Art de la guerre monétaire et économique

L’Union européenne et la zone euro étant en train de perdre leur crédibilité Par Pierre Leconte

Alors que Tsipras, en dépit de ses idées marxistes rétrogrades, avait suscité un grand espoir (quelque peu irrationnel d’ailleurs) auprès du peuple grec et d’autres en Europe en résistant à la chape de plomb que l’Allemagne entend maintenir à son profit sur les structures et les politiques européennes;

Trois commentaires intéressants:

http://www.alternet.org/economy/james-galbraith-greek-revolt-threatens-entire-neoliberal-project

http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-referendum-nationalism-democracy-by-dani-rodrik-2015-07/french

http://www.project-syndicate.org/commentary/greece-creditors-prisoners–dilemma-by-daniel-gros-2015-07/french

Sa capitulation sans condition est misérable et lui a fait perdre tout capital politique. D’autant qu’il a trahi les Grecs en allant s’accorder avec leurs créanciers sur un programme d’austérité récessionniste implacable (bien pire que celui qu’ils subissent depuis des années tant avec leurs gouvernements de droite qu’avec ceux de gauche) moins de cinq jours seulement après les avoir appelés à le refuser par référendum!!! Comme Hollande et les autres, il s’est révélé incapable de mettre en œuvre le programme de changement auquel il s’était engagé. S’il veut rendre service à son pays, il doit partir au lieu de s’incruster à son poste en faisant dorénavant la politique de ses adversaires politiques locaux, au risque de provoquer une révolution…

http://globaleconomicanalysis.blogspot.ch/2015/07/breathtaking-political-capitulation.html

http://www.20minutes.fr/monde/1651059-20150713-grece-varoufakis-donne-vraies-raisons-depart#xtor=RSS-176

http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-07-13/tsipras-faces-syriza-mutiny-after-capitulating-to-demands

http://www.marketwatch.com/story/end-of-eurozone-democracy-bitter-pill-to-swallow-analysts-assess-the-greek-deal-2015-07-13?dist=beforebell

http://www.slate.fr/story/104243/alexis-tsipras-art-pirouette#xtor=RSS-2

http://www.zerohedge.com/news/2015-07-11/79-greeks-oppose-syrizas-third-bailout-proposal

Le seul point positif c’est que l’extrême gauche européenne (du Front de gauche de Mélenchon, aux Verts et à Podemos), supposée offrir une alternative à l’austérité mais sans sortir de l’UE et/ou de l’euro (ce qui est irréaliste), est, en même temps que Syriza, disqualifiée.

Ce sont surtout les libéraux non-interventionnistes et anti-keynésiens (courant qui a évidemment notre sympathie -dans la lignée des Mises, Hayek, Rueff et même des Friedman ou Allais, qui n’est hélas plus actif qu’aux USA, en Grande-Bretagne, en Suisse et à un moindre degré en Allemagne -Hans Werner Sinn de l’Institut IFO-), opposants depuis le début à la monnaie unique et à la BCE monopolistique, qui en sortent politiquement renforcés.

http://www.boursier.com/actualites/macroeconomie/crise-grecque-plaidoyer-en-faveur-de-la-drachme-hans-werner-sinn-635688.html

https://fr.news.yahoo.com/faux-semblants-chiffres-truqu%C3%A9s-mensonges-impostures-m%C3%A9thode-hollande-112502404–finance.html

http://www.project-syndicate.org/commentary/eurozone-debt-mutualization-or-individual-liability-by-hans-werner-sinn-2014-10/french

http://www.cesifo-group.de/de/ifoHome/policy/Staff-Comments-in-the-Media/Interviews-in-print-media/Archive/Interviews_2014/medienecho_ifointerview-lepoint-23-09-2014.html

Accessoirement les souverainistes (UKIP de Nigel Farage, DLF de N. Dupont-Aignan, etc.) et la droite nationaliste radicale (Front National de M. Le Pen, FPÖ autrichien, etc.) pourraient gagner en crédibilité avec la crise grecque, surtout si elle se terminait par la perte des milliards injectés par les Etats européens dans le nouveau Tonneau des Danaïdes au détriment de leurs contribuables.

