Art de la guerre monétaire et économique

Les dévaluations de monnaies émergentes s’enchaînent

Les dévaluations de monnaies émergentes s’enchaînent

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Alors que le Kazakhstan laisse plonger sa monnaie, face à la chute du pétrole, l’Afrique du Sud et la Turquie doivent faire face à de fortes baisses de leurs monnaies

Le Kazakhstan, plombé par la chute des cours du pétrole et par la récession frappant la Russie voisine, laisse filer sa monnaie.

Une décision qui a entraîné la pire dévaluation subie depuis 17 ans par cette ex-république soviétique d’Asie centrale riche en hydrocarbures.

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Chart: Massive devaluation in Kazakhstan –

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Certains magasins ont fermé et l’anxiété s’est emparée de la population après l’annonce jeudi par le gouvernement qu’il cessait d’intervenir sur le marché des changes pour encadrer les mouvements du tenge. La devise a aussitôt perdu plus de 20% de sa valeur.

«J’ai bien peur que mon université augmente les frais de scolarité», a expliqué Janar Agataïéva. L’étudiante de 19 ans avait les yeux rivés sur l’évolution des cours devant un bureau de changes de la plus grande ville du pays, Almaty.

Lors d’un conseil des ministres, le premier ministre Karim Massimov a annoncé la mise en place dès jeudi d’une «nouvelle politique monétaire avec pour objectif la lutte contre l’inflation».

Laisser faire le marché

Concrètement, les autorités mettent fin à la fourchette qui encadrait les mouvements de la monnaie jusqu’à présent et adoptent un régime «flottant» déterminé par les mouvements du marché, a précisé le chef du gouvernement. La veille, elles avaient déjà laissé la monnaie céder 5% face au dollar.

Le dollar valait plus de 250 tenges après 12h00 (heure suisse), contre autour de 188 mardi. En deux jours, la monnaie kazakh a subi ainsi «sa plus forte dévaluation depuis 1998», a relevé Oleg Kouzmine, économiste chez Renaissance Capital.

«C’est un choc considérable pour la population et les entreprises, qui devraient réduire leurs dépenses», a-t-il ajouté dans une note, prévoyant une croissance économique nulle au second semestre.

Afrique du Sud – Le rand au plus bas face au dollar depuis 2001

La livre turque a poursuivi sa baisse jeudi face au dollar. (Reuters)

Le rand sud-africain a atteint son plus bas historique depuis 2001 face au dollar et n’a jamais été aussi faible face à la livre sterling. Une chute qui intervient dans un contexte international difficile pour les devises émergentes, selon des économistes sud-africains.

Jeudi à 9h00 (heure suisse), un dollar s’échangeait à 13,00 rands, sa valeur la plus faible depuis décembre 2001 où un dollar valait alors 13,84 rands. A 8h00, la monnaie sud-africaine a également atteint son plus bas historique face à la livre sterling, cassant la barrière des 20 rands pour 1 livre, à 20,32 rands.

«La chute des prix des matières premières a un impact sur l’économie sud-africaine. Celle-ci repose beaucoup sur l’exportation de platine et d’or», indique Isaac Matshego, analyste chez Nedbank, pour expliquer la chute de la devise sud-africaine.

La dévaluation surprise du yuan chinois la semaine dernière a également joué un rôle. «Cela a renforcé l’incertitude des investisseurs concernant les marchés émergents», explique Ian Cruickshanks, chef économiste à l’Institut de relations des races à Johannesburg.

Faiblesse de la livre turque

La livre turque a poursuivi sa baisse jeudi face au dollar, après l’annonce par la banque centrale de Turquie qu’elle n’interviendrait pas sur les taux d’intérêt, alors que de nouvelles élections législatives se profilent.

La livre turque (TL) a affiché un nouveau bas record avec une perte de 1,31% contre le billet vert et 0,62% contre l’euro, s’échangeant respectivement à 2,906 TL et 3,20 TL.

Lundi, la monnaie turque s’échangeait encore contre 2,86 TL pour 1 dollar, et contre 3,17 TL pour 1 euro.

Mardi, la banque centrale turque a décidé de laisser inchangés ses taux d’intérêt, au grand dam de certains économistes.

«Les mouvements des taux de change retardent l’amélioration des principaux indicateurs (comme l’inflation, ndlr)», a indiqué la banque centrale turque dans un communiqué.

Celle-ci a par ailleurs précisé qu’elle poursuivrait «une politique monétaire plus restrictive tant que cela serait nécessaire».

Chart: Turkish 10yr government bond yield –

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A noter que l’effondrement du prix du pétrole, principalement dû à la hausse du Dollar US Index et aux manœuvres délibérées irresponsables des USA pour affaiblir la Russie, puis à la guerre des prix entre les USA et l’OPEP (Arabie Saoudite en tête) pour le contrôle de leurs parts respectives du marché mondial, et finalement à l’accord décidé par Obama sur le nucléaire iranien, qui devrait permettre à l’Iran de produire du brut massivement dès 2016, est en train de se transformer en catastrophe géo-politique et géo-économique mondiale, en ruinant les pays émergents et du Moyen Orient producteurs, sans du tout améliorer la situation des économies occidentales puisque les compagnies pétrolières (dont les actions et le cash-flow s’effondrent) ne répercutent que peu la baisse des prix sur les consommateurs afin de conserver une marge la plus grande possible. Combien de temps la Russie acceptera-t-elle de subir son appauvrissement sans réagir? Attention à la crise ukrainienne et à celles d’autres points chauds non stabilisés qui pourraient rebondir et entrainer un conflit majeur. Une bonne raison d’acheter un peu d’or en dollar US si les 1.143 cassaient à la hausse! (Pierre Leconte) 

EN BANDE SON:

1 réponse »

  1. Si dans le contexte actuel, les métaux traditionnels or – argent ne sont même plus des valeurs refuges, quelle devise-refuge serait la plus épargnée ? Vous vous souvenez de l’ancien engouement pour la couronne norvégienne ? Mais aujourd’hui, -14% sur 1 an, et à l’achat des frais de plus de 8%… ça le fait plus !

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