Art de la guerre monétaire et économique

Géopolitique : Ça chauffe en mer de Chine !

Ça chauffe en mer de Chine !

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28 Octobre 2015 , Rédigé par Observatus geopoliticus Chroniques du Grand Jeu

Ca chauffe en mer de Chine

A l’autre extrémité de l’échiquier eurasiatique et à 8 000 km du conflit syrien, la tension est brusquement montée d’un cran en mer de Chine méridionale autour de l’archipel disputé des Spratleys. Un navire de guerre américain s’est approché mardi à moins de 12 milles d’îles artificielles que Pékin construit dans la zone, entraînant une réaction assez furieuse de Pékin qui aconvoqué l’ambassadeur des Etats-Unis. Washington semble pourtant prêt à une dangereuse escalade, menaçant de répéter la manoeuvre.

La Chine revendique des droits sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale et y mène de colossales opérations de remblaiement, transformant avec, il faut le reconnaître, une certaine mauvaise foi des récifs coralliens en « îles chinoises » afin d’étendre sa souveraineté maritime.

Ca chauffe en mer de Chine

En mer de Chine méridionale, la dispute tourne autour de deux archipels inhabités mais stratégiquement de la plus haute valeur : les Paracels et surtout les Spratleys, également revendiqués par le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Brunei et le gouvernement chinois nationaliste de Taïwan. En mer de Chine orientale, on se rappelle la dangereuse querelle sino-japonaise des îles Senkaku/Dyaoshu, culminant en 2012-2013 mais toujours latente.

Si les journaux ont narré l’événement, certains faisant même parfois un effort pour « comprendre » la situation, analysant la lutte pour le contrôle de l’une des routes maritimes les plus stratégiques du globe, la toile de fond est malheureusement totalement occultée. Elle explique pourtant tout…

Ca chauffe en mer de Chine

Une carte vaut parfois tous les discours. Nous sommes évidemment en plein Grand jeu, qui voit la tentative de containment du Heartland eurasien par la puissance maritime américaine. Les disputes territoriales autour des Spratleys, des Paracels ou des Senkaku/Dyaoshu ne concernent pas une quelconque volonté de mettre la main sur d’éventuelles ressources énergétiques ou routes stratégiques, ou alors seulement en deuxième instance. Il s’agit avant tout pour le Heartland, la Chine en l’occurrence, de briser l’encerclement US et de s’ouvrir des routes vers le Rimland et vers l’océan, exactement comme la Russie le fait sur la partie ouest de l’échiquier avec ses pipelines et ses alliances de revers.

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La présence américaine en Extrême-Orient est l’héritage de l’immédiat après-guerre (tiens, tiens, justement la période des père fondateurs de la pensée stratégique états-unienne, MacKinder et Spykman). Japon (1945), Taïwan (1949), Corée (1950) : la boucle était bouclée et l’Eurasie cernée à l’est, comme elle l’était à l’ouest par l’OTAN, au Moyen-Orient par le CENTO et en Asie du sud et sud-est par l’OTASE. La guerre froide entre les deux Corées ou entre Pékin et Taïwan sont évidemment du pain béni pour Washington, prétexte au maintien des bases américaines dans la région.

Le double plan de la puissance maritime – diviser le continent-monde à l’intérieur, l’encercler à l’extérieur – a atteint son acmé avec la rupture sino-soviétique de 1960. Un demi-siècle plus tard, que d’eau a coulé sous les ponts… Même s’il reste bien entendu de nombreuses pierres d’achoppement, l’Eurasie n’a jamais été aussi unie (symbiose russo-chinoise, Organisation de Coopération de Shanghai…), rendant caduque la première partie du plan. Quant au deuxième axiome, il fuit de partout.