Quand l’économie d’un pays s’écroule, il doit dévaluer massivement -mais exceptionnellement- sa monnaie. Ce qui, dans le cas actuel des pays du Club Med et de la France, passe inévitablement par leur sortie de l’euro puisqu’ils n’ont plus de monnaies nationales susceptibles d’être dévaluées, leurs seules variables d’ajustement étant, du fait de l’absence de monnaie nationale, la baisse des salaires et la hausse des impôts, d’où leur déflation/récession.

D’autant qu’un retour à leurs monnaies nationales permettrait de réduire considérablement leurs dettes nationales (publiques et privées) en euros parce que devenant alors ipso facto « redénominées » dans leurs monnaies nationales dévaluées et donc remboursables à moindre coût dans les dites monnaies (en vertu de la Lex Monetae).

A propos de la Lex Monetae:

https://en.wikipedia.org/wiki/Lex_monetae

https://altereconomie.wordpress.com/2014/09/07/la-lex-monetae/

http://www.lemonde.fr/idees/article/2014/09/15/non-la-dissolution-de-l-euro-n-entrainerait-pas-un-cataclysme-financier_4487407_3232.html

Franklin Roosevelt dévalua le dollar US de 70% en 1933, Charles de Gaulle dévalua deux fois le franc français en juin 1958 de 20 % puis en décembre 1958 de 17,55 %, ce qui a permis à leurs pays de sortir de crises économiques épouvantables tout en baissant drastiquement le poids de leurs dettes.

http://www.marketwatch.com/story/the-greeks-ought-to-avoid-this-one-myth-2015-07-10

Or, dans l’accord (provisoire ou définitif, ce n’est pas encore certain) qui a été laborieusement trouvé, dont Hollande s’enorgueillit bêtement d’avoir été l’acteur puisqu’il aggrave tout et endette un peu plus fortement la France, il n’y a que des perdants:

-la Grèce, dont la dette va encore massivement augmenter et dont l’économie ne reprendra pas puisque ce qu’elle va recevoir n’ira pas à l’investissement productif mais au paiement de ses créanciers et à la recapitalisation de ses banques, pendant que la paupérisation de sa population augmentera du fait de la hausse des impôts et de la chute supplémentaire de la consommation intérieure;

-les contribuables et les Etats de la zone euro qui vont devoir y injecter encore des dizaines de milliards d’euros (85 dit-on!!!), ce qui augmentera les impôts des uns et la dette des autres d’autant qu’il s’agit de verser dans un un puits sans fond des sommes énormes qu’ils ne reverront jamais puisque les privatisations grecques seront nécessairement insuffisantes pour couvrir un tel montant, pour autant qu’elles soient effectivement mises en œuvre ce qui n’est pas certain du tout…

Bilan: on a gagné dans le meilleur des cas quelques semaines ou quelques mois puis une nouvelle crise, fatale celle-ci, de la dette grecque interviendra…

http://www.bloombergview.com/articles/2015-07-13/europe-s-insane-deal-with-greece

http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/la-defaite-de-la-grece-la-defaite-de-l-europe-491792.html#xtor=AL-13

http://www.bloomberg.com/news/articles/2015-07-13/greece-will-lose-a-generation-trying-to-become-ireland

http://www.zerohedge.com/news/2015-07-13/goldman-greek-solution-exposes-whole-system-collapse

http://www.newsmax.com/Finance/PeterMorici/greece-euro-bailout-drachma/2015/07/13/id/654677/

http://www.bloombergview.com/articles/2015-07-13/greece-should-just-quit

http://www.marketwatch.com/story/greeces-new-deal-simply-wont-work-for-these-two-reasons-2015-07-14

