas dans ce carcan européen …ni nous NON PLUS!

    J’usqu’à quand on va subir sans broncher? Pourquoi doit-on « engrosser » tous ces eurocrates avec des salaires et pensions dont le plus bas est de 3500 euros net (pour la catégorie D…qui est par exemple distribuer le courrier et matériel ) un administratif catégorie C a partir de 3500 euros , catégorie B 5000 euros net et plus catégorie A ..plus de 8000 euros.

    Et en plus , non seulement on paye le salaire des fonctionnaires mais aussi des agents externes qui touchent le même salaire pour chaque catégorie …car une grande partie des fonctionnaires sont soit absents soit ils ne savent pas travailler, car ces institutions ne SONT PAS le fruit d’une intelligence créatrice ….mais destructrice !!

    Cette Europa est la propre image de la décadence, de la démagogie , où sont les grands esprits.?..cette Europe a été le berceau de grands penseurs , des lumières, d’un intellect flamboyant .

    Donnons un vote de confiance et d’intelligence a la Grèce…..elle dira NON!

    Un grand bonjour de Madrid,

    Marian

  7. J’admire beaucoup ceux qui défendent la souveraineté grecque. Le peuple a parlé, il faut le respecter. C’est comme ça la démocratie. En Europe il faut de la solidarité, sinon, l’europe ne sera pas. La comparaison la plus incongrue c’est, si le Delaware fait faillite, est-ce qu’on le ferait sortir des Etats Unis? Comparer les Etas Unis d’Amérique, aux Etats Désunis d’Europe, fallait le faire. Deux choses:

    1- La Grèce est une démocratie, soit. Mais alors qui a voté pour tous les représentants du peuple grec, qu’ils soient de droite ou de gauche, depuis la chute des militaires. C’est bien le peuple grec, ce ne sont pas les macédoniens ou les chypriotes. Qui, en démocratie, est donc responsable de l’état d’un pays, c’est bien le peuple. Comme qui dirait qu’en France, on ne soit pas concerné par la dette française. Mais qui a voté pour nos représentants? Bonjour la démocratie.
    On ne peut pas tenir le peuple nord coréen de responsable de l’état de son pays, car ce même pays est dirigé par un despote et le peuple subit (quoiqu’en les regardant parfois en état extatique devant ce despote, on pourrait croire qu’ils ont atteint le Nirvana)

    2- Il faut de la solidarité, soit. Par charité chrétienne alors, effaçons la dette grecque. Quelqu’un pourrait-il donner des garanties pour l’avenir, que les grecques collecterons les impôts à tous les niveaux, comme cela se passe dans le reste de l’Europe, qu’il s’occuperont de leur cadastre comme dans le reste de l’Europe, que le sport national, qui est de frauder le fisc, du plus petit commerçant aux plus grosses sociétés cesse, etc… Si cela ne peut être garanti alors il faudrait préparer les européens à renouveller leur charité chrétienne toutes les 2 ou 3 décénies.

    • Randy,

      Mais l’Europe n’est pas! on peut le contempler tous les jours, des salaires disparates ..par exemple le smic chez vous est de 1000 euros ici de 645 euros, pourtant les loyers sont chèrs , a Madrid pour 800 euros ont trouve une boîte d’allumettes!. La plupart des petits salaires louent des chambres . C’est ça l’Europe prospère dont on nous a vantée les bienfaits?

      Ici ont peut voir tous les jours la pauvreté qui s’installe insidieusement.

      On oblige l’Espagne a baisser les salaires , on rabote les acquis. Même chose pour la Grèce.

      Euro est une religion , un dogme , je suis athée .

      Un grand bonjour depuis Madrid,

      Marian

      • Marian,

        Je suis tout à fait d’accord avec vous. L’Europe actuelle a été mal étudiée, car on a omis le volet politique et le volet social. Ceux qui l’ont pensée étaient utopiques, et même irresponsables. On aurait dû rester avec l’Europe du marché commun pendant des années encore et laisser mûrir encore plus la notion de cette Grande Europe.

        Ces dirigeants qui ont créer cette Europe, auraient dû avertir les peuples, que, si jamais ça se ferait, ce serait dans la souffrance et la douleur, pendant plusieurs années. Et ne pensez pas que le tour de la France ne viendra pas. Tout cela est si triste!

        L’Euro n’est pas une religion, l’Euro est un piège…peut-être mortel.

  8. oui nous sommes au Moyen âge, il faut avoir une analyse Marxiste de la situation
    (je n’emploie pas le mot crise, car s’il y a bien une crise morale et intellectuelle -en haut mais aussi en bas chez les electeurs , les contribuables – économiquement il s’agit surtout d’un phénomène comptable)

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