Pour les Etats-Unis, le sud du Rimland semble définitivement perdu (entrée de l’Inde et du Pakistan dans l’OCS, fiasco afghan), le Moyen-Orient tangue sérieusement (Syrie, Iran, Irak maintenant, voire Yémen). Restent les deux extrémités occidentale (Europe) et orientale (mers de Chine) de l’échiquier où l’empire maritime s’arc-boute afin de ne pas lâcher. La bataille pour l’Europe (noyautage des institutions européennes, putsch ukrainien, manigances balkaniques vs pipelines russes, routes de la Soie chinoises, soutien moscovite à l’anti-système) est en cours. A des milliers de kilomètres de là, en Orient, un conflit jumeau s’annonce dont nous assistons actuellement aux prémices…

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http://chroniquesdugrandjeu.over-blog.com/2015/10/ca-chauffe-en-mer-de-chine.html

EN BANDE SON: 

4 réponses »

  1. Merci pour cette analyse..
    A regarder la carte, je dois dire que je trouve ces iles bien plus proches des autres Etats les revendiquant que de la Chine.
    Je pense que la logique penche en faveur des autres Etats, mais il faut regarder l’histoire de ces îles pour avoir un avis éclairant.
    Néanmoins, les Usa ne sont pas les parangons du droit et ils « soutiennent » le Droit International comme la corde soutien le pendu, les USA n’ont pas d’amis ils n’ont que des intérêts. Ils n’ont rien a faire hors de chez eux sauf quelques millions de morts comme d’habitude.
    Ils perdent actuellement la bataille mondiale de la guerre sur le terrain, mais ils ont un boulevard d’avance sur le TTIP et TAFTA ce qui va mettre l’occident en esclavage non plus des Etats mais des multinationales.
    notre ruine sera « seulement » économique, enfin si tout va « bien »…….

  2. Amha cette historie n’ira nulle part. Il s’agit pour les USA d’occuper le seul espace géopoltique où leur suprématie n’est pas encore trop contestée : l’espace médiatique et son bras armé, CNN.

    Le spectateur ricain lambda n’a pas le loisir de voir sur son petit écran l’impressionnante opération militaire russe en Syrie (qui signe la mort de l’influence US dans la région). ca non il ne le verra pas sauf quand les avions russes auront frappé une école.

    Par contre il aura tout loisir de voir l’armada US se déployer en mer de Chine (la puissance militaire US!), voir ensuite Kerry parvenir à un accord avec son homologue chinois (la puissance de la diplomatie US!) et au final voir Obama se pavaner sur le thème « les USA ont encore une fois préservé la paix mondiale » (USA number One!).

    Le spectateur ricain lambda rassuré sur son pays aura vu sur son écran la puissance de son pays. Qu’importe si cette puissance n’existe plus que dans la sphère médiatique…

    Karl Rove le mentor de Bush Jr disait : « la réalité c’est nous qui la créons » (sous-entendu avec l’aide des chaînes de télé). Obama ne fait pas autre chose…

  3. Pour prendre conscience de la gravité de ce qui se passe dans l’Océan Indien,
    on note que pour la PREMIÈRE FOIS DEPUIS 1945, le Japon A CRÉÉ
    UNE BASE MILITAIRE À L’EXTÉRIEUR DU PAYS ! (à Djibouti)

    ET QUE LES USA « PARRAINENT », la construction du plus grand terminal sur la planète ….
    dans le sultanat d’Oman avec comme idée de faire passer plus de 80% du pétrole
    du Moyen Orient par ce « canal » ? Or, c’est le pétrole dont se sert majoritairement la Chine ?

    Et il y a pas mal d’autres « signes » indiquant que le centre du monde s’est déplacé
    dans ce coincoin … très très chaud !

    Heureusement (sic) la Presse française ignore superbement toussa toussa !
    (Sauf le Monde Diplomatique en passant !) Comme ça on n’a pas à s’inquiéter ?
    OUFFFF ! Merci tonton Fanfois pour cette délicate prévenance !

  4. à dix ans il ne se passera normalement rien la bas (notamment compte tenu de la macro us et chinoise)
    apres cela sera « qui s’y frotte s’y pique » et dégenerera peut etre

    une remarque importante à mettre en perspective avec ce que l’on raconte sur l’iran, israel… , les boucliers antimissiles l’otan, la guerre froide…:
    l’obession chinoise à raison est de savoir « casser » un porte avion US
    Et nullement la « bombe atomique »

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