Ce qu’il fallait faire c’était: proposer à la Grèce de sortir de la zone euro (un point sur lequel W. Schäuble a raison sur le fond non pas sur la méthode) mais en restant dans l’UE, l’inciter à revenir à la drachme sa monnaie nationale, y investir immédiatement une vingtaine de milliards d’euros seulement pour lui permettre de recapitaliser ses banques en échange de l’achat d’une partie de leur capital, repousser les échéances de toutes les dettes publiques grecques à 30 ans -dorénavant remboursables en drachmes, Lex Monetae oblige-, fixer un taux d’intérêt zéro sur lesdites dettes, tout en lui laissant l’entier bénéfice de ses privatisations qu’elle aurait pu investir dans un plan d’investissement productif de son choix, sortir le FMI du jeu en demandant à la BCE (qui n’en est plus à une irrégularité près quand on sait qu’elle a interdiction d’acheter les dettes des États-membres de la zone euro alors qu’elle s’y emploie tous les jours en toute illégalité!!!) de consacrer une partie de son QE au remboursement de la créance grecque dudit FMI. Et, évidemment, cesser toute nouvelle ingérence dans la politique intérieure souveraine du pays au lieu d’en faire une colonie pénitentiaire. C’eut été généreux et efficace pour l’avenir, tout en réglant au mieux le passé et la situation présente.

Un peu tardivement, c’est d’ailleurs plus ou moins ce que le FMI, devenu réaliste mais surtout parce que prenant ses ordres auprès du gouvernement US qui en a assez de tout ce cirque européen, propose maintenant!!!

http://www.bluewin.ch/fr/infos/international/2015/7/15/le-fmi-reclame-un-allegement-massif-de-la-dette-gr.html

https://fr.finance.yahoo.com/actualites/le-fmi-invite-leurope-ger-125114707.html

Ce que voudraient les USA:

https://fr.news.yahoo.com/etats-unis-plaident-restructuration-dette-grecque-185454236.html

http://www.zerohedge.com/news/2015-07-12/eurogroup-officially-threatens-greece-5-year-grexit-time-out

http://rue89.nouvelobs.com/2015/07/12/grece-pays-est-face-a-nouvelle-forme-doccupation-260252

https://fr.news.yahoo.com/lallemagne-renvoy%C3%A9e-%C3%A0-pass%C3%A9-question-dette-110558328.html

http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/13/athenes-aura-du-mal-a-tenir-ses-prochaines-echeances-financieres_4681149_3234.html#xtor=AL-32280515

Comme le scénario de la crise de la dette grecque va se représenter tôt ou tard avec les crises des dettes espagnole, portugaise, italienne voire française, elles aussi non remboursables, il est de la plus haute importance pour la Troïka de prévoir un plan cohérent à mettre en œuvre pour ne pas reproduire le même psychodrame et aboutir au même échec.

http://www.zerohedge.com/news/2015-07-12/why-greece-precursor-next-global-debt-crisis

http://www.zerohedge.com/news/2015-07-15/italy-%E2%80%93-non-performing-loans-hit-new-record-high

A notre avis, l’UE et la zone euro, au plan de leur crédibilité perdue, ne se remettront pas de la crise grecque tant l’esprit de vengeance, la division et l’amateurisme dont font preuve leurs dirigeants sont pitoyables.

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L’agonie de ces institutions dépassées sera inutilement longue et douloureuse pour les populations…

http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20120905trib000717938/six-choses-a-savoir-sur-mario-draghi-le-patron-de-la-bce.html?utm_source=Le+Contrarien+Matin&utm_campaign=c6a9e16fac-daily_newsletter_2015_07_10&utm_medium=email&utm_term=0_b6dd3f3e5f-c6a9e16fac-45398949

http://www.herodote.net/Todd_On_assiste_a_la_3e_autodestruction_de_l_Europe_sous_direction_allemande_-article-1513.php

http://www.herodote.net/L_Europe_dans_la_tempete-article-1511.php

A moins que, pour une fois, la seule solution démocratique pour sortir de la crise –c’est-à-dire le recours au référendum dans tous les pays concernés afin d’interroger les peuples sur ce qu’ils veulent- soit décidée (sur le modèle du référendum que la Grande-Bretagne va tenir). Pas pour enterrer leur verdict s’ils se prononcent pour la sortie de l’UE et/ou de l’euro, ainsi que vient de le faire Tsipras ou que Sarkozy l’avait fait après le non français au traité de constitution européenne de 2005, mais en respectant à la lettre ce qui en sortira:

A savoir vraisemblablement deux Europe, l’une s’installant dans le fédéralisme intégral et la déflation via l’austérité et la sur-évaluation monétaire sous l’hégémonie de l’Allemagne (ce pays étant le seul à avoir bénéficié de l’euro comme en témoigne la croissance de son surplus de commerce extérieur depuis la création de la monnaie unique qui est sur-évaluée pour les autres mais pas pour lui),

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et l’autre revenant à la souveraineté retrouvée de ses États-nations et à leurs monnaies nationales susceptibles d’être dévaluées autour de la Grande-Bretagne, de la Hongrie, de la République tchèque, de la Pologne, du Danemark, de la Suède et de quelques autres. Sans parler de la Suisse ou de la Norvège qui, fort heureusement pour leurs peuples, n’appartiennent ni à l’UE ni à la zone euro; les USA, de leur côté, du fait de leur détention de la monnaie mondiale, n’hésitant pas à s’en servir selon leur intérêt immédiat. Tous pays qui, n’étant pas astreints à un carcan monétaire producteur d’une croissance nulle donc d’un endettement sans fin, ont évidemment ces dernières années obtenu des résultats économiques bien meilleurs que ceux de la zone euro.

La crise mondiale actuelle illustrant le précepte de Milton Friedman: « La monnaie est une chose trop importante pour la laisser aux banquiers centraux » (Capitalism and Freedom), il faudra bien que l’on avance dans la réforme du Système monétaire international…

Un autre sujet sur lequel l’UE est en train d’échouer, c’est celui de l’immigration, faisant aussi l’objet d’un rejet massif par les populations européennes de l’Europe actuelle, lequel va prochainement connaitre une aggravation supplémentaire ayant, elle aussi, des effets économiques délétères. Sans parler de l’enlisement européen dans la crise ukrainienne et de la rupture -fort coûteuse pour l’UE- de ses relations commerciales et de coopération avec la Russie qui n’est aucunement stabilisée.

http://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/de-la-france-a-l-italie-les-europeens-veulent-la-peau-de-schengen_992307.html#xtor=AL-79-%5Barticle%5D-%5Bconnexe%5D

http://www.telerama.fr/idees/l-europe-souffre-d-une-vieille-pathologie-liee-a-sa-vision-autocentree,128951.php?ref=yfp

La crise d’endettement globale de la zone euro devrait se traduire par une hausse supplémentaire des taux à moyen et long termes européens, donc par la chute des obligations de ses États-membres (mais par une reprise à court terme de leurs marchés d’actions sur-vendus -DAX allemand surtout-, avec une forte volatilité), pas nécessairement par une forte baisse de l’euro contre le dollar US et les autres devises dont l’Allemagne et plusieurs banques centrales (la BNS par exemple) feront ce qu’elle peuvent pour éviter le décrochage. D’autant que l’Allemagne redoublera d’intransigeance à l’égard des pays du Club Med et de la France qui seront contraints à toujours plus de rigueur budgétaire et de diminution drastique de leurs acquis sociaux sous la menace permanente de se faire expulser de la zone euro par Berlin. C’est donc le retour ultérieur probable à la récession qui les guette tant qu’ils resteront dans « le piège » de l’euro. En face de cette situation dramatique, les USA feront figure de pays de cocagne…

http://www.newsmax.com/Finance/Economy/alan-greenspan-united-states-economy-federal-reserve/2015/07/11/id/654531/

http://www.zerohedge.com/news/2015-07-13/eu-exit-will-now-be-threat-those-who-dont-behave-german-way-bofa-says

https://fr.finance.yahoo.com/actualites/varoufakis-lallemagne-veut-grexit-intimider-fran%C3%A7ais-063357215–finance.html

https://fr.news.yahoo.com/crise-grecque-leuro-nest-irr%C3%A9versible-symbole-division-franco-133605459.html

http://www.lemonde.fr/international/article/2015/07/11/pour-varoufakis-l-allemagne-veut-intimider-la-france-a-travers-l-exemple-grec_4679152_3210.html#xtor=AL-32280515

http://www.forum-monetaire.com/lunion-europeenne-et-la-zone-euro-etant-en-train-de-perdre-leur-credibilite-nous-restons-donc-principalement-long-actions-us/

EN BANDE SON: 